La presse française commente avec un certain angélisme la rencontre se tenant demain entre le Président français Nicolas Sarkozy et la Chancelière allemande Angela Merkel. Pour les impénitents français : un rendez-vous historique. Pour les pragmatiques allemands : rien de spectaculaire à attendre. Sans doute vaudrait-il mieux, pour ne pas être déçu, s’en remettre au pronostic allemand qu’aux élans penauds français. Pas plus pour un ménage que pour un Etat, 35 années de déficits ininterrompus ne peuvent s’effacer en une après midi ! Dès lors, attendre des annonces mirobolantes relève de la candeur. A moins que les annonces ne vivent que le temps des roses, l’espace d’un matin. Puis, n’est-ce-pas un risque d’accroitre encore les désillusions d’une opinion publique déjà inquiète ? N’est-ce-pas un danger de laisser espérer aux marchés des accords politiques dont la mise en œuvre réelle tarderait de nouveau ? Les solutions providentielles aux problèmes structurels ne sont pas à la hauteur d’une démocratie éclairée et responsable.

La France, comme une majorité des pays de la zone euro, espère secrètement en une mutualisation plus ou moins entière des dettes souveraines des Etats. L’Allemagne n’y souscrira probablement jamais car elle sait que tout débiteur dont la dette est tout ou partiellement effacée, et qui n’a pas mérité l’allègement de son fardeau, s’abandonnera tôt ou tard à une nouvelle addiction à l’endettement. Il serait plus constructif de recenser tous les engagements pris par chacun des pays depuis 10 ans et non respectés pour édicter les principes intangibles d’une nouvelle discipline. A défaut, ce qui s’est produit se reproduira de nouveau et la spirale infernale de la facilité conduira inéluctablement à la fin de l’euro.

Puis s’il fallait mutualiser une dette, sans doute faudrait-il mieux le faire pour celle à venir, celle qui financera les grands investissements porteurs de croissance pour l’ensemble de l’Europe ?

Le gouvernement français, dans quelques jours, révèlera les grandes lignes de sa stratégie budgétaire pour 2012. Il lui sera loisible de donner des gages sur sa volonté réelle de maîtriser les enjeux. Selon qu’il réservera ses prévisions à l’Etat où à l’ensemble des administrations publiques, un premier test en résultera. Dans le premier cas, il se limiterait à 35% des dépenses, autant dire un montant non significatif.  En outre, l’articulation de ses prévisions avec la loi de programmation en vigueur, le programme de stabilité et l’exercice 2011 en cours, révélera également la sincérité de ses engagements antérieurs et sa détermination pour l’année à venir.

Cette communication vaudra tout autant que celle de demain, sans la connaître.

Au total, la volonté sincère d’un pays ou d’un continent à se redresser ne se mesure pas à l’imagination des promesses ou des prévisions des dirigeants, mais à leur capacité à les respecter dans la durée en exécution. C’est pour cela que l’Allemagne est crédible. Cessons de l’envier et de lui demander l’impossible, imitons-là : faisons ce que nous disons et respectons notre parole et notre signature et notre crédibilité renaitra d’elle-même !