Ce soir, émission passionnante d’analyse sur la situation politique française.
Les principaux thèmes traités :
- la fin de l’ère de Jacques Chirac. Quelle sortie digne peut-il trouver au terme de ce quinquennat ? notamment pour donner à ses 40 ans de vie publique un sens et peut-être un héritage ?
- La singularité totale face à laquelle il s’est trouvé, comme Président, par rapport à tous ses prédécesseurs ! celle d’avoir à gérer les effets conjugués de la mondialisation et du déclin démographique. Dominique Reynié, politologue talentueux, a parfaitement décrit l’idée que désormais les Présidents, quels qu’ils seront, seront condamnés à retirer aux Français ce que l’Etat leur avait (peut-être imprudemment) offert dans le passé : des retraites généreuses, des temps de travail réduits et les facilités d’un endettement excessif.
- La vérité comme mode de relation entre les dirigeants politiques et les électeurs. Sujet éternel. Mais qui oblige enfin à trancher la question de savoir si l’on dit tout aux Français sur la situation réelle du pays. Peut-elle, doit-elle être dite ? voire peut-elle payer « électoralement » ? Des échanges très intéressants sont intervenus sur ce sujet capital. Capital car on ne peut, selon moi, fonder durablement la démocratie sur le mensonge et capital aussi parce qu’il faut définitivement éviter que les élections ne restent un concours de promesses sans aucune chance d’être tenues.
- La dernière question a été savoir s’il ne s’agissait pas de faire désormais de la politique autrement. Mais n’est ce pas ce que nous faisons ensemble ?
Cette émission m’a inévitablement rappelé les notes que j’avais écrites à Jacques Chirac, entre les deux tours de cette curieuse élection présidentielle après l’élimination de Jospin. Je ne résiste pas à l’envie de vous communiquer celle que je lui ai adressée le 24 Avril 2002, sur la seule posture possible à prendre, attendu la situation politique inédite face à laquelle nous faisions face. Hélas, elle ne parvint sans doute jamais à son destinaire, à moins qu’elle ne l’ait pas convaincu ! La lire.
De toute manière, j’ouvrirai prochainement une rubrique « rétro-Blog » qui rassemblera aux dates où ils ont été rédigés et acheminés, les notes, fiches, photos, mémos, etc. à leur date précise. Ce sera l’occasion d’ouvrir mon album photo !
Cette émission devait effectivement être très intéressante et la singularité de l’action (pour ne pas dire du devoir) de notre actuel président est effectivement malheureuse… Il est vrai qu’à force de tirer sur la corde, à force de consentir des avantages sans en mesure les conséquences sur le long terme, il n’est pas surprenant d’arriver alors à un point de non-retour. A partir de là, celui qui agit a le rôle caricatural du "méchant" alors que celui qui ne fait rien (et qui critique) passe pour le "bon" qui ne veut faire de mal à personne…
Ainsi est notre société… Où l’intérêt personnel a malheureusement trop souvent primé, et où chaque promesse, chaque "inaction" n’est guidée que par un spectre électoraliste…
Faire de la politique autrement serait bien entendu une excellente chose ! Encore faut-il que les présidents de parti en soient convaincus … et ce n’est pas gagné !
Malheureusement, politique et respect d’un niveau d’endettement n’ont jamais été compatibles
Quel roi a été le plus dispendieux avec un train de vie excessif, la construction d’un immense palais à sa gloire, le pouvoir affirmé par la dépense ? Louis XIV.
A qui a-t-on coupé la tête ? A l’un de ses successeurs.
Et pourtant, même si Louis XVI était gauche et en difficulté avec l’exercice du pouvoir, il avait de grandes idées pour faire évoluer la France. Qui a instauré les cahiers de doléances ? C’est lui. Aujourd’hui, quel nom retient-on comme grand roi ? Louis XIV, celui qui a vidé les caisses et fait la guerre partout en Europe.
La révolte populaire, le bain de sang, ont laissé beaucoup de dégats.
C’est triste, mais l’exercice du pouvoir n’incite pas à l’économie et ma conviction est qu’il ne faut pas laisser au peuple le soin de régler les problèmes de l’Etat, on peut arriver au même résultat, mais c’est plus destructeur.
