C’est une affirmation à la Une du Monde de ce soir. Je reste personnellement inquiet de cette funeste conséquence, présentée comme inévitable. En vérité, si la France ne se guérit pas de son cancer de la dépense publique inutile et inefficace, alors la hausse de la pression fiscale n’y suffira pas ! C’est un peu comme l’addiction à toutes les drogues, il ne suffit pas de prendre des antidotes, il faut d’abord cesser les excès. A défaut, le danger est mortel. Comme les pays sont immortels ce sont les démocraties ou les régimes qui périssent. Je reste, pour l’instant, sidéré, pétrifié, en arrêt, devant l’inanité du débat public. La crise sert de prétexte à tout. Le bondissement du déficit n’est acceptable qu’à due concurrence des moins values fiscales et des dépenses d’investissement. Mais accroitre encore les dépenses de fonctionnement dans un pays qui en est déjà le champion du monde, c’est insensé et dangereux. S’est-on avisé que mettre plus encore du carburant dans un moteur suralimenté, c’est menacer de le noyer et l’encalminer pour longtemps ? L’absence de maitrise des dépenses publiques de fonctionnement masque cruellement l’inefficacité absolue de notre management administratif qui doit, après la Russie, être le plus mauvais du monde. Lui donner plus de ressources, c’est l’encourager dans ses défauts et retarder les incontournables réformes auquel il doit se soumettre. Voilà pourquoi se résoudre d’avance à la hausse des impôts me semble tragique. Encourager l’absence de performance des nos administrations publiques aux dépends directs du pouvoir d’achat des moins favorisés est pour moi un crime contre le bon sens et l’équité.
Tant que le Pays n’aura pas solennellement accepté la stabilisation en valeur de toutes ses dépenses de fonctionnement sur 5 ans, sa démocratie sera menacée.
Merci de me donner votre avis.
à AB Galiani: je maintiens les chiffres sur 20ans : 1% pour l’emploi public, 0,8 % pour l’emploi global…
je sais que les régimes spéciaux de retraite sont très importants pour vous, mais, globalement, ils sont maintenant équivalents en durée de cotisation que le régime général, et leur financement ne pèse pas tant.
parmi l’emploi public cité plus haut, il y a des fonctionnaires mais aussi des contractuels qui cotisent au régime général, ce qui rend le calcul un peu plus compliqué…
pour la dette, j’invite les lecteurs de ce blog à aller voir la publication de l’INSEE ci-dessus: une partie du patrimoine public est liquide, l’autre moins, mais, de toutes façons c’est bien un solde actif/passif qu’il faut prendre en compte, conformément au principe de base de la comptabilité…
enfin, je trouve votre schizophrénie consistant à dire que la dette publique n’a rien à voir avec nous, vous, vos impôts, votre patrimoine toujours aussi étonnante: nous léguons à nos enfants des biens et des dettes, je proposais ici que chacun "solde ses comptes" à son décés et que le dette publique soit progressivement remboursée par des droits sur les successions…je suis persuadé qu’on en reparlera!
suite de la proposition ci-dessus un calcul "de coin de table" avec les chiffres de l’INSEE: patrimoine des ménages français 12 000 milliards, 600 milliards de dettes fiancièreres nettes des comptes publics, soit 5%. le calcul est vite fait: un impôt de 5% sur les successions durant une transmission, soit une génération rembourse le principal de la dette. Insupportable, injuste, je ne le pense pas!
j’entendais ce matin nicolas baverez, libéral s’il en fût, dire qu’il préférererait qu’on taxe la richesse transmise (les héritages) que la richesse acquise (ISF et bouclier fiscal…).
ce qui n’empêche pas qu’il faut, en parallèle, mettre en équilibre nos comptes courants, ce qui n’est pas facile…mais nous payons pour nos erreurs (nos péchés?): les intérêts de la dette sont du même ordre que le déficit (avant plan de relance)…
A Francis : Bien sur, yaka augmenté l’impôt. Mais, il faudrait en préalable corriger la cause des déficits et on en revient à nouveau à la productivité du secteur public et à ses retraites.
