L’actualité me donne l’occasion de mesurer le caractère trop souvent manichéen de la politique et le conservatisme comportemental dans lequel elle se complait.
Etant interrogé hier sur deux sujets, je me suis fondé, pour répondre, sur le simple bon sens, m’interdisant d’alimenter une controverse absolument inutile et, en tous cas, non constructive pour l’intérêt général.
Le 1er sujet est relatif à l’agenda de la réforme territoriale. Ma réponse a été la suivante :
Les citoyens n’ont pas été créés pour peupler les collectivités. Ce sont les collectivités qui ont été créées pour le service des citoyens. S’il faut réviser la carte des territoires, mieux vaut le faire avant les élections qu’après. Il y aurait même un paradoxe à inviter les citoyens à choisir en premier leurs élus pour supprimer leurs collectivités l’année suivante. Tirer à hue et à dia n’est pas de bonne gouvernance : on refait la carte de l’intercommunalité, à peine en vigueur, on annonce qu’elle sera remaniée. On redécoupe les cantons, on invente un mode de scrutin baroque, et on annonce la suppression des départements. Il est temps de mettre fin à ces voltefaces permanents qui transforment le service public en controverses d’institutions et d’élus.
Je n’ai pas changé d’avis sur la réforme territoriale et sur la méthode à retenir : aller vite et faire bien, c’est offrir une vraie liberté d’organisation aux collectivités locales, leur fixer un cap clair en nombre et en tailles, et leur donner un an pour proposer leur schéma. Dans tous les cas de consensus, la loi n’aura plus qu’à les valider, dans le cas contraire, elle décidera pour ceux qui n’ont pas pu se mettre d’accord entre eux.
La France doit se mettre d’urgence au travail, simplifier son organisation, offrir de la souplesse juridique, et donner vie au principe de libre administration des collectivités. Ainsi, les esprits ne seront plus encombrés par l’interminable Monopoly administratif et pourront enfin se concentrer sur l’essentiel : retrouver de la croissance et créer des emplois. Cessons d’ennuyer les Français et laissons les travailler d’arrache-pied.
Le 2ème sujet est celui des rythmes scolaires sur lesquels la CCEN que je préside a statué en évitant d’émettre un avis défavorable. Lorsque cette réforme nous a été présentée, l’an passé, nous avons alerté le Ministre de l’époque pour lui dire combien les difficultés techniques pratiques viendraient contrarier l’organisation de la scolarité. Aujourd’hui, il nous est présenté un texte visant à assouplir quelques dispositions pour lever un certain nombre de difficultés. Nous n’allions tout de même pas, par manichéisme exacerbé, le rejeter au motif qu’il atténue les effets d’un texte antérieur mal construit. L’intérêt supérieur des enfants nous a semblé devoir l’emporter dans notre réflexion.
Dans le marigot de la politique, il est probable que la seule posture correcte soit de s’opposer systématiquement quand on est dans la minorité et d’approuver béatement quand on est dans la majorité.
Pour avoir été contraint de pratiquer l’exercice dans les deux situations, je m’honore de m’être émancipé de ces obligations et de me déterminer en conscience dans le souci exclusif de l’intérêt général.
Si nous étions plus nombreux à faire ainsi, la France se porterait mieux.
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