Elle est issue d’une lecture au hasard d’un journal ancien à jeter : « Au risque d’être simpliste, je crois que l’humanité se partage en deux : d’un côté des êtres qui s’épuisent à affirmer leur ego, leurs certitudes nourries de leur ignorance. De l’autre, des êtres qui doutent, humbles devant tout ce qui leur reste à comprendre, concourant à une esthétique morale générale pour réaliser, dans un respect mutuel, de vraies avancées humaines. Les seconds sont les moins puissants. Sont-ils les moins utiles ? Au moins, eux, ne doutent pas de l’utilité des premiers.
C’est pour moi que vous dîtes ça ?
NDLR : Non, cela n’a rien à voir, il s’agit d’un extrait ancien et qui traite de la vie nationale et non locale ! Bien cordialement. AL.
Existe-t-il des politiciens n’appartenant pas à la première catégorie ?
Après tout, la profession politique n’a jamais manqué d’aspirants et de hordes de volontaires pour expliquer au monde comment il devrait fonctionner.
Le drame est peut-être que nous sommes obligés de voter pour l’un d’eux, puiqu’il parait que les hommes politiques sont indispensables.
Est ce le prochain sujet du bac de philo ?
Les premiers n’existent que par la présence des seconds. La tempérance des uns génère l’égotïsme des autres. Qui par leur seule présence s’arrogent tout.
Cette réflexion, certes un peu poussée, peut peut-être rejoindre le billet sur l’Evangile selon St Mathieu du 23 décembre dernier, non ?
Bonjour,
je pense que c’est un peu binaire entre bons et méchants.
Mais cette réflexion de comptoir recoupe les deux tendances connues de "déductifs" et "inductifs" (sans préjuger de ce qui est bien ou pas). Les déductifs théorisent et essayer d’appliquer leurs modèles à la réalité, alors que les inductifs observent les faits, et essaient de construire des modèles avec. Les français sont statistiquement plutôt déductifs, ce qui énerve parfois les anglo-saxons qui sont plutôt inductifs. C’est issu de recherches en sociologie (Hofstede par exemple).
Une excellente référence en français : "le manager global" de Michel Moral. Le titre du livre est exécrable, mais le contenu est passionnant.
Il y a aussi une analyse assez intéressante du français qui attend tout de l’état mais qui râle parce qu’on lui impose tout.
Lorenzino
Vous êtes cruel avec notre président.
-)
C’est un peu comme être ou ne pas être, mais est ce une bonne question ? N’empeche que la philo ou les réflexion de comptoirs ne servent à rien, sinon à passer le temps d’une manière parfois bien agréable.
Le nouveau ?
Bin je le trouve plutôt inductif, au moins dans sa façon de présenter les choses. Il a un discours qui part souvent de cas concrets ("je vous ai compris") pour aboutir ensuite à une généralisation ("et donc on va faire ça"). Je ne parle que du discours.
L’ex-président était plutot dans l’autre genre, non ?
Lorenzino
Pour ma part, votre billet me renvoie au personnage de Bérenger dans "Rhinocéros" de Ionesco.
A découvrir ou redécouvrir.
Ce billet est la confirmation de la compléxité humaine dans son ensemble. Deux cas de figures bien différents, mais peut-être existe t’il une catégorie intermédiaire reflétant un mélange des deux !
C’est normal, de la réflexion nait le doute, de l’intelligence nait la nécessité de compréhension.
Parce que ceux qui décident n’ont pas souvent compris assez rapidement, On en déduit qu’avoir raison trop tôt, c’est avoir tord et ceci se vérifie malheureusement souvent.
Cependant, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous, il existe un troisième tiers, ceux qui ne font rien.
Dans une fourmilière, et peut-être aussi dans une société humaine, il y a 3 catégories : ceux qui avancent dans le bon sens, ceux qui ne font rien et ceux qui font toujours n’importe quoi.
Continuons votre raisonnement : si je viens d’affirmer ces quelques phrases, c’est que je fais partie de celles qui ont un égo et des certitudes, non ? Mais, si je pose la question, c’est que je suis dans la seconde catégorie ? Serais-je alors dans les deux ?
Je ne peux pas si je pose des questions. Ce raisonnement est trop impitoyable, je sens que je vais mal dormir 🙂
L’intelligence n’est elle pas une forme de prise de conscience de l’apport d’autrui, d’autant plus riche que la différence avec soi-même est plus grande ?
