Que se passe-t-il sur les marchés financiers ? La raison est entendue : immobilier américain, hausse des taux interbancaires, baisse de la Bourse … Avouons quand même qu’il n’est pas simple de comprendre des mécanismes qui, à partir des heurs et malheurs d’emprunteurs immobiliers américains vont conduire la Banque Centrale Européenne (BCE) à injecter jusqu’à près d’une centaine de milliards d’euros (et non 156 !) auprès des banques. Voilà donc un résumé de l’enchaînement !
Le marché du crédit immobilier américain peut être défini comme composé de 2 compartiments. Le premier, appelé « prime market », concerne les emprunteurs présentant un risque « sain », c’est-à-dire avec des revenus fiables, un endettement raisonnable, et donc qui ont toutes les chances de rembourser leurs prêts immobiliers sans anicroches. L’autre compartiment, le maintenant célèbre « subprime », concerne les emprunteurs à risque. Présentant des caractéristiques de fragilité – revenus précaires ou trop faibles eu égard aux prêts sollicités, fort endettement antérieur … -, leurs demandes n’ont pas été acceptées par les banques traditionnelles. Ils se replient donc vers des sociétés spécialisées qui acceptent de prendre un risque plus fort moyennant une rémunération des prêts plus élevée. Le différentiel de taux entre un prêt risqué et un prêt qui l’est moins représente le « coût du risque », sorte de prime d’assurance pour le préteur, qui statistiquement doit servir à « éponger » les défaillances d’emprunteurs. Encore faut il que cette prime soit correctement évaluée.
Afin de permettre malgré tout d’offrir des taux acceptables, les sociétés de crédits immobiliers opérant sur le « subprime » proposent des prêts à taux variables, ce qui permet de s’aligner sur les taux du marché monétaire (court terme, donc en principe les plus bas, en relation avec le taux directeur de la banque centrale américaine, la FED), augmenté d’une marge. Enfin, l’octroi de tels crédits est garanti par l’hypothèque du bien acheté. L’idée communément admise est d’ailleurs qu’il suffit de vendre pour rembourser (un tel raisonnement, au demeurant, change l’essence du prêt qui devient un concours de trésorerie, puisque se remboursant avec la cession d’un actif).
Enfin, ces sociétés de crédit disposent de peu de fonds propres dont l’un des rôles est de permettre l’absorption des pertes. Aussi, pour réduire leur « exposition au risque » et trouver des financements, elles procèdent à une titrisation. C’est une opération qui consiste à céder à un tiers un titre représentant des prêts accordés par la société de crédit, ce qui revient à les lui « vendre » en échange de la rémunération, forcément plus élevée que celles offertes par le reste du marché. L’acquéreur de ces titres (les spécialistes reconnaîtront ici notamment les « dérivés de crédits » et autres CDO) en accepte également le risque de perte. C’est ainsi le cas de fonds de placement – partout dans le monde -, dont certains dits « monétaires dynamiques », pour lesquels la performance est ainsi « boostée » (comprendre : « améliorée »).
Jusqu’en 2004, les taux du « subprime » bénéficient de taux « court terme » fort intéressants. En effet, le taux directeur de la FED est de 1 %. Mais en raison de tensions inflationnistes, ils vont connaître une envolée, suivant en cela les 15 augmentations du taux directeur entre juin 2004 et juin 2006, qui s’est fixé depuis à 5,25 %. Pour mesurer les conséquences d’une telle hausse sur un taux révisable, considérons que l’échéance d’un prêt de 100 000 € sur 20 ans s’accroîtrait au bas mot de 250 € par mois en moyenne.
