Dans un billet du 26 mai dernier, je m’interrogeais sur l’évolution de la dette publique en 2006 : amélioration de fond ou simple embellie ? L’INSEE vient d’apporter un début de réponse, puisque l’endettement public est passé au cours du 1er trimestre 2007 de 1142 à 1176 milliards d’euros (hors engagements hors bilan). Soit une hausse de 3% en 3 mois … Certes, il n’y a pas de linéarité dans la vitesse d’endettement et le constat fait sur le trimestre ne peut être extrapolé sur l’année. Néanmoins, ce n’est sûrement pas une bonne nouvelle.
A l’origine de cette augmentation, on trouve la Sécurité Sociale, dont l’endettement passe de 40 à 48 milliards en 3 mois. La raison principale est quelque peu technique, tenant dans le mode de « consolidation » de la dette. En effet, les titres représentatifs de créances émises par une « administration publique » sont déduits de la dette publique totale lorsqu’ils sont détenus par une autre administration publique. En quelque sorte, les dettes entre administrations s’annulent. Ainsi, l’Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS, trésorier de la Sécu) a émis en son temps des titres achetés par la Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES, remboursant depuis 95 une partie de l’endettement issu de la Sécu). De ce fait, ils ne gonflaient pas la dette publique. En débit d’année, ces titres ont été cédés à des investisseurs non publics. Dès lors, ils ne peuvent plus être déduits, et ipso facto, la dette totale s’accroît à due concurrence.
Mais l’essentiel de la hausse vient de l’Etat, dont la dette passe de 884 à 915 milliards, et on ne voit pas comment il pourrait en être autrement. Je concluais mon billet de mai que « le désendettement est venu de facteurs conjoncturels, non d’une amélioration de la performance du secteur public qui doit en constituer la pierre angulaire ». De fait, rien n’a vraiment changé au cours du 1er trimestre. En outre, dans ces facteurs conjoncturels, il y a eu la réduction d’excédents de trésorerie en 2006, excédents qui ont fait défaut au début de l’année et dont l’absence a créé une « tension de trésorerie ». A l’instar de tout un chacun, lorsque son porte-monnaie est vide, l’Etat emprunte ! C’est un tel contexte que se situe la cession prévue de 5 à 7 % du capital de France Telecom qui servira à rembourser des emprunts. Au-delà du domaine financier, de façon générale, les privatisation permettent à l’Etat de se recentrer sur son rôle d’intérêt général en rompant avec les activités où il est à la fois juge et partie. Sur un plan purement comptable, cependant, il n’ y a pas de richesse créée. On rembourse de la dette, certes, mais en cédant des actifs. Il est urgent de stopper les causes du recours permanent à l’endettement !
Dans ces conditions, l’arrivée (dont je me félicite) de Didier Migaud à la Présidence de la Commission des Finances prend un relief tout particulier. Je m’associe pleinement à la remarque d’Alain Lambert qui l’invite à être un vrai patron du contrôle. Parce que ce qui manque aujourd’hui, c’est une véritable régulation capable de maintenir le secteur public au service de l’intérêt général.
En l’absence de réformes structurelles permettant de réduire la dette il paraît difficile que celle ci diminue réellement.
Les futures réformes de réorganisation de l’état, du non-remplacement de fonctionnaires, des retraites, du financement de la sécu porteront certainement leurs fruits, mais pas à court terme.
De plus ces réformes nécessaires, pas seulement pour la France, ne seront pas très populaires et difficiles à faire passer rapidement. (Cf article de capital ci dessous)
Si la croissance n’évolue pas l’année risque d’être dure pour la dette publique.
Article de capital :
« selon l’OCDE, les retraites vont baisser de 15 à 25% dans plusieurs pays
Selon une étude confidentielle de l’OCDE, les réformes des régimes de retraites à l’œuvre en France, en Italie, au Japon et en Suède, auront pour conséquence à terme une réduction de15 à 25% des pensions versées. Au Mexique, cette réduction pourrait même y atteindre 35%.