Philosopher c’est chercher l’essentiel inaperçu disait le prêtre et philosophe français Alphonse Gratry.
Et pourtant, l’incarnation du pouvoir n’est-elle pas d’abord une force d’affirmation de celui-ci avant toute logique d’intelligence ? Nous sommes une meute d’animaux un peu particulière, mais d’animaux tout de même, avec des notions de hiérarchie depuis 400 000 ans avec JC, si mon souvenir est bon. C’est le pouvoir d’abord, l’intelligence ensuite.
C’est pour cela qu’il nous faut l’intelligence au pouvoir. La démocratie est pour moi dans une incarnation idéaliste (il faut l’être de temps en temps) l’expression du pouvoir des valeurs et de l’intelligence collective.
C’est l’association de vos deux groupes qui donne le pouvoir, avec une préférence pour le premier. Mais dans un cas, comme dans l’autre, tout n’est question que de motivation à aller à l’objectif, quel qu’il soit, quelle qu’en soit les raisons ou les techniques de conditionnement pour y arriver.
Enfin, le rapport entre les pouvoirs d’une démocratie sont plus complexes que cela. Et puis, tout ceci n’est que théorie, et on le sait bien, en théorie, il n’y a pas de différence entre la théorie et la pratique, mais en pratique, il y en a …
Je ne sais si, comme certains le sous-entendent ici, votre phrase avait une portée politique immédiatement contemporaine. Par contre, elle m’a fait penser à une lutte intellectuelle, celle qui opposa Camus à Sartre.
Camus, le philosophe sans diplôme (ce que lui reprocha beaucoup Sartre), l’écorché hédoniste, l’écrivain de l’urgence, du fait du spectre de la tuberculose, semble dans son oeuvre et dans sa vie tellement vulnérable, perclus de doutes, quand on le compare à l’assurance tranquille et suffisante de Sartre, génie consacré de son vivant, conscient de lui-même.
Et pourtant, à l’épreuve du temps, l’oeuvre de Camus reste au centre de la condition humaine comme une goutte de cristal qui refuse de se briser… quand celle de Sartre, tout d’abord aurifère, semble se ternir un peu plus à chaque génération. C’est en tout cas ce que je ressens… en toute humilité bien sûr 😉 De toute manière,
"Parler de ce qu’on ignore finit par vous l’apprendre."
Albert Camus
Approche un peu manichéenne car chacun peut apprendre de l’autre… et réciproquement d’ailleurs…
@ damoclès /Oui, Camus est ce que vous dites.Je me souviens de l’émerveillement à la lecture de" la peste"quand il est sorti au début des années cinquante…C’était un peu" le joueur de flute de Hambourg"…Sarthe sortait "les chemins de la liberté" et sa philosophie husserlienne débordait de partout:il était évidemment "le phénomène de sa "phénomènologie de l’esprit",au centre de tout.Mais je dois dire qu’il est enterré au cimetière du Montparnasse.Vous entrez par le boulevard Edgar-Quinet et juste à l’entrée à gauche,il est là.Juste à droite il y a la maison de gardiens.Pauvre moi,je suis de celles et de ceux qui les ont supplié d’enlever les latrines nauséabondes…Ils ont mis le temps mais elles n’y sont plus et les odeurs non plus.La pureté de la pensée est peut-etre restituée…
L’espèce humaine est ainsi faite, ceux qui sont forts (ou considérés comme) qui décident , ceux qui obtempèrent religieusement et ceux qui n’on pas envie de rentrer ce système, bien compliqué de mettre tout ce petit monde d’accord car chacun conserve malgré tout son sens de la réflexion qui bien sûr ne va pas forcément dans le même sens que son voisin … ouf! bon courage Monsieur le Président !
Monsieur le Ministre,
Je pense que les premiers ont favorisé la guerre ou la paix et les seconds ont permis l’émergence et le développement de l’humanité.
Monsieur le Ministre, je pense que les premiers sont des rois, des empereurs, des dictateurs, des chefs d’Etat, des présidents ou des chefs d’entreprises quant aux seconds, ce sont des ouvriers, des employés, des artistes, des écrivains, des peintres, des musiciens, des chercheurs, des docteurs, des professeurs, des scientifiques, des philosophes ou des sportifs.
Monsieur le Ministre, je pense que les premiers auront toujours besoin des seconds mais que les seconds se porteraient beaucoup mieux sans les premiers.
