La panique qui s’empare du monde occidental perclus de dettes, sous l’œil sévère des agences de notation, et les réprimandes comminatoires des grands prêteurs comme la Chine, ouvre une séquence annoncée de la fin d’une époque d’irresponsabilité collective unique dans l’histoire du monde.
Les cigales emprunteuses ont chanté tant d’étés qu’elles avaient fini par croire que les fourmis se laisseraient bercer jusqu’à la fin des temps de leurs mélodies enjôleuses et légères. Mais les fourmis se rebiffent, indignées par tant d’arrogance.
Le réveil est aussi brutal qu’il était inévitable. Le narcissisme des emprunteurs, les Cours qui les entourent, leur faisaient croire qu’ils décideraient pour les créanciers de la marche du monde. Le temps est venu de regarder la réalité en face. De lire la facture de décennies de dépenses débridées et d’annonces mirobolantes de baisse des prélèvements. De dire comment et par qui cette facture sera payée. Et reconnaitre que tant d’années d’inconscience ne peuvent s’effacer par la magie d’un discours ou d’un sommet de chefs d’Etats. Mais par la mobilisation générale et le respect pour tous qui a tant manqué ces dernières années. La vérité doit être dite, le seul chemin possible est celui du redressement et il sera douloureux.
La démocratie a été vaincue par la démagogie. La politique s’est transformée en théâtre cynique de promesses impossibles. Les élections sont devenues des moments de défouloirs de toutes les déceptions. La responsabilité individuelle et collective a été comme suspendue. La citoyenneté rangée au placard des vieux poncifs. Les institutions ont tenu lieu de conseils d’administration d’une société sans affectio societatis indifférente aux défis qui lui étaient lancés.
Les parents de ceux qui gouvernent ont versé leur sang pour permettre à leurs enfants de naitre et vivre en liberté. Ce legs les convoque aujourd’hui a être dignes de leurs ainés et d’assumer enfin leur responsabilité devant l’histoire.
Il n’y a plus de temps à perdre.
Que « oui », cher Alain Lambert … Les banques ont offert un dérivatif puissant aux Etats. Elles étaient responsables de tous les maux.
Et pourtant sur ce blog, d’autres ne cessaient de mettre en garde : la crise financière était une crise de surendettement dont la cause se trouvait dans la gestion publique … La crise de la dette publique suivrait.
Nous y sommes ! Que va-t-on trouver pour différer les actions urgentes ? « c’est de la faute aux marchés … aux agences de notation … » Bref, rejeter la faute sur ceux qui pretent ou sur le thermomètre qui indique la fièvre !
Beau discours!
On a l’impression, en vous lisant, que la fin du monde est proche. Que tout cela va se solder par une guerre mondiale dans laquelle chacun va chercher a récupérer son du pour survivre dans un monde criblé de dette, et qui n’a plus de sens.
Pour votre information, j’habite en Chine depuis 6 ans. Ici, on ne ressent pas la crise, mais on s’inquiète de la situation financière du reste du monde.
La Chine sort tout juste du marasme, et doit diriger 1,6 milliards de personnes. Mais d’ici, on a l’impression qu’elle doit gérer 6 voire bientôt 7 milliards de personnes.
La pression sur le gouvernement chinois est palpable et compréhensible.
Concrètement, quels sont les solutions réelles si il y en a?
Qui doit les mettre en place? Les peuples? Les gouvernements? Chaque individu dans son quotidien?
Merci pour vos réponses.
La croissance de la France ne permettra pas d’atteindre les objectifs fixés pour se rapprocher des critères de Maastricht en 2013.
La messe sera donc dite en 2012 quand la note de la France sera dégradée puisqu’elle n’aura pas pu respecter ses engagements même si le budget 2012 utilisera toutes les vieilles ficelles comptables pour camoufler certains déséquilibres et ne pas effrayer l’électeur qui attend toujours plus de l’Etat.
Nous atteignons les 50 milliards d’Euros pour la charges de la dette, soit le budget de l’Education nationale !!!!
