C’est le titre du « point de vue » publié dans le Monde daté de lundi soir dernier et signé par Christian Blanc, Jean-Marie Bockel et moi-même. Il donne lieu à de nombreux commentaires que vous pourrez lire dans le Monde lui-même ou sur les sites de Christian Blanc ou de Jean-Marie Bockel. Je vous laisse le soin de réagir aussi ci-dessous sur ce Blog. Cette démarche s’inscrit dans l’esprit du billet intitulé « les nouveaux mousquetaires » que j’ai posté dimanche dernier 2 juillet.
J’adhère en ce qui me concerne parfaitement à ce programme. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres chemins pour redresser la France et c’est justement sur ce programme, court, pragmatique, qui ne coûte rien et compréhensible de la plupart des électeurs que je me bats depuis toujours.
C’est un programme libéral et l’honnêteté intellectuelle qui est la vôtre devrait vous conduire à l’énoncer afin de sortir cette pensée de la diabolisation injuste dont elle est victime alors que les plus grands auteurs libéraux sont français et inconnus du publics.
Programme libéral, car d’abord l’idée principale de ce manifeste c’est moins d’Etat et une volonté de laisser demain les individus s’entendre entre eux en dépossèdant l’Etat de domaines où la société civile est meilleure que lui. C’est aussi plus de démocratie responsable en proposant des référendums d’initiatives populaires et en rapprochant les choix électifs dans les lieux de vie des électeurs.
Mais il ne faudrait pas pour le libéral que je suis qu’un tel programme apparaisse dans l’esprit du public comme étant porté par les partis de gouvernement auxquels vous appartenez, vous les mousquetaires. Car c’est bien le contraire et vous le savez. Ces dernières années, alors que ce que vous énoncez était en prémice dans les programmes de l’UMP, ce parti l’a bien montré, alors qu’il avait toutes les cartes en main et plus qu’aucun les aura en 2007, il n’en a rien fait. Soit par impossibilité structurelle – mais sans changer les règles qui auraient pu le permettre – mais surtout par manque de courage tout simplement.
L’autre honnêteté à avoir ce serait, si vous adhérez viscéralement à ces mesures de "modernisation" de la France, de quitter l’UMP, car vous le savez bien, jamais vous ne pourrez inciter ce parti à en épouser ne serait-ce que le millième, l’Histoire le montre.
Perdre votre investiture de l’UMP dans ces conditions ? Vous savez aussi que cela ne sera pas un gage de garder votre siège que d’avoir l’investiture de ce parti et les français qui avaient voté pour lui en 2002 le lui ont déjà fait savoir, en 2004 et en 2005. Ce sera au contraire une formidable machine à perdre. Moins de 20% des députés actuels de ce parti sauveront leurs têtes et ceux-là, surtout parcequ’ils ont la confiance de leurs électeurs et qu’ils l’auraient même s’ils se présentent sans étiquette, l’investiture de l’UMP au contraire risque de les desservir. Je ne suis pas de votre région, mais je suis sur que l’honnête homme que vous me semblez être en fait partie.
Raison de plus pour ne pas laisser croire, par la défense de ces idées réformistes et votre appartenance à l’UMP, que l’UMP serait porteuse d’un tel programme. Je dirais même plus, à partir du moment où vous adhérez à ces idées publiquement, il vous appartient, par honnêteté intellectuelle vis à vis de vos électeurs et des français, de démissionner d’un parti qui est à l’opposé de la mise en place de ces mesures. Ne serait-ce que pour plus de transparence dans ce débat public.
Vous comprendrez bien que sans cela dans les jours prochains, il n’y aurait de la part de ces "trois mousquetaires" qu’une tentative de récupération, par les partis en place et pour conserver leurs situations, de ces idées libérales. Je trouverais cela dommage car il faudrait encore aux français attendre des hommes politiques, enfin courageux, pour l’avènement d’une société plus juste dans notre pays.
Que Dieu vous en donne ce courage
Ensemble, modernisons la France
Une telle démarche est novatrice. Alors qu’à l’approche des élections de 2007 les tensions vont aller en s’exacerbant, entre la gauche et la droite, à l’intérieur de la gauche et de la droite,…
Les nouveaux mousquetaires
C’est le titre de l’article que le magazine L’Express consacre sur l’initiative que nous avons prise avec Jean-Marie Bockel et Alain Lambert. Notre démarche est expliquée en détails dans une tribune collective publiée aujourd’hui dans le…
L’initiative est très intéressante maias j’avoue être un peu désemparé en lisant l’article dans le monde au paragraphe sur l’endettement de l’Etat et de constater que M. Bockel a voté le projet socialiste qui promet un abyme de dettes en plus de celui que nous connaissons !