Selon cette même étude, quand toutes les réformes auront été achevées, l’âge moyen du départ à la retraite sera de 65 ans dans les pays de l’OCDE, de 67 ans en Allemagne, au Danemark, aux Etats-Unis, en Norvège et en Grande-Bretagne. Seules, la France, la Hongrie, les Républiques tchèque et slovaque n’ont pas prévu , pour l’instant, d’aller au-delà de 65 ans. «
Ps : J’espère que la réduction des retraites ne s’appliquera pas qu’au futurs retraités, il apparaîtrait difficilement acceptable qu’une seule partie des retraités subissent l’augmentation des périodes de cotisations, la baisse des cotisations, et de forts taux de cotisations.
@THIERRY : je comprends votre position mais en dehors des caisses de retraite les revenus de précaution sont déjà amputés : voir par exemple la taxation des P.E.L. ( plans d’épargne logement ) et aussi la minoration de l’abattement forfaitaire pour les loyers inférieurs à 15 000 euros/an : de 40 % c’est devenu 30 % dans la déclaration " micro foncier "…..Baisse d’impot d’une main et augmentation de l’autre pour ne citer que ces deux exemples touchant les classes dites " moyennes " …..Je ne rale pas si la France devient gérée d’une façon moderne et exemplaire du sommet à la base des citoyens-contribuables…..Je l’espère pour ma descendance et pour mon pays….
A Thierry
Vous abordez ici ce que j’ai appelé les "engagements hors bilan" et que l’INSEE appelle la "dette implicite". Le montant des retraites dependra d’un subtil équilibre entre "durée moyenne de retraite", "niveau acceptable de prélèvement" et "égalité devant la retraite", où dits autrement "age de départ" (s’il est reculé, il améliore les conditions de la retraite, avec des prélevements qui ne seront pas confiscatoires sur les actifs) et "alignement des règimes spéciaux sur le règime général".
Bouh .. nous ne sommes pas dans les clous .. et alors .. Le tigre de papier qu’est l’Europe n’a que le pouvoir de nous denoncer ..
Cette belle construction n’a aucun pouvoir ..
Alors , laissons faire ce gouvernement .. on verra s’il a des resultats .. Quant a l’Europe .. que ces techniciens apprennent que certains ne sont pas toujours soumis a leur dikctat sans pouvoir .
Ces chiffres de l’OCDE ne m’étonnent pas, et encore, je les trouve optimistes…
Concernant l’endettement de l’état, cher AB, l’une des causes, c’est aussi qu’il n’y a plus de tour de passe-passe comptable possible désormais (diminution des fonds de réserve) et que comme vous le dites très justement, la nouvelle cession d’actifs va servir à rembourser un emprunt.
Et pendant ce temps, des mesures de défiscalisation clairement inefficientes ont été prises…
Heureusement, en tout cas, qu’il y a un Charles Amédée de Courson pour tirer la sonnette d’alarme. J’ai toujours eu confiance en lui, mais j’avoue que la cohésion du Nouveau Centre m’a agréablement supris,en cette occasion.
En 2012, tout devrait être réglé !!!!
Grâce au paquet fiscal, 0,5 % de croissance en plus et les déficits vont fondre comme neige au printemps, paraît-il !
Et si la croissance fléchit de 2,5 à 2 %, le château de cartes s’effondre : l’Euro trop fort et la hausse des taux prévisibles de la BCE serviront d’explications habituelles.
jusqu’à présent nous n’avons pas su être d’une grande efficacité donc faire autrement est courageux et il n’est pas interdit de penser que les différentes réformes annoncées supprimeront certaines anomalies et redresseront notre croissance ; mais soyons malgré tout très prudents quant aux résultats escomptés ! car beaucoup de points sont encore, à mon sens, trop compliqués, on aurait peut-être pu faire plus simple surtout au niveau du paquet fiscal ? il y a eu de très bonnes décisions de prises mais il existe encore beaucoup d’interrogations .