C’est une idée avancée par Jean Arthuis, ancien Ministre des Finances, Sénateur, et Président de la Commission des Finances du Sénat, dans une Interview courageuse qu’il a donnée le 1er Juin au Parisien. Sa parole est si libre qu’elle mérite la plus grande diffusion. Aussi la trouverez-vous en pièce jointe. Même si naturellement vous êtes invités à acheter le Parisien ou ses articles directement sur Internet. L’ITW rappelle opportunément la situation de nos finances publiques, l’impérieuse nécessité et l’urgence de leur redressement, la futilité des déclarations fracassantes sur la dette si elles ne sont suivies d’aucun effet. Et il propose des solutions concrètes comme celle qui figure en titre de ce billet. Il s’agit d’une voie respectueuse des fonctionnaires dont il n’est pas question de porter atteinte au contrat de carrière qu’il leur est acquis, mais de leur proposer éventuellement, moyennant indemnités, d’y renoncer pour renforcer les effectifs et le savoir-faire du privé, ou mieux encore de créer des entreprises. Bravo Jean pour ton courage et la clarté de ton propos. Sincèrement.
L’idée est séduisante, mais risquent de partir les fonctionnaires capables de s’adapter à toutes les situations, donc les meilleurs et ne rester que l’ivraie.
Les statuts ultra-protecteurs disparaissent peu à peu dans le privé (Générale des Eaux, …). Pourquoi ne pas faire de même dans la fonction publique, au profit de la contractualisation pour les nouveaux arrivants ? Cela redynamiserait la gestion des RH.
Quel courage ce Monsieur Arthuis. Cette mesure aurait dû être prise il y a très longtemps.
Je doute malheureusement, que cela fonctionne.
Au lieu de faire un article dans le journal, il devrait s’adresser aux francais, en leur disant ce que coûte à l’Etat les régimes spéciaux, les syndicats, les acquis sociaux, la gestion des départements, et tout ce qui incombe aux frais de fonctionnement de l’état..
Il faudrait faire un bilan, ministère par ministère, avec ce que fait chacun, ainsi que le coût que cela représente. Utile ou pas utile. en associant bien sûr tous les avantages. Durée des congés, retraite, pénibilité (qui existe peu de nos jours) ex : SNCF : il me semble que tout est informatisé et les trains ne fonctionnent plus à la vapeur, mais à l’électricité.
Les entreprises (petites, moyennes, grandes) savent parfaitement à travers leurs organigrammes, ce que font leurs employés. A travers leur cahier des charges leurs investissements, dépenses, rentrées, charges….
Alors, il serait plus que normal, que les ministères en face autant.
Cela s’appelle tout simplement de la gestion.
Un exemple, l’Education Nationale va mal.
Les enseignants sont départagés sur la transmission des fondamentaux.
Proposons à ces fonctionnaires de créer des écoles (gérées comme des entreprises) en totale autonomie et nous verrons bien ce que les parents choisiront. Idem pour les universités. Le bouche à oreille étant la meilleure publicité, je sais d’avance que les écoles qui utiliseront une transmission du savoir, un peu comme l’Ecole Hattemer (ecole hors-contrat qui n’a pas d’aides de l’Etat) réussiront très vite.
Il y a déjà un carnet d’adresse en ce qui concerne les écoles privées, pourquoi ne pas leur suggérer de créer leurs propres écoles.
De toute facon, en France on pouvait lire sur les écoles autrefois, Liberté, Egalité et Fraternité.
Liberté : elle existe de moins en moins.
Egalité : l’école est la première institution de notre pays ou cela n’existe plus.
Fraternité : de moins en moins, sauf pour notre Président et G Drut.
Donc, la situation de nos finances publiques doit être redressée de toute urgence. Il faut un électrochoc, mais très violent. On dit que les enfants sont endettés dès leur naissance, on le dit, mais on ne fait rien.
Ce n’est pas aux francais de payer encore plus d’impôts, il me semble qu’ils sont suffisament racketés comme cela. C’est à l’Etat de prendre de mesures strictes concernant sa propre gestion.
Je vis en Amérique Latine, et je pense souvent au modèle Argentin, qui n’est pas identique au modèle francais. Mais, si l’on ne fait rien, j’ai bien peur, que ce qui leur est arrivé, ne nous arrive.
Cordialement.
Bande de jaloux !!!!!!!!!!!!