De ce fait, de nombreux emprunteurs ont rencontré des difficultés de remboursements. Les garanties hypothécaires sont dans le même temps devenues inefficaces, puisque le marché immobilier s’est retourné. Les sociétés de crédits immobiliers sur le « subprime » se sont alors trouvées en difficulté. Un climat de méfiance profonde s’est développé autour des titres émis par ces sociétés et autour des fonds qui en possèdent, à tel point que plus aucun investisseur ne veut maintenant en acquérir. AXA, ODDO et BNP Paribas ont du cesser les transactions concernant plusieurs de leurs fonds qui détenaient de tels titres, ne pouvant plus en calculer la valeur liquidative (c’est-à-dire estimer la valeur de chaque titre du fonds à partir de celle de l’actif détenu), faute de transactions en quantité suffisante. Ce climat de méfiance s’est étendu rapidement et a conduit les détenteurs de liquidité à se montrer très prudents, voire franchement réticents pour les prêter, fusse à court terme, d’autant que l’ampleur des risques et pertes est aujourd’hui très mal évaluée. L’incertitude est la hantise des marchés et elle a un prix. Avec 2 conséquences majeures ! Ceux qui, ne serait-ce que pour leurs activités habituelles, ont eu besoin de liquidité à 24 heures, 1 mois, 2 mois … ont eu du mal à en trouver. Ils ont donc commencé à céder des actifs, parmi lesquels des valeurs boursières, faisant ainsi baisser les marchés « actions ». L’indice CAC 40 était, le 10 août, à 5440 alors qu’il s’affichait il y a quelques semaines à plus de 6000. Sur le marché monétaire – celui de l’argent à court terme -, les prêteurs s’étant raréfiés, les prix, c’est-à-dire ici les taux d’intérêt, ont augmenté. Ainsi le 9 août, le taux de l’euro à 24 heures s’est envolé d’un peu moins de 4,10 % à presque 4,70 %. Envol tout relatif, car il faut se souvenir que la « tempête monétaire » de septembre 1992, avait conduit ce même taux à dépasser les 20 %. La BCE a néanmoins jugé que le niveau des taux était par trop éloigné de son taux directeur de 4 %. Estimant qu’il y avait une insuffisance de liquidité disponible, elle a donc parfaitement joué son rôle de « prêteur en dernier recours » (c’est vers elle que se tournent les établissements de crédit qui ne parviennent pas à trouver des liquidités) et, par une procédure plutôt exceptionnelle, l’appel d’offre rapide (rapide, car les banques ont 90 minutes pour faire connaître leur besoin de trésorerie ; pour les spécialistes, nous sommes ici dans une opération de « réglage fin »), elle a « injecté » le 9 août presque 95 milliards d’euros (94,8 exactement) sur le marché interbancaire, sous forme de prêts aux banques. Le taux à 24 heures est revenu à 4,07 %. Même chose le lendemain, où la BCE a injecté à nouveau 61 milliards d’euros. Pourtant, il est totalement inexact d’affirmer que ce sont 156 milliards d’euros qui ont été « déversés » sur le marché monétaire. En effet, ces opérations sont de court terme, et les sommes prêtées aux banques le 9 août ont été remboursées à la BCE le 10 août. L’opération de prêt (appel d’offre à taux variable) du 10 août (sur 3 jours, car les collaborateurs de la BCE disposent, eux aussi, de leur week-end) correspond de facto à un retrait d’une trentaine de milliards d’euros du marché.
2 questions restent en suspens : 1) Le secteur bancaire/ financier français et européen a-t-il pris des risques exagérés ? Il existe déjà une réglementation importante prônant notamment la division des risques et définissant des critères exigeants en fonds propres, et il n’y a pas lieu de penser qu’il est profondément fragilisé. Sans doute, cette réglementation va être renforcée, notamment dans le sens d’une plus grande « transparence » des fonds ; cette notion de « transparence » revêt un sens précis qu’il serait quelque peu fastidieux de développer ici ; disons que les organismes financiers pourraient être invités à mieux prendre en considération les instruments financiers dérivés détenus indirectement par le biais de fonds. On peut aussi s’interroger sur le comportement d’une certaine banque dont le discours rassurant a été démenti par les actes quelques jours plus tard. Nul doute que l’AMF – l’Autorité des Marchés Financiers, en charge du respect de la réglementation et de la déontologie financière – va s’intéresser à la question. 2) Ce qui est arrivé aux emprunteurs « fragiles » US peut il se produire en France ? Rappelons qu’au début des années 80, il y a eu les « prêts à taux progressif » dont l’échéance croissait
avec la hausse attendue de l’inflation. Et bien des ménages se sont trouvés en situation difficile lorsque l’inflation s’est ralentie. Concernant la situation actuelle, les banques, de par les obligations fixées par la législation, se montrent prudentes dans l’octroi de prêts, d’autant que les décisions des Commissions de surendettement leurs sont très défavorables en cas de négligence de leur part. En outre, les prêts à taux révisables sont souvent assortis de clauses d’allongement en cas de hausse de taux ou de « cristallisation », c’est-à-dire d’une possibilité de passer à taux fixe, qui limitent les effets des augmentations de taux. Enfin, il faut relever que de nombreux prêts sont « capés », c’est-à-dire que la hausse est limitée (le « cap » est une technique financière qui permet de limiter la hausse d’un taux référence). Non, ce qui menace plutôt l’emprunteur en France, c’est plutôt l’allongement de la durée des prêts (30 voire 50 ans) qui aboutit à payer longtemps un immobilier surenchéri !
