Les lois et le règlement ne sont pas de purs actes de puissance ; ce sont des actes de sagesse, de justice et de raison.
Le législateur et le pouvoir règlementaire exercent moins une autorité qu’un sacerdoce. Ils ne doivent point perdre de vue que les lois et les règlements sont faits pour les hommes, et non les hommes pour les lois ; qu’ils doivent être adaptés au caractère, aux habitudes, à la situation du peuple pour lequel ils sont faits ; qu’il faut être sobre de nouveautés en matière de législation et de règlementation, parce que s’il est possible, dans une institution nouvelle, de calculer les avantages que la théorie nous offre, il ne l’est pas de connaitre tous les inconvénients que la pratique seule peut découvrir ; qu’il faut laisser le bien, si on est en doute du mieux ; qu’en corrigeant un abus, il faut encore voir les dangers de la correction même, qu’il serait absurde de se livrer à des idées absolues de perfection, dans des choses qui ne sont susceptibles que d’une bonté relative ; qu’au lieu de changer les lois et le règlement, il est presque toujours plus utile de présenter aux citoyens de nouveaux motifs de les aimer ; que l’histoire nous offre à peine la promulgation de deux ou trois bonnes lois dans l’espace de plusieurs siècles ; qu’enfin, il n’appartient de proposer des changements, qu’à ceux qui sont assez heureusement nés pour pénétrer, d’un coup de génie, et par une sorte d’illumination soudaine, toute la constitution d’un État.
Adaptation d’après Portalis.
Excellent ton « Portalain » ou encore » Portalambert »!