J’avoue être prêt à négocier mon départ immédiatement, du moment que le jeu en vaille la chandelle.
D’ailleurs, j’imagine que cela ne m’interdirait pas de re-postuler ? Pour peu qu’on ait un peu confiance en ses propres capacités, il est raisonnable d’espérer être ré-embauché.
Il est assez inquiétant de voir régulièrement que beaucoup de nos cconcitoyens considèrent que les statuts des fonctionnaires en font des privilégiés et réclament soit une modification des statuts soit une "contractualisation" (mot à la mode, dont on ne sait pas très bien ce qu’il recouvre, mais dont on peut-être certain qu’il rejoindra les oubliettes de l’histoire avant la fin de la décade, comme tous les autres mots "mode"). Or si les fonctionnaires disposent d’un statut très protecteur ce n’est pas pour en faire des privilégié, mais bien pour garantir leur neutralité et leur indépendance. C’est ce qui assure au citoyen de ne pas avoir face à lui une administration partisane "aux ordres" et à la main des politiques.
D’ailleurs pourquoi a-t-on créé la fonction publique territoriale si ce n’est pour essayer d emettre bon ordre dans la gestion des collectivités territoriales?
Il faudrait songer à sortir des jugements à l’emporte pièce et des effets d’annonces. Ce sont les mêmes qui trouvent qu’il y a trop de fonctionnaires qui manifestent quand on ferme une classe dans une école, quand il faut attendre aux urgences, qui s’offusque de la lenteur de la justice, etc.
Bien répondu PEL !
Cela dit, la réponse au trop grand nombre de fonctionnaires ne réside pas dans la prime au départ de certains d’entre eux, car, dans ce cas, ce seront les meilleurs qui partiront. La solution est dans la volonté de l’Etat de supprimer des bureaux, missions,… superfétatoires car répondant à des préoccupations d’une autre époque, mais qui ont été maintenus (on ne sait jamais, cela peut encore servir !).
Mais, dans ce cas, il faudra négocier avec les syndicats le reclassement des personnels de ces bureaux dans d’autres services, missions… répondant à des préoccupations d’actualité !
Vaste programme !
PEL, Madelon : reste un problème : il est inutile d’espérer des plus bruyants de nos concitoyens qu’ils se taisent : donc, autant empocher l’argent qu’ils voudront bien nous donner, et qu’ils se démerdent. Car après tout, jusqu’à présent, à part inventer des raisonnements financiers créatifs sur la dette et la progression des revenus de fonctionnaires, on a pas vu tripette tomber dans l’escarcelle.
Et puis, après tout, à quand les objectifs et primes de résultats pour la fonction publique ?
Messieurs ARTHUIS et LAMBERT,
Je partage, en gros, vos propos et vos propositions.
Mais aurez-vous le courage de nous dire franchement, et simplement, pourquoi vos éminentes fonctions passées ne vous ont pas permis d’éviter à la France de se trouver dans la situation financière qui est la sienne ?
Certes, " toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ", dit-on parfois.
Mais si une fois, une seule petite fois, vous nous disiez avec franchise, qui et/ou ce qui, vous empêché de mettre fin à la dérive de nos finances, vous seriez plus crédibles.
Quand on a, comme vous deux, été responsables des finances et du budget de la France, même un temps limité, on doit bien se sentir un peu, un tout petit peu, responsable.
Qui nous disait qu’un Ministre doit fermer sa g. ou démissionner ? Je n’ai pas le souvenir d’une démission de l’un ou l’autre de vous. On doit donc en déduire que la situation du Pays vous convenait, à moins que vous n’espériez redresser la barre. Mais on revient à ma question : qui ou quoi ne vous l’a pas permis ?
Encore une remarque : à l’heure où les administrations centrales envoient plus de personnels sur le terrain que ce que n’en demandent les services, à l’heure où les ministres rivalisent d’annonces de dizaines de millier d’emplois aidés (avec de l’argent public, s’entend), à l’heure où la fonginbilité asymétrique reste un voeu pieux, n’y aurait-il pas une piste à explorer à fermer quelques années les écoles de fonctionnaires (je pense notamment aux IUFMs, IRAs, ENA, etc.). Après tout, n’est-ce pas pour éviter de "désespérer la Sorbonne" que le Ministre Ferry s’était en son temps vanté d’avoir maintenu et même auglenté le nombre d’enseignants de philiosophie sans emploi ?
