Je vous invite à lire l’éditorial de Jean-Dominique GIULIANI :
« Conseil européen, le véritable enjeu.
Les annonces de plans de soutien aux économies nationales se multiplient.
Pour affronter la crise financière, les Etats membres de l’Union avaient mobilisé près de 1 800 milliards d’Euro de garanties, plus de 2 fois ce que les Etats-Unis avaient engagé. Pour la relance, l’absence de pilotage économique européen, ainsi que la diversité des situations locales, rendent moins clairs les efforts européens. Pourtant, à y regarder de plus près, ce sont peu ou prou les mêmes recettes, adaptées aux circonstances, qui sont utilisées: une aide urgente aux moins favorisés, qui sont le plus touchés par le brutal ralentissement économique; des investissements massifs dans les infrastructures; un soutien à des secteurs-clefs, au premier rang desquels l’automobile.
Ce sont là d’ailleurs les principales annonces de la Commission européenne, qui s’est efforcée de surmonter l’absence de véritable budget européen par la mise en évidence, sous forme de recommandations, d’un cadre destiné à donner de la cohérence à des mesures décidées dans les capitales pour un montant proche de 200 milliards, auquel elle n’ajoutera, pour sa part, que moins de 16 milliards. Une exception, pourtant, la baisse de la TVA, dont les effets sur la consommation sont incontestables, semble ne pas avoir la faveur des gouvernements nationaux. Ils plaident pour une relance par l’investissement plutôt que par la consommation et l’on doit se féliciter de ce choix s’il porte vraiment sur la préparation de l’avenir et non vers le passé. Plutôt de la fibre optique qu’encore des routes! Mais la réalité semble plus cruelle. La fragilité budgétaire justifie cette préférence. L’Allemagne a comblé son déficit en augmentant sa TVA de deux points. La France serait incapable de la baisser sans creuser dramatiquement le sien. Quant au Royaume-Uni, qui vient d’abaisser son taux de TVA de 2,5 points à 15%, avait-il d’autre choix que de courir vers un déficit budgétaire de 8%, tant la crise financière l’affecte particulièrement?
Mais comment unifier la politique économique et fiscale de l’Union européenne sans un budget digne de ce nom? D’un montant de 129 milliards en 2008, il va même baisser en 2009 jusqu’à ne représenter que 0,89% de la richesse de l’Union! A force de refuser aux institutions européennes les moyens d’une politique qu’on leur réclame, les Etats membres ne peuvent compter que sur une seule jambe pour courir le marathon économique, celle de la politique monétaire. La crise a montré que la BCE avait parfaitement géré sa part du fardeau et que l’Euro avait joué un rôle de bouclier incontestable dans la tourmente. Les queues devant les banques, ce n’était pas pour la zone Euro! La crise économique convaincra-t-elle les Etats membres de faire de même en matière de politique économique générale, c’est-à-dire de politique budgétaire? Il y a tant à faire pour dynamiser la recherche privée, soutenir ceux qui disposent du savoir-faire technologique, valoriser le plus grand marché de consommation du monde que représentent les 495 millions d’Européens et tant d’autres atouts qui ne sont pas négligeables! On a beaucoup critiqué la revendication française d’un gouvernement économique de l’Union. Peut-être l’expression est-elle mal choisie parce qu’il est difficile de faire la différence entre un gouvernement économique et un gouvernement tout court. Il n’en demeure pas moins que la question est désormais ouvertement posée. Plus que d’une coordination, qui manifestement existe déjà, c’est d’unité de décision et de rapidité d’exécution dont l’Europe a besoin en matière économique. Un vrai budget est indispensable pour donner à l’Union la capacité de courir au même rythme que les autres. C’est la deuxième jambe qui lui permettra une politique économique et fiscale plus intégrée. Voila déjà une première leçon de la crise. Souhaitons que le dernier Conseil européen de la présidence française, à l’ordre du jour si lourd, puisse faire avancer cette conviction. Cela prendra du temps, mais c’est les 11 et 12 décembre, en choisissant ou non une réponse commune à la crise, que l’économie européenne choisit son avenir. »
Et retrouvez le sur son site ici
CQFD…il fallait bien Une Europe politique or qu’avons nous, en temps de crise? et voilà même que l’entente cordiale se remet en route?
La crise a renforcé l’idée européenne, c’est indéniable. L’€ y a forgé sa légitimité. Les pays européens hors zone euro sont dans une situation nettement plus dégradée que la notre.
Certes il a fallu se confirmer à une discipline stricte et en payer le prix. Maintenant on sait pourquoi ! Les Islandais l’ont aussi appris à leur dépend.
Maintenant que doit être de l’Europe ?
L’idée d’une fédération a vécu et finalement c’est heureux car on a inventé quelque chose de nouveau, d’inédit. Un méta-Etat, une structure plus complexe qui dépasse l’Etat-nation sans le supprimer. Comme d’habitude, la nature fait du neuf avec du vieux.
Alors faut-il un budget économique propre à l’Europe ?
J’aurais tendance à dire que cela correspond à la vison centralisée bien française d’un Etat, version colbertiste.
La forme actuelle d’une administration européenne, légère faut-il le rappeler, assurant la coordination et la cohérence de l’action des pays membres me parais la plus efficace, chaque pays ayant ses propres caractéristiques.
Nous avons finalement le même débat entre l’Etat central français et ses régions et tout le monde s’accorde pour dire qu’un état régulateur et contrôleur, sans intervenir, serait la meilleure solution.
Alors, ne faisons pas l’Europe à l’image de la France, un machin administratif consommant beaucoup de ressources et peu efficace.
Et ne confions à l’Europe uniquement ce qui est nécessaire pour tenir notre rang par rapport aux autres puissances mondiales. Avec la Chine par exemple !
Aussi, chaque fonction déléguée à l’Europe doit-être soigneusement pesée et sous-pesée !
Monsieur Lambert,
Soutenez vous l’initiative de M. Marini (que vous avez soutenu lors de l’élection du prsident du Sénat) sur la déduction des revenus 2009 sur les pertes liées au krach boursier. Ppourriez vous faire un billet sur ce sujet afin que l’on comprenne mieux les enjeux (coût, ‘morale’ de l’amendement, efficacité economique…) ?
Merci!
L’économie n’est plus nationale depuis longtemps. De plus en plus d’entreprises ont des fournisseurs, des clients et souvent des filiales ou des établissements dans d’autres pays. Les organisations qui édictent des normes sont internationales. Même les finances publiques ont à connaître des relations avec les autres payx, fiscales ou autres. Compte tenu du poids de l’Europe dans l’économie mondiale, et des intérêts de la France si elle veut pouvoir tirer partie de cette adhésion, la mise en place d’un gouvernement européen s’impose.
Reste à convaincre tous les petits barons qui craignent de voir se dissoudre leurs prérogatives franco françaises. C’est le seul frein à cette évolution de bon sens.
Bien sûr, ça risque aussi d’être la fin de la fantaisie française quant à la gestion de la dépense publique et de ses déficits. On ne s’en plaidra pas!