Comment peut-on s’accommoder de 25 ans de chômage de masse ? Comment l’opposition peut-elle sérieusement continuer à s’opposer à tout, par principe ? Personne ne peut prétendre que « tout a été essayé » pour lutter contre le chômage. La vigueur de l’emploi dans un grand nombre de pays européens montre que les remèdes existent. Les succès obtenus par nos partenaires d’Europe du Nord (Suède et Danemark notamment) illustrent de surcroît que la polarisation habituelle du débat entre « protection » et « flexibilisation » de l’emploi est vaine et qu’on peut mettre en oeuvre des politiques de l’emploi efficaces sans remettre en cause, loin s’en faut, les fondements de notre modèle social. En s’inspirant de « ce qui marche » chez nos partenaires, nous pouvons moderniser notre droit du travail pour le rendre plus juste et plus efficace.

Inefficace, notre droit du travail l’est devenu en se focalisant sur les conditions du licenciement économique, en en restreignant sévèrement le champ, en multipliant les procédures et les obligations de reclassement pour les entreprises et en accroissant sans cesse le rôle des juges face à un code du travail incapable de refléter la réalité économique des entreprises : au final, cette complexité du droit et l’insécurité juridique qui en découle, freinent les embauches plus qu’elles ne protègent l’emploi ; le reclassement des salariés licenciés s’avère le plus souvent déficient ; et les entreprises ont appris à contourner la loi au détriment des salariés les plus faibles—aujourd’hui, les licenciements économiques et les plans sociaux ne représentent que 2% et 0,5% des 30 000 ruptures d’emploi quotidiennes et les entreprises réalisent près des trois quart de leurs embauches sous forme de CDD.

Injuste, notre droit du travail l’est également devenu, parce qu’il réduit davantage les opportunités d’embauches pour les chômeurs, notamment ceux d’un certain âge, et qu’il concentre la précarité de l’emploi sur les jeunes et les salariés peu qualifiés : une grande partie d’entre eux se trouvant contraints « d’enchaîner les CDD » et les périodes de chômage, sans garantie d’insertion durable en emploi—moins de la moitié des CDD sont transformés en CDI—ce qui accroît d’autant plus leurs difficultés d’insertion sociale et d’accès au logement.

Face à cette situation le gouvernement a raison d’ouvrir de nouvelles pistes, je l’approuve sans réserve.