Souvent, dans mes billets, j’évoque le lien qui peut exister entre la productivité et le salaire. Peut être convient il de rappeler le mécanisme qui lie les deux. A l’instar de savoir qui de la poule où de l’oeuf était là à l’origine, on peut se demander lequel détermine l’autre. En s’interrogeant sur la relation de cause à effet, il est devient moins évident que la fort bonne performance française en terme de productivité puisse toujours être décomptée de façon positive.
Car les Français s’enorgueillissent de compter parmi les travailleurs à la plus forte productivité du monde … C’est très largement vrai lorsque l’on considère la productivité horaire par travailleur occupé. Cette productivité représente la production, la richesse créée chaque heure (en moyenne, bien sur), mesurée par unité. C’est ce qui nous enrichit. Chaque Français qui travaille produit, par heure travaillée, 15 % de plus que le travailleur européen « moyen », 69 % de plus qu’un travailleur japonais, 2 % de plus qu’un travailleur américain. Ceci dit, les Français sont derrière les Belges qui produisent 9 % de plus par heure et surtout, loin derrière les Norvégiens, qui produisent 27 % de plus. Fort logiquement, il existe une corrélation entre productivité horaire et salaire : plus la productivité horaire est importante, plus les salaires horaires sont importants. La France n’échappe pas à cette règle, les salaires horaires français sont parmi les plus élevés d’Europe. Rappelons au demeurant qu’il existe souvent un écart de perception entre le ressenti du salarié et la mesure de l’économiste : le premier se fie au salaire net qu’il touche, l’économiste prend en compte ce que paie réellement l’entreprise. Or, le salaire net, c’est le salaire horaire net multiplié par la durée du travail qui, en France, est l’une des plus faibles du monde. L’économiste considère également toutes les charges, « salarié » et « employeur ». Entre le « net reçu par le salarié » et le « réellement payé », un écart de 1 à 2, dès que les salaires excèdent un tant soit peu le SMIC !
Interrogeons nous maintenant sur la causalité. Si la productivité horaire est élevée, il est plus facile de verser des salaires élevés. Sur le long terme, la répartition de la valeur ajoutée entre salaire et profit oscille aux alentours d’une répartition 2/3 – 1/3, ce qui montre que la croissance s’accompagne d’une certaine constance dans la répartition. Alfred Sauvy analysant les mutations des sociétés industrielles, prenait à rebrousse poil ceux qui voyaient dans la machine la cause du chômage. Bien au contraire, expliquait il, la machine en accroissant la productivité permet d’élever le niveau de vie de l’ensemble de la population, suscitant ainsi une demande nouvelle. A cet égard, il suffit de se remémorer ce que nos parents dans les années 60 (je parle pour ceux de ma génération, les autres adapteront …), considéraient comme la pointe du progrès, comme la télévision ou l’automobile, et qui aujourd’hui, sont d’une banalité affligeante. Ces gains de productivité ont été aiguillonnés par la concurrence et, dans une certaine mesure, par le dialogue social. Dans cette vision, plutôt positive, qui rend bien compte de la situation des « 30 glorieuses », la hausse de la productivité entraîne la hausse des salaires et de l’enrichissement général.
Mais l’indicateur de productivité horaire contient un élément restrictif : il est mesuré par travailleur occupé. Il ne rend donc pas vraiment compte de la productivité réelle de la population active qui inclut les chômeurs. Dans les années 70, face au chômage provoqué par les chocs pétroliers, les politiques économiques vont être essentiellement d’inspiration keynésienne : il fallait soutenir la demande, donc soutenir les salaires. En outre, les besoins de financement de la protection sociale s’accroissant, on s’est accordé pour faire « payer les patrons ». En clair, les charges « employeurs » se sont accrues sans que l’on perçoive – ou sans que l’on veuille percevoir – qu’elles constituaient aussi une composante du coût du travail. Ce dernier augmentant plus vite que la productivité, les travailleurs les moins qualifiés ou simplement les plus fragiles, ceux qui n’ont pu « aligner » leur productivité sur les salaires, se sont trouvés éliminés. C’est ainsi que la détention d’un diplôme élevé, en principe représentatif d’une meilleure qualification, est apparue comme un gage de protection contre le chômage.
De même, la forte réduction du temps de travail des années 2000 a provoqué les mêmes conséquences pernicieuses. A salaire global inchangé, une telle mesure a augmenté le coût de l’heure travaillée, sans que la productivité horaire change a priori. Une telle mesure a eu deux effets : l’élimination des travailleurs les moins qualifiés, et de façon mathématique, l’élévation de la productivité moyenne (dans un ensemble, la moyenne est plus élevée quand on la calcule en ayant enlevé les éléments les plus faibles). Dans ce cas, une productivité horaire forte devient un facteur négatif, traduisant une élimination sociale. Elle représente le « ticket d’entrée » sur le marché du travail, le minimum à atteindre pour pouvoir espérer travailler, et plus vite elle s’élève, plus difficile il est de l’atteindre. A cet égard, il convient de souligner la performance plutot modeste de la France en terme de réduction du chômage au cours de la période 1996 – 2002, puisqu’inférieure à la moyenne de l’Europe des 15.
