Le Ministre de la Défense confirme l’abandon du logiciel Louvois qu’il qualifie de » désastre humain » et » budgétaire « . Il a dénoncé l’absurdité d’un système de rémunération mal conçu et d’un logiciel qui dysfonctionne, en soulignant une catastrophe budgétaire « . L’affaire coûte 150 à 200 millions d’euros par an, l’équivalent des économies permises par les réductions d’effectifs des armées. Dans le livre « Déficits publics, un danger pour la démocratie » que je viens de publier, je traite des systèmes d’information comme la clé de la réforme des administrations.
La mise en place de nombre d’entre eux se sera révélée une série répétée de « plantages ». Le mot n’est pas trop fort. Il illustre l’un des maux de nos administrations. La France, où les administrations consomment plus de la moitié du fruit du travail des Français, qui s’occupent de leur vie quotidienne dans la même proportion, et génèrent des besoins informatiques qui représente largement la moitié de toute l’informatique existant en France, s’est historiquement comportée en très mauvais élève dans la mise en place de systèmes d’information performants.
Pourtant, ces systèmes d’information sont une clé essentielle de la révolution copernicienne que notre administration doit opérer. Ensemble des systèmes informatiques qui centralisent les informations relatives au fonctionnement d’une organisation — les personnels, leur rôle, leur coût, les matériels qu’ils utilisent, les crédits qu’ils consomment, les recettes qu’ils encaissent, les imprimés qu’ils traitent, leur stratégie, leur management, leur gouvernance, leurs données, leurs procédures —, les systèmes d’information pilotent désormais la comptabilité, la finance, la gestion de toutes les activités et des ressources humaines. De leur performance dépend la réussite ou l’échec d’une entreprise comme de l’administration. En apparence réservés à des techniciens, ils constituent désormais un enjeu stratégique décisif, tant pour la qualité des informations budgétaires, comptables et le pilotage de la dépense que pour le fonctionnement de l’institution et les services qu’elle rend à l’extérieur. Ce sont à la fois des outils d’organisation interne et une vitrine ouverte – parfois une porte d’entrée – pour les usagers, qui leur expose l’ensemble des biens et services publics disponibles. Idéalement, les progrès technologiques devraient permettre de coordonner l’activité de toutes les administrations publiques.
Jusqu’à maintenant, les tentatives de mise en place se sont soldées, à chaque fois, par une catastrophe industrielle. Les fonctionnaires et décideurs ne connaissant rien à ces matières. Ils sont prisonniers du code des marchés publics, achètent des systèmes qui ne marchent pas, coûtent cher, et découragent même le plus enthousiaste des utilisateurs. Ensuite, comme on peut s’y attendre, la mise en place des systèmes d’information – qui suppose la coordination entre une myriade d’administrations au fonctionnement hétéroclite — fait resurgir l’éternel débat entre les partisans de l’autonomie d’une part et les partisans d’un système harmonisé et centralisé de l’autre. La traduction informatique de ce débat oppose d’un côté les défenseurs d’une galaxie unique, appelée progiciel, contenant en son sein un ensemble de logiciels aux partisans d’une galaxie de planètes informatiques propres à chaque administration, reliées entre elles par une sorte de soleil qui regrouperait l’ensemble.
Pour ceux qui s’intéressent à cette matière, rendez-vous à la lecture du livre et parlons-en ensemble.
Bonsoir ,
Pour avoir été un modeste acteur de la mise en place d une partie des systémes informatiques de l Etat mis en place au cours de ces 15 dernières années ( Notamment Helios – gestion de la comptabilité des collectivités de l Etat au sein des services des finances publiques ,Chorus )et aussi leurs prédécesseurs ( NDL ) , je crois pouvoir émettre un avis d expert sur les raisons des dérives financières importantes , vécues à l occasion du développement de ces nouveaux logiciels .
A mon sens , trois facteurs sont à la source de ces errements – nous focalisons actuellement sur les aspects financiers mais il serait aussi utile d’ évaluer les couts induits dans les dysfonctionnements de l administration lors de la mise en place de ces produits ):
-un premier il me semble utile de souligner que ces nouveaux produits ont été sous traités à des sociétés privées ,peu familiarisés avec les procédures administratives , les modes de fonctionnement .les contraintes de développement qui leurs étaient assignées – par soucis budgétaires – étaient trop importantes pour qu elles puissent maitriser correctement l analyse des dispositifs existants , tester valablement leurs choix techniques voire organisationnelles .
– le choix fait aussi de faire développer ces nouveaux outils sans que soient vraiment associés à leurs développements les fonctionnaires « informaticiens de métiers ,est aussi un des facteurs des dérives constatées …
-l encadrement des recettages de ces outils de leurs tests ont souvent été sous traités à des partenaires ou associés des sociétés chargés de ces développements ..manquants tout à la fois de neutralité , comme d ailleurs des compétences nécessaires pour apprécier la conformité de ceux ci avec les attentes des servuces