Nicolas Tenzer, ancien élève de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm et de l’ENA, est président du Centre d’étude et de réflexion pour l’action politique (CERAP) et directeur de la revue Le Banquet. A la fois intellectuel et haut fonctionnaire, ancien chef de service au Commissariat général du Plan, on lui doit des ouvrages salués par la critique et le public (notamment Le tombeau de Machiavel, Flammarion, 1997, La face cachée du gaullisme, Hachette Littératures, 1998, Les valeurs des Modernes, Flammarion, 2003 et France : la réforme impossible ?, Flammarion, 2004) et des centaines d’articles scientifiques et destinés au grand public. Auteur de rapports officiels qui ont inspiré la réforme de l’Etat en France et à l’étranger, il a à deux reprises audité notre politique internationale. Il vient de passer un an et demi à parcourir le monde dans le cadre d’une mission interministérielle dont est issu le présent ouvrage.

De de Gaulle à Sarkozy, les dirigeants français ont toujours rêvé d’une grande politique étrangère. Mais avons-nous les moyens de notre puissance et de notre influence ? Venant de parcourir plus d’une vingtaine de pays et ayant rencontré 1300 personnes dans le cadre d’une mission officielle, Nicolas Tenzer pousse un cri d’alarme. Au-delà des gesticulations et des postures, la France s’efface du monde. Incapable de structurer durablement des relations intellectuelles en profondeur avec les principaux lieux de pensée mondiaux, elle se marginalise sur la scène internationale des idées. Ne se donnant pas les moyens de conquérir des marchés d’expertise de centaines de milliards d’euros, elle voit son poids économique et son influence, notamment en matière de normes techniques et juridiques, se réduire. Prompte à tenir de beaux discours dans les enceintes internationales, elle ne parvient pas à nouer des relations de travail avec les organisations internationales au-delà du verbe. Chantant les louanges de la francophonie et de l’exception culturelle, elle n’a pas les moyens de sa politique. Intendance déficiente, querelles administratives subalternes, repliement sur soi, manque de leadership, il faut regarder la réalité en face : la France n’a pas de stratégie internationale digne de ce nom et, quand elle prétend en dessiner une, elle ne la traduit pas en actes. Pendant ce temps, Britanniques, Allemands, Canadiens, Nordiques, Espagnols et bien sûr Américains, de manière moins clinquante et plus pragmatique, marquent des points. Cette sortie du jeu international est-elle inéluctable ? Non, mais la fenêtre de tir est courte. Nous avons tout au plus deux ou trois ans pour agir. Alors que nous avons des moyens humains de qualité et des capacités intellectuelles reconnues, les élites politiques et administratives seraient responsables devant l’histoire si elles préféraient les apparences de la  » grandeur  » à la décision. Après avoir lu ce livre, personne ne pourra plus dire :  » Nous ne savions pas « .