à PEL et madelon,…
ce n’est pas seulement "nos concitoyens" (dont je fais partie) qui " considèrent que les statuts des fonctionnaires en font des privilégiés et réclament soit une modification des statuts soit une "contractualisation"" mais le DEFICIT croissant de la FRANCE qui va nous forcer à revoir ce… -"statut" que nous ne pourrons bientot plus financer face à la "norme internationale" car la FRANCE est DEPENDANTE de ses EXPORTATATIONS pour son équilibre financier et le COUT exhorbitant de notre fonction publique nous rend de moins en moins COMPETITIFS…
de plus "les fonctionnaires disposent d’un statut très protecteur" et en abusent par manque de considération systématique pour "les usagers": grèves, service au compte goutte, etc…
+1 pour l’agent.
Les écoles de fonctionnaires recrutent des élèves qui ont maintenant, typiquement, un niveau supérieur à celui qui leur sera reconnu en sortie (typiqement on recrute à bac +5 dans gens qui sortiront de l’école avec un diplome bac +2…).
En plus, elles acceuillent en général des "civils" : il y a donc dans l’école deux catégories d’élèves, ceux qui sont payés et qui savent quel sera leur emploi, et ceux qui ne sont pas payés et qui devront se créer ou se trouver leur emploi (ce qui, heureusement, ne leur pose souvent pas de difficultés).
Enfin, elles ont des effectifs d’élèves parfaitement ridicules (quelques dizaines au mieux), ce qui implique des frais par élève exhorbitant et, en plus, instile un esprit corporatiste.
Et, comble du comble, l’existence de l’école devient un motif de recrutement d’agents dont on n’a plus besoin.
Sans parler de la qualité de l’enseignement…
Tout cela représente un gaspillage et un gachis humain monstrueux.
jpp: Vous ne trouverez pas beaucoup de fonctionnaires pour s’opposer à l’idée que l’état employeur veuille bien cotiser aux caisses sociales de la même manière que le législateur l’impose aux entrepreneurs, même si cela pouvait avoir pour conséquence une alignement du statut de la fonction publique sur un droit du travail plus classique.
Mais, bien entendu, encore faudra-t-il affronter la (dernière ?) colère des syndicats enseignants, de la même manière que jean-Pïerre raffarin le fit lors de la réforme des retraites des fonctionnaires en 2003, avec le succès qu’on sait.
Pas bête du tout comme proposition : quand j’y pense, et moi qui suis prof, pour l’instant, et qui rêve un jour d’une seconde carrière de trader…
J’aime beaucoup mojn métier (enseigner le latin et le grec) mais u jour j’ai envie de changer radicalement. Bon, pour l’instant, je suis encore un relativement jeune prof, mais il est vrai que j’aurais envie, un jour de me lancer à mon propre compte, si possible dans les secteurs financiers et économiques qui me fascinent littéralement…
Comme quoi, à l’UDF, on a des idées (pardonnez la pub éhontée…)
Tenez, cas d’école : je n’enseigne que le grec et le latin dans mon établissement, ce qui me vaut une situation un peu particulière : mon poste ne tient que par le nombre de latinistes et d’hellénistes. Or, ce sont deux matières optionnelles. Je suis donc tenu de convaincre parents et élèves du bien-fondé de l’étude de ces deux langues, et même, du bien-fondé de la poursuite de leur étude : de surcroît, je dois aussi avoir un nombre minimal d’élèves, faute de quoi les sections ne sont pas maintenues. Voilà qui m’oblige à "vendre" ma discipline. En même temps, j’ai des contraintes de qualité : mon enseignement doit tenir la route et les élèves apprendre quelque chose.
Je tiens donc amoureusement mes statistiques, année par année, étudiant en valeur absolue tant que relatives mon cheptel de latinistes et d’hellénistes. Notez que même si j’augmente en valeur relative la proportion de mes latinistes et hellénistes, ce n’est pas suffisant : mon "chiffre d’affaire" doit agumenter, ce qui suppose que les effectifs du collège agumentent. Je suis donc lié par la situation globale du collège en termes d’effectifs.
En outre, je dois aussi convaincre mes propres collègues de l’utilité de participer à mes campagnes publiciatires et de s’investir dedans.
