Pardon de cette impertinence. Mais comme Libé, championne habituelle des titres, n’y a pas pensé, comment résister ? Le Figaro de ce WE titre « les libéraux s’accommodent du tournant de Sarkozy ». Pour ma part, je ne suis vraiment pas sûr qu’il s’agisse d’un quelconque tournant. Nicolas n’est pas idéologue pour deux sous. C’est un pragmatique. Il prend les questions à bras le corps et essaie de leur trouver des solutions, sans catéchisme idéologique obligé. Son discours (et donc ses pruneaux) d’Agen vise surtout à encourager les Français qui travaillent et qui ne trouvent pas toujours la juste récompense de leurs efforts. Il leur dit sa vérité : l’accroissement du pouvoir d’achat, la sécurité de l’emploi, qui sont de vraies nécessités, passent par plus de travail et pas par les sempiternels discours sur les statuts ou la RTT. Il les invite à croire en leur talent. A se fixer et marquer des buts pour eux-mêmes comme pour la France, sans se laisser intimider ou décourager par les éternels pessimistes ou rhéteurs sur le style de jeu. Il veut qualifier la France et les Français pour la coupe du monde économique et leur faire monter les marches du podium. Et libéraux (libéros ?) ou nationaux, nous sommes tous à l’oeuvre à ses côtés pour y parvenir sans état d’âme ni coquetteries.
Cela étant, nous ne sommes pas entrés en religion à son service. S’il est à l’image du Maire dans sa ville, le garant de la cohérence et de la cohésion de ses équipes, il ne nous a jamais demandé de renoncer à nos convictions. Ce serait nous priver de notre propre capacité à faire progresser les idées qui seront mises en débat à partir de l’automne prochain.
Pour ma part, s’agissant de la Banque Centrale, j’ai toujours été partisan de lui donner une mission équivalente à celle conférée à la FED américaine. Afin de sortir enfin du piège dialectique dans lequel nous sommes enfermés depuis des années. La stabilité des prix n’est pas l’ennemie de la croissance et de l’emploi. Mais admettons aussi que sans croissance, il est difficile de résorber le chômage et le déficit. Il faut donc trouver une bonne conciliation de la politique monétaire et de la politique budgétaire. Instaurons un dialogue fécond entre les autorités qui en exercent respectivement les prérogatives. Les américains y parviennent bien. Pourquoi pas nous ?
S’agissant de la politique budgétaire, en revanche, je continue à avoir du mal à croire qu’une relance par la dépense est possible. Nous inaugurons un triste anniversaire cette année : 30 ans de déficit budgétaire non interrompu ! Si le déficit avait des conséquences heureuses sur la croissance et l’emploi, nous devrions être en surchauffe. Nous en sommes loin. La réalité est que nos dépenses ne financent pas la croissance ! Mais les déficits, les coûts d’une gestion publique indigente, les conséquences d’un sous investissement manifeste des grandes infrastructures. Enfin elles privent le pays des financements nécessaires pour l’accès à l’économie de la connaissance qui s’opèrera par la réforme de l’enseignement supérieur, de la recherche, du développement, et de l’innovation.
En conclusion une politique de relance Keynésienne dans le contexte français actuel ne pourrait que finir par briser la croissance au lieu de la relancer. On pourrait l’appeler : « Rêve le samedi soir et gueule de bois toute la semaine ! » Elle se traduirait dès l’année suivante en hausses d’impôts plus ou moins violentes. Aucune idée de ce genre n’est viable tant que nous n’avons pas refondé des structures économiques saines (fonctionnement du marché du travail, concurrence sur le marché des biens, investissements technologiques, R&D, dynamisme démographique).
Allez au boulot avec Sarko et ne nous laissons pas dévier de notre objectif : construire ensemble un futur possible et un progrès pour chacun.
Alors, 442 ou 451?!
Comment la BCE pourrait-elle soutenir "la" croissance dans la zone euro quand les cycles et situations économiques des Etats membres divergent tant?
