Telle est l’expression prononcée par le Ministre Gérald Darmanin, rapportée ce matin dans le journal Le Figaro, à propos de la sincérité budgétaire. Je m’en réjouis beaucoup. C’est un combat déjà ancien pour moi, mais toujours ancré dans mes convictions démocratiques. Le principe de sincérité budgétaire a été posé pour la 1ère fois de manière explicite dans la loi Organique (LOLF). Tout en ayant conscience qu’elle ne couvrait pas toutes les administrations publiques (APU).

Les plans d’économies, les raisonnements en tendanciel, en volume, en points de PIB sont des parures savantes pour cacher la réalité. Alors qu’il s’agit du fruit du travail des Français.

Le Président de la République Emmanuel Macron ne voudrait plus de ces jeux dérisoires de « gonflette budgétaire ». On ne peut que s’en réjouir.

Si j’ai bien compris, les dépenses toutes APU seraient stabilisées en valeur à partir du montant exécuté en 2017. Il ne serait pas dépensé en 2018 globalement un euro de plus qu’en 2017 toutes administrations confondues ? Comme je m’épuise à le proposer depuis 10 ans, je m’en réjouis bruyamment.

C’est, à mon sens, le seul moyen de sortir enfin de l’infernale spirale des dépenses. Avec l’argent des Français nous devons compter en euros. Pas autrement. Comment leur demander des efforts personnels, si avec 57% du fruit de leur travail, les administrations dépensent selon des indices incompréhensibles et qui changent tous les jours ?

Sous le quinquennat précédent, malgré les annonces incessantes de baisses de dépenses, il a été dépensé en 2012 : 32, 7 milliards de plus qu’en 2011 ; en 2013 : 57,1 milliards de plus qu’en 2012 ; en 2014 : 18,5 milliards de plus qu’en 2013 ; en 2015 : 16,1 milliards de plus qu’en 2014 ; en 2016 : 14,3 milliards de plus qu’en 2015. Soit une augmentation de 106 milliards entre 2012 et 2017.

Puisque nous sommes dans ce grand élan de sincérité, allons plus loin que ce que le journal nous révèle. Contrairement à ce qui est écrit, le Gouvernement ne prend aucun risque en étant sincère, sauf à considérer le mensonge comme une vertu de gouvernement. Il doit au contraire être plus précis et nous dire dans quelle comptabilité, il entend nous rendre ses comptes précis.

Je propose, pour ma part, que ce soit en comptabilité nationale, puisque c’est dans celle-ci que nos comptes sont comparables avec ceux de tous nos voisins et ceux des Pays de la zone euro, et même de l’OCDE. C’est dans cette comptabilité que nos engagements européens ont été souscrits. Mais ce n’est pas dans cette comptabilité que les budgets sont votés. D’ailleurs les trois principales administrations publiques ne présentent pas leurs comptes selon le même référentiel comptable. Ce qui m’irrite depuis plus de dix ans.

Et pour couronner le tout, n’attendons pas 2018 pour entrer dans l’exigence de transparence, osons le faire dès maintenant ! Parlons de l’exécution 2017 en comptabilité nationale. Afin d’aider le Gouvernement à nous désigner sa cible, je propose la mienne :

PRÉVISIONS EXÉCUTION 2017
Exécution 2017 toutes APU : PIB : 2 267,8 Mds €
Dépenses : 1 270 Mds €
Recettes : 1 202 Mds €
Déficit : 68 Mds €

 

Dans cette hypothèse, les dépenses se seront accrues de presque 13 Mds€ de plus qu’en 2016. Soit à peu près le même montant que l’année précédente. Elles seront encore à 56% du PIB. Les recettes auront progressé de 47 Mds€ soit 70% de l’accroissement du PIB.

Si je me trompe, je souhaite être corrigé sur le champ !

Bien entendu, je ne dispose pas des instruments de Bercy pour sécuriser cette prévision, mais j’espère qu’elle existe au sein du Ministère des Finances et des Comptes Publics. Et il aurait tout intérêt à la publier.

S’il fait, avec toutes les précautions d’usage sur le caractère aléatoire de telles prévisions, alors un grand pas de transparence aura été accompli. Et ce Gouvernement sera le premier à l’avoir fait ! Il méritera un grand coup de chapeau budgétaire !

Guettons la fumée blanche !