Je ne puis pas me permettre des échecs répétés : si je perds mes élèves, je perds mon poste (je veux dire que je serai muté ailleurs).
Donc, quand quelque chose ne marche pas, je dois me remettre en cause. C’est pour cette raison que je refais très régulièrement mes cours et que j’en expérimente de nouveaux (investissement lourd en temps dans la recherche). J’essaie de voir parfois ailleurs chez d’autres collègues ce qui marche (je visite la Finlande locale, quoi) mais attention, ej ne brade pas : mauvaise qualité ruine, disait ma grand-mère, et j’ai vérifiée bien souvent cette archaïque devise, y compris en ce qui concerne la substance des cours.
Par ailleurs, une idée peut être géniale, si elle ne trouve pas preneur (comprenez que les élèves ne s’y intéressent pas) je n’ai plus qu’à la jeter.
Conclusion : n’hésitez pas à promettre et à rpésenter les choses toujours sous leur meilleur aspect, il en rester toujours quelque chose.
Oubliez ou minorez les désagréments. Séduisez les décideurs (les parents), et innovez sans relâche (100% de mes cours en salle info avec des techniques toujours plus sophistiquées, pour ma part).
Et voilà pourquoi je rêve pour mon futur, de devenir LE vendeur, celui qui décroche des contrats mirifiques pour un grand groupe.
Sur le fond, la situation est comparable : je me verrais bien proposer monts et merveilles à un petit groupe bancaire pour le compte d’un grand groupe bancaire ou encore vendre du refinancement, des choses comme ça, quoi…Bref, donnez-moi des choses à vendre, j’adore vendre des choses…
Et à le lire, je suis convaincu qu’Anaxagore est un formidable vendeur car il a la foi. Je n’ai que le regret de ne pouvoir suivre ses cours de grec.
Cher Djiheldé,
Grand merci à vous : mais je vous prends au mot, à vrai dire. Je propose aussi des cours en ligne sur le site de l’Académie de Versailles et sur mon propre site le Portique. Ils sont couplés avec un forum que l’Académie m’a mis à disposition, où je peux corriger cours et exercices et débattre des points de grammaire et de traduction. Actuellement, j’ai deux élèves de 3ème "délocalisées" qui évoluent sur ce forum, et deux enfants d’école primaire, l’un de CM2, l’autre de CE2, qui s’initient au grec ancien.
Donc, si cela vous intéresse, vous êtes le bienvenu. Les cours se font à titre totalement bénévole, donc pas d’inquiétude de ce côté-là.
Outre un forum relayé par un serveur de news, j’utilise aussi un forum phpBB, un wiki, l’indispensable netmeeting, msn messenger et bien sûr un logiciel de messagerie pour communiquer.
Cela laisse de la marge selon le mode préféré par mes étudiants à distance.
Donc n’hésitez pas, engagez-vous, rengagez-vous, selon le mot célèbre d’un auteur de bandes dessnées non moins célèbre 🙂
Grâce à d’autres distingués hellénistes très actifs sur la Toile, on trouve tout : le Bailly en ligne (version abrégée), une grammaire électronique et moults textes : donc, pour qui ne peut utiliser que l’ordinateur, pas besoin de faire d’investissements, tout du moins, dans un premier temps. En effet, passé le cap de l’initiation, il est préférable de disposer d’une grammaire plus conséquente et d’un dictionnaire papier.
Pour le grec, c’est ici :
http://www.portique.net/rubrique...
ou à la rigueur ici (mais c’est moins complet sur le site académique)
http://www.lettres.ac-versailles...
Comme disait Xenophon, "Ouk elabon polin alla gar elpiV efe kaka"
Ils ne prirent pas la ville, car ils n’avaient pas l’espoir de la prendre.
Anaxagore: Pour revenir à un vieux débat, vous comprenez qu’à prétendre que le mérite d’un enseignant peut être en partie basé sur l’effectif de ses classes, on est pas forcément si réducteur que cela !
Bien entendu, cela marcherait quand même mieux si les parents aient effectivement le choix de scolariser leur enfant non seulement dans l’établissement de leur choix, mais éventuellement, avec l’enseignant de leur choix, ce qui ne saurait d’ailleurs avoir de sens qu’en permettant la libre création et libre implantation d’écoles appartenant au secteur concurrentiel.