Cela me parait difficilement compatible.
Bonjour monsieur Lambert,
Rappelons que monsieur Bockel est à l’initiative d’un courant au sein du PS que les gaullistes sociaux qualifierait volontiers d’ultra-libéral.
Rappelons en outre qu’il est Alsacien, ce qui, pour un homme de gauche, implique des responsabilités historiques expliquant son positionnement.
A mon sens votre/notre/leur combat de faire accepter et co-naître la France au capitalisme n’est pas vain mais reste vraisemblablement mort-né tant le surmoi de gauche est prégnant dans l’hexagone.
Il n’est pas vain car si 10% du projet énoncé infra. est repris par Sa Majesté et 35% par Nicolas S. (mes quantifications personnelles de leur libéralisme respectif) alors vous aurez fait oeuvre de salubrité publique et donc rempli le rôle des indépendants US ou des lib/dem Anglais en tant que think-tank (n’oublions pas Camdessus et Pébereau).
Il est mort-né car aucun des grands candidats (désolé pour les petits) n’est suffisamment libéral pour résister à la pression de ses alliés qui voudront continuer la gestion bananière/irresponsable/corrompue de l’état, i.e. on assistera alors à des lois clientélistes visant à offrir des centaines de milliers d’emplois protégés (ou à ne pas les supprimer, cf; les jardiniers municipaux).
Ainsi pour être efficace le libéralisme doit être TOTAL i.e. s’appliquer à tous avec la disparition programmée des emplois non connectés au marché car sinon il s’imposera par le plus TOTALITAIRE des modes: une baisse de nos ratings financiers en 2020 (c’est demain) et donc une charge insupportable de la dette impliquant un thatcherisme/reaganisme dévastateur.
En vous remerciant pour vos idées si pertinentes
comment ne pas soucrire à cette magnifique initiative qui trancende les partis et pose un socle commun. Face à la montée des extrêmes il devient urgent de dépasser les querelles politiciennes. Je ne souhaite pas connaître la France des années trente (et ses émeutes du 6 février 34) avec la montée des extrêmes et de la défiance à l’égard des politiques…Il faut redonner confiance aux Français…
Pourquoi mettre l’endettement de la France en troisième position dans ce diganostic? Il justifie à lui seul toutes les réformes, sachant que même si le système fonctionnait merveilleusement bien nous ne pourrions le maintenir sans courrir à la faillite.
La politique hors des partis ou l’illusion comme alternative
Comme semble le laisser penser Koz ou
Vous parlez de la crise qui menace la France. Vous pourriez également évoquer la crise qui menace la planète et ses écosystèmes et les causes qui sont à son origine. Ainsi nous pourrions encore mieux moderniser la France… et participer à la modernisation du reste du monde. Et puis il conviendrait d’évoquer comment il se fait que dans un contexte économique d’enrichissement global, les disparités entre les nations riches et les nations pauvres croissent au même titre que les inégalités entre les riches et les pauvres au sein de ces nations riches. Tout est lié cher monsieur…
A Someone,
Il faut être extremement prudent quand on parle de l’accroissement des disparités entre riches et pauvres. La mondialisation, par exemple, a permis l’élévation du niveau de vie de tous.
Concernant les écarts entre riches et pauvres, certes, mais les choses sont complexes. Prenez une personne qui va investir, prendre des risques, pour créer et développer une entreprise et un fonctionnaire de préfecture, qui cumule toutes les sécurités. Doivent ils avoir le même revenu. J’ai également à plusieurs reprises dans mes billets tenter de montrer les effets pervers d’un excés d’intervention public qui au bout du compte conduit parfois à mettre sur la touche les plus fragiles.
Merci pour votre réponse. Toutefois, s’il est vrai que globalement le niveau de richesse de toutes les nations (ou presque) s’est peut-être amélioré, y compris au sein de cette progression des disparités flagrantes sont observables.
Ensuite la richesse des nations ne reflète pas la richesse des peuples car interviennent des mécanismes de redistributions qui n’obéissent pas à des lois mathématiques détachées de toutes contingences humaines.
C’est ici que résident la pierre d’achoppement car le libéralisme économique sert avantageusement les intérêts (légitimes dans une crtaine mesure) des plus performants d’entre-nous. Ces derniers sont logiquement les principaux promotteurs et artisans de ce mode d’organisation économique… que je puis approuver sur le papier… mais pas dans les faits.