J’ai la même opinion que N Baverez. Mais soignons notre mal premier, l’Etat ! N’oublions pas que nous sommes parmi les pays les plus fiscalisés. N’oublions pas l’exemple suédois et ses réformes !
sauf erreur, la Suéde a des taux marginaux plus élevés que nous…mais nous sommes d’accord sur la nécessité d’améliorer l’efficacité de la sphère publique, ce qui est un chantier difficile…
sur les retraites du public, c’est votre leitmotiv, je sais, mais ce n’est pas un élément central…et nous sommes maintenant nombreux à droite comme à gauche pour une réforme " à la suédoise" basée sur les comptes notionnels comme le préconisent piketty et bozzio…
enfin, non ce n’est pas "yaka augmenter l’impôt", c’est "faukon les augmente"…et je maintiens que chacun comprendra qu’il régle ses dettes à son décès, qu, par exemple, si la sécurité sociale est en déficit du fait des soins (légitimes) prodigués sur les personnes âgées, elles peuvent aussi les rembourser post-mortem, lorsque leurs biens ne leur sont plus utiles…
FRANCIS : …" que chacun solde ses comptes…" bien étrange conception de la solidarité inter-générationnelle….Pourquoi vous arrêter aux soins médicaux ? Qui paie pour ceux qui font des études jusqu’à 30 ans et plus ? Et pourquoi ne pas doter chaque nouveau-né d’une carnet de " dettes envers la société " car qui a payé la maternité dans laquelle il est né ? et toutes les recherches pour qu’il ait une espérance de vie exponentielle ? Autant je suis d’accord ( comme aux EUA ) pour taxer les très grosses successions autant je trouve abusif de priver les " fourmis " de transmettre à leurs descendants ce qu’ils ont acquis par leur travail. Oui , je sais nous sommes au pays des cigales…..
Trop de focalisation sur l’impôt, il semblerait que cela continue a être le seul remède à tous nos maux c’est un peu restrictif surtout quand on pense au nombre de spécialistes, analystes etc… qui se penchent sur la question .
Francis,
Je reprends très rapidement votre calcul :
Les dettes totales, moi j’avais en tête 1200 Md
Pour que tout le patrimoine actuel des français fassent l’objet de droits de succession, il faut à mon avis compter (au pif) 50 ans.
Au rythme actuel des déficits, les dettes augmentent en gros de 50 Mds par an, cela génère en 50 ans un accroissement de 2500 Mds.
Soit sur 50 ans 3700 Mds à rembourser. Le patrimoine étant de 12 000 Mds, cela donnerait un taux de 31% de droits de succession en plus du taux actuel.
« A la louche » ça ferait du 40% … pas très porteur pour envisager une réélection
Oui , HERVE , quand on sait qu’à l’applaudimètre pendant la campagne des Présidentielles c’est la promesse de suppression de ces droits de succession sur les patrimoines modestes qui a rencontré le plus grand succès d’adhésion populaire.
A Hervé : assez d’accord avec votre calcul ; ajoutons que cela pourrait se traduire par davantage de vente par les héritiers pour payer donc des tensions à la baisse du prix du patrimoine … A Francis : je ne pense pas être schizophrène … Un leger trouble obsessionnel peut être mais ça, vous l’avez vu déjà …
à hervé: mon calcul était basé sur les chiffres de l’INSEE: le passif financier des administrations publiques est caculé: 650 Mds d’€ (850 Mds d’actifs financiers, dont actions, OPCVM, etc…) et 1500 Mds d’€ de dettes…
il faut, bien sûr, ne plus créer de nouvelles dettes, et donc remettre le déficit courant à zéro…ce qui n’est pas le plus facile…
ensuite il faut observer qu’à mesure que la dette s’amortit, les intérêts diminuent, et donc allègent progressivement la contrainte…
cela permet de calculer 600/12000 soit 5%
en fait, une génération dure plutôt 60 ans (80 ans même aujourd’hui..)
on obtient ainsi un prélèvement de l’ordre de 10 Mds d’€ par an…
beaucoup moins que le manque à gagner du aux niches fiscales, à l’évasion fiscale, ou à la fraude..
à yffic. Nous sommes dans une société individualiste où chacun aime compter ce qu’il donne à la collectivité pour, souvent le trouver trop lourd…il n’est pas absurde de compter, par groupe ou par individu, ce que la société nous donne, du berceau au tombeau.. et de considérer le passif comme à combler au moment de la liquidation de notre patrimoine, suite à départ définitif…
A Francis : je rebondis sur la question des retraites de la FP qui pour vous n’est pas un problème … En 2006, l’INSEE écrivait que les régimes spéciaux (moins d’un quart des actifs) allaient etre à l’origine de la moitié du déficit des retraites. Rappelons quand même que ces règimes spéciaux 1) sont calculés sur les derniers mois d’activité, les meilleurs ds la FP, contre les 25 meilleurs années dns le régime général 2) sont l’objet de cotisations "salarié" réduites par rapport au RG –30 %) 3) sont l’objet de cotisations employeurs surgonflées ce qui les fait supporter par les contribuables : + 10 points pour la FP terrotoriale ; + 45 points pour la FP Etat (en fait on pioche ds le budget de l’Etat ce dont on a besoin.