A partir de là, il est aisé de comprendre la croissance de la pauvreté : notre système éducatif, l’un des plus chers du monde, laisse trop de jeunes sur le coté en raison d’une qualité moyenne et en dépit de réels pôles d’excellence ; les sureffectifs publics et autres surcoûts des services et monopoles publics, comme les retraites généreuses à un age précoce, payés par les cotisants, les contribuables ou les usagers, ont un prix, se traduisant en prélèvements sur salaire (déphasant le coût du travail de la productivité) et en impôts qui se répercutent en pénalisant le niveau de vie, à commencer par celui des plus fragiles. On peut ainsi cumuler coût horaire élevé du travail et revenu très modeste en raison du poids des prélèvements et des rigidités pesant sur le temps de travail.
il me semble que vous oubliez qu’en travailant moins le francais débrouillard fait de plus en plus de choses par lui même voir le bon vertigineux des magasins de bricaolge après le travaille au noir nous sommes passé au cumul des tâches employé 35heures cela permet des rtt très lucratives. Puisque notre productivité est bonne il est possible d’utiliser le temps gagné a travailler pour soit et ainsi augmenter son pouvoir d’achat non imposable. la mondialisation entrainera le retour de la fabrication maison et de transfère de service si les politiques veulent bien laisser un peu d’initiative aux citoyens les petits arrangements font les grandes découvertes il faudrait un peu parametrer le génie d’adaptation qui ne manque jamais de germer dans nos cervelles
Bel analyse.
Apparement pertinente, elle sera certainement commentée par la blogosphère économique.
Mais bon, c’est pas le tout que les économistes analysent bien, il faut aussi que les politiques fassent oeuvre de pédagogie en cassant certains dogmes brandi ça et là 🙂
Ah oui, le fait que l’auteur soit AB Galiani n’est pas assez visible à mon sens. Peut être mettre un fond pastel aux billets des guest stars résoudrait la confusion de prime abord?
Je ne me permets pas de contester votre analyse, je ne suis pas assez compétent en la matière mais je souhaiterais émettre quelques commentaires.
"Entre le "net reçu par le salarié" et le "réellement payé", un écart de 1 à 2, dès que les salaires excèdent un tant soit peu le SMIC !" : pourquoi alors avoir concentrés les allègements de charges sur les bas salaires ?
"De même, la forte réduction du temps de travail des années 2000 a provoqué les mêmes conséquences pernicieuses. A salaire global inchangé, une telle mesure a augmenté le coût de l’heure travaillée, sans que la productivité horaire change a priori" : j’avais cru comprendre qu’avec l’instauration des 35 heures, la production horaire avait augmenté grâce à une réorganisation du travail dans les entreprises. Vrai ou faux ? Ma femme m’a souvent fait remarquer que la charge de travail qu’elle effectuait auparavant en 39 heures, se réalisait maintenant en 35 heures grâce notamment à nue répartition des tâches dans son service.
"A cet égard, il convient de souligner la performance plutot modeste de la France en terme de réduction du chômage au cours de la période 1996 – 2002, puisqu’inférieure à la moyenne de l’Europe des 15." : à cette période là, pour maintenir le taux de chomâge, il fallait créer 280 000 emplois alors quà l’heure actuelle 30 000 créations suffisent grâce à une courbe démographique favorable.
"comme les retraites généreuses à un age précoce, payés par les cotisants, les contribuables ou les usagers, ont un prix, se traduisant en prélèvements sur salaire (déphasant le coût du travail de la productivité) " : pourquoi alors les entreprises mettent en pré-retraites, avec l’accord de l’état, des salariés à 52 – 53 ans dès qu’un plan social est nécessaire. N’y-a-t -il pas une contradiction ?
Voilà mes premières réactions à votre message, si véritablement l’application des 35 heures est la cause du chômage en France, pourquoi n’abroge-t-on pas la loi ? Le problème serait réglé….
Et pourquoi l’UMP ne reprend pas l’idée de TVA sociale émise par Jean Arthuis pour ne plus faire faire payer aux entreprises la protection sociale… Il y a certainement des raisons….
Quid des bas salaires qui sont exonérés de charges à travers tout un tas de disposition fiscales censées permettre l’embauche, et qui donc contredisent votre dernier paragraphe ?
D’autre part, les impots dont vous parlez : lesquels ? L’impôt sur le revenu est payé par moins de la moitié des contribuables.
Pour finir sur la réduction du temps de travail (on sent que cela vous irrite mais posez vous donc la question de savoir pourquoi in fine le MEDEF n’a pas poussé à la roue pour que l’on abroge ces textes), si à coût égal on a travaillé moins de temps, on a effectivement augmenté le coût horaire.
Mais sachez Monsieur que la contrepartie organisationnelle de bien des entreprises a été de…. ne rien changer. Autrement dit, la charge de travail par salarié n’a pas baissé. Ce qui revient bien à une augmentation de la productivité. Il n’y a donc pas de contradiction.
Celle-ci a entraîné des gains qui ont aussi, mais pas exclusivement, permis d’embaucher d’autres personnes.
Dommage, votre analyse eut paru intéressante sans ces à peu près.
Mais la doctrine ne s’embarasse pas de détails n’est-ce pas ?
A Mamertin
Je ne veux pas préjuger de vos compétences en économie, en revanche j’observe que vous émettez des remarques fort pertinentes auxquelles je vais tenter d’apporter une réponse.