J’espère que notre hôte, Alain Lambert, et les lecteurs-bloggeurs me pardonneront la longueur de ce billet. Le sujet en valait sûrement la peine. J’espère surtout avoir été accessible à tous ! AB Galiani
Merci AB Galiani pour l’explication détaillée au sujet de l’injection des 95 milliards puis 61 milliards par la BCE.
Comprendre le mécanisme qui consiste a prêté de l’argent sur les marchés de manière à faire redescendre le taux et non d’injecté à fond perdu comme certains l’ont compris est important.
Quand à la longueur de votre billet, vous êtes tout pardonné car c’est justement ce que j’apprécie!
Cela me fait penser à la théorie dite du chaos en mathématiques…le vol d’un papillon en Indonésie peut provoquer une tempete au Canada.Des problèmes de loyers aux Etats Unis et la bourse s’effondre…Ce n’est pas agréable de passer de 6300 points pour le CAC 40 à 5600 ces jours derniers et meme plus bas.Que se passera-t-il avec "le chacun sa maison "et comme vous le disiez avec des prets sur 30 ans lors qu’un mariage sur trois se défait en France…?
C’est en tant que ancien financier (mais d’entreprise et pas de banque) que je peux écrire ici. D’abord en vous félicitant pour la clarté de votre exposé ensuite en disant simplement que cette crise était attendue…comme celle de 1989/90…et les raisons sont sempiternelles; elles témoignent d’ailleurs de la constance historique des comportements humains qui tend à démontrer l’inanité des mots culture et civilisation.
Quand les banquiers peuvent, avec l’argent des autres, spéculer pour en gagner toujours plus, ils le font comme des moutons et avec un aveuglement digne de la plus grande sottise.
Je n’ai cessé d’en faire le constat.
Et il arrive un jour où ce chateau de cartes s’effondre. Rappelons nous le scandale de Law!
La grande crise de 1929 a eu pour heureux effet de mettre au point des mécanismes de réaction qu’il vaudrait mieux définir avant qu’aprés car à chaque fois le "mauvais génie" humain invente de nouvelles manières de faire du fric avec les mêmes conséquences en chaîne (conséquences qui peuvent finir par être militaires!)
Parfois cette chaîne s’appelle noblement "mécanisme correcteur" ce qui veut dire que le système ne s’effondre pas grâce aux réactions des banques centrales ensemble d’accord mais que plein de sots paient cher leur sottise (on a eu récemment ainsi des pertes gigantesques en ligne ce qui veut dire beaucoup de ruines) et que le système reparte de l’avant. C’est vrai quand elles réagissent à l’unisson et vite et bien!
La mondialisation a pour heureux effet de mettre tout le monde dans le bain en raison même de l’image du papillon utilisée par béatrice. Personne n’a intérêt à ce que la crise échappe aux puissances.
Ouais, en théorie…car justement on ne sait jamais (et c »est CQFD) l’intensité de cette crise habillée par tant de mensonges, faux bilans etc…
Rien de nouveau sous le soleil donc…
Il faut simplement espérer que l’iceberg n’est pas trop profond, cette fois encore!
Wait and see donc…
Bonjour et merci pour cet exposé très clair de la situation. J’ai tout compris, et pourtant je suis loin d’être au fait des questions économiques.
Une question d’ailleurs :
D’où viennent les milliards injectés par la BCE ?
A Gabriel Fradet,
Je vous trouve sévère. Pour le moment, ma "crise" est due à la méfiance qui conduit les préteurs potentiels à ne pas preter … Le recul de la Bourse est encore limitée. Pour être franc, le problème majeur, c’est qu’on n’y voit pas trés clair (euphémisme). Peut on comparer avec Law (vers 1720), qui avait créé des billets de banque sans contrepartie ? ce ne sera vrai que si il y a défaillance massive d’emprunteurs sur le subprime. L’impact sur le système financier sera limité si le principe de division des risques est respecté. Peut on lui reprocher d’avoir pris des risques ? Non, puis que par nature, son activité est de prendre des risques. A condition que ces risques soient clairement identifiés, ce qui n’est pas toujours le cas avec les fonds (voire les "fonds de fonds").
A Mister Seb,
Ca, c’est une trés bonne question : d’où vient l’argent prété par la Banque Centrale ?
De nulle part !!!!!!!!!!! C’est une création ex-nihilo !!!!! ("sérieux, man" m’aurait dit mon fils).
En fait, la BCE a créé de la monnaie. D’un coté, elle a inscrit dans une colonne "preté X milliards à la banque Mister SEB" ; en même temps, elle a inscrit cette somme sur le compte de la Banque Mister SEB. Le lendemain, lorsque la banque rembourse, elle contrepasse ces écritures ce qui les annule ….