Stéphanie a l’air convaincue de la nécessité de faire de la politique autrement mais résignée quant à la possibilité de le faire réellement. Rien ne doit pourtant la faire douter car c’est la seule solution qui s’offre à tous ceux qui agissent, ou prétendent le faire, pour le bien commun.
la vérité, le langage franc et direct envers les français est une obligation et ceux uiq s’y refusent ont un métro de retard qui leur sera fatal parce que les français ont parfaitement compris que d’autres pouvaient faire différemment.
espérons maintenant que ceux qui tiennent un discours moderne, franc, direct auront le même s’ils accèdent, ce que je souhaite, au pouvoir!
Sur votre conseil, j’ai regardé cette émission lors de sa rediffusion. Elle était en effet stimulante, même si je ne sais si le scepticisme affiché par les sondeurs sur le "désir de vérité" des français procédait d’informations que nous n’avions pas, ou d’un commentaire qui leur était personnel.
A ce sujet que vous soulevez, je me permets de vous renvoyer à l’un de mes miens billets :
dinersroom.free.fr/index….
D’accord avec l’analyse de D. Reynié. En vérité, il sera de plus en plus difficile de promettre monts et merveilles. En réalité, on devra encore compter avec les démagogues qui se nourrissent de la démocratie. Justement, ne touche-t-on pas ici à la limite de notre système (le pire à l’exception de tous les autres)? Comment faire voter nos concitoyens en faveur d’un discours qui promette des efforts et des renoncements alors que pendant si longtemps on les a bercé d’illusions? Maudits soient ces "avantages acquis" défendus avec patos par l’ancien Président dont on célébre le dixième anniversaire de sa disparition.
S’agissant de la posture en 2002, il est toujours facile de refaire l’histoire, mais l’instauration d’une grande coalition d’union nationale, conforme au score du second tour, aurait pu consituer une solution à deux conditions:
– l’élaboration d’un programme strict et limité aux dossiers lourds qui engagent l’avenir du pays et des générations futures (la sécurité publique, les retraites, l’éducation nationale et les quartiers en déshérence);
un calendrier précis pour la mise en oeuvre de ce programme au terme duquel, chacun aurait pu reprendre sa liberté.
Est ce utopique?
Annabelle: Concevez que le raisonnement que vous tenez à l’échelle d’un état est tout à fait reproductible à l’échelle d’une circonscription et vous comprendrez pourquoi un contrôle des finances publiques par l’assemblée des représentants élus des circonscriptions électives ne suffit pas en soi et à lui seul à garantir un bon usage de l’argent public.
Les citoyens ne devraient pas attendre de leurs représentants, humains comme eux, de faire preuve de plus d’altruisme qu’eux, surtout face aux pressions et aux tentations de leur électorat.
Qu’on ne s’y trompe pas : je soutiens tout à fait le principe de la LOLF : mais il me semble que la sincérité et la lisibilité de la présentation de la dépense, rendue lisible par les citoyens eux-mêmes et leurs représentants, sont probablement plus importants que ce qu’en feront effectivement les députés.
En termes plus clairs : l’intérêt public a besoin de vous tous et ne saurait être délégué à quiconque, élu, professionnel, expert agent de l’état.
A Bertrand :
L’avocat a bien cerné le cas de conscience de sa cliente 😉 Partagée entre la conviction de ce qu’il y a à faire pour réussir et les doutes quant aux chances d’y parvenir… Non que je suis foncièrement pessimiste, mais plutôt agacée par certaines mentalités. En effet, si, comme vous dîtes, "les français ont parfaitement compris…", je suis sceptique sur le fait qu’il s’agisse là d’une majorité. Trop d’entre eux sont encore tentés de céder à certains propos démagogiques et n’ont pas de vision globale et réelle de la situation.
Ceci étant, je ne demande qu’à me tromper ! Et espère également que les choses changeront.
La politique autrement : c’est ce à quoi nous aspirons pour la grande majorité!
Non pas par naïveté, mais parce que nous ne croyons plus aux phrases creuses appellant à la solidarité, à l’égalité des chances, à la X… sociale etc. Trop d’incantation, pas assez d’action. Celui qui veut faire trouve des moyens, celui qui ne veut pas faire trouve des raisons. M. Chirac aura passé 40 ans de sa vie à nous donner l’illusion de l’action. Peut-être pas sur sa capacité à vendre des contrats pour nos entreprises. Sûremment pas pour créer des lois, des réglements, des taxes.