Concernant les allègements de charge, pourquoi ne les avoir concentrés que sur les bas salaires. La raison tient que les charges sont un élément du coût du travail ; sur le long terme, ce dernier finit par s’aligner sur la productivité. Une augmentation des charges « employeur » finit donc toujours par une réduction du salaire net. J’explique : si les charges « employeur »augmentent fortement, le coût du travail excède alors la productivité. Dans ce cas, les entreprises ralentissent les embauches. De ce fait, il y a une moindre tension sur les salaires, jusqu’au moment où il redevient intéressant d’embaucher, c’est-à-dire où les salaire s’alignent sur la productivité. Ce mécanisme cependant ne peut pas marcher pour les bas salaires, puisque il y a un plancher incontournable. Le seul moyen de baisser le coût du travail pour l’aligner sur la productivité, c’est de réduire les charges. Des travaux récents de l’INSEE ont montré que c’était d’ailleurs l’une des politiques les plus efficaces de lutte contre le chômage.
Concernant l’adaptation des entreprises aux 35 heures, mon observation signifiait simplement qu’en réduisant le temps de travail, « toute chose égale par ailleurs », le salaire horaire augmentait, pas la productivité. Cependant Madame Mamertin a effectivement tout à fait raison, les choses n’ont pas été complètement « égale par ailleurs » : les entreprises ne sont pas restées les bras croisés, elles ont chercher des gains de productivité qui ont limité la casse : réorganisation des processus, intensification du travail… parfois au détriment des conditions de travail. Cela aussi, c’est une conséquence des 35 h.
Vous me pardonnerez de ne pas être sur de comprendre le sens de votre 3eme remarque … à moins que vous vouliez dire que le nombre de départs en retraite va être tel que le seul effet de remplacement (de « noria ») va suffire quasiment à réduire le chômage. A court terme, peut être, à plus long terme, je suis beaucoup moins optimiste. En effet, plus de retraités, qui n’entendent pas perdre en pouvoir d’achat, signifie plus de charges. La tentation va donc être de taxer le travail (« faire payer les patrons ») ce qui risque de réamorcer un mécanisme de déconnection « travail / salaire » et donc chômage fort …
Mais cette observation me permet de rebondir sur votre quatrième remarque « pourquoi les entreprises mettent en pré retraite » … La réponse est simple : comme tout un chacun (y compris les fonctionnaires) chaque entreprise voit midi à sa porte : elle mesure l’avantage qu’elle tire immédiatement d’une mesure comme une préretraite, sans en voir les inconvénients, massifs mais diffus et reportés dans le temps, qui en découlera. L’Etat pourrait certes prévenir. Cependant, sa capacité de s’abstraire des contingences matérielles est purement théorique. Il est lui-même l’enjeu de groupes de pression – notamment internes – qui défendent leurs propres intérêts, ce qui le rend assez inefficace.
« Si l’application des 35 heures est vraiment la cause du chômage … ». Les « 35 heures » n’en sont pas la cause, le chômage existait avant. Ils ont contribué surtout à un maintenir un fort chômage structurel. Et surtout le coût en a été terrible. L’OCDE a constaté en 2003 que la loi comportait pour « les entreprises des avantages financiers importants qui ont pu jouer sur les créations d’emploi, indépendamment de la baisse des heures ». De même, l’INSEE relève que la croissance des effectifs a été plus importante dans les entreprises qui ont obtenu des aides que celles qui n’en ont pas obtenu. En 2004, l’OCDE revenait à la charge : « il n’est pas certain que la RTT ait constitué l’utilisation la plus rentable des fonds publics pour la création d’emploi ».
Mon cher Candide, si vous lisez ma réponse à Mamertin, sans doute y trouverez vous celles à vos propres remarques.
Vous semblez penser que les bas salaires ne paient ni charges ni impôts. Pour les charges, elles ont été réduites pour les salaires inférieurs à 1,6 fois le SMIC, ce qui a été une façon de réduire le coût du travail …
La charge par salarié n’a pas baissé : les entreprises ont cherché à compenser, c’est vrai mais cela n’a pas suffi dans la plupart des cas. Contrairement à ce que vous pensez, ce ne sont pas ces gains ui ont contribué à crééer des emplois, mais d’abord et avant tout la forte croissance, tirée par les exportations.
Merci AB Galiani pour vos réponses. Je souhaiterais rebondir ce matin sur la première partie de votre conclusion. " A partir de là, il est aisé de comprendre la croissance de la pauvreté : notre système éducatif, l’un des plus chers du monde, laisse trop de jeunes sur le coté en raison d’une qualité moyenne et en dépit de réels pôles d’excellence" : je ne suis pas d’accord avec vous lorsque vous affirmez que l’école est responsable de la non qualification de certains jeunes.
Tout d’abord, je voudrais profiter de ce message pour rétablir certaines vérités. Nicolas Sarkozy (meeting d’Angers sur l’éducation )et beaucoup d’autres affirment que le niveau baisse en prenant comme exemple le fait qu’un quart des élèves de 6ème connaisse des difficultés de lecture et de compréhension. Les jeunes sauraient beaucoup moins de choses que leurs aînés. Alors justement comparons les connaissances des personnes qui ont quitté l’école dans les années 60 (les sexagénaires actuels) avec celles des jeunes d’aujourd’hui. Deux études de l’INSEE (http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_... et http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_... ) indiquent que "les personnes âgées de 18 à 29 ans ont de meilleurs résultats que les générations plus âgées, que ce soit en lecture, en calcul ou en compréhension orale". Ainsi si l’on regarde les difficultés graves de compréhension de l’écrit, cela concerne 7% des 18-29 ans mais 18% des 50 à 59 ans et 22% des 60 à 65 ans. Dans cette génération abreuvée à la méthode syllabique, un enfant sur quatre ne savait effectivement pas lire ! Les vieilles générations n’obtiennent de résultats équivalents à ceux des plus jeunes que pour la catégorie des sans diplômes. Mais qui oserait comparer la qualité et le nombre des sans diplôme dans la France des années 1950, où on sortait de l’école pour aller travailler à l’usine le plus tôt possible, avec les sorties sans qualifications actuelles, trop nombreuses mais résiduelles ? Ajoutons que ces écarts restent au bénéfice des plus jeunes même quand on ne prend en compte que les personnes scolarisées en France.