@Anabelle,
Voilà quelqu’un qui connaît ses classiques 😀 . J’ai failli signer Achille la dernière fois que je vous ai répondu car je n’étais pas d’accord avec vous.
Sérieusement, je ne pense pas que la dérégulation du statut ni la contractualisation soit une solution pour gagner en efficacité : c’est au coeur même de la structure que le bât blesse. Une des conséquences de la contractualisation, c’est aussi de faire disparaître les concours de la fonction publique : je ne pense pas que cela soit souhaitable partout. Ce qu’il faudrait revoir, c’est le principe même de l’évaluation des fonctionnaires et les possibilités de mobilité en interne qui sont pour l’instant bien trop limitées.
Attention, parce qu’il y a beaucoup de mythes dans ce domaine. L’EN est un cas particulier qui demande à mon avis un traitement particulier : c’est le fonctionnement des établissements et non le statut des enseignants qui me semble à revoir avant toutes choses.
@l’agent
Désolé, mais je pense au contraire que c’est très réducteur : si je propose de joeur à Spartan Warrior, un jeu vidéo basé sur la mtyhologie grecque, une fois par semaine aux élèves de mon collège, je vais avoir un afflux considérable de demandes. Pour ce qui concerne le choix des écoles, cette solution existe déjà grâce à l’école libre. Le fait de pouvoir choisir ses professeurs, c’est s’engager sur un terrain aussi mouvant que dangereux. Evidemment, quelque part, on en rêve tous, mais c’est aussi parce que l’on n’en mesure pas les conséquences : souvent, le mérite d’un enseignant ne se mesure pas dans l’immédiateté des staisfactions, mais des années après par les traces qu’il a laissées. Je vous avoue que je suis très réticent face à un système aussi aléatoire.
@Carole
En somme, vous voulez anéantir le principe même d’une éducation nationale. Vos propositions sont irréalistes : vous faites comme si l’école se réduisait à une question d’offre et de demande. C’est pourtant bien plus compexe.
L’école encaisse de plein fouet les mutations de la société, et on ne cesse de la montrer du doigt parce qu’elle n’a pas le pouvoir d’en redresser les travers, tout particulièrement dans le domaine éducatif.
Ne demandez pas à l’école d’assumer l’irresponsabilité de certaines familles. Elle n’en est pas comptable, même si quelques idéologues à la petite semaine ont aggravé les choses sous couvert de "pédagogie".
Cela dit, pour revenir à notre sujet initial, justement, je suggère, moi de juger les déclarations de nos candidats à la présidentielle à l’aune de leurs solutions pour financer leurs mesures :
C’est là où l’on voit que les déclarations de certains sont du vent. Mme Royal veut mettre deux adultes par classe dans les écoles : coût d’une telle mesure ? A mon avis, astronomique. Toutefois, comme elle a peut-être laissé entrevoir SA solution, emboîtant le pas aux démagogues qui jugent de bon temps d’accuser les enseignants de tous les maux : augmenter le temps de présence des enseigants dans les établissements.
L’IFRAP, peu susceptible de sympathie pour la fonction publique, et encore moins pour les enseigants, est pourtant contrainte de constater dans ses statistiques que les enseignants, en dehors des professions médicales ont le taux d’absentéisme le plus bas. On sait aussi que la quantité de travail varie considérablement d’un enseignement à l’autre.
On ne peut faire l’impasse sur le travail de préparation, mais il est vrai qu’il vaut mieux faire semblant de penser qu’il n’y en a pas.
Par ailleurs, beaucoup de ceux qui assurent des formations reconnaissent que le fait de transmettre un savoir requiert une concentration sans faille et sans interruption.
Bref, brisons-là. C’est un métier qui a ses avantages et ses inconvénients : c’est pénible de voir un certain nombre d’individus n’ne souligner que les avantages. Si ce métier est si génial, qu’attendent-ils pour l’exercer ?
Au-delà de l’EN (c’est casse-pied, à chaque fois on finit par être obligé d’en parler), en libérant les initiatives individuelles au sein de la fonction publique, on pourrait certainement améliorer de nombreuses choses.
Il faudrait également permettre non seulement des promotions, mais aussi des rétrogradations quand la médiocrité l’emporte, et dans tous les corps, pas seulement chez les exécutants de base : en somme, moi, je veux bien être viré si mon chef peut l’être également pour incompétence.
Mais servir de variable d’ajustement, pas question.