Ne croyez-vous pas qu’il faille d’abord attaquer l’ouverture des marchés (notamment la libre circulation des travailleurs et la libre prestation de service in concreto) pour harmoniser la situation des économies avant d’assigner à la BCE un objectif qu’elle ne pourrait remplir?
Certes, les économies des Etats fédérés aux USA divergent autant voire plus que dans la zone euro. Mais là-bas, les "travailleurs" migrent massivement et sans problèmes d’un Etat à l’autre…
Evidemment, la relance par la consommation c’est du bidon puisque c’est l’investissement qui pêche en France. Et la relance budgétaire, sachant que l’état actuel de nos finances publiques rend l’équivalence néo-ricardienne plausible (selon Daniel Cohen, elle existe lorsqu’un pays a une dette supérieure à 60% de son PIB…), se ferait in fine au détriment des plus faibles et des générations futures. Encore un cynisme éhonté de la gauche…
Quoi qu’il en soit, c’est d’une croissance forte et pour tous que la France a besoin avant tout!
Faut-il laisser la balle aux Espagnols? Mille fois non! Car nos joueurs ne tiendront pas physiquement à courir après la balle en espérant le contre assassin. Les Espagnols nous useraient comme ils ont usé une Tunisie défendant et pressant pourtant très intelligemment et efficacement. Nous avons Zidane, à nous la balle, à nous les buts!
Vos billets sont un plaisir des yeux et du cerveau, Monsieur le Sénateur.
Une forte critique à l’égard du Sarko d’Agen : la proposition de suppression des droits de succession est proprement scandaleuse. Surtout dans le contexte d’un discours prônant une meilleure répartition des fruits de la croissance.
Précision : je viens pourtant d’hériter d’une succession très fortement ponctionnée.
Il est selon moi juste de tenter de mettre au maximum les "compteurs à 0" à chaque génération. Etant donné que le capital cuturel et social sont déjà déterminants et qu’on ne peut (ni ne doit) empêcher leur transmission, il est scandaleux de vouloir accroître la flagrante inégalité des chances.
L’expression "Patrons voyous" était-elle bien nécessaire?
Une relance par la dépense est impossible. D’une part, Carolus avance fort justement la faiblesse de l’investissement. D’autre part, une telle relance n’a de sens que s’il existe un effet multiplicateur, cher aux keynesien. A savoir, une "impulsion" doit se traduire par un impact sur le PIB plusieurs fois supérieur. Malheureusement, cet effet multiplicateur n’existe que si la fiscalité est modeste. Hors aujourd’hui, les prélevements sur les revenus primaires des ménages sont compris entre 60 et 70 % …
La politique la plus favorable à l’emploi serait une diminution des dépenses publiques "sans contrepartie", c’est à dire celles qui couten sans produire (10 points de PIB environ …). A l’instar du Canada et de la Suède, l’effet ricardien (voir billet d’AB Galiani en avril) aurait un impact trés positif.
Ah, je ne sais pas si votre impertinence est pardonnable, cher Monsieur Lambert, mais l’humour n’étant pas le fort des politiques, ça change et, moi, ça me fait rire, c’est toujours ça de gagné.Je prends.
J’approuve votre opinion concernant la relance par la dépense peu crédible. Pour moi, impossible. Il y a un moment où il faut aller là où ça fait mal. Accepter nos rattages, incapacités, incompétences, les reconnaître, les admettre pour pouvoir avancer. Ensuite analyser ce qu’on ne veut plus et décider ce que l’on veut. Puis mettre en pratique. Plus ça a traîné, plus c’est pourri, plus il y a du nettoyage à faire, plus ça fait mal. C’est comme ça. Terminé la fuite en avant.
Il n’y a pas de honte à se voir comme on est. Lorsque l’on traversera la tempête il faudra courber l’échine. C’est la seule solution pour que justement le renouveau des idées, des initiatives se fasse et à terme la réussite soit au bout du chemin.
