La cacophonie qui régnait ce soir sur les plateaux de télévision n’éclairait qu’une seule chose : la mauvaise santé de notre démocratie. Deux conceptions semblaient s’affronter entre ceux qui pensent que la volonté du peuple s’exprime par ses représentants (le Parlement) et les autres qui pensent que le peuple décide lui même directement des affaires le concernant par des mouvements de foule, de grèves ou de blocages. Je ne surprendrai personne en réaffirmant mon attachement à la démocratie représentative. Je mets au passage en garde les partisans de la démocratie directe sur le fait que, généralement, pendant la 1ère partie des conflits, seuls les « contre » s’expriment. Mais lorsque la majorité silencieuse commence à vouloir le faire et à descendre, à son tour, dans la rue, ce ne sont plus les lois, ni mêmes les gouvernants qui sont menacés, mais clairement les institutions. Veut-on en arriver là ? Il ne faut plus grand chose pour qu’une crise de régime s’ouvre avec tous les risques que cela comporte. Les partis de gouvernement feraient bien d’y songer. Et vite !

Cela étant, le Président de la République a confirmé ce soir que force devait rester à la loi. Je m’en réjouis. Il en annonce immédiatement la modification. Juridiquement, je comprends qu’il fasse ainsi, si tel est son choix. Je ne suis cependant pas sûr que cela soit lisible pour la population non spécialiste des arcanes du droit. Puis il faudra bien, le jour venu, dire si le CPE est maintenu, sinon dans sa lettre, au moins dans son esprit. Avec ou sans « dénaturation » ?

Mon intuition la plus intime m’incline cependant toujours à penser que le pouvoir ne doit jamais céder à la rue. Et qu’au total, il vaut mieux, en cas de crise ultime, donner le dernier mot à tous les électeurs plutôt qu’aux plus bruyants d’entr’eux.