Anaxagore: Rassurez-vous, je pense mieux vous comprendre que vous ne l’imaginez et même avoir plus de respect pour les personnes qui exercent votre métier que vous l’imaginez : sans doute en partie parce qu’on est souvent soi-même parent lorsqu’on est actif et qu’on fréquente d’autres parents. Croyez-vous que des parents sensés accepteraient que leurs enfants jouent à des jeux vidéos en classe ou soient condamnés à des promenades en forêt sous prétexte qu’ils sont scolarisés en ZEP ? Non, bien entendu.
Vous me direz certes que tous les parents ne sont pas à la hauteur de leur rôle : je vous répondrai que, fort heureusement, ceux-ci restent globalement fort minoritaires.
Vous l’aurez noté, les propositions les plus audacieuses que l’on peut entendre quand on est fonctionnaire se résument à des primes de résultat les bons jours, primes de départ les mauvais, "incitations à la création d’entreprises" (comme s’il n’y avait pas de quoi entreprendre dans tout ce que délaisse le secteur concurrentiel…). Entend-on parler de qualité du travail ? de définition des missions ? de réflexion méthodologique ? de périmètre de l’action publique ou, par exemle, "de l’école" ? Non, bien entendu : mais je suppose que, comme tant d’autres professionnels de l’éducation, vous avez suivi avec espoir et attention le "Grand débat sur l’école de 2002" : vous savez donc fort bien ce qui en est ressorti. J’ai déjà exprimé mon opinion sur ces sujets : le politique se défausse ici sur le fonctionnaire qui a bien bon dos, donc, cela ne changera pas de sitôt, car, comme le disait il y a bien longtemps le marin Shaddock "Pour faire le moins de mécontents possibles, il faut toujours taper sur les mêmes" : les fonctionnaires sont alors des coupables idéaux, puisqu’ils sont d’une part partout, d’autre part tenus à la plus grande réserve, notamment, vis à vis des élus.
Même fonctionnaire, on en reste pas moins un professionnel, et à ce titre, l’argent sonnant et trébuchant qu’on touche à la fin du moins n’est pas sans intérêt, surtout lorsqu’on a, comme la plupart des fonctionnaires, aucun espoir de carrière, aucun espoir d’évolution dans son propre métier, un employeur pingre qui "oublie" de cotiser sur une partie du salaire (abaissant donc les droits à pension), et notamment, qui préfèrera toujours investir dans la réduction de son train de vie à structure constante plutôt que dans une réflexion sur ses missions et objectifs. Aussi faut-il savoir parfois prendre ce qui veut bien venir et ne pas trop attendre d’un employeur infiniment plus cynique et hypocrite que ceux, simples citoyens, qui nous jugent réellement.
Mais si ça peut vous rassurer, en tant que gestionnaire, notre salaire n’est pas davantage indexé sur le nombre de dossiers qu’on gère : par exemple, une assistante sociale fonctionnaires gérant 10.000 dossiers TOS touche le même salaire qu’une assistante sociale en gérant 110 (chiffres réels).
A Anaxagore et Annabelle Penthesilée
Ce qui est formidable sur ce blog, c’est que si parfois on s’accroche, c’est toujours avec beaucoup de poésie et de musique. Ainsi, j’ai eu l’occasion d’y lire Agrippa d’Aubigné. Mais je n’oublie pas une citation antique (Eschylle ? Euripide ?) d’Anaxagore il y a qq semaines. Sans oublier une proposition qui fut faite à Annabelle par un dénommé Achille de "ménage à Troie" …
En ce qui me concerne Anaxagore, c’est fort volontier que je vous recevrais dans mon mastere d’économie, mais c’est au fin fond de la province …
J’interviens rarement car je ne me sens pas de taille. Mais je viens très souvent sur ce blog car les gens s’y respectent et de cela je veux vous féliciter tous. Bravo. Ce site s’est fixé, si j’ai bien lu la ligne éditoriale, de réhabiliter la politique, vous y contribuez tous par vos débats passionnés et passionnants, parfois polémiques comme il faut, mais toujours très respectueux les uns des autres. C’est le meilleur blog politique que je connaisse. Merci de me donner ceux qui y ressemblent.