Une caractéristique des banques est de créer la monnaie !
Un grand merci à A.B. Galiani qui fait toujours preuve d’une grande pédagogie. Votre billet est très intéressant.
Si j’ai bien compris, il y a eu création de richesse virtuelle pour contre-carrer une prise de risque trop importante.
Il y a donc intervention d’un organe public, la banque centrale, pour éponger une prise de risque trop importante d’organismes privés.
Ce que je ne comprends pas c’est que dans un pays libéral comme les Etats-Unis, une telle chose soit possible, car il est dans les principes du modèle économique libéral que toute société ou organisme ne gérant pas correctement les affaires doit disparaitre afin d’assainir le marché. Il serait donc tout à fait sain que les organismes financiers associés disparaissent. Les banques centrales seraient-elles les parachutes des banques ? Si tel est le cas, cela n’inciterait pas les banques à avoir une gestion saine.
D’un autre côté la disparition d’un organisme ayant prêté à des milliers de personnes peut avoir des conséquences politiques. Bref, où situer le niveau d’intervention des banques centrales ? Quel est le concept d’emploi d’une banque centrale ?
A Annabelle Penthésilée,
Chere Annabelle,
Comme toujours, vos remarques sont riches.
Concernant la créatiion de "richesses" : ne confondez pas "monnaie" et "richesses". Ce sont 2 choses différentes, la monnaie n’étant qu’un instrument d’échange. Imaginons un instant qu’un gouvernement veuille enrichir ses citoyens et que pour ce faire, il double la masse monétaire. Seront ils plus riches pour autant ? Non, puisqu’a priori, la quantité de biens et services disponibles – ce qu’on appelle les "richesses – n’aura pas augmenté. On risque surtout de produire une inflation (hausse généralisée et continue des prix), ce que certains commentateurs n’ont d’ailleurs pas manquer de relever ;
Le refinancement des banques par la BCE n’a pas eu pour but de contre carrer une prise de risque "trop importante". Il y a simplement aujourd’hui un climat de défiance qui a conduit à assécher le marché monétaire. Les liquidités existent, mais ceux qui les détiennent hésitent à preter car ils ont du mal à appréhender le risque présenté par leurs contreparties (= ceux à qui ils pretent). La Banque Centrale en aucun cas n’éponge les pertes d’une banque commerciale. En revanche elle peut intervenir dans la cessation d’activité d’une banque, pour notamment protéger les interets des déposants.
Je pense que votre ultime question – le niveau d’intervention des Banques Centrales – pourra faire l’objet d’un billet, complétant celui-ci.
En augmentant ainsi la masse monétaire, on augmente les tensions inflationnistes ce qui a pour conséquence de faire monter nos taux d’intérêts, ce qui pénalise notre croissance en augmentant ainsi le cout de l’argent. Moins de croissance signifie plus de chômage, plus de déficit public et moins de pouvoir d’achat pour nous.
Quand on constate que la croissance américaine a été fortement alimenté depuis 10 ans par l’immobilier, qu’une bonne partie des fonds utilises prov
on voit assez clairement comment les USA siphonnent les richesses des autres pays
cher Monsieur,
Vous me trouvez sévère? mais non simplement philosophe après une longue pratique et connaissance historique des égarements humains. les mêmes causes (de fond) ont toujours produit les mêmes effets. Tenez c’est un peu comme la der des der…en créant toujours les causes de la prochaine!
Et je puis vous assurer que, comme dirigeant financier dans de très grands groupes français j’en ai vu des affaires mal tourner…toujours, toujours les mêmes raisons (et notamment pour les banquiers) et tenez je vais vous en conter une bien bonne: j’ai sauvé le groupe Sommer Allibert en 1981 quand, aprés avoir désespéré de convaincre son Président – alors sous influence- de prendre des décisions qui s’imposaient d’urgence, j’ai du convaincre les deux principaux banquiers qui auraient du être vigilants en raison notamment des risques qu’ils prenaient et pour cela donc, avac l’accord du second principal actionnaire personne privée pour qu’ils se mettent en branle et réussissent à imposre au Président un full audit par leurs ingénieus conseils: du jamais vu dans les affaires, à ce niveau là. Mais mon éthique m’imposait au besoin de trahir mon Président car il y avait en jeu la survie du Groupe et donc quantité d’emplois et aussi l’intérêt des actionnaires de ce qui avait été un blue chip de la Bourse de Paris. 25 ans plus tard je peux citer ce cas. Il a fallu que , par degrés hierachiques, prés de 3 mois pour arriver au niveau DG et convaincre ces messieurs qui n’auraient jamais du apprendre de ma bouche ce que un peu d’attention et d’intelligence permettait de voir et comprendre vite!
cher Monsieur,
Vous me trouvez sévère? mais non simplement philosophe après une longue pratique et connaissance historique des égarements humains. les mêmes causes (de fond) ont toujours produit les mêmes effets. Tenez c’est un peu comme la der des der…en créant toujours les causes de la prochaine!
