Le fait majoritaire n’est pas écrit dans la Constitution de la 5ème République, mais il constitue une pratique politique qui a permis de donner à nos institutions leur stabilité. Qui n’a d’ailleurs été affectée que par les réformes constitutionnelles incessantes et irréfléchies, telles, pour les dernières, que le quinquennat et l’inversion du calendrier. Il demeure que sur les principales orientations, il n’y a pas d’exécutif fort sans le soutien ferme et résolu d’une majorité homogène et constante. Je persiste et je signe sur ce point.
En revanche, j’en appelle aux constitutionnalistes qui passent sur ce Blog pour qu’ils veuillent bien m’éclairer sur la différence entre cette pratique utile du fait majoritaire et le phénomène des moutons de Panurge qui consiste à penser tous la même chose sur tout, et prioritairement sur les choses subalternes au seul motif que le « Chef » (on ne sait pas très bien qui c’est d’ailleurs) serait supposé penser que … Cela aboutit à priver la représentation nationale de sa seule utilité : participer à la l’élaboration de la volonté générale du Peuple Français.
Dans la pratique du panurgisme, la volonté générale procède du fait du Prince qui peut-être celui qui a été élu par les Français, mais tout autant de je ne sais quel bureau que notre bureaucratie a le génie d’entretenir.
Nous arrivons à la limite du raisonnable en la matière.
Comme ce sujet est tabou au sein des partis, j’espère que les citoyens engagés sauront nous donner leur avis sur ce sujet.
Cher Alain,
En appeler aux constitutionnalistes sur ce thème ne vous mènera pas très loin. Je vous conseille plutôt de vous entretenir de ce thème avec des politistes, c’est-à-dire des spécialistes de la science politique.
Une première explication du phénomène dit des "moutons de panurges" réside dans le fait bien établi en France qu’un député doit – souvent mais toujours – son élection à son étiquette politique (PS, UMP, UDF, PC, etc.). Autrement dit, peu importe la personne pour certains électeurs (pour une circonscription lambda, quel proportion d’élection serait capable de citer le nom de son député ?), seule compte sa couleur politique. Autant dire que les élus concernés se retrouvent dans les circonscriptions changeant de couleur politique à chaque élection législative. A partir de là, ces pauvres élus sans aucune légitimité liée à leur personne s’en remettent au bon vouloir de leur chef et de la ligne politique de leur parti.
D’autres élus bénéficient d’une légitimité davantage rattachée à leur personne et en usent de facto pour se faire entendre. A titre d’exemple, peu importe l’étiquette politique d’André Santini à Issy-les-Moulineaux : qu’il devienne UMP ou PS, cela ne changera pas grand choses dans ses chances à se faire réélire Maire ou Député. Dès lors, celui-ci bénéficie d’une certaine liberté vis-à-vis de sa formation dont il sait s’affranchir régulièrement. Cette observation vaut pour d’autres personnalités.
Reste que toute liberté a ses limites : ce sont les partis politique qui détiennent les cordons de la bourse. Or mener campagne coûte cher, vous devez le savoir, et l’appui d’un parti politique apparaît essentiel. Or, si en tant que député je m’oppose à la ligne de mon parti pendant la législature, pourquoi celui-ci me donnerait son investiture pour la prochaine élection ?
Ce ne sont que quelques exemples. Qu’en pensez-vous ?
Pour terminer, je me permets de vous signaler mon site :
http://www.sciencepolitique.net
Et mon blog :
http://www.poliblog.fr
Je pense qu’il existe un nombre non négligeable de femmes et d’hommes qui n’acceptent plus d’être complices d’une politique au fil de l’eau qui conduit à effacer l’héritage de nos parents, consommer celui de nos enfants, avant de commencer à nous attaquer à celui de nos petits enfants. Ils n’ont aucunement besoin de l’investiture de leurs partis pour être élus. Leur parti à besoin d’eux pour ne pas perdre leur siège ! Certes les constitutionnalistes ne sont sans doute pas les mieux placés pour leur parler du fait majoritaire. Mais qui peut rappeler que le fondateur de la 5ème République, le Général de Gaulle, n’a jamais envisagé que l’on brandisse le fait majoritaire pour faire voter, comme des godillots, les parlementaires pour ou contre des mesures contre leur conscience. J’irai visiter votre site.
Je ne peux qu’être d’accord avec vous. Bien entendu, il existe "un nombre non négligeable" d’élus qui ne se comportent nullement comme les moutons de panurges que vous dénoncez. Mais ces élus, on les rencontrent au niveau local, dans les communes et les conseils généraux. Au-delà, bénéficier de l’investiture d’un parti s’avère quasiment indispensable pour qui veut avoir un quelconque avenir politique au niveau national. Souvenons-nous de Michèle Barzac qui après avoir tenté de s’autnomiser par rapport à Jacques Chirac et au RPR a fini par se retirer de la politique. Sans l’étiquette RPR, que pesait-elle face à un candidat RPR ? Rien… l’expérience l’a bien montré !
C’est pas les moutons de Panurge!