Simple citoyen, mais citoyen à part entière, je prône personnellement l’instauration d’un REvenu Minimum pour une Existence DEcente (1000 € à ce jour pour un célibataire vivant en Province), indexable sur l’évolution du coût de la vie, couplé obligatoirement à l’exercice d’une Activité Socialement Utile.
Par ailleurs, s’il est juste que le travail, l’initiative et le risque soit récompensés, il est tout aussi juste que des limites soient fixées. On ne peut d’un côté stimuler l’activité des uns et de l’autre démoraliser un grand nombre, écrasé devant le cour des choses où chacun semble livré à lui-même, pour le meilleur et pour le pire. Avec à chaque fois un discours justificateur ravageur pour le moral d’un collectif : à chacun selon ses mérites ! Ce discours est proprement dérélictionnel !
A Someone,
Je pense que beaucoup de libéraux pourront se retrouver dans les idées que vous avancez. Par exemple, l’idée de l »impôt négatif" dont le but est de permettre aux plus pauvres de disposer d’un revenu minimal est de Milton Friedmann, le monetariste.
Le liberalisme ne se fixe pas d’objectifs sociaux, encore que l’on puisse défendre l’idée que l’utilitarisme, une des écoles de pensée qui le fondent, puisse aboutir à ces objectifs sociaux.
Pour ma part, je soutiens la thèse que la sociale démocratie est d’essence libérale, mais comme je l’écrivais en mars, tout est une question de règlage de curseur. J’observe surtout que vous posez avec justesse les differentes facettes de la problématique.
@Someone
Et bien chiche ! MAIS (gros MAIS !), notez bien que, par définition, les activités du secteur public sont du domaine des ASU. Ca implique donc de supprimer TOUTES LES DEPENSES PUBLIQUES, (y compris bien sur les fonctionnaires, TOUS LES FONCTIONNAIRES, au sens le plus large : tous ce qui fonctionne sur fond public, y compris la SNCF, la Poste, mais aussi VEOLIA, etc.), et de remplacer ça par l’activités des bénéficaires du "REMEDE". En gros, au lieu d’avoir 30 % de fonctionnaires, il faudrait, pour commencer, mettre en place un fonctionnariat à temps partiel (tiers temps) pour tous les volontaires, sans concours évidemment.
Financièrement, c’est jouable : 1000 € x 12 mois x 40 millions d’adultes ça fait 480 milliards d’Euros, ce qui correspond au montants des impôts — CSG incluse — en France (450 milliards en 2004 : http://www.insee.fr/fr/ffc/chifc...
Politiquement, ça va être délicat : allez dire aux fonctionnaires qu’ils sont virés, mais que s’ils veulent, et pour 1000 €/mois, ils peuvent continuer à bosser comme avant… Partager le travail des AUTRES, ça, "la Martine" elle sait faire ; mais partager le travail de ses propres troupes, là, je sens comme un os…
Et socialement, au sein de la fonction public, ça va être … hum… disons "interressant" : expliquez nous un peu comme vous allez obtenir que les titulaires du "REMEDE" fournissent une ASU d’une valeur ajoutée équivalente… Vous croyez vraiment qu’un cadre (à temps partiel) payé 1000 €/mois va se faire chier à se remettre dans le droit chemin une brebis (ou, pire encore, tout un troupeau) égarée qui (quelqu’en soit la raison) ne fournit pas une ASU suffisante ? Vous pensez qu’on va savoir motiver des troupes irrégulières et sans perspectives d’évolution ? Vous croyez vraiment que l’état saura résister à la pression politiques des bénéficiares, pression qui s’exercera vers une hausse du salaire et une baisse de l’exigence ?
"dérélictionnel""… quel beau mot. Bien choisi. Seule la cible est contestable.
à A B Galiani et Gem,
Je me félicite de ne pas ressentir une fin de non recevoir à travers votre réponse à mes remarques. Bien que j’aime recours imédiatement à un biais qui lui permette de retomber sur ses jambes !
A l’attention de Gem, je précise que le REMEDE et l’ASU que je préconise n’est pas destiné à devenir un revenu universel attribué à chaque adulte. Il serait proposé à chaque citoyen faisant partie de la population active n’étant pas à un moment donné en mesure d’occuper un emploi à temps plein dans le secteur productif (privé ou public). Ce revenu se substituerait à toutes les formes d’allocations dont peut bénéficier le citoyen français : aides au logement, RMI, ASS, chômage notamment. Ce sont donc tout au plus entre cinq et dix millions d’individus qui seraient concernés.