Et je puis vous assurer que, comme dirigeant financier dans de très grands groupes français j’en ai vu des affaires mal tourner…toujours, toujours les mêmes raisons (et notamment pour les banquiers) et tenez je vais vous en conter une bien bonne: j’ai sauvé le groupe Sommer Allibert en 1981 quand, aprés avoir désespéré de convaincre son Président – alors sous influence- de prendre des décisions qui s’imposaient d’urgence, j’ai du convaincre les deux principaux banquiers qui auraient du être vigilants en raison notamment des risques qu’ils prenaient et pour cela donc, avac l’accord du second principal actionnaire personne privée pour qu’ils se mettent en branle et réussissent à imposre au Président un full audit par leurs ingénieus conseils: du jamais vu dans les affaires, à ce niveau là. Mais mon éthique m’imposait au besoin de trahir mon Président car il y avait en jeu la survie du Groupe et donc quantité d’emplois et aussi l’intérêt des actionnaires de ce qui avait été un blue chip de la Bourse de Paris. 25 ans plus tard je peux citer ce cas. Il a fallu que , par degrés hierachiques, prés de 3 mois pour arriver au niveau DG et convaincre ces messieurs qui n’auraient jamais du apprendre de ma bouche ce que un peu d’attention et d’intelligence permettait de voir et comprendre vite!
Cher Gabriel, je me bornerai à contater qu’un coup vos messages se perdent dans l’ether internetien et qu’un coup ils arrivent en double …
Pour le reste, ma foi, je laisse les bloggeurs se forger leur opinion à partir de nos arguments.
Cordialement
L’augmentation de la masse monétaire augmente la pression inflationniste qui pousse les taux d’intérêts vers le haut. Cela a pour conséquence de rendre le cout de l’argent plus cher et de limiter ainsi notre croissance. Et une moindre croissance signifie plus de chômage, plus de déficits publics et sociaux et moins de pouvoir d’achat.
En parallèle, l’immobilier aux US tire la croissance depuis plus d’une décennie. Non seulement les prêts sont utilisés pour acquérir un bien immobilier mais aussi pour financer d’autres activités, prêts garantie par ce même immobilier.
Ainsi se constitue une belle bulle financière ou l’argent facile d’acces (grace a la moutonnerie du système financier mondial) permet d’acquérir des biens immobiliers dont la valeur flambe devant l’afflux de la demande. Les plus values latentes ainsi dégagées servent ensuite de garanties a d’autres prêts qui eux servent a la consommation ou a l’investissement des ménages américains, assurant une forte croissance US.
L’ensemble des apports financiers étant titrisés, tout cet argent se volatilise quand la bulle éclate (c’est prévu pour cela). Ce n’est pas trop grave pour les US car cet argent a été dépensé chez eux. C’est par contre une perte sèche pour les organisme financiers étrangers.
C’est ainsi que les US siphonnent la richesse du monde, en créant des bulles qui attirent des capitaux étrangers, exploitant au mieux la moutonnerie et l’avidité a court terme du monde de la finance. Et quand la bulle éclate, on efface tout.
Mais entre de temps, des centaines de milliards de dollar ont largement abreuvé l’économie américaine, gratuitement.
Merci Monsieur AB.Galiani pour les explications claires et pédagogiques d’une situation bien complexe.Difficile de tirer son épingle du jeu.Ainsi la BCE a créé de la monnaie.Nous avions parlé de Keynes il y a quelques mois.Sommes-nous dans ce cas de figure ?
A Béatrice,
Non, ici, rien à voir avec Keynes. Disons que le keynesianisme prone l’action sur la demande pour piloter l’économie. Ainsi, un Etat dont le budget est en déficit ou qui abaisse le taux de l’interet (l’argent est moins cher) fait une politique keynésienne.
Dans le cas présent, la création monétaire de la BCE a juste servi à remplacer les liquidités que ceux qui les détenaient ne voulaient pas preter (s’il y a des spécialistes de la loi de Fisher qui lisent ces lignes, peut on peut dire qu’on a contrecarré un ralentissement de la vitesse de circulation de la monnaie ? – je ramasse les copies dans une heure).
