Cessons, une fois pour toutes, de poser des conditions préalables au dialogue. Le retrait d’une loi ne peut pas être imposé par la rue ! C’est inimaginable du seul point de vue de la démocratie. Sauf à vouloir que les extrémistes deviennent majoritaires en France. En revanche, que le contenu d’une loi soit améliorable, ce n’est pas seulement possible, c’est évident et souhaitable. Et entre nous, on devrait le faire pour beaucoup d’entr’elles tant la norme législative moderne est médiocre. Ainsi tout ce qui relève du domaine réglementaire devrait être systématiquement réputé déclassé, sans formalité. De surcroît personne n’ira prétendre que le CPE est l’outil rêvé, mythique qui résoudra tout le chômage des jeunes, alors qu’il s’agit d’un problème non résolu depuis 25 ans.

Dès lors que cette question incongrue du retrait de la loi disparaît, tout le contenu du nouveau dispositif peut s’enrichir immédiatement d’un débat serein, sincère et loyal entre toutes les parties intéressées. Aurait-il dû être mené avant de légiférer ? Peut-être, mais ne soyons pas naïfs. En particulier ne feignons pas d’ignorer qu’avec le mécanisme normatif français, il faut parfois saisir l’opportunité d’un texte législatif déjà inscrit à l’ordre du jour pour avancer, tant la machine est lente à se mettre en marche. La vérité est que le dialogue est utile, qu’il est possible, à tous moments et qu’il est temps d’en finir. Ceux qui le feront progresser le plus vite en sortiront renforcés. Le monde nous regarde avec effarement. Si nous voulons conserver un minimum de crédibilité à l’extérieur, redevenons sérieux. On dit que le ridicule ne tue pas. Encore faut-il éviter d’en abuser.