Pareille mesure me semble incontournable pour dépasser l’opposition actuelle à la tentative de passage en force des promotteurs d’un libéralisme d’école. La population se rend bien compte que le modèle libéré des pesanteurs adminsitratives et des sécurités sociales ne débouchera pas sur l’amélioration du niveau de vie du peuple. Tout au plus en ressortira-t-il une dérégulationqui ne fera qu’accentuer les inégalités en les légitimant au profit des plus performants.
Cette perspective est sans issue car elle traduit au mieux une profonde méconnaissance de l’état d’esprit et des conditions d’existence de la population la moins aptes à tirer son épingle du jeu dans le cadre d’une société abandonnée au libéralisme économique et soumise à ses règles. Dans le pire des cas, ce forcing féroce exercé par les chantres de la réforme dénote outre une ignorance coupable, une légèreté et une indifférence condamnable eu égard aux conditions d’existence des membres de la sociétés qui ne jouissent pas également de la faculté d’exploiter les opportunités offertes dans le cadre d’une économie libérale.
Chacun a le droit au sens pour sa vie. Or l’accès au sens est inséparable de l’accès à une forme de sécurisation d’un minimum vital pour une existence décente. Dès lors que vous rendez à chacun l’espoir de pouvoir accéder au sens vous lui rendez sa liberté et par là-même sa dignité. Or le libéralisme tel que prôné par les puristes maintient les plus vulnérables à la merci des fluctuations conjoncturelles et de l’arbitraire des nantis qui possède un pouvoir conséquent sur le sort des éléments les plus faibles.
Or pour rendre du sens à notre société au XXIe siècle, époque où la richesse cumulée atteint des proportions inédites, il est indispensable que ceux qui sont les principaux bénéficiaires d’un mode d’organisation qui leur permet de faire fructifier parfois très abondament leur potentiel assument le sacrifice d’offrir les moyens matériels pour tout un chacun de pourvoir en toutes circonstances à ses besoins de bases pour une existence décente : alimentation, logement, véture, éducation, santé, culture, loisir.
En 2006, tout refus de considérer les choses ainsi provoque la dégénérescence du corps social faute d’un projet collectif capable de prendre en considération l’exigence de solidarité qui traduit la santé morale dudit corps. or qu’est-ce qu’une société qui a déserté toute ambition morale actualisée à la lumière de ses possibilités.
Une fois posé ce préalable visant à pourvoir chacun du REMEDE intervient immédiatement la notion d’ASU. En effet, l’ambition morale telle que je le conçois exige en retour que chacun offre sa contribution pour participer au fonctionnement du corps social. Bien sûr, cette contribution ne répond pas tant à un impératif de résultat qu’à une exigence de moyens. La société invite et encourage ses membres à participer à son développement en fonction de leur moyen et leur offre selon leurs besoins.
J’anticipe les interrogations de Gem en précisant que l’organisation sociale défint ainsi si elle n’implique pas de chambouler de fond en comble ce qui existe déjà, requiert cependant de sérieux ajustements. Les plus performants doivent demeurer libres de donner le meilleur de leur potentiel créatif. En revanche, le culte de la performance ne doit plus être érigée en norme universelle. Ce dogme doit être remis en cause. Je ne doute pas que l’exercice présente au moins autant de difficultés pour les sujets les plus évolués qui s’expriment dans le système de valeurs actuel comme poissons dans l’eau, que les somations adressées au "petit" peuple ne provoquent de réticences de sa part.
Plus que d’une rupture libérale, notre société du XXIe siècle a besoin d’une refondation qui aille au-delà des deux idéologies antagonistes qui clivent notre représentation de l’agencement politico-socio-économique. Il faut parvenir à une synthèse créatrice qui transcendent les lignes de front actuelles ; cet affrontement stérile et débilitant.
A ceux et celles qui ne manqueront pas de faire remarquer que mon propos pâtit d’une certaine déconnexion d’avec le réel, je fais remarquer que le réel est en crise et que cet espace de débat ne doit pas servir uniquement aux jeux de conquête du pouvoir. C’est en refusant de se soumettre à la pression du réel qui bétonne le réel, au risque de passer pour idéaliste, que l’on peut s’extraire des joutes stériles qui reflètent de manière récurente des approches qui ont fait leur temps et ont montré leurs limites.
Prétendre organiser les affaires de la cité en ce début de XXIe siècle nécessite de remettre en cause la vision qui domine notre représentation du vivre ensemble. Nous sortons d’un siècle marqués par de gigantesques chambardements intervenus dans des délais considérablement raccourcis. Qui donc a intérêt à maintenir cette cadence infernale si ce n’est ceux qui alimentent la chaudière en charbon… en refusnat d’entendre ceux qui dans les wagons de queue peinent à rester embarqués à bord d’un train dont on ignore où il va, pourquoi il y va et si en dernier ressort il est nécessaire qu’il y aille.