La création monétaire n’avait donc pas d’objectif de stimulation de l’économie, d’ailleurs les emprunteurs remboursant au bout de 24 heures, la monnaie créée la veille a ainsi été détruite, au moins à hauteur de 30 milliards, l’écart entre l’injection de la BCE du 9 et celle du 10.
Tout semble bien compliqué ; est-ce qu’il ne serait pas possible, parfois, d ‘anticiper certains événements en prenant des mesures préventives afin d’éviter de tels bouleversements créant des incertitudes à court terme et très certainement à plus au moins long terme ?
La politique économique américaine perturbe trop souvent l’économie européenne ; c’est quand même un peu inquiétant , notamment pour la FRANCE ? Quand allons-nous pouvoir enfin nous redresser ?
"je ramasse les copies dans une heure" : je sais que les abbés (A.B.) sont autorisés à travailler le dimanche, mais c’est les vacances là. 😉
Cher (Chère?) A.B. Galiani.
Votre exposé est passionnant et me fait m’interroger sur 4 points.
1 a) Premièrement, vous balayer à juste titre l’idée que la BCE ait définitivement épongé les mauvaises dettes d’organismes bancaires peu scrupuleux dont le contrôle interne sur l’appréciation des risques serait à revoir entièrement (je précise que je suis auditeur! lol). La BCE a bien joué son rôle de prêteur en dernier ressort suite à une crise de liquidité. L’argent qu’elle a injecté se monte d’abord à 100 Mrds, remboursés intégralement, puis 60 milliards. Mais lundi de combien de Mrds d’euros le marché aura-t-il besoin? Pourquoi le besoin de liquidité à court terme ne s’installerait pas de façon structurelle? Je veux dire que les liquidités sont peut etre allé s’investir ailleurs à plus long terme et qu’elle ne sont plus disponibles à court terme?
b) A titre de comparaison, et pour comprendre précisément le caractère exceptionnel de cet appel d’offre rapide, combien la BCE injecte-t-elle quotidiennement sur le marché monétaire?
2) Vous dites que la liquidité existe. Qui la détient? En effet une banque est structurellement endettée dans la mesure où elle prête de l’argent qu’elle n’a pas. Elle se refinance auprès de la BCE. D’où la création monétaire.
Quels sont alors les établissements financiers (bancaires ou non) qui détiennent le cash et rechignent à le prêter? S’agit-il des chinois qui détiennent déjà une bonne partie de la dette US? J’aurai besoin d’éclaircissements sur les parties en présence.
3) la baisse de la bourse serait-elle passagère consécutive à un besoin ponctuel de liquidités ou est ce que les fondamentaux économiques sont-ils durablements touchés?
Dire que le CAC a baissé parce les acteurs ont vendus des actions pour se créer de la liquidité c’est une chose, mais est ce la seule raison? Je veux dire que le fait déclencheur de la crise des subprimes est finalement une surévaluation des actifs immobiliers sous jascent au regard des fondamentaux du secteur (surabondance des biens, bulle spéculative). On a donc tout d’un coup réalisé que le roi était nu aux états-Unis. L’immobilier ne vaut pas ce qu’il vaut. Les banques (qui font partie du CAC) ayant investis dans des actifs pourris (MORTAGE BACKED securities etc..) ont donc elles aussi un actif surévalué. Il est donc normal que leur situation nette et l’anticipation de leurs revenus futurs soient revus à la baisse. Ne doit-on pas voir plutot une vrai correction du marché?
4) Prolongement de la remarque de BS.
Cela fait bien longtemps que les Etats-Unis se financent sur le dos du reste du monde.
Mais à l’échelle d’un pays comme la france, est ce qu’il ne faut pas appliquer le même raisonnement aux foncières côtées, qui sont un formidable outil pour les banques de refourguer au marché (càd à nous investisseurs particuliers) un parc immobilier surévalué?
Doit-on s’attendre à une propagation de la crise de l’immobilier en France via les foncières côtées?
A Brunobruno 1979
Que de questions ! Pas de doute, vous êtes bien un auditeur.
En préalable, « cher » suffira !
1) En effet, on peut se demander si un certain établissement de crédit n’a pas connu un « déficit de contrôle interne »… Pour les besoins du marché monétaire ce lundi, on annonçait un refinancement de 48 milliards, ce qui signifie une réduction des liquidités d’une douzaine de milliards. Le fait déclencheur, c’est la hausse des taux US qui ralentit le nombre de transactions sur l’immobilier et conduit aux difficultés d’emprunteurs à taux variable.