Ensuite, les jeunes qui quittent le système scolaire sans aucune qualification connaissent des situations familiales dramatiques. Personne n’est là pour leur donner des repères. Beaucoup s’orientent vers un apprentissage sans aucune motivation et sont attirés par les premières rémunérations. Ils s’aperçoivent par la suite que la voie choisie ne leur convient pas et abandonnent sans avoir passé d’examens. L’école n’est pas responsable de tous les maux. Il ya certes des choses à améliorer mais arrêtons de stigmatiser le déclin scolaire. Les jeunes d’aujourd’hui maîtrisent des savoirs et des compétences que les générations précédentes n’ont pu acquérir (l’exemple le plus frappant est l’informatique). Ne refusons pas la modernité…
Enfin, je terminerais mon propos en soulignant que tout se joue avant l’âge de 6 ans. Plusieurs études le démontrent. Alors pourquoi ne pas mettre plus de moyens dans l’école maternelle ( Nicolas Sarkozy n’en a même pas parlé ). Comment peut-on accepter que dans ces classes les effectifs soient si nombreux? Comment mener une pédagogie efficace pour les apprentissages lorsqu’un professeur des écoles a la charge de plus de 30 enfants ?
Reste une question qui animera peut-être le débat : l’absence de corrélation entre les indices de productivité constatés et d’autres indices plus en rapport avec les aspirations de la popuplation, du PIB au revenu par tête en passant par l’indice de satisfaction, la consommation ou quoi que ce soit d’autre.
Bien plus que remettre en question la théorie sous-jacente, cette parfaite absence de corrélation entre les indices montre juste que faute de définition univoque, chacun calcule ses indices à sa sauce, ce qui réduit considérablement l’intérêt de quelque classement international que ce soit. Afiicher des indices hauts ou bas pour un pays, c’est surtout une question de volonté politique, puisque les imprécisions dans les méthodes de calcul vous font passer du haut au bas du classement, comme nos concitoyens le savent bien pour le taux de chômage ou l’indice des prix.
Par exemple, on aime bien calculer le pourcentage "d’actifs" de 16 à 64 ans. Cela veut-il dire qu’un pays va mieux quand il a 0% de jeunes de plus de 16 ans à l’école ?
Par exemple, la moindre productivité par te des américains a-t-elle des conséquences visibles sur leur existence ? En tout cas, pas suffisamment pour que la situation évolue favorablement d’un jour sur le lendemain sans que personne ne puisse bien expliquer pourquoi.
Au fait, il me semble qu’au début des années 80, l’insécurité urbaine aux USA faisait craindre la guerre civile : les maires n’étaient plus élus qu’à condition d’augmenter sans cesse les budgets de police pour lutter contre des gangs armés paradant dans les rues avec des armes de guerre. Que s’est-il donc passé dépuis ? LA police aura-t-elle fait disparaître l’insécurité ?.
Je suis tout à fait de l’avis de Global qui pose l’absence de corrélation entre les indices.
De plus je suis très circonspecte quand à notre fameuse productivité horaire. Tous le monde parle des 35 heures mais à chaque fois que j’interroge une personne sur ce sujet, rares sont ceux qui réalisent les 35 heures effectifs. Et cela dans tous type de travail. Sur la feuille de paie est effectivement indiqué 35 heures mais elles sont souvent largement dépassées sans compensation d’heures supplémentaires.
Des secteurs entiers ne connaissent pas les 35 heures, ni même les 39 heures : les commerçants indépendants, les salariés des petits commerce, la restauration, les employées de bureau de petites entreprises, les indépendants, etc…
Il serait intéressant de faire le décompte de qui est vraiment au 35 heures!
Si on ramène le temps réel travaillé pour beaucoup d’entre nous, par rapport à la production on s’apercevra très certainement que l’on ne fait pas mieux que les autres pays. Ce qui expliquerai la non corrélation des indices, c’est à dire que l’on ne dégage pas de PIB supplémentaire par tête d’habitant.
Cher Mamertin,
Je suis fort critique envers notre système éducatif. A la différence de beaucoup, je me refuse à jeter la pierre aux enseignants qui ne sont pas toujours à la fête et dont malgré tout l’attachement à leur fonction mérite le respect. En revanche, notre école reflète le mal dont souffre le secteur public français, à savoir le corporatisme. L’absence de concurrence : mépris pour le privé, carte scolaire dont d’ailleurs les enseignants sont les premiers à s’affranchir et au final monolithisme d’un système qui exclut et rejette tous ceux qui ne peuvent s’y adapter, tous ceux qui ne sont pas au centre de cette courbe de Gauss. L’ecole de Jules Ferry a été créé pour assoir l’Etat, celle d’aujourd’ hui reflète l’immobilisme du public.
Concernant le niveau des élèves, j’ai un jugement plus ambigü. Certes je travaille plutot avec des étudiants de 3eme cycle … Un lycéen qui suit correctement son programme aura un excellent niveau, bien superieur à celui de ses parents. En revanche, j’observe beaucoup de bacheliers qui obtiennent leur diplôme de justesse et savent à peine écrire en français, c’est à dire faire passer des idées de façon compréhensible. Problème d’examen ?