Il ne faut pas oublier de rajouter les déficits périphériques, tels que Sécu, Retraites, SNCF, etc….
Faudra t-il quémander à Mme Lagarde, les milliards de Dollars qui permettront à la France de payer ses fonctionnaires ?
La France est un des pays les plus imposés d’Europe et la politique keynésienne de nos génies de l’économie politique a échoué.
Nous sommes donc au bout de l’impasse ; tout est à remettre à plat dans des délais très courts : missions de l’Etat, fiscalité.
Il faut donc réduire l’Etat à ses justes proportions. Cela demande du courage politique et des hauts fonctionnaires soucieux du Bien Public et non de leur carrière dans la banque ou la finance privées.
Qui gagnera en 2012 : l’intelligence collective, le populisme ou l’abstention ?
A ce jour, personne ne semble qualifié pour garantir le redressement de la France.
Bravo pour ce billet qui va à l’essentiel ; et tout à fait d’accord avec « Naouak » pour regretter que certains s’en prennent encore au thermomètre.
Convenons cependant que les cigales qui ont creusé la dette des Etats ont été à peu près partout, sauf là où on les cherche habituellement (dans les dépenses propres de l’Etat, celles que la LOLF a pu rendre un peu plus transparentes, je l’espère du moins). Les grandes banques qui ont affiché des bilans mirifiques permettant de distribuer des bonus et dividendes de folie, alors que leurs actifs étaient pleins d’obligations d’Etats surendettés … les privatiseurs d’autoroutes … les collectivités locales qui ont embauché à tire-larigot et construit des sièges somptueux pour « assumer les compétences transférées par la décentralisation » … les frimes pharmaceutiques qui obtiennent de l’Etat, allez comprendre comment, des prix du médicament qui leur offrent des marges sans doute jamais vues dans l’histoire du capitalisme … les actifs placés en majorité, à ce qu’on lit, dans des paradis fiscaux …
Bien sûr, ce n’est pas indépendant du pouvoir politique : les principaux acteurs de ce « désordre mondial », de ce coulage géant, ont toujours été dans les « premiers cercles » des pouvoirs de droite et de gauche.
On se souvient de ce grand patron de banque, auteur d’un rapport virulent sur la dette publique : le même a joué un rôle de premier plan auprès du gouvernement qui, de tous ceux qui se sont succédés depuis 1984, a le plus accéléré le coulage (le gouvernement actuel, en l’occurrence). Et encore, il s’agit d’un des « grands patrons » les plus responsables et cohérents, dans la gestion de son Etablissement comme dans son action publique.
C’est pourquoi je ne compte absolument pas, excusez-m’en, sur « ceux qui gouvernent ». Ils ont plus que le doigt dans le pot de miel – ils y sont jusqu’à la ceinture. Ils se battront pour leurs sponsors, je le crains, jusqu’à ce qu’il reste une planche à billets en état de fonctionner.
Vous avez vous-même expérimenté ce qui se passe si quelqu’un qui n’est pas compromis dans ces réseaux, est candidat à une fonction qui lui donnerait un pouvoir effectif sur ce système.
A ce détail près, je suis entièrement d’accord sur les solutions que vous proposez : la démocratie, les engagements tenables, la responsabilité individuelle et collective, la citoyenneté, des institutions fondées sur le désir de vivre et réussir ensemble. Et je crois que l’expérience de nombreuses collectivités locales donne l’espoir que ce soit possible demain à l’échelle nationale.
Les solutions? Mais elles sont là:
« La démocratie a été vaincue par la démagogie. La politique s’est transformée en théâtre cynique de promesses impossibles. Les élections sont devenues des moments de défouloirs de toutes les déceptions. La responsabilité individuelle et collective a été comme suspendue. La citoyenneté rangée au placard des vieux poncifs. Les institutions ont tenu lieu de conseils d’administration d’une société sans affectio societatis indifférente aux défis qui lui étaient lancés. »
Quand j’écoute les candidats, je me dis qu’on n’est pas sortis de l’auberge 🙁