Très bonne question sur le niveau habituel des refinancements de la BCE : aux alentours de 300 milliards d’€ chaque semaine, à plus ou moins quelques dizaines de milliards, prêtés le plus souvent sur 7 jours. Ce n’est pas le montant donc (jusqu’à 95 milliards) qui est exceptionnel, mais la procédure (appel d’offre rapide : 90 minutes pour que les banques « soumettent » leurs demandes).
2) Concernant le cash, les acteurs qui en détiennent sont multiples mais préfèrent le conserver que de le prêter, craignant de n’être pas remboursés. C’est là le fond du problème. Elles sont là, mais ne circulent plus
Pour la création monétaire, les banques créent la monnaie et celles qui ont des excédents de liquidités les prêtent à celles qui ont des besoins, c’est le rôle du marché monétaire ; la BCE n’intervient que ponctuellement.
3) Votre commentaire se suffit à lui-même. Disons qu’aujourd’hui on a du mal y voir clair. Concernant l’actif des banques, une bonne déclinaison du principe de séparation des risques devrait réduire l’impact d’une perte de valeur de titres qui contiendrait du « subprime ».
4) Idem. Réfléchissez quand même aux titres représentatifs de la dette d’état française : c’est un déficit imputable aux dysfonctionnements du secteur public et à l’absence de réformes notamment des retraites du public (et non un financement d’investissements publics) qui est financé pour l’essentiel par l’étranger.
@BRUNO1979 : qu’es aco " auditeur LOL " ? Merci d’éclaire la lanterne d’un vieil homme….
A Yffic31,
J’ai demandé à mon fils branché en permanence ou presque sur la toile – et auprès duquel j’ai parfois l’impression d’en être resté à une époque où les ordinateurs s’allumaient en frottant 2 silex l’un contre l’autre -. LOL signifie "mort de rire". Je ne suis cependant pas en mesure de vous en dire plus.
LOL est la contraction de l’expression anglaise Lots of Laugh (beaucoup de rires).
Bonjour,
n’étant pas économiste, j’ai trouvé cet exposé très bien expliqué mais je n’ai pas trouvé de réponse à ma question du moment: ai-je intérêt à acheter mon logement maintenant? parce que si j’ai bien compris cette crise va faire monter les taux d’interets de la BCE. Donc mon credit me coutera plus cher à la fin?
y a t-il des perspectives de baisses? (il me semble que Nicolas Sarkozy a parlé de faire baisser les taux mais la BCE s’y oppose)
A Magictinou,
A un économiste, je répondrais "comparez la valeur actuelle de chaque terme de l’alternative : location ou achat".
Bon, vous reconnaissez n’être pas économiste, ce qui ne vous empêche pas de faire preuve de bon sens. Comparez alors combien ça coute et combien ça rapporte.
Attention, on ne peut mettre sur le même pied un loyer et une échéance de prêt. En effet, le loyer est définitivement à fonds perdus, tandis qu’à chaque échéance de pret , la part en capital vous est acquise : en effet, vous devenez un peu plus propriétaire de votre logement. En clair, si vous le vendez, il vous en restera d’autant plus que vous en aurez remboursé. Seule incertitude : comment va évoluer le marché immobilier ? J’ai rencontré au début des années 90 à Paris des gens obligés de conserver leur appartement car ils avaient misé sur la revente avec plus values pour rembourser le pret. Malheureusement, l’immobilier s’est effondré entre temps !
Y-a-t-il des perspectives de baisse ? Quoiqu’en dise Jean Paul Fitoussi, le patron de l’OFCE (Office Francais de Conjoncture Economique), je n’en suis pas sur, en raison de tensions inflationistes en Europe. De plus, les taux que vous évoquez sont les taux court terme alors que les prets immobiliers s’adossent en partie sur les taux long terme.
Merci pour toutes ces informations très intéressantes. Que pensez vous du carry tred avec le yen. Le yen monte par rapport aux autres devises. Va t-on vers une aggravation de la situation des marchés financiers?
A mclaire,
Votre question est gigantesque et par ailleurs, je ne suis pas sur d’être le plus qualifié pour répondre.
Pour le moment, je relève que le Japon a des taux d’interet trés bas et qu’il sort d’une période (longue) de déflation.
Ces exposés,questions , éclaircissements quand ils sont faits par des pédagogues de talent montrent qu’il y a dans notre pays une véritable attente en matière d’éducation économique.Les marxistes de l’E.N. nous ont fait avaler leurs théories et à coté les tenants du libéralisme sont restés bien timides.Je pense que c’est aux pouvoirs publics (comme pour la chaine Parlementaire…) d’impulser la création d’une chaine thématique via la TNT.Par les temps de forte indigence estivale cela pourrait etre très utile aux citoyens-consommateurs.Les premières émissions-débats pourraient etre consacrées à la TVA sociale, aux modes de calculs des retraites,aux fonctionnements des grands réseaux de distribution,aux tarifs bancaires….etc .C’est loin de la " Star Ac " mais est on condamnés à la médiocité perpétuelle ?