Travail et Productivité
Le facteur Travail est l’une des 2 composantes de la fonction production. L’entreprise doit doser avec l’autre, le facteur Capital.
L’entrepreneur utilisera le plus de capital possible. Car ce facteur est contrôlable à merci, pas le travail.
Une machine a une durée de vie, un cadence, performance.
Hormis la taxe pro qui tape sur elle (et qui décourage l’investissement )L’entrepreneur a tout intérêt à forcer la dose.
Le coût d’immobilisation d’une machine est important mais son inactivité fait réduire des charges varaiables (l’énergie…etc)
le coût du travail traité en charges variables par les classiques et désormais une charge de structure que l’on produise ou pas.
Ceci étant dit pour que le chef d’entreprise considère avec plus d’égard le travail, il faut qu’il lui coûte moins cher (en France) et que chaque unité monétaire en travail produise le plus possible.
on peux jouer sur le niveau général des salaires et/ou sur le niveau de retour de chaque unité doeuvre monétaire de travail
je voudrais faire quelques remarques sur le second volet
On a en gros l’organisation du travail (pas assez creusé)
On a les méthodes plus DRH de motivations et de formes de rémunérations.
Aujourdhuila distribution des revenus salariaux est trop plate dans les fonctions de base ou moyennes. Pourquoi ?à cause du SMIC et à son utilisation par les patrons. le SMIC c’est le fixing de la base salaire.conséquence…..
… On décourage la moindre initiative du salarié qui en veut Qui s’il prend des responsabiltiés supllémentaires va être gratifié de quelques euros pour beaucoup de tracas. Il faut une répartition en escalier.
On décourage aussi les fonctionnels au profit des managériaux .
On décourages les scientifiques au profit de la fonction vente mktg ou des financiers (grosses entreprises.)
L’interessement est peu ou pas développé dans les TPE et m^me les PME qui parfois préférent remettre des enveloppes alors que l’interessement permet de distribuer "quand ça va "en franchise de charges sociales.
(à cet égard les divers amendements sarko villepin n’ont pas donné une bonne lisibilité)
Le travail est noble il doit être traité avec égard.
A Global,
Tres bonnes remarques, comme toujours … Chaque indicateur a un interet et des limites. Prenons le PIB par habitant. Il mesure la richesse totale créée en un an mesurée par la valeur ajoutée divisée par le nombre d’habitant. Pour la productivité horaire, c’est la richesse créée en une heure de travail par travailleur occupée. Difficile de lier les 2 – même s’il existe un lien -. En effet, le PIB dépend du nombre d’heures travaillées : travailler beaucoup à l’heure mais pas longtemps puet donner un tout petit PIB. De plus, la population totale inclut les inactifs, les chomeurs … bien au delà de la seule population "occupée". Et comme je le montre dans ce billet, un même indicateur peut se lire en + ou -.
Juste une précision : la productivité horaire des américains est inferieure à celle des français, mais leur productivité par tête est superieure de 20 % car ils travaillent plus longtemps !
à Le mamertin.
Je ne suis pas enseignant, mais parent, et je suis très heureux de lire votre commentaire sur l’école, notre ministre qui pense règler les problèmes de lecture par l’étude syllabique ferait bien de s’en inspirer.
Il existe des méthodes qui marchent(100% ça n’existe sans doute pas) une diversité, mixité des apprentissages adaptés le plus possible à chaque enfant avec un impératif donner le goût de la lecture. Dans l’école publique de mes enfants, dès la grande section de maternelle, les enfants disposaient d’un livre issu de la bibliothèque départementale toutes les 1 ou 2 semaines à lire (par les parents bien sûr) et en classe après travail syllabique et compréhension, les résultats étaient dans l’ensemble bons.
Les réformes slogans comme méthode syllabique, note de vie scolaire pour résoudre des problèmes aux causes diverses sont vouées à l’échec.
Je ne suis pas un économiste, mais voila ce que j’ai remarqué. Avant le passage aux 35 heures, les salaires ont été gelés pendant quelques années. puis au passage aux 35 heures la charge de travail n’a pas baissé. Faites vos comptes…
PS: Qui ne fait que réellement 35 heures aujourd’hui?
à AB Galiani,
Vous seriez surpris de voir combien de collègues enseignants sont prêts à accepter une REFORME de notre système éducatif. "Les mesurettes" telles que la note de vie scolaire, le retour exclusif à la méthode syllabique ne permettront pas de rèler le problème des jeunes qui quittent l’école sans aucune qualification. Qui peut croire que la carte scolaire est la cause prinicipale des difficultés scolaires des élèves ? C’est un élément qui sert l’idéologie de la droite et de la gauche. D’un côté, on parle tout simplement de la supprimer et de l’autre de la conserver. Il faut peut-être tout simplement l’adapter à notre société d’aujourd’hui. La mixité sociale, source d’enrichissement personnel, n’existe plus dans les banlieues, c’est un fait. Alors,changeons de système. Par contre, dans les villes moyennes de Province, le fils d’ouvrier peut encore côtoyer le fils de médecin ou d’agriculteur, pourquoi vouloir tout changer. Le bon sens doit l’emporter.