Accessoirement, la fiscalité locale devrait fortement croître dans les années à venir pour faire face aux vagues de départs de la FP Territoriale. Et il a toujours des fonctionnaires qui partent à 54 ou 55 ans après avoir cotisé 35 ans … Ils seront en retraite plus longtemps qu’en vie active !
à AB Galiani. je ne voudrais pas commencer ici sur une discussion sur les régimes spéciaux de retraite qui peuvent avoir lieu ailleurs…mais je ne peux que souligner deux ou trois points:
les cotisations salariales sont plus faibles, patronales plus fortes, vous savez comme moi que ce n’est qu’une question secondaire, de définition, l’important est le total des charges salariales…
sur le déficit une partie vient du fait qu’il y a de moins en moins de fonctionnaires (et de plus en plus de statut privé dans l’emploi public qui cotisant au système général, cf La Poste), un régime spécial qui a moins de cotisants devient une charge pour les autres: les agriculteurs, les pêcheurs, en sont des exemples connus…
enfin dans les réformes récentes, rappelons, de manière plus politique, quelles militaires et les parlementaires furent épargnés…et pourtant les étagères se balaient par le haut, c’est la vertu de l’exemplarité…
A Francis : Pas d’accord !
Primo : Effectivement, on charge les cotisations patronales. Le coût du travail c’est "salaire brut + charges patronales". Celles ci sont inconsidérement plus élevées pour les régime spéciaux que pour le régime par répartition. Cela a 2 conséquences 1) le salaire réel des fonctionnaires est beaucoup plus elevés que ne le disent les syndicats 2) c’est que l’ajustement se fait par des ponctions accrues sur le contribuable et que ces ponction n’ont pas de limites théoriques. On le verra dans les années à venir, lorsque les gros bataillons de fonctionnaires territoriaux vont partir : ce seront les impôts locaux qui seront ajustés. Dans les entreprises,
Deuxio : les rfégimes spéciaux outre qu’ils pressurent le contribuable qui est la variable d’ajustement, sont calculés sur les derniers mois d’activité, qui sont les plus favorables. Et il y a encore des fonctionnaires qui partent à 55 ans avec 35 ans de cotisation.
Tertio : ie nombre de fontionnaires croit et de plus en plus rapidement : + 0,64 % l’an de 1986 à 1996, pour une population active qui a cru de 0,5 % l’an ; +1,36 % l’an de 1996 à 2006 pour une population active qui croit de 0,86 %. On est donc passé de 3,9 millions à 4,8 millions en 20 ans. Et à périmètre constant !
La solution la moins courageuse est bien évidemment la hausse des impôts pour pallier à toutes les dépenses !
Il semble pourtant évident qu’en appliquant des mesures strictes d’encadrement des dépenses en tout genre et à tous niveaux, on pourrait peut-être déjà faire un état des lieux beaucoup moins catastrophique.
à AB galiani: l’augmentation de l’emplois public ne doit pas être confondu avec le nombre de "fonctionnaires" au sens propre, au sens du régime de retraites, qui lui, diminue… on en recrute moins qu’il n’en part…
des fonctionnaires qui partent à 55 ans au bout de 35 ans de cotisation? je ne vois pas…à moins qu’on parle militaires ou parlementaires, mais là, le régime est nettement plus avantageux…
A Francis : je parle de fonctionnaires au sens "observatoire de la fct P" et non d’emplois public. Encoure une fois, le nombre de fonctionnaires augmente plus vite que la population active. Il n’y a que la FP d’Etat qui se reduit et ce, de façon très récente. C’est la seule FP qui aujourd’hui recrute moins qu’il n’y a de départ
Pour les départs en retraite, vous avez en partie raison : il s’agit en effet de militaires et de gendarmes (qui sont des militaires). Les parlementaires ne sont pas des fonctionnaires (du moins es qualité)
Francis,
Le nombre de fonctionnaire en activité peut éventuellement diminuer sur une période.
Mais si dans le même temps, il y a plus de fonctionnaires à prendre leur retraite que de fonctionnaires à « sortir » du régime (décès du retraité ou de son ayant droit), la charge salariale globale de la fonction publique augmente. Compte-tenu de la pyramide des ages, c’est sans doute le cas aujourd’hui et pour longtemps.