Au seul énoncé du mot « flexibilité », les partenaires sociaux sortent leur revolver, à croire qu’il ne s’agit que d’un terme élégant dissimulant en réalité l’activité favorite des entreprises : le licenciement. Cette vision, si particulière à la France, reflète une conception de l’emploi calquée sur l’organisation de la fonction publique, masquant un coût social élevé. Pourtant, la flexibilité, en soumettant les entreprises à une constante adaptation face aux évolutions les renforce, ce qui constitue le meilleur atout pour l’emploi.
Dans un monde sans cesse en mouvement du fait de la concurrence, des évolutions technologiques et des aspirations des individus à bénéficier d’un niveau de vie élevé, rester immobile condamne à la fragilisation et au risque de disparaître. Aussi, en permettant une juste adéquation des besoins aux ressources, la flexibilité, qui passe forcément par un assouplissement des règlementations, favorise l’émergence d’entreprises plus solides, ce qui est favorable à l’emploi. Bien évidemment, elle recouvre des réalités différentes, en termes d’organisation du travail, comme les horaires annualisés par exemple, ou en termes d’évolution géographique ou fonctionnelle. La flexibilité, c’est aussi une politique de formation tant au sein de l’entreprise qu’à l’extérieur, et à cet égard, la loi Fillon de 2004 représente une avancée considérable.
A l’inverse, une trop grande rigidité (qui ne concerne pas seulement la réglementation du travail) conduit à une société à deux vitesses (une société « duale »). En effet, les entreprises hésitent à s’engager dans des voies dont elles ne pourraient se sortir. Il est prouvé qu’une réglementation trop sévère conduit à ralentir les flux sur le marché du travail. De même, l’impossibilité d’optimiser le facteur « travail » conduit les entreprises à accélérer la substitution capital/travail en privilégiant l’investissement « de productivité » pour maîtriser leurs charges, accélérant l’élimination des postes les moins qualifiés. Au final, moins d’entrées sur le marché de l’emploi, certes, mais moins de sorties aussi. L’excès de protection freine l’emploi. Le chômage de longue durée s’accroît, enclenchant une trappe à exclusion qui frappe en priorité les travailleurs à moindre productivité, les primo-entrants (jeunes par exemple) mais aussi les salariés de PME … Les entreprises sont alors tentées par des méthodes de contournement (CDD), lesquelles relèvent le plus souvent d’une simple stratégie de survie. L’Etat lui-même ne donne-t-il pas l’exemple de ce contournement ? L’organisation de la fonction publique est sans doute le parangon de la rigidité, avec pour exemple des mutations fonctionnelles et géographiques très limitées et surtout très règlementées. Ainsi Claude Allègre relevait il en 2001 « trop de fonctionnaires dans certains secteurs et pas assez dans d’autres », avant de conclure qu’il fallait « modifier la répartition ». Malheureusement, il est impossible d’appliquer le principe des vases communicants. Aussi, pour donner un peu de souplesse, l’Etat emploie des contractuels (plus du quart des emplois publics), lesquels vivent avec une épée de Damoclès sur la tête. Le « risque zéro » n’existe pas, l’extrême sécurité des uns fait la précarité des autres.
De ce point de vue, le CPE permet de réduire – au moins pour le secteur privé – le contournement. Bien loin de conduire au chômage, la flexibilité permet aux entreprises d’être pleinement dynamiques, ce qui est une condition sine qua non pour réduire la précarité, s’inscrivant dans une relation « gagnant – gagnant ». Les organisations syndicales doivent y croire et devenir constructives pour le bien de leurs adhérents. Rôle plus difficile, en effet, que la simple revendication. Mais ca, au moins, c’est révolutionnaire !
La flexibilité n’est pas la précarité !
La gauche sait très bien que la flexibilité n’est pas la précarité: c’est elle qui a mis en place l’annualisation du temps de travail qui était un grand enjeu de flexibilité du travail.
Vos derniers billets sont très caricaturaux je trouve.
En ce qui concerne les contractuels de la fonction publique (j’en suis un*), il me semble que votre explication est très insufisante.
1/4 des personnels, ce n’est plus une valeur d’ajustement.
*je suis un contractuel parfaitement légitime quand à moi, puisque je remplace un personnel titulaire en congé maternité. Mais de nombreux contractuels ne se justifient pas ainsi, c’est il me semble surtout une façon de diminuer le nombre de fonctionnaire sans réformer les structures publiques qui pourraient l’être. (ou dans certains cas faire croire que l’on diminue le nombre de fonctionnaires alors que ce sont des services qui nécessitent plus de personnels du coup, il y plein de gens qui travaillent mais sur des contrats pourris (dans l’éducation nationale des contrats de 10 mois suivis de 2 mois de chômage avant de reprendre exactement le même poste à la rentrée suivante)).