Quand à la pleurnicherie , les plaintes, les colères râleuses,l’insatisfaction continuelle, je me refuse à nier le phénomène. Au contraire, le déni est, à mon sens, une grave erreur parce que ce phénomène est un symptôme de mal-être profond. Entre la vieille droite à bout de souffle, puis les trahisons de la gauche, puis les bricolages de droite et de gauche, nous sortons d’une longue période de dictature de l’incapacité à l’adaptation et au renouvellement, de stagnation entre un passé pas digéré et un avenir invisible. Le peuple est fatigué, malade, perdu et c’est en l’acceptant que justement on va pouvoir décider de contrecarrer tout ça.Puisqu’on est si fatigués, que peut-on faire pour ne plus l’être? Puisqu’on est malades, que peut-on faire pour ne plus l’être? Puisqu’on est perdus, que peut on faire pour ne plus être perdus?
Cette démarche est décisionnelle, volontaire, constructive.
je me reconnais dans la déclaration de Laurence Mahé. Bon sens breton! cependant je répète encore et encore que si l’on ne s’attaque pas à notre Minotaure…notre sort est joué car les droites de tendance ne sont pas et de loin bonnes et que nous n’avons pas de bouée de sauvetage avec l’Europe!
d’ailleurs une idée pour ne pas attaquer frontalement ce problème mais instiller les solutions, sans attendre une incertaine Europe, serait sans doute de changer de démocratie – enfin ce que nommons telle – (cf la thèse des clérocrates sur leur site) en procédant à une réorganisation fondamentale du fonctionnement de l’Etat. La solution catalane va dans cette direction. elle pourrait être rapidement couplée avec 1) la suppression des départements 2° le renforcement des groupements de commune 3) la suppression du cumul des mandats 4) la suppression du privilège statutaire des fonctionnaires 5) la limitation à deux mandats consécutifs.
D’où l’idée récurrente d’Etats Généraux …des Citoyens!
De l’air pour notre démocratie, mille fois oui! Ce que vous proposez fait déjà l’objet de propositions de Christian Blanc et Energies2007.
Plus précisément, le député Blanc a déposé une proposition de loi "visant à supprimer le cumul des mandats". Une pétition de soutien à celle-ci vient d’être lancée.http://www.changez2007.org/actio...
Pour renouveler la classe politique, pour des élus à plein temps, pour un Parlement ayant les moyens de contrôler le gouvernement, il faut soutenir vigoureusement cette proposition de salut public!
La fracture entre représentants et citoyens n’a jamais aussi profonde et violente. SI rien n’est fait maintenant (c’est-à-dire avant 2007, année où se tiendront aussi les municipales, législatives et sénatoriales), cette réforme ne sera mise en oeuvre…au mieux…en 2012. Nous ne pouvons attendre!
http://www.changez2007.org/actio...
Tout citoyen, de quelque bord que ce soit, devrait prendre conscience que le changement est entre ses mains. De l’air!
à carolus
mais j’ai réagi assez négativement à cette proposition en demandant qu’elle soit complétée. Car il est évident que la main mise sur l’Etat par les fonctionnaires sera alors totale puisque ne pourront étré réellement éligibles que les citoyens hyperprotégésqui seront seuls à se présenter!
Des propositions de Nicolas Sarkozy, je m’étonne qu’un libéral tel que vous, Mr Lambert, n’ait pas critiqué les plus interventionnistes.
– ingérence dans la conduite des affaires des entreprises : « Je propose la participation, l’intéressement et les stocks options pour tous, car la détention du capital ce doit être d’affaire de tous les salariés ! »
– taxation des produits importés, faire jouer la préférence communautaire.
Sarkozy confirme son penchant protectionniste puisqu’il était en faveur du maintien des quotas européens sur le textile chinois. Ce qui va à l’encontre de l’objectif de l’augmentation du pouvoir d’achat.