La guerre public-privé est-elle encore d’actualité ? Je jette volontairement un pavé dans la mare. Quels sont les éléments qui distinguent les établissements publics et les établissements privés sous contrat ? Les enseignants sont dans les deux cas payés par l’état, les programmes et examens sont les mêmes, les taux de réussite sont sensiblements identiques, l’entretien des bâtiments et les équipements matériels sont financés par la commune, par le département ou la région. Les seules différences, à ma connaissance, résultent du fait que les directeurs d’établissement privé ont la possiblité de choisir leurs enseignants et n’ont pas l’obligation d’accueillir tous les élèves. Ne serait-il pas plus judicieux d’inventer un système unique qui permettrait de réaliser des économies importantes ( moins de personnels à payer, moins de bâtiments à entretenir, moins d’équipements à acheter …) et de proposer une véritable mixité sociale. Je sais que cette idée va paraître surréaliste, mais elle permettrait de dégager des marges de manoeuvre pour concentrer nos efforts sur nos écoles maternelles.
Les enseignants ne s’enferment pas dans l’immobilisme. Beaucoup proposent de revoir le rythme scolaire. Comment peut-on demander à nos enfants de travailler 8 -10 heures par jour et d’arrêter deux mois pendant les grandes vacances. C’est un non sens pédagogique. Réduisons la journée de travail des élèves et évitons les coupures trop longues.
Certains vont même jusqu’à proposer la suppression des filières au lycée. Alors l’immobilisme se trouve de quel côté ? Du côté des enseignants, des hommes et des femmes de terrain dont la seule préoccupation est l’éducation de nos enfants ou du côté des hommes politiques qui ne mettent pas tous les sujets sur la table dans la peur de perdre des électeurs ?
Bonjour,
Dans votre article vous citez une statistique qui ne me semble pas refléter la réalité et qui pourrait être mal interprétée :
"la répartition de la valeur ajoutée entre salaire et profit oscille aux alentours d’une répartition 2/3 – 1/3"
2/3 pour les salaires : d’accord !
Dans le tiers qui reste, il n’y a pas que le profit :
Il y a aussi
– les impôts : taxe professionnelle et impôt sur les bénéfices
– l’amortissement des investissements
– les charges financières
Ce n’est que ce qui reste qui peut, soit être réinvesti dans l’entreprise, soit être distribué aux actionnaires…
Ce qui reste en "profit" est très loin du 1/3 de la valeur ajoutée…
Amitiés
Roger
Ami Mamertin, je le rappelle, je dissocie les enseignants du système éducatif. Je regrette sur le fond l’absence de pédagogies alternatives et de vraie concurrence.
A Olivia et Roger,
Qui est aux 35 heures ? Il faut voir qu’elles ont pris des formes trés variées : 7 h/ jour pour certains, 3 semaines ou plus de congés pour d’autres … Selon l’OCDE, ce sont les travailleurs les plus modestes qui ont surtout trinqué, car ils ont permis la possibilité d’heures supp qui arrondissait les fins de mois. Il y a eu cependant de reelles rigidités supplémentaires.
Concernant la remarque de Roger, le chiffrage de la répartition de la VA est brute, c’est à dire sans prise en compte de l’amortissement qui correspond à l’usure du matériel. dans ce cas, effectivement, les profits sont trés faibles (il reste une trentaine de milliards avant distribution, sur un PIB de 1600 milliards). Quand aux impôts, ils se redistribuent aussi sous forme de VA.
Olivia, AB : tout d’abord merci pour vos gentils commentaires.
Je crois surtout nécessaire de tordre le cou à la notion de productivité par tête ou par heure travaillée, qui sous-tend que seule l’activité mesurée créé de la richesse (ce qui chagrinerait sans doute les bénévoles des restos du coeur), et qui sous-tend également que tout heure passée hors-assujetissement à un poste de travail ne produit aucune richesse (comme si, par exemple, le temps d’éducation passé par les parents à éduquer leurs enfants ne créait aucune richesse, lui non plus).
Une société dans laquelle le nombre d’heures de travail déclaré par les parents est plus élevé qu’ailleurs est simplement une société qui délègue davantage l’éducation de ses enfants à l’institution. Car, et on l’oublie trop souvent, le citoyen contribue à la société d’une manière ou d’une autre à l’occasion de la quasi-totalité de ses heures éveillées (même s’il échappe fort heureusement à la taxation et à l’essentiel de la règlementation en refusant de qualifier de "travail" sa contribution).
Une société dans laquelle le PIB par tête est plus élevé qu’ailleurs est simplement une société plus marchande. Par exemple, si je facturais tous les services informatiques que je fournis et si, en contrepartie, ceux à qui je rends ces services me facturaient les services qu’ils me rendent, le PIB par tête augmenterait mécaniquement sans la moindre création de richesse (ce que je ferai bien volontiers s’il s’agissait simplement de céder à une mode ou un caprice de communication, mais sans doute serait-ce là bien trop céder aux économistes fonctionnaires qui bernent nos hommes politiques de l’utilité supputée de leurs hautes considérations : un certain taux de foutaises dans le débat social reste acceptable, ne serait-ce que pour l’édification des générations montantes, mais point trop n’en faut).
Global, puisque vous insistez sur les limites des indicateurs …En effet, le bénévolat n’est pas mesuré. D’une façon un peu gauloise, un économiste américain, John Kenneth Galbraith, disait qu’une dame de petite vertu qui vendait ses charmes contribuait à l’augmentation du PIB et qu’une épouse aimante, non … De meme, l’augmentation du nombre de fonctionnaires augmente le PIB puisque leur production est assimilée à leur salaire Un pays qui souffre d’une forte sous productivité de son secteur public, comme la France, gongle donc artificiellement son PIB.
Maintenant, la productivité, c’est aussi le revenu !