La flexibilité n’est pas la précarité !
Tout à fait d’accord sur l’impératif de flexibilité et surtout sur la diversité des réponses que l’on peut y apporter (cf. le trackback que j’ai fait sur un de mes propres billets).
Moins d’accord sur la suite :
– vous semblez dénoncer l’archaïsme des syndicats, qui s’opposeraient à toute discussion sur le sujet, on pourrait rétorquer que la discussion n’a pas pu avoir lieu… Je crois que l’on gagnerait a arrêter de taper bêtement sur la partie avec laquelle on est en désaccord (on gagne toujours à supposer que l’autre n’est pas stupide 🙂 )
– le CPE apporte une réponse globale et unique, alors que, comme vous le dites vous même, il existe plusieurs réponses à l’impératif de flexibilité, et des réponses sans doute plus équilibrées pour les salariés…
– s’agissant du contournement dans le privé : il se pratique depuis longtemps, il suffit de regarder la montée de l’intérim et de l’externalisation. Je pense qu’au mieux on assistera à une substitution entre ces stratégies de contournement et le CPE, mais j’ai peu d’illusion (euphémisme) sur la création nette d’emploi…
– dans le public, enfin, je suis d’accord avec vous sur la précarisation croissante lié à la trop grande rigidité des contrats de travail. Mais contrairement aux propos répétés de manière quasi-pavlovienne sur le blog d’Alain Lambert, je ne crois pas qu’il s’agisse du problème fondamental auquel est confronté l’économie française…
La flexibilité n’est pas la précarité !
Vous avez raison, Monsieur LAMBERT, mais le CPE, en créant un texte supplémentaire dans un code du travail déjà trop surchargé et incompréhensible, était-il approprié et devait-il être adopté sans concertation ?
Et pourquoi n’avoir pas tout simplement tenté d’assouplir les règles existantes ?
Je n’arrive pas à comprendre quelle mouche a piqué M. DE VILLEPIN pour courcircuiter tous les processus démocratiques de négociation, sous prétexte d’urgence.
Et que va-t-il se passer maintenant ? M. DE VILLEPIN va reculer et se discréditer, ainsi que la majorité.
Beau gâchis !
La flexibilité n’est pas la précarité !
<blocquote>Bien loin de conduire au chômage, la flexibilité permet aux entreprises d’être pleinement dynamiques, ce qui est une condition sine qua non pour réduire la précarité, s’inscrivant dans une relation « gagnant – gagnant ». Les organisations syndicales doivent y croire et devenir constructives pour le bien de leurs adhérents. Rôle plus difficile, en effet, que la simple revendication. Mais ca, au moins, c’est révolutionnaire !</blocquote>
Tout à fait d’accord!
.. sauf que…
pour qu’il y ait accord gagnant / gagnant il faut:
-1- qu’il y ait accord (donc négociations, donc discussions)
-2- qu’il soit proposé des contreparties honnètes (ce qui est loin d’être le cas du CPE: la prime proposée en cas de rupture prématurée du CPE est inférieure à la prime de précarité obtenu par un employé en CDD.)
La flexibilité n’est pas la précarité !
"l’extrême sécurité des uns fait la précarité des autres."
Rien à dire sur l’importance pour l’employeur de disposer d’éléments rendus loyaux par intérêt pour mettre la pression sur les personnels plus aisément remplaçables et les inciter à donner plus pour un salaire moindre. C’est vrai dans le privé comme dans le public.
Au fait, "l’extrème sécurité" que vous signalez pour les fonctionnaires titulaires des professions soignantes, enseignantes, administratives, et, dans une moindre mesure, policières, ne pourrait-elle pas faire l’objet d’un ré-ajustement par une simple mesure gouvernementale ? Quel est l’intérêt pour l’état ou pour les infirmiers de se voir garantir un emploi surabondant dans cette profession ?
La flexibilité n’est pas la précarité !