Monsieur le Ministre, toutes les philosophies bouddhistes condamnent l’esprit des premiers et favorisent l’attitude pour parvenir à la plénitude des seconds.
L’histoire retient aussi bien les premiers que les seconds. En revanche, nos vies sont conditionnées par les seconds mais rarement par les premiers.
Au risque d’être simpliste, voici mon point de vue.
Enfin Monsieur le Ministre, ne jetez pas votre journal ancien… Sinon, j’aurai tendance à vous classer dans le groupe des premiers…
Je crois que les deux sont nécessaires, les "égocentriques" et les "humbles".
Notre pays nous donne d’ailleurs un palmarès de ces hommes (et femmes!) correspondant à ces deux catégories.
Napoléon? Il fait partie indibutablement de la première catégorie ! Au même titre qu’un certain Louis XIV ! Ou pourquoi pas, aussi, d’un certain Thiers, qui avait, c’est peu de le dire, un égo surdimensionné ! Et pourtant ces trois hommes, à leur manière, ont servi notre France, plus qu’on ne pourrait le dire ! Napoléon lui a donné une administration efficace, un code civil, et une Histoire, visant à remplacer celle (trop monarchiste) d’avant.
Louis XIV lui a donné la conquête de terres lointaines, et un prestige international, et aussi Versailles ! Ne faut il pas être un peu, beaucoup, orgueilleux, pour prétendre construire le plus beau palais au monde, et en faire la vitrine de la France?
Et dans les femmes? Mme de Stael, qui s’aimait autant que son père (Necker) n’a t elle pas gtrandement fait pour aider les "Lumières" a pénétré la France?
Quant aux humbles, il serait faux de toujours les mettre du coté des "impuissants", qui ne peuvent peser sur le monde.
Ou bien alors, il faudrait oublier l’ascension prodigieuse d’un certain capitaine breton, d’une petite famille, qui sacrifie la gloire du combat, à la stratégie et au bons sens, et qui se dévoua à un de nos rois, Charles V, laissant une France sans plus trop d’occupation anglaise. Un homme qui eut l’infime honneur de suivre son "employeur" (car en réalité, Charles V n’était pas son souverain, c’était le Duc de Bretagne) à Saint Denis !
Il faudrait tout autant oublier la venue miraculeuse (il n’y a pas d’autres mots) d’une jeune fille, à la cour d’un "puissant" qui doutait fortement de son ascendance royale, qui fit rien de moins que renverser la situation militaire, en faveur de la France. Oui, les humbles, comme Jeanne d’Arc, sont susceptibles de compter.
Il est par conséquent, sans doute, indispensable, dans toute société, d’avoir les deux.
Alors voyons un peu, jean claude trichet, il est dans quelle catégorie? !
Elle est de qui cette reflexion ?
Trichet, c’est un peu "neker" : vantard comme pas deux, mais aussi, et c’est important pour un Etat ou un organisme économique, capable de redonner confiance aux marchés.
Prenons un autre ex : Fouquet. Ou Mazarin. De vraies crapules ! Mais qui au moins avait l’avantage de travailler, de temps en temps, pour la France.
Et puis…Parfois les crapules s’amendent. Mazarin a bien transmis, par héritage, sa fortune à "Louis", qui fit mine de ne pas l’accepter, mais en récupéra un bon morceau (il fallait en garder un peu pour les nièces)
De là à ce que Trichet transmette à la France sa fortune personnelle…Cela semble peu pensable. Mais sait on jamais !!!
Les premiers se débarasseraient-ils volontiers des seconds ou ont-ils précisément besoin de leur existence pour affirmer leur ego?
A réflexion de comptoir question de comptoir !
Addendum:
cette division binaire de l’humanité est bien résumée dans les tiraillements d’un seul homme : Raskolnikov, dans "Crime et châtiments" de Dostoïevsky.
L’homme qui doute mais agit selon ses "impératifs catégoriques" trouve la sagesse et le bonheur. S’il se contente de douter, il ne sera que torturé et inutile à l’avancée de l’humanité. Le doute en actes, voilà ce qui fait avancer!
En effet, les premiers sont bien utiles aux seconds : leurs actes "absurdes" sont un fondement important des doutes de ces derniers…
Il faut de tout pour faire un monde!
Cette division me semble avant tout un combat intérieur : voulons-nous que nos vies aient un sens?!