Cher A.B. Galiani,
je me permets de reprendre les 2 dernières questions que vous posez dans votre "billet".
1) Le secteur bancaire/ financier français et européen a-t-il pris des risques exagérés ?
Je ne pense pas que les banques aient pris des risques exagérées. Comme vous le précisez, les banques font l’objet d’un contrôle permanent et relativement contraignant… même s’il n’est pas parfait. La crise que nous vivons aujourd’hui à ceci de spécial qu’il ne s’agit pas d’une crise liée (directement) à l’augmentation des taux de défaut sur une certaine catégorie de prêts aux Etats-Unis mais une crise de confiance, qui a entraîné un assèchement de la liquidité. Et c’est cet assèchement de la liquidité qui a posé problème aux banques allemandes et, dans une bien moindre mesure françaises.
Les prêteurs ne sachant plus où est le risque (car il a été dilué entre une multitude d’acteurs), plus personne n’ose prêter à personne. Et il ne reste plus que les banques centrales pour devenir prêteurs en dernier recours.
Ce qui est arrivé aux emprunteurs « fragiles » US peut il se produire en France ?
La réponse est très clairement non. Il n’existe pas de marché de prêts "subprime" en France. Une banque ne peut pas prêter à un emprunteur potentiel qui n’aurait pas les moyens de rembourser son prêt, au risque de ne pas se faire rembourser les sommes prêtées, sans aucun recours possible pour elles (loi sur le surendettement).
Par ailleurs, un taux d’usure est défini en France concernant les prêts immobiliers (il est actuellement autour de 6,5%, sauf erreur de ma part). Aucune banque en France ne peut faire un crédit immobilier à un taux supérieur.
Aux Etats-Unis, les emprunteurs subprime paient facilement du 9 ou 10%.
Enfin, les prêts aux Etats-Unis se font essentiellement à taux variable et les emprunteurs ont fortement pâti de la hausse des taux courts qui a suivi les remontées de taux de la Fed.
Nous empruntons en France essentiellement sur la base de taux fixes, qui sont en gros établis en fonction du taux auquel l’Etat français peut emprunter sur le marché à 10 ans (OAT 10 ans).
Bref, la France n’a rien à voir avec les Etats-Unis. Seuls les pays d’Europe de culture anglo-saxonne (Royaume-Uni notamment) font l’équivalent des prêts subprimes, qui s’appellent là-bas du "non conforming". Si les prix de l’immobilier baissent fortement au Royaume-Uni, peut-être aura-t’on droit à une crise du "non conforming", après celle du "subprime ?
Mr Ledur, vous oubliez de préciser que ces créations règlementaires récentes de l’actuelle majorité que sont le crédit hypothécaire rechargeable et le crédit viager hypothécaire permettent, comme les prêts subprimes, de se procurer des liquidités en contrepartie d’un bien payé avec de l’argent qu’on ne possède pas encore.
Et donc, de la même manière que les premiers grands argentiers de la révolution française ont créé les conditions d’une crise financière en inventant les assignats (dont la valeur était assise sur des biens possédés par d’autres que le détenteur de la liquidité), les gouvernements récents ont créé de toutes pièces les conditions sans lesquelles, effectivement, il était très difficile de se faire prêter de l’argent si on ne pouvait pas raisonnablement garantir pouvoir le rembourser.
Donc, une telle crise est devenue possible en France, grâce aux innovations anti-prudentielles récentes du gouvernement, par des mécanismes il est vrai différents
A X
Je vous trouve sévère …
L’assignat a bien été garanti par des actifs (les biens nationaux) devenus propriétés de l’Etat. La crise financière est venue d’un tirage continu de papier-monnaie, alors que le stock d’actif était stable, d’ou perte de confiance. Même affaire avec la Banque Générale, de John Law, 80 ans plus tôt …
En revanche, les natures de crédit que vous citez repose bien sur un actif détenu en propriété par le bénéficiaire du pret : dans un cas (crédit viager), la banque "achète" par une rente viagère un bien immobilier (risque : perte de valeur du bien en raison des fluctuations du marché, mais pas insolvabilté du prêteur).
L’hypothèque rechageable permet d’emprunter à hauteur de la valeur de la garantie. Elle ne présente donc pas de risques bien différents d’une hypothèque classique.
Il faudrait que vous expliquiez davantage en quoi vous voyez un risque accru.