En lisant le portrait d’Olivier Pétré Grenouilleau dans Libération d’il ya quelques jours (lire aussi la chronique d’Alain Duhamel sur l"erreur de casting"***) m’est revenu à l’esprit un épisode assez révélateur de la personnalité de notre ami Galouzeau. Automne 2005, alors que le "Charles De Gaulle" participe à la commémoration joyeuse de la bataille de Trafalgar, l’approche du bicentaire de la victoire d’Austerlitz plonge le premier ministre, napoleonphile assumé et candidat inavoué à de plus hautes fonctions, dans la crainte de passer pour plus bonapartiste qu’il n’est. Qu’à cela ne tienne, la manoeuvre se fera en deux temps : minimum officiel pour la commémoration et surtout nomination à la CNCDH de Claude Ribbes, obscur historien et auteur du polémique "crime de Napoléon" dans lequel il compare Hitler à Napoléon.
A défaut de l’honneur et de l’histoire de France, l’image du premier ministre est heureusement sortie indemne de cet épisode de mortification nationale. La fidélité entre contemporains étant déjà rare en politique, on ne peut tout de même pas exiger une fidélité bi centenaire !
Dis moi qui tu nommes et je te dirai qui tu es. Révélateur aussi ce lapsus de Villepin qui parlait dimanche de "traitement" des jeunes à la place de salaire. Sa véritable nature transparaît toujours dans la nomination de Thomas Picketty, chantre du fiscalisme, à la tête de l’école française d’économie, nouveau bidule créé par le premier ministre sans doute à la recherche de solutions originales pour la réduction de la dette.
Et de tous les ministres il est sans doute celui qui s’est le plus oppposé à mise en place de la LOLF.
En fait Villepin s’incrit dans la plus pure tradition étatique française, son horizon s’arrête au Plan et sa modernité à la DS.
Etatiste, égomaniaque (si j’en juge par le temps qu’il passe à s’admirer à poil devant les glaces du vestiaire du Racing), Villepin est aussi impopulaire.
Après un été de campagne médiatique ponctuée de photos de plage ( le corps, toujours le corps !), l’audience de sa grande émission de rentrée n’a pas dépassé 4,1 millions de téléspectateurs alors que même le très submersible Raffarin avait attiré dans les mêmes conditions plus de 5 millions de personnes. Et cette impopularité ne peut surprendre que les plus dévôts des chiraquiens tant sa personnalité est inadaptée à la réalité française. Enarque et fonctionnaire, Villepin est un homme de pouvoir et de circonstances et les français le sentent bien.
Sans être très méchant, on peut dire que les hommes politiques sont motivés à 90 % par l’ego et à 10 % par autre chose, Villepin lui est motivé à 100 % par lui-même. Il fait partie des quelques uns qui jouent faux : Fabius le grand bourgeois et son gauchisme, Villiers le bon chrétien et ses maîtresses, Villepin sa grande France et ses petites combines dont le CPE fait partie, destiné à doubler Sarkozy à droite.
En 1997, il a imaginé la dissolution avec le succès que l’on sait. En 2006, il imagine le CPE pour nuire à Sarkozy. Souhaitons que 2007 ne ressemble pas à 1997. Quoi qu’il en soit, le clan des chiraquiens en portera la responsabilité.
Bien à vous
Eric Parisot
La flexibilité n’est pas la précarité !
En echo a votre note et a un des commentaires lus sur votre site, j’aimerais apporter la reference suivante publiee par l’institut Montaigne:
Salariés, actionnaires : partager le gâteau ou mieux partager le risque ?
http://www.institutmontaigne.org...
Cet Amicus Curiae apporte des elements qui apparaissent peu dans le debat actuel qui est circonscrit a la question de la flexibilite.
Si les contraintes de la discussion et de son format mediatique imposent une restriction du domaine de reflexion, le sujet, au dela de son caractere polemique, force un questionnement qui depasse les caracteristiques du code du travail.
Il englobe l’evolution du capitalisme durant les 40 dernieres annees qui a change subrepticement la gestion du risque dans les entreprises.
Comprendre cette evolution et ses consequences est une demarche obligatoire si l’on veut convaincre plutot qu’imposer.
Malheureusement avec une generation des 15-30 ans qui veut pour ses trois-quart aller vers la fonction publique, il semble que beaucoup de retard pedagogique ait ete accumule.
Sur le long terme, et par dela l’echeance circonstancielle de ce melodrame typiquement francais, la voie d’avenir passe par l’integration et non l’opposition.
Car, comme le conclut le papier de l’institut Montaigne, il faut mieux associer les francais a la remuneration du capital qui permet de compenser l’accroissement des risques subis par les salaries.
La flexibilité n’est pas la précarité !