à AB Galiani,
Maintenant, la productivité, c’est aussi le revenu.
Demandez à toutes ces ouvrières du textile, ces ouvriers du secteur automobile qui ont augmenté leur productivité de façon importante si leurs revenus, quand ils n’ont pas été licenciés, ont augmenté.
j’en profite aussi pour dénoncer cette phrase du candidat N. Sarkozy:"inutile de donner des RTT à des gens qui de toute façon n’ont pas d’argent à dépenser pour par exemple emmener leurs enfants au cinéma"
Pourquoi ces jours de repos ne pourraient-ils pas être passés en famille ou à faire une promenade en forêt…
Par contre ces gens ont sans doute assez d’argent pour aller faire leurs courses le dimanche, pendant que d’autres gens modestes comme eux n’ont la aussi sans doute rien de mieux à faire que de travailler!
Nous ne sommes pas loin des corvées imposées au tiers-état sous l’ancien régime.
A Contre Courant,
Mon propos traitait de la productivité horaire. Le revenu est égal au temps travaillé x productivité horaire. Si le revenu ne bouge pas, et que le temps travaillé baisse, que reste-t-il pour équilibrer. L’OCDE a déjà signalé que c’était les plus modestes qui avaient trinqué …
A Contre Courant
Il y a aussi un exercice délicat, qui consiste à dénaturer des propos en les retirant de leur contexte !
Peut être etes vous en train de nous dire que lorsqu’on a des revenus modestes, on n’a qu’à aller se satisfaire d’une promenade en foret ?
Non, certes … mais vous voyez …
A Mamertin,
Pour votre édification, voici qq observations relevées dans l’ouvrage d’Arthus et Virard "Comment nous avons ruiné nos enfants" dont Alain Lambert a fait la présentation il y a qq temps :
160 000 éléves quittent chaque année l’école sans aucun diplome de second cycle : CAP, BEP, bac (soit entre le cinquieme et le quart d’une classe d’âge) ; 8 % de chaque classe n’a absolument aucune qualification ; plus d’un étudiant sur deux quitte le fac sans aucun diplome …
Les auteurs utilisent le terme de "sélection par l’échec", ce qui me semble bien être la culture du système issu de Jules Ferry.
A l’époque où j’étais Maître de Conf, le "patron " de la fac avait poussé un coup de gueule après les IUT en disant "ils sélectionnent pour des études courtes les meilleurs élèves et rejettent ainsi vers les études longues ceux qui sont les moins faits pour cela ! ".
Le problème de l’enseignement en France n’est pas une question de moyens, qui sont considérables, mais celle de pédagogies alternatives capables de "récuperer" les laissés pour compte.
A AB Galiani,
Merci de me donner l’occasion d’approfondir notre discussion. Tout d’abord, je souhaiterais préciser qu’effectivement trop de jeunes sortent de l’école sans aucune qualification (entre 6 et 8 %). Je pense que tout le monde est d’accord sur ce point. D’autant plus que ces jeunes ont des difficultés à trouver un emploi. En effet, aujourd’hui beaucoup d’emplois ne nécessitant pas de qualification particulière sont occupés par des personnes qualifiées. Pour autant faut-il rejeter la qualité et la richesse de notre système éducatif ? Je rappelle que dans mon premier commentaire, je voulais réagir au début de votre conclusion " A partir de là, il est aisé de comprendre la croissance de la pauvreté : notre système éducatif, l’un des plus chers du monde, laisse trop de jeunes sur le coté en raison d’une qualité moyenne et en dépit de réels pôles d’excellence"
Est-ce que l’éducation de nos enfants a un coût trop important ? Je ne le pense pas. Un pays qui souhaite "faire du système éducatif le moteur de l’économie de la connaissance" doit accepter de consacrer un peu plus de 6 % du PIB à la formation de ses jeunes. Personne ne s’offusque des 6,5 % des Pays Scandinaves et des 7,5 % des Etats-Unis. Et puis, j’ai la profonde conviction que l’éducation ne représente pas un coût mais un investissement. J’ai toujours cette citation de Victor Hugo à l’esprit :
"Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l’école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d’une croix.
C’est dans cette ombre-là qu’ils ont trouvé le crime.
L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme.
Où rampe la raison, l’honnêteté périt." (Les Quatre vents de l’esprit, I,24 / 1881).
Faut-il rejeter notre système éducatif ? Pourquoi autant de déclinologues s’acharnent-ils sur l’école ? Une tribune du Figaro du 23 octobre signée Laurent Lafforgue et Marc Le Bris va même jusqu’à affirmer que "Notre système éducatif se délite depuis les années 1960, et cela va en s’accélérant". Attention, le niveau baisse ! Je ne suis pas du tout d’accord avec ce constat. Et je veux rétablir certaines vérités sur le prétendu déclin scolaire. Je ne reviendrai pas sur le niveau de lecture, de compréhension d’un texte et de calcul (voir message précédent). Des études de l’INSEE démontrent que les personnes âgées de 18 à 29 ans ont de meilleurs résultats que les générations plus âgées. Parlons maintenant de l’évolution des jeunes qui sortent du système scolaire sans aucune qualification. D’après les calculs DEPP réalisés à partir des enquêtes Emploi de l’INSEE, des statistiques scolaires et des panels d’élèves, en 1965, plus de 35 % des sortants finissaient leur formation initiale sans qualification . Ils arrêtaient avant l’année terminale d’un CAP ou BEP ou une seconde, autrement dit après l’enseignement primaire, le collège, ou quelques mois de formation professionnelle. Ils représentent aujourd’hui 6 % des jeunes.