@ l’agent
Vous savez, il est assez facile de berner les parents : plutôt que de parler de jeu vidéo, il suffit que je bricole l’interface d’un jeu vidéo pour faire en sorte que les personnages s’expriment avec des caractères grecs et quelques mots grecs : cela doit suffire à me faire passer pour un révolutionnaire dans le domaine de l’Education.
En ce qui concerne le Grand Débat de 2002, le fait qu’il se fasse sous le ministère d’un homme comme Luc Ferry était à la base le gage d’un échec assuré. Cela a dépassé en tartufferie tout ce que les socialistes avaient imaginé auparavant.
Pour le reste, je pratage vos interrogations. Je ne suis simplement pas satisfait des solutions actuellement proposées, car ce ne sont pas des solutions.
Ce que vous me dites sur la rémunération des gestionnaires ne m’étonne guère.
Je me demandais d’ailleurs si il existe des cahiers des charges par domaines de l’action publique, et si les cahiers des charges en question était accessibles aux citoyens.
(@Alain Lambert)
Je lis en ce moment le rapport de mission de M.Lambert en Suède, et j’y trouve des choses intéressantes : par exemple, la régionnalisation des agences et le fait qu’elles soient leur propre ministère des finances : j’aurais d’ailleurs bien posé la question suivante à Monsieur Lambert : si elles sont leur propre ministre des finances, recouvrent-elles aussi l’impôt ? Y-a-t-il redistribution de l’impôt en question, dans un tel cas, d’une agence à l’autre ?
@Djiheldé
Joli le ménage à Troie 🙂 Pour la citation, si c’est celle qui était longue, c’est le premier stasimon (chant choral) de l’Antigone de Sophocle, en la circonstance, un hymne en l’honneur du génie de l’être humain.Pour le master, hélas, je ne suis pas assez solide en économie et encore moins en mathématiques. J’ai suivi l’ex-filière B mais n’ai pas poursuivi au-delà l’étude de l’économie et des mathématiques. Je n’aurais donc pas les outils mathématiques pour développer de véritables compétences, et dois finalement me cantonner au mieux à une honnête culture générale dans le domaine économique.
à l’agent
notre République a engendré une "entité" dont l’évolution
est à la merci d’un corporatisme conservateur et puissant…
l’EN est maintenant un système "en boucle ouverte"
qui ECHAPPE
au controle démocratique des citoyens et du parlement…
comme tout systeme NON controlé l’EN finira
par "exploser" ou par "imploser" sous les effets conjugués:
-de son gigentisme
et des
-pressions exterieures…
pour garder l’humour l’EN est à la fois:
-un "mamouth graisseux"
et
-un "dinosaure démesuré"…
comme tout "dinosaure" l’EN va disparaître, mais en attendant
sa capacité de nuire est à l’échelle de son gigantisme "effrayant"
en attendant…
ce sont nos enfants qui font douloureusement les frais de l’inadaptation
croissante de l’EN et nous assistons impuissants à ce DRAME SCANDALEUX
"Vous savez, il est assez facile de berner les parents : plutôt que de parler de jeu vidéo, il suffit que je bricole l’interface d’un jeu vidéo pour faire en sorte que les personnages s’expriment avec des caractères grecs et quelques mots grecs : cela doit suffire à me faire passer pour un révolutionnaire dans le domaine de l’Education."
Sur ce point précis, permettez-moi d’être en parfait désaccord avec vous : ce n’est pas parce que, par respect parfois contraint (bien qu’indéniablement dû) envers les enseignants on sourit poliment à l’exposé des innovations pédagogiques qu’on en pense pas pour autant tout autre chose en son for intérieur. Car après tout, pourquoi se fâcher avec des enseignant qu’on doit de toute façon subir (trouver une place dans le privé n’étant pas chose aisé à supposer qu’on le veuille, mettant de côté des enjeux parmi lesquels la mixité sociale, etc..)
D’ailleurs, toute la complexité supposée de ce monde dans ce qu’il a de meilleur ou de pire n’est-il pas l’oeuvre…. des parents d’élèves, qui sont, pour la plupart, eux aussi, des professionnels. D’ailleurs, vous est-il venu à l’esprit que les produits que vous utilisez pour votre enseignement sont parfois fabriqués, vendus, assemblés, commercialisés par les parents d’élèves ? Par exemple, êtes-vous conscient du fait, statistiquement parlant (et ne serait-ce notamment que pour des raison d’âge moyen), le "niveau en informatique" (intensité, longévité et diversité de la pratique, p.e.) des parents d’élèves est encore très supérieur à celui des enseignants ?