Le problème dans cette affaire de CPE, c’est que c’est toujours aux meme qu’on demande de faire des efforts. Faites que les conditions du CPE soit les meme pour tous les travailleurs et la on verra. C’est toujours sur les jeunes qu’on tape. Ceux qui ont entre 55 et 70 ans les 68 ards ont eu la belle vie et veulent continuer à l’avoir belle en continuant à faire payer ceux qui sont plus jeunes. Et ca pète aujourd’hui! C’est normal. Reditribuer vos revenus les 50-70 ans et après on verra! Les jeunes meme ceux qui travaillent ont des salaires de misères et des CDI précaires. Il y a un vrai problème générationnel. En plus ce sont ces 50-70 ans aisés qui prétendraient vouloir le bien des jeunes. La politique n’est pas un plan de carrière personnel! C’est un service public et nombreux sont les politiques à l’oublier!
+1 pour Global
Avant de donner des leçon de flexibilité au monde du travail privé, le gouvernement ferait mieux de s’occuper de son propre personnel.
Par exemple, Marcabru le signale, l’état embauche des contractuels précaires…alors qu’il dispose par ailleurs de surnombres conséquents (par exemple : 30 000 profs sans emplois, mais avec un salaire. Et c’est un chiffre officiel ). Sans parler des douaniers, des comptables et des agences du trésor (de vulgaires banques, entièrement informatisables) parfaitement inutiles, alors qu’on manque de greffiers, juges, infirmiers, medecins, etc.
Au prix du fonctionnaire surnuméraire (50 000 €/an en moyenne, tout chargé) ces surnombres (à la louche et sans tailler dans rien du tout : 200 000 personnes) 10 Milliards d’euro par an, soit, comparé au coût d’un salarié privé et au coût d’un emploi aidé (mettons 20 000 euros, qui est là encore un chiffre officiel), représentent 400 000 emplois détruit ou non créés, soit au final 200 000 chômeurs de trop.
Combien le PM espérait-il d’emploi du CPE ? quelques milliers, dizaines de milliers ?
Autre exemple : j’entends que, par l’intermédiaire d’un machin dénommé PACTE (Parcours d’Accès aux Carrières de la fonction publique Territoriale et d’Etat) http://www.travail.gouv.fr/formu...
, , énième machin du genre mais d’invention récente (ordonnances d’aout 2005) il est question d’employer des fonds publics pour embaucher avec à terme titularisation dans la fonction publique des personnes avec des difficultés d’insertion, avec obligation de formation pour l’état ici employeur. Ne s’agit-il pas ici très précisément de ce paternaliste mélange des genres qui consiste à vouloir d’une part faire du social avec de l’argent public qui n’était guère destiné à cela, et de, je vous cite Monsieur Lambert "Cette vision, si particulière à la France, reflète une conception de l’emploi calquée sur l’organisation de la fonction publique, masquant un coût social élevé."
En un mot, comment expliquer que le gouvernement impose d’une main à la population un régime auquel il se refuse lui-même ? Où voit-on ici ce langage de courage et de vérité seul à même de redonner à nos concitoyens confiance en leurs édiles ?
@pascal: "des agences du trésor (de vulgaires banques, entièrement informatisables)"
Non, les petites agences du trésor ne sont pas informatisables, et ont une réelle utilité auprès des municipalités dont elles gèrent les comptes.