Peut-on alors parler de déclin ? Certainement pas. Faut-il se contenter des résultats actuels ? Bien sûr que non. Mais la situation est beaucoup plus complexe que les discours de nos hommes politiques veuillent bien le laisser croire. La réussite scolaire ne se décrète pas. Sinon, depuis le temps que des milliers de chercheurs dans le monde et de toutes disciplines ( sociologie, pédagogie, mais aussi psychologie) tentent de comprendre les causes de l’échec scolaire, des solutions auraient été avancées. Le système d’éducation ne peut pas tout régler tout seul car les causes des difficultés des jeunes et de leur décrochage en cours de scolarité au collège, au lycée, ou en apprentissage, ne sont pas liées qu’aux seules difficultés scolaires, loin s’en faut ;nombreux sont les facteurs exogènes de rupture. Les causes de décrochage sont multiples, mais n’ont pas toutes la même importance ou ne se manifestent pas avec la même fréquence : ainsi en collège une des causes principales de risque d’abandon tient aux difficultés familiales, alors que les problèmes d’orientation sont
déterminants au lycée professionnel, les ruptures de formation en apprentissage sont, quant à elles, plus souvent liées à la confrontation effective du jeune à l’exercice du métier préparé.
Je pense sincèrement que l’on doit mettre l’accent (cela ne n’exige pas forcément des moyens supplémentaires mais peut-être des redéploiements) sur :
– l’école maternelle, d’après de nombreuses études, tout se joue avant l’âge de 6 ans. Alors, commençons déjà par limiter les effectifs dans ces classes.
– revoir complètement le système d’orientation des élèves, surtout après la troisième. On ne doit pas imposer une orientation à un jeune mais l’aider à construire son projet professionnel.
– professionnaliser certaines filières universitaires, mettre plus de moyens dans l’enseignement supérieur.
– éviter de spécialiser les élèves trop tôt, l’apprentissage fonctionne lorsqu’il s’agit d’une vocation et non pas une voie de "remédiation". D’ailleurs, pour permettre à tout citoyen de rebondir dans sa vie professionnelle, il faut des connaissances de base solides ( c’est le problème des quinquagénaires licenciés actuellement qui ne retrouvent pas de travail car ils ont effectué les mêmes tâches pendant trente ans et n’ont pas les capacités de faire autre chose).
Mais bon, on ne peut pas avoir de certitudes sur le sujet, par contre nous avons le devoir d’essayer. Quelles sont AB GALIANI les pédagogies alternatives que vous préconisez "pour récupérer les laissés pour compte". Les bonnes idées son toujours les bienvenues. Merci, en tous les cas de me permettre de discuter avec vous de l’éducation de nos enfants, sujet qui vous l’avez bien compris me passionne. Bonne continuation
PS : je ne manquerai pas sur ce blog de parler des propositions de Madame Royal quand celle-ci voudra bien nous les exposer.
Cher ami Mamertin,
J’ai bien compris que le sujet de l’éducation vous passionne et c’est tout à votre honneur. Vous avez compris qu’il m’interesse tout autant. Juste une précision : je n’affirme pas que le budget de l’éducation est trop important, en revanche le problème de l’enseignement n’est pas aujourd’hui une question de moyen. De façon plus globale, et cela vaut pour tous, on ne peut découpler la question des moyens de celle de l’obligation de résultats.
Je vous propose cependant de cesser là ce débat et de le poursuivre lorsqu’un billet plus spécifique y sera consacré. Vos analyses fort enrichissantes seront les bienvenues pour animer le débat et sortir des clichés malheureusement trop habituels.
"Maintenant, la productivité, c’est aussi le revenu !"
Je suis d’accord, mais jusqu’à un certain point seulement, puisqu’il existe de nombreuses formes de revenus non-monétarisées.
Par exemple, j’ai eu la chance de vivre quelque temps dans un pays qui avait un dicton magnifique : "celui qui est riche, c’est celui qui donne beaucoup" : cela s’expliquait aisément : tout le monde s’estimait devoir rendre service à celui qui avait énormément donné. Mais plus prosaïquement, je ne compte pas toutes les promesses de renvoi d’ascenseur qui ont pu m’être faites par ceux dont j’ai réparé l’ordinateur… sans la moindre attente de retour.
Ramener la productivité d’une personne au temps travaillé dans le cadre du seul contrat de travail me semble donc poser de réelles questions !
"Ramener la productivité d’une personne au temps travaillé dans le cadre du seul contrat de travail me semble donc poser de réelles questions !"
Attendez le XXIIe siècle, la pensée progresse lentement.
Sous prétextes technocratiques, on lit ici et ailleurs beaucoup de dogmatismes alors que politiquement une vraie question pourrait être "A quoi sert le travail (sous entendu dans nos sociétés du XXIe siècle)".
Mais il vaut mieux calculer des facteurs de rendement et des taux d’occupation, c’est bien plus rassurant.
Autrement dit, on se raccroche à la technique quand on ne sait pas à quoi elle sert (oui oui c’etaient bien les commentaires des profs de mahs des collèges, souvenirs, souvenirs)…
A Candide,
Votre question appelle une réponse : "à créer de la richesse", qui elle, peut appeler la question de la finalité. Je vous laisse apporter une réponse d’ordre philosophique.
Ce qui m’ennuie, c’est que la remise en cause du travail s’accompagne parfois de manoeuvres qui visent à s’approprier le produit créé par d’autres …