Il m’est fait parfois reproché d’utiliser la préposition « en » pour introduire le nom d’Alençon. « En Alençon » sonne tout de même mieux qu’à Alençon. Puis ce n’est pas exactement la même chose. Le « à » envisage un lieu banal, comme une simple surface. Alors que le « en » introduit un lieu de prestige, de charme, de beauté. C’est bien le cas d’Alençon. Puis, il suffit de consulter l’incomparable dernière édition du célèbre Grevisse « le bon usage » pour constater que les noms de pays se construisent avec « en » quand ils sont féminins ou quand ils commencent par une voyelle. Jusque dans le XVIIIème devant un nom féminin de pays lointain on employait même « à la », par exemple « à l’Amérique ». Cette utilisation du «en » s’étend aux noms d’iles, de provinces, de départements, et par imitation de l’usage occitan aux villes commençant par « A ». Cette coutume peut d’ailleurs aussi s’inspirer d’un archaïsme revendiqué, tel Etiemble « Pour moi, quitte à me faire traiter de pédant ignorantin, j’ai choisi dès longtemps d’écrire : en Arles, en Alger, en Alep, en Alexandrie, car j’ai pour moi Racine et son choix d’en Argos, dont à bon escient le louait Marmontel » (Etiemble, Poètes ou faiseurs p. 81). Pour ma part, mon attachement pour Alençon justifie que je l’érige en territoire d’excellence de par son histoire, son patrimoine, son architecture, sa culture, ses paysages, son charme qui nous offre un parfum de quelque chose d’indéfinissable. Que ceux qui veulent la traiter en simple destination se contente du « à ». J’en resterai au « en » quelle que soit l’insistance de mes critiques. Elles me stimulent plutôt. Bienvenue tous en Alençon !
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