J’ai également bossé 2 mois (en deux ans) dans une très petite trésorerie (promis, hors la fac actuellement et ces deux contrats au trésor, mon expérience professionelle s’est déroulé dans le privée (de façon au moins aussi précaire)). J’étais chargé de préparer les liasses de documents comptables à envoyer à la court des comptes concernant les dépenses et recettes de trois communes. Je peux certifier que dans les petites communes rurales, le trésorier est un interlocuteur indispensable pour le maire qui n’a pas des conseillers financiers sur qui s’appuyer dans sa gestion financière (et qui n’est pas forcément lui-même un spécialiste du droit dans ce domaine). Les plus vindicatifs contre la fermeture des petites agences du trésor ne sont pas les agents mais les maires des petits villages qui sont ravi d’avoir un interlocuteur compétant, proche, connaissant leur commune etc…
Ce n’est jamais si simple…
Pour les enseignants, c’est un peu la même chose, votre conclusion est trop hâtive: ces 30 000 équivalent temps plein d’enseignants inocupés correspondent à des matières qui sont peu ou plus pratiquées par les élèves: les classes d’allemand ferment, mais les profs d’allemand continuent à exister (et même des concours sont ouvert.. il ne faudrait pas envoyer un message négatif aux allemands, on préfère faire comme si plutôt que de leur avouer que plus personne n’apprend leur langue) … de même pour le russe, le portugais, … , la philosophie et un certain nombre de matières techniques. (Le Figaro, le 11 mars 2005 par Marie-Christine Tabet)
à Eric Parisot ! Ben mon colon…encore plus fort que F.O.G. dans " la tragédie du Président ". Comm " balance " vous n’etes pas mal non plus ( Cf Villiers et ses…) . Vous me paraissez très bien informé jusqu’à soutenir que le P-M n’aime pas la LOLF ? Croyez vous qu’il soit vraiment seul ? n’oubliez pas que son ancètre ,la R.C.B. , a fait long feu sous " l’impulsion " d’un certain J.Chirac…Qui veut vraiment la transparence dans ce pays ? Quelques naifs indécrottables dont je suis encore… Bien à vous
Eric,
Je voudrais compléter votre portrait de notre "cher" premier ministre. Vous avez dit qu’il est napoléonphile. C’est vrai, il agit en cavalier qui part à la charge… ou peut-être mieux, c’est Don Quichotte qui attaque les moulins à vent et se retrouve empêtré dans une situation qu’il ne maîtrise plus.
Il ne fallait pas faire voter le CPE dans les conditions dans lesquelles il a été adopté. Mais, maintenant qu’il est adopté, faut-il le retirer pour calmer le jeu et prendre une mesure antidémocratique (la volonté du peuple… !!!), ou le maintenir coûte que coûte et risquer une grève générale ?
Madelon
@marcabru
pour les trésoreries je persiste, et vous oubliez juste deux détails :
* vous oubliez que ces masses de justificatifs comptables sont pour l’essentiel inutiles. De la paperasseries pour le plaisir, ou plutôt pour justifier l’existence d’agences du MINEFI et occuper ses fonctionnaires, qu’on ne veut pas recycler dans des activités plus utiles, pour tout un tas de mauvais raisons : réticence profonde du MINEFI à renforcer numériquement les autres ministères, "dépensiers", donc par nature mauvais ; sur-paye des agents du MINEFI qui empêche leur mobilité vers les autres secteurs ; et bien sur blocage syndicaux et, comme vous l’indiquez, des élus locaux.
* vous oubliez que les trésoreries sont faites pour manipuler de l’argent (sur justificatifs… produits par d’autres fonctionnaires…), alors que par ailleurs le comptable publique, sur la base des mêmes justificatifs, va faire son travail de comptable (imputer la dépense dans la bonne rubrique du plan compteble, sur justificatifs). Et qu’il y a forcément doublon, puiqu’il s’agit en fait de la même activité, maintenant que l’argent est dématérialisé !
Pour abonder dans mon sens, la cour des comptes, dans son rapport 2003, n’hésite pas mettre en doute l’utilité d’un agent publique pour simplement verser de l’argent, puisqu’une banque (privée) fait ça très bien. http://www.ccomptes.fr/Cour-des-...
(p 481 du rapport complet / p 7 de l’extrait).
Heureusement que c’est dans la section "agriculture", parce que j’imagine le tollé si ça avait été remarqué…
Pour les enseignants, il est hors de doute qu’il y a des raisons qui expliquent l’existence de 30 000 profs sans affectations. Les raisons que vous citez (et que je connaissais) sont des explications, mais ce ne sont pas des justifications recevables : cette situation reste et demeure un indiscutable et inqualifiable gaspillage. Et une source directe de chômage.
Noter que ce problème ne se pose que dans l’enseignement publique, l’enseignement privé sous contrat en est exempt. Et, de ce fait, l’enseignement privé est mécaniquement moins couteux (plus efficace), toute choses égales par ailleurs, d’environ 3%, au détriment de personne. Curieux miracle, n’est-il pas ? Pourtant, logiquement, il est plus facile d’amortir les écarts sur une grosse masse que sur une petite…
"ces 30 000 équivalent temps plein d’enseignants inocupés correspondent à des matières qui sont peu ou plus pratiquées par les élèves: les classes d’allemand ferment, mais les profs d’allemand continuent à exister (et même des concours sont ouvert.. il ne faudrait pas envoyer un message négatif aux allemands, on préfère faire comme si plutôt que de leur avouer que plus personne n’apprend leur langue) … de même pour le russe, le portugais, … , la philosophie et un certain nombre de matières techniques."