AUtant de questions élémentaires et pourtant essentielles. Mais qui donc a intérêt à ce qu’elles ne soient pas posées ? Pourquoi ? Affaire à suivre…
Partage des richesses
Merci pour votre réponse. Toutefois, s’il est vrai que globalement le niveau de richesse de toutes les nations (ou presque) s’est peut-être amélioré, y compris au sein de cette progression des disparités flagrantes sont observables. Ensuite la…
Où va-t-on, pourquoi y va-ton doit-on y aller ?
à A B Galiani et Gem, Je me félicite de ne pas ressentir une fin de non recevoir à travers votre réponse à mes remarques. Bien que j’aime recours imédiatement à un biais qui lui permette de retomber sur ses jambes ! A l’attention de Gem, je…
@someone
Vous oubliez le (gros !) détail qui tue votre système : dans une économie libre (à peu près…) , il y a toujours une structure (privée lucrative, privée non lucrative, ou publique) pour occuper le terrain de l’utilité sociale (en débordant même un peu vers des activités à l’utilité plus que douteuse). Tout ce qui reste rapporte moins, en utilité, que ce que valent les consommations intermédaires.
Un indice : est-ce que vous ne nous proposez pas une variante du RMI, avec un vrai "I" ? Sauf qu’aujourd’hui on est pas capable de la mettre en oeuvre, ce "I". Et pourtant, les gens qui s’en occupent sont rarement des "ultra-libéraux", ce sont plutôt des cathos-sociaux, des gauchistes, et même des extremistes ; et on ne leur pleure pas les moyens et le temps. S’ils n’arrivent pas à faire le "I", ce n’est donc ni par mauvaise volonté, ni par manque de moyens, ni parce qu’ils sont tous nuls. Mais plutôt c’est parce que c’est impossible : les "plus performants" occupent le terrain. Tout le terrain.
Vous voulez que les "moins performants" conservent une place ? Il n’y a que trois solutions : ou les plus performants se poussent un peu tout seuls (pas besoin de les forcer !), ou vous faites dégager les performants (et c’est EUX qui tombent du train : bonjour le progrès…), ou vous aggrandissez la place (mais ça, par définition, c’est une performance) ! Objection cynique, keynesienne : on cravache bien les chevaux de course, pourquoi ne pas cravacher les plus performants, pour qu’ils construisent leurs nouveaux wagons (en attendant qu’on leur en pique un peu), pour faire de la place à ceux qui menacent de tomber. Mais attention, alors : d’abord moralement c’est discutable et de toute façon c’est franchement cynique ; ensuite en pratique faut pas abuser de la cravache, y’a un moment où elle fait plutôt freiner le cheval (et alors, pas la peine d’injurier ce cheval "égoïste" et "méchant", ça ne sert à rien …) ; enfin, et même surtout, faut pas se leurrer, en réalité ce n’est pas la queue de peloton qui récupère les gains, ce sont les prédateurs qui tiennent la cravache.
Autre interprétation de votre système : est-ce que vous ne proposez pas une variante de la charité sous condition : "OK, je vous aide, si vous allez à la messe (version sociale, bien sur), si vous acceptez de faire n’importe quoi d’au moins aussi pénible que d’aller bosser pour de vrai" ? Votre truc ça peut servir à dépister les tire-au flanc (et encore…), mais, malheureusement, je ne suis pas sûr que ça soit le gros du problème… Et je ne vois pas le progrès par rapport au "culte de la performance".
Je comprend bien que la performance vous dérange. Moi aussi je préfère le farniente. Mais faut pas se mentir : la performance est quand même préférable !
Dans la vie, il y a toujours une régulation, un truc qui gène et qui empeche le système de monter à l’infini (ou, inversement, de descendre à zéro). Une limite. Une ressource qui manque, un prédateur qui prélève son tribut, ou un concurrent qui gène. L’avantage de la concurrence, c’est qu’elle ne travaille pas à ressource constante : elle permet de "pousser les murs" du domaine de vie, de découvrir de nouvelles ressources. Alors que la prédation (même habiller des oripaux de la "justice sociale" !), au contraire, consomme inutilement des ressources.
Accessoirement, je trouve assez surréaliste votre crainte d’un "passage en force d’un libéralisme d’école". Rassurez-vous (?) les prédateurs ont parfaitement les moyens de défendre leur part du gâteau, même s’ils reculent un peu.
à Gem,
Quand vous parlez de "prédateurs qui consomment inutilement des ressources", à qui plus précisément faites-vous allusion ?