Nicolas Sarkozy a plusieurs fois pris position en faveur de la création d’un ministère chargé des affaires financières, qui serait en charge des comptes publics (Etat, sécurité sociale, collectivité locale) et de la modernisation de l’Etat, distinct du ministère chargé de la stratégie économique, chargé lui de conduire la politique économique et de favoriser la croissance de notre pays.

Ministère des affaires financières, des comptes publics*, des finances et de la gestion publique, le nom importe moins que l’objectif principal de ce choix d’organisation gouvernementale : mettre de la cohérence dans la politique des finances publiques, instituer une approche globale pour favoriser les arbitrages sur la maîtrise de la dépense publique comme sur les moyens de financer ces dépenses, et partager les méthodes d’amélioration de la performance.

Notre pays n’a pas le choix : il doit sans délai retrouver la pleine maîtrise de ses finances publiques, réduire sa dette, renouer avec un niveau de déficit public correspondant à sa capacité d’investissement, améliorer la performance de l’action publique. Ceci était inenvisageable, il y a quelques années, lorsque la seule bonne politique était celle dont les moyens augmentaient. La LOLF a changé la donne en introduisant la responsabilisation des gestionnaires, en fixant des objectifs et des indicateurs, en globalisant les moyens, en introduisant une culture de confiance et de compte rendu. Il nous faut maintenant franchir une nouvelle étape, qui passe par une vision globale des enjeux, comme le vieillissement, un partage des contraintes (à commencer par la dette) et des outils d’une nouvelle gestion publique.

Ce ministère des comptes publics permettrait de faire partager la stratégie des finances publiques, présentée à nos partenaires dans le cadre de l’Ecofin. Il réaliserait des arbitrages plus optimaux entre les formes et les niveaux de l’intervention publique : l’Etat n’aurait plus intérêt à reporter certaines charges sur d’autres administrations ou sur les générations futures ; inversement la politique des prélèvements obligatoires serait fixée globalement, et sans qu’une main ignore ce que fait l’autre main. Enfin, ce ministère des comptes publics accentuerait le travail réalisé par le rapprochement Budget et Réforme de l’Etat depuis 2005 pour lier étroitement maîtrise des finances publiques et modernisation des administrations : seule l’amélioration de la performance par des actions continues de modernisation permettra de retrouver durablement l’équilibre des comptes publics sans dégradation du service public.

Ce ministère des comptes publics est tout sauf un meccano institutionnel de campagne. Canada, Royaume-Uni, Allemagne ont un tel ministère. Toutes les entreprises ont une direction des affaires financières intégrée. C’est d’ailleurs une proposition recommandée par de nombreux rapports, depuis le rapport Picq sur la réforme de l’Etat de 1994.

Il ne s’agit en aucun cas de gérer à la place des autres ministères, de déresponsabiliser l’ensemble des managers publics. Il travaillerait, au contraire, dans le respect de la gouvernance propre à la sphère sociale, et dans le cadre des relations contractuelles qui existent entre l’Etat et les collectivités locales.

Le ministère des comptes publics mettrait à la disposition de toutes les administrations le savoir faire de modernisation et lierait étroitement maîtrise des dépenses et amélioration de la performance comme tant de pays l’ont réussi. Une telle démarche serait aux antipodes d’une approche « comptable » des finances publiques.

Enfin, il permettrait de mettre en place une véritable politique des ressources humaines dans l’Etat, accompagnant les changements et valorisant les efforts de tous les agents publics.

Le contribuable et l’usager n’ont pas à supporter la complexité administrative. Ils revendiquent une meilleure utilisation de la dépense publique, financée par leurs impôts, et une adaptation continue du service public. Ce ministère des comptes publics serait, finalement, la meilleure manière de répondre à l’exigence posée par la Déclaration de 1789 sur le bon usage des deniers publics, c’est-à-dire du fruit du travail des Français.

* Voir point de vue émis sur ce blog dès l’automne 2005.