Je ne vois toujours pas pourquoi l’éducation nationale, comme toute bonne entreprise qui se respecte, n’a pas à faire des propositions de reclassement aux personnels qu’elle ne parvient pas à employer, et ne peut pas, à défaut, licencier les personnels aux qualifications inadaptées ou obsolètes.
des agences du trésor (de vulgaires banques, entièrement informatisables)
@Marcabru,
L’année derniere j’ai dû me déplacer à la Tresorerie principale d’Antibes (06 qui est un patelin de 100.000 habitants). Quand l’agent a voulu consulter mon dossier il fait quoi ?
devinez ?
==> il a consulté des fiches sur micro-films !!!!
Faudrait un peu arreter de prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages !!
Ca va péter, en 2007.
Plusieurs bloggeurs ont prêté cet article à Alain Lambert. J’en suis, pour ma part, fort flatté. Ceci dit, j’assume ma responsabilité d’auteur et donc, vais tenter de répondre aux objections.
Tout d’abord, sur le fond de l’article, il me semble distinguer un consensus pour admettre le principe de la flexibilité qui peut prendre des formes variées. L’analyse de ces formes a notamment été présentée par Olivier Boulba de l’Université de Poitiers, qui m’a fait l’honneur de mettre un commentaire auquel je souscris largement (à l’exception du «propos répété de façon quasi pavlovienne », du à l’actualité). Il me semble malgré tout important que les entreprises qui hésitent aujourd’hui à embaucher puissent vaincre leurs appréhensions.
Concernant la gestion des ressources humaines de la fonction publique : il y a beaucoup à dire. Il me semble que c’est Roger Fauroux, dans « Notre Etat », qui s’étonnait qu’autant de personnes à la compétence avérée se montrent aussi peu efficaces… Je me refuse à mettre les fonctionnaires en cause, j’ai été d’ailleurs l’un d’eux dans une expérience antérieure. Je relève simplement que l’Etat accumule les structures qui ont eu leur utilité, sans jamais les remettre en cause une fois leur nécessité disparue. Pour exemple, le service de la redevance de l’audiovisuel qui aura mis 10 ans à disparaître. Autre exemple, les départements dont la définition, datant de la période révolutionnaire, repose sur une limite établie comme la distance équivalente à une journée de cheval du chef lieu. Par ailleurs l’efficacité n’est pas une vertu. Pour exemple, on préfère faire soi-même ce qui pourrait être sous traité à moindre coût. Il est simplement difficile de sortir des sentiers battus. Ainsi, un bloggeur défendait les Trésoreries locales en raison des services rendus par le Percepteur aux Maires. C’est vrai, mais il convient aussi de définir d’autres termes de l’alternative, plus économes en moyens – et il y en a -.
Concernant les syndicats : je suis, bien évidemment, d’accord sur le principe de négociation permanente, mais je relève aussi le poids d’un principe absurde qui veut que « ce qui est bon pour l’un est forcément mauvais pour l’autre » (à cet égard, le commentaire de Global du 22 mars reflète bien cette optique) ainsi qu’une espèce d’impossibilité pour quelques syndicats – qui, il est vrai ne sont pas parmi les plus importants – de sortir du raisonnement à très court terme, corporatiste voire poujadiste.
Sans doute s’agit il des conséquences de la volonté de l’Etat de tout régir, qui expliquerait également la désyndicalisation des salariés français (cf. article de Nicole Notat dans « Notre Etat »). La relation gagnant – gagnant, qui reçoit l’agrément d’Hugues de Fombelle, ne pourra cependant s’établir qu’entre partenaires aux idées certes divergentes, mais se respectant mutuellement.
Concernant la Gauche (Marcabru) : Il y a beaucoup d’ambigüité dans le discours de la Gauche, parfois même un double langage … Roger Fauroux (encore lui) évoque dans « Etat d’urgence » certains responsables de Gauche en tête des manifestations contre la loi Fillon sur les retraites alors que ces mêmes personnes dans les cabinets du Gouvernement Jospin défendaient des idées plus draconiennes encore. Mais la Gauche, déchargée de toute responsabilité, n’est pas la Gauche au Gouvernement.
Au final, je relève que l’absence de flexibilité de la fonction publique est un défaut majeur de son fonctionnement. Le risque 0 n’existe pas et il ne faut pas croire que l’abandon du CPE ouvrira pour les jeunes davantage d’emplois à contrat indéterminé. Ce pourrait fort bien être l’inverse, avec des contrats à durée déterminée qui, eux, déboucheront plus difficilement sur des CDI.