Disons-le d’emblée, je ne souscris pas aux trop nombreuses critiques qui s’abattent sur le Gouvernement à propos de la gestion de la crise du #Covid. En même temps, je l’inviterais volontiers à méditer les enseignements que lui délivre quotidiennement l’expérience qu’il vit.
La différenciation : un concept à acclimater …
La différenciation qui nous est présentée dans la future loi 3D comme la nouvelle mesure miracle pour assouplir les excès de centralisme et d’uniformité connait une mésaventure pleine d’enseignement.
… et qui a besoin de prérequis …
Cette différenciation est menée actuellement pour adapter la politique de lutte contre le virus, en fonction de sa circulation dans 22 départements parmi lesquels Paris et les Bouches-du-Rhône. Elle révèle d’une part qu’il n’y a pas besoin de loi pour la pratiquer, mais surtout qu’elle suppose quelques prérequis qu’il serait bon de ne pas oublier pour l’avenir.
… pour ne pas s’exposer à la critique.
Parce que je crois à l’impérieuse nécessité d’en venir à une vraie « organisation décentralisée de la République », conformément à l’article 1er de notre Constitution, je veux ici verser une petite contribution sur l’art et la manière « d’organiser » la diversité. A défaut, ce que l’Etat central proposera continuera à se retourner immédiatement contre lui, à raison de la réticence des Français à accepter les contraintes qui lui sont imposées de Paris.
Nous devons guérir de notre égalitarisme obsessionnel
Soyons conscients que le niveau de défiance atteint dans le Pays est tel que nos compatriotes ne peuvent même plus croire qu’un Gouvernement puisse avoir « du bon sens ». Il sera plus facilement soupçonné de manipulation. Mais la vérité oblige, dans le même temps, à reconnaitre que nous, les Français, nous sommes profondément pénétrés d’égalitarisme, et aveuglés par l’idée qu’une norme commune sera toujours préférable à une norme adaptée à la situation particulière d’un évènement ou d’un territoire. Alors que les difficultés liées à l’épidémie sont une occasion pour nous de nous guérir de cette funeste croyance.
Les gouvernements doivent apprendre la coopération …
Celle-ci ne pourra être vaincue que par une pédagogie nouvelle, respectant deux principes cardinaux, le premier est celui de la concertation préalable et le second : le caractère conjoint et solidaire avec les élus locaux de la décision prise. Afin que chacun assume ses responsabilités. Chacun comprend que certaines décisions doivent être prises au niveau central, mais le simple bon sens commande que les modalités d’application soient conçues et réalisées au niveau local, au plus près du terrain. C’est l’axiome de base pour une décentralisation réussie, promise depuis 40 ans et jamais totalement réalisée.
… et confier la pédagogie aux élus locaux.
S’agissant de l’indispensable pédagogie à développer, les élus de proximité seront toujours les mieux placés pour en faire preuve puisque c’est leur rôle au quotidien d’enseigner le vivre ensemble au sein de leur collectivité.
Une bonne articulation des rôles entre central et local se révèle.
La morale de cette histoire est que malgré la tragédie qu’il a entrainée, le Covid pourrait s’avérer une belle leçon de méthode de bonne articulation entre l’Etat central et les collectivités locales dans la détermination et la mise en œuvre des politiques publiques.
Ne pas renoncer à la diversité qui fertilise le progrès.
La même morale nous invite à ne surtout pas renoncer à reconnaitre, comme une évidence et un nécessité, la diversité de notre territoire, de nos populations et de leur situation, et que nous ne devons pas céder à nouveau à un réflexe d’uniformité qui paralyse, depuis tant d’années dans notre Pays, toute innovation, toute initiative et tout progrès.
Lire aussi l’article du journal Le Monde à ce sujet : https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/28/face-a-l-epidemie-les-ecueils-de-la-differenciation_6050189_3232.html
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