– « forte revalorisation des allocations familiales pour les bas revenus, investissement massif dans le développement et la diversification des modes de garde »
– « études surveillées qui permettront de ne pas laisser les enfants livrés à eux-mêmes, qui garantiront que les devoirs seront faits, qui offriront aux enseignants qui le souhaiteront la possibilité d’augmenter leur pouvoir d’achat, aide dans l’éducation des enfants dès le plus jeune âge qui est le plus décisif », pour les meilleurs élèves des bourses plus substantielles et des internats d’excellence, des classes de 15 élèves dans les quartiers difficiles (donc une augmentation des moyens matériels et humains).
En conclusion :
– les mesures interventionnistes sont plus nombreuses que les mesures libérales.
– Sarkozy est foncièrement anti-libéral et profondément social-démocrate.
« Quand l’ouvrier s’inquiète de la délocalisation des usines, les salariés du tertiaire savent bien que l’administration, la conception, la recherche et les services aux entreprises finiront par suivre. Et quand la rémunération du travail s’effondre pendant que la rémunération de la propriété explose c’est une forme d’euthanasie sociale qui se met en route dans laquelle la propriété finira par tout perdre. »
« Il faut briser la spirale suicidaire du revenu de la propriété qui explose et de la rémunération du travail qui s’effondre. »
« Etre un Européen conséquent c’est admettre les grands principes de la concurrence comme fondements du marché unique, mais c’est refuser que le droit européen de la concurrence laisse les entreprises européennes à la merci des prédateurs du monde entier… C’est refuser que certains pays membres puissent financer la baisse de leur impôt sur les sociétés et faire ainsi du dumping fiscal à notre détriment avec l’argent de nos impôts !
Etre un Européen conséquent, être un homme politique responsable c’est refuser que l’Europe serve d’alibi à tous les renoncements !
C’est refuser que le marché unique serve de paravent à tous les dumpings sociaux, fiscaux ou écologiques ! »
En vertu de la protection des droits de propriété intellectuelle, Laguiller et Besancennot devraient attaquer Sarkozy pour plagiat.
– Je me méfie d’un homme dit de droite qui se réfère souvent à la Révolution : « A la Révolution Saint-Just avait proclamé que le bonheur était une idée neuve en Europe ! Le siècle des Lumières avait accouché d’une foi nouvelle dans l’avenir et dans le genre humain, qui se révéla longtemps plus forte que la misère, la guerre et l’injustice.
Trente ans de crise économique, sociale, morale ont eu raison de cette foi. »
– De tous les dumpings, Sarkozy a oublié de mentionner le plus grave, dans le domaine de la politique, le dumping intellectuel : faire baisser le niveau de la pensée au dessous du minimum vital pour rafler les électeurs et couler ses concurrents.
@bernique : le "complément" que vous demandez figure à l’"appel" lancé par Christian Blanc et disponible sur le site d’Energies2007.Il ne faut pas tout faire en même temps, sinon on ne fait rien. Si déjà le cumul des mandats était supprimé, des bases saines seraient posées.
mais ça je le sais…et, je le regrette mais le pb n’est pas "sécable" comme je l’ai dit plus haut…le faire est même irresponsable!
Bonjour,
il y a bien sûr des points positifs dans le discours d’Agen, mais je trouve de plus en plus que les discours de Sarko-candidat-à-la-présidentielle sonnent conservateurs. Quand je dis conservateur, je ne pense pas immobiliste, mais conservateur au sens où les républicains américains ou les tories sont des conservateurs.
En tout cas, NS fait de moins en moins vibrer le libéral que je suis. J’ai été particulièrement choqué dans son discours par les propos interventionnistes et anti européens. J’ai l’impression qu’en France, plutôt que de prendre exemple sur nos voisins européens qui réussissent, on essaie de les tirer vers le bas en invocant le dumping.
Sinon, il a eu parfaitement raison d’attaquer les patrons voyous, qui ont un comportement profondément antilibéral. Ce qui est en cause dans ce genre d’affaire, ce n’est pas le libéralisme, dont l’image pourtant en patît, mais un "capitalisme d’état" que je trouve assez malsain.