La BCE se raidit face aux appels à une baisse des taux. Quand les dirigeants politiques français prendront-ils enfin acte que la Banque Centrale Européenne est indépendante ? Je m’inquiétais, lors d’un précédent billet, qu’une déclaration malencontreuse ne vienne contrarier la chance potentielle et non négligeable que nous avions de voir la décision annoncée pour 6 septembre prochain différée, en raison de la crise boursière. Nous n’avons pas hélas eu une déclaration malencontreuse mais plusieurs ! Il y a désormais fort à parier que la Banque mettra en vigueur ses intentions pour ne pas donner, à la planète entière, l’impression d’être aux ordres des gouvernements. Je reste pantois face à cette fanfaronnerie franchouillarde qui consiste à dicter nos ordres aux autres, tout en sachant, par avance, que cela produira l’effet contraire. C’est sans doute un nouveau concept du genre « volontarisme à l’envers ». Et si nous apprenions enfin la langue subtile du silence qui parfois en dit si long ? En un mot comme en cent, le plus sûr moyen d’obtenir ce que nous attendons de la BCE est d’attendre que sa décision se traduise de notre silence !
Est on pour autant contraint de subir la susceptibilté de M. Trichet en permanence?
Non seulement M. Trichet est très susceptible mais il se prend aussi et surtout pour le ‘nombril" du monde.
Quel investisseur avisé se laisserait tromper par la stratégie de pure communication que vous proposez ?
Mais au fait, avec la faillite programmée des régimes sociaux de solidarité vieillesse et maladie, qui peut désormais se permettre de ne plus être un investisseur avisé ?
François Fillon le disait en ses termes : les français non seulement peuvent supporter la vérité, mais encore, ils y sont contraints, de par l’incurie, l’imprévoyance et l’incompétence des gouvernements successifs de la Vème.
Alors, puisque le jeu des faux semblants que vous proposez ne tromperait personne, pourquoi ne pas, enfin, dire la vérité ? Parce que la classe politique et les technocrates auraient trop à perdre à laisser s’exposer la médiocrité de leurs petits jeux d’influence ?
La dépêche suivante accrédite, je le pense, ma thèse qu’il est vraiment souhaitable que les gouvernements laisse la Banque Centrale annoncer ses décisions, car je suis sûr qu’elle ne nous decevra pas. A vouloir lui forcer la main, on se tire, à chaque fois, une balle dans le pied.
Voici le copier/coller du communiqué :
La BCE laisse ouverte sa décision sur les taux
BUDAPEST – Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a laissé ouverte la possibilité pour la BCE de ne pas remonter ses taux début septembre, indiquant que la position de la banque n’avait pas été réexaminée depuis la crise financière.
"Nous prendrons notre décision à ce moment", a-t-il déclaré à la presse en marge d’un forum économique à Budapest, en référence à la réunion mensuelle de politique monétaire de la BCE prévue à Francfort le 6 septembre.
"L’évaluation du conseil des gouverneurs aura lieu le 6 septembre. Nous aurons alors à évaluer tous les éléments de la finance européenne et mondiale", a-t-il déclaré.
Début août, M. Trichet avait souligné la "grande vigilance" de la BCE face aux risques inflationnistes, une expression annonçant immanquablement un nouveau tour de vis monétaire le mois suivant.
Il a toutefois rappelé lundi que la banque "ne s’engage jamais à l’avance" et que ses déclarations avaient été faites "avant les turbulences des marchés".
"Nous ne nous engageons jamais à l’avance, pour préciser ce que j’ai dit sur la +grande vigilance+", a déclaré M. Trichet. "Ces déclarations (du 2 août) étaient avant les turbulences du marché", a-t-il souligné.
L’effondrement courant août du marché du crédit hypothécaire à risque américain ("subprime") a menacé d’asphyxie les banques commerciales à travers le monde au courant de ce mois, reléguant au second plan les inquiétudes sur un éventuel dérapage des prix en zone euro.
La BCE, comme les banques centrales internationales, a consenti à des injections massives de liquidités sur le marché monétaire pour répondre aux besoins des banques commerciales, qui ont quasiment cessé de se prêter de l’argent entre elles, par crainte d’éventuelles banqueroutes.
Ces derniers jours, plusieurs voix (notamment celle du gouvernement français et de huit économistes allemands influents) se sont élevées pour demander que la BCE renonce à relever son principal taux directeur.
La Banque centrale européenne a annoncé mercredi qu’elle allait procéder à une opération de refinancement à long terme pour stabiliser le circuit monétaire de la zone euro et affirmé parallèlement maintenir sa position quant à une hausse de taux en septembre.
Samedi encore, la BCE avait indiqué qu’elle s’en tiendrait à la position exprimée par M. Trichet le 2 août 2007.
L’institution a jugé dans un communiqué publié lundi à Francfort que "les conditions sur le marché monétaire à court terme continuaient à se normaliser" et indiqué vouloir poursuivre sa réduction progressive des réserves qui s’y sont accumulées.
CQFD. AL.
Quelle est donc cette crédibilité d’une BCE qui laisse filer le M3 à hauteur de 7.5% par an sans augmenter les taux qu’il s’agit de préserver ?
La mission de lutte contre l’inflation confiée à la BCE me semble souffrir d’un vice originel : s’agit-il de lutter contre ce que les économistes nomment inflation, ou contre ce que le sens commun nomme inflation de la masse monétaire ? Bien entendu, les fonctionnaires économistes de chaque état-membre expliqueront doctement que l’inflation, c’est *leur* fond de commerce, le chiffre qu’ils s’occuppent à calculer en grand secret dans leurs laboratoires financés à seaux d’argent public.
Mais est-on bien certain que la position acquise des économistes fonctionnaires est bien celle de l’intérêt public ? Je vous l’avoue, j’en doute…