TV, libre antenne, blogs… Les moyens de communication, nouveaux comme anciens, ont eu récemment pour effet de stimuler la démocratie d’opinion, période plus ou moins longue pendant laquelle chacun a un avis sur tout. Sur tel ou tel homme politique, telle ou telle attitude, direction ou stratégie. Ce développement de la démocratie d’opinion pourrait, à première vue, être observé comme une avancée démocratique certaine. Non seulement chacun a ses idées, mais surtout chacun peut le faire savoir. Soit. La liberté d’expression est l’un des incontournables du modèle démocratique. Mais les effets pervers de cette banalisation de la démocratie d’opinion sont certains. Que chacun ait son blog, très bien. Que chacun y fasse passer ses idées, très bien. Mais pour quel résultat ? Ce dernier n’est-il pas souvent l’inverse de celui souhaité ?

Car si la démocratie d’opinion est nécessaire, incontournable (il n’y a qu’à voir son succès actuel), elle peut s’avérer dangereuse. Les affirmations fausses, qu’elles soient économiques, politiques, sociales, sont légion sur les blogs et à la radio. Surtout, ces erreurs et exagérations, plus ou moins volontaires, sont potentiellement lues et entendues par le plus grand nombre. La semaine dernière dans Le Monde, Jean-François Kahn, que l’on ne pourrait pourtant pas soupçonner de sarkozysme, a expliqué que « Internet est un formidable contre-pouvoir et aussi un véhicule étonnant de haine. Mais comme la presse s’est interdit le discours agressif, il faut un exutoire (…). Du coup, les gens croient n’importe quoi, (y compris les rumeurs les plus folles) ». Et l’ancien patron de Marianne de déclarer que « ce qu’il manque vraiment, ce sont des journaux d’opinion ». Libé et Le Figaro n’étant plus ce qu’ils ont été, les lecteurs ont ressenti le besoin d’aller développer et nourrir leurs idées ailleurs, au travers de journaux perso, de commentaires sur des articles, de libre antenne. Avec tous les risques d’aveuglement, d’exagérations et de manipulation que cela impose. Une foire d’empoigne virtuelle, régulièrement infondée, c’est vraiment ça, la démocratie ?