@Ornais
Cher Ornais,
j’ai voulu grossir le trait : mon objectif n’était pas de discréditer des parents, mais simplement de vous dire que souvent au niveau de l’EN, c’est la piudre aux yeux et les gadgets qui sont propulsés. Bien sûr, et heureusement, tous les parents ne sont pas crédules. Je tiens cependant à vous mettre en garde : il y a très souvent un décalage que l’on n’imagine pas entre le discours et la pratique, et ma profession manie souvent très bien la langue de bois…
Pour revenir aux parents, pourquoi dans ces conditions élisent-ils des représentants qui ne voient dans le collège qu’un "lieu de vie" plutôt qu’un lieu d’instruction.
Partout, c’est le culte de l’immédiateté et du plaisir et nulle part on n’imagine plus que ce soit l’effort qui produise le plaisir.
C’est pour cela que votre discours initial m’inquiète quelque peu.
L’Education ne fonctionne pas comme un service ordinaire et est difficilement soluble dans les règles de fonctionnement de notre société marchande.
Quand j’achète un téléphone portable, s’il ne fonctionne plus au bout d’un mois, il est aisé de réclamer justice (plus difficile, il est vrai de l’obtenir).
Mais pour un enfant, a fortiori un adolescent, comment faites-vous pour juger de son degré de "satisfaction" ?
Ne pensez-vous justement pas que ce principe, tout à fait légitime pour des biens de consommation, ne tient plus la route quand il s’agit d’êtres humains.
Prenons un autre service : vous rendez visite à un chirurgien pour vous guérir. Il y a des critères clairs pour déterminer s’il est compétent ou noj, à savoir, son diiagnostic et l’adéquation entre diagnostic et votre état après, état qui doit aller dans le sens d’une amélioration.
Si ce médecin vous prescrit une ordonnance, vous la respectez pour guérir, mais vous ne la respectez pas, à qui la faute si vous tombez à nouveau malade ?
Les devoirs et les conseils que donnent les professeurs ne sont souvent pas autres choses que des ordonnances, mais bien souvent, on leur en tient rigueur, eti l’ordonnance et son exposé ne sont pas a priori "plaisants", doit-on juger qu’il s’agit de "mauvais" professeurs" ?
Notez que ceci n’exclut pas de la part des professeurs une réflexion sur la communication et sur l’art de rendre plaisant ce qui en le semble pas a priori, mais j’aimerais avoir le sentiment qu’ils ne sont pas jugés à cette seule aune…
J’aurais tendance à vous suivre bien volontiers dans votre propos, mais, fort honnêtement, sur qui pourraient désormais compter ces citoyens que sont les parents d’élèves pour sortir de ce guêpier si ce ne sont …. les enseignants ?
On peut trouver une solution plus complexe : mais ce serait plus cher, et probablement fatal à beaucoup d’idées nobales par ailleurs défendues par les "bons enseignants".
Reste une chose à peu près certaine : les parents ne pousseront pas le dévouement envers la république au point de les laisser manquer d’éducation de leur propre point de vue quelle que soit la valeur objective du service rendu par leur établissement de secteur.
@l’agent
Entièrement d’acord avec vous à propos du dévouement, et ils ont bien raison.. Toutefois, les parents que vous citez sont une catégorie de parents, pas tous les parents : s’ils étaient tous comme cela, il n’y aurait pas de problèmes à l’école…
Bien entendu. Mais bon : il serait facile de faire remarquer que, de la même manière qu’il peut exister des parents temporairement ou plus durablementun peu faibles en regard des devoirs qu’ils se sont donnés en devenant parents, il doit certainement exister en regard des enseignants pour lesquel on peut difficilement trouver un sens autre que strictement statutaire au qualificatif dont on doit pourtant les affubler. Vous l’aurez compris : à mon sens, le débat n’est utile qu’entre personnes réfléchissantes renonçant aux flagorneries comme aux attaques gratuites et aux petits détours. Pour le reste, les rapports de force suffisent certes : mais que peut-on espérer bâtir sur de simples rapports de force ? Ecrire ici, c’est certes se savoir lu, mais l’on ignore pas pour autant que bien que la destination du propos soit publique, elle n’est pas pour autant accessible à celui qui ne voudra pas lire, écouter, entendre.