L’échec du referendum pour la ratification du projet de constitution, c’est d’abord lui : il a contribué à instrumentaliser l’Europe pour se dédouaner des difficultés de la France.
Les réformes : il s’est contenté de faire du marketing politique pour se différencier, le temps d’une campagne. Mais une fois tous les pouvoirs en mains : rien!
Demain, la politique, ce doit être un engagement sur un programme chiffré et daté. Et ensuite sa mise en oeuvre et son évaluation par des instance indépendantes. Si le programme se révèle impossible à mettre en oeuvre : démission et retour devant les électeurs pour un autre programme.
Si j’avais su que M. Chirac passerait de sa réputation de bulldozer à un comportement de bulles-doseur, je n’aurai pas voté pour lui. Il a trompé ses électeurs en bon radical socialiste. Comme M. Chaban a figé Bordeaux pendant les dix années de trop de son mandat de maire, M. Chirac a fait reculer la France par le refus d’oser agir de peur de subir.
Effectivement, Jacques CHIRAC a déçu ses électeurs, sans contenter ceux de l’opposition. En l’état actuel du Pays, il est bien difficile de lui pronostiquer une victoire aux présidentielles de 2007, si, comme il est probable, l’envie lui venait de se représenter. Qui donc, dans son entourage, aura le courage de lui dire que ce qu’il peut encore faire de bien, c’est de démissionner pour permettre à la France de ne pas perdre un an supplémentaire pour entreprendre la rénovation qui s’impose ? Il donne l’impression d’être "à côté de ses pompes" ou " en retard d’un wagon". Il ne voulait pas remettre en cause les 35 heures, et il est bien obligé de laisser les Entreprises aller dans cette direction. Aujourd’hui il veut inscrire l’abolition de la peine de mort dans le marbre de la Constitution. Ce n’est certainement pas ce que souhaite la majorité des Français, car il montre ainsi qu’il est du côté des coupables et non au côté des victimes. Il veut prendre des iniatives audacieuses au sujet de l’Europe, mais il ne saurait oublier que son influence politique, et celle de la France, ne pèsent plus très lourd dans la Communauté. Il admet, enfin, que ce n’est pas à la loi de se prononcer quant à l’aspect positif ou négatif du colonialisme. Mais son retard à prendre cette position démontre qu’il ne domine plus sa fonction. L’heure de la retraite a sonné.
Chirac est emblématique d’un système révolu. Avons-nous la capacité d’abréger son règne sans faire une révolution quand il – et tous ses affidés – s’accrochent à leurs prébendes qu’ils savent devoir perdre dans quelque temps et de moins en moins mérités. Le constat est fait par tous, passons à la suite.
Ce qui est important, c’est de savoir si demain le pouvoir doit rester aux mains des mêmes pour une même politique et malheureusement l’on y va car l’on entend qu’eux ou si c’est vers une autre forme d’organisation sociale qui soit préférable.
Avant que de répartir des services il faut commencer par produire des richesses. La croissance en France ne le permet plus et il n’y a pas de fatalité à cela. Nous sommes dans la situation en particulier – pour ne citer qu’eux – de l’Angleterre et de la Nouvelle-Zélande il y a quelques dizainezs années et la relation de ce qu’ils ont fait pour sortir du tourbillon fatal qui les conduisait à la faillite, existe. Il faut la lire et la méditer.
Comme eux à ce moment là, la France souffre de son "trop d’état", tous les économistes du monde entier le disent. Par ailleurs pour relancer la croissance en France une seule solution, remettre l’individu et son travail au centre du débat. Il doit d’abord travailler pour lui et sa famille. Vouloir le faire travailler d’abord pour la collectivité est une utopie socialiste donc tous les autres grands pays du monde sont revenus depuis plusieurs décennies et on en est aveugles.
C’est sur cela qu’il faut ouvrir les yeux des français en leur disant la vérité. Mais cela va aussi obliger les sociaux-démocrates à manger leur chapeau. Ils n’en feront pas l’économie, c’est la force des choses. Nous maintenir dans le système actuel serait moralement grave de leur part, pour simplement vouloir défendre leurs seuls statuts. Ils seraient responsables d’une autre "révolution".