Paraît ce jour dans le Figaro une ITW que j’ai donnée à Nicolas Barré suite à son voyage au Canada sur le thème du redressement des finances publiques. Nos amis canadiens s’étonnent toujours de nous voir défiler les uns après les autres pour analyser leur démarche. Il s’étonnent plus encore que nous n’en tenions jamais compte ! Et pourtant la maison brûle !
Lire l’ITW. Vos commentaires seront les bienvenus.
[lien caduque]
Pour pouvoir réussir un tel redressement, les solutions sont connues. D’abord, faire partager l’effort (afin que celui-ci soit accepté) que ce soit pour les agents publics (régime spéciaux, mobilité des effectifs en vu de redéploiements), privé (avantages fiscaux) ainsi que vous même (les élus) (transparence des dépenses et salaires des députés, sénateur).
Pour ce qui concerne la réforme de l’état (FPE, FPT, FPH), rien ne sera possible temps qu’il existera autant de cloissement. Afin de s’adapter rapidement aux besoins des usagers, il faut impérativement décloissoner les corps afin de pouvoir effectuer les redéploiements nécessaires, permettre une véritable mobilité fonctionnelle. Tout ceci, afin de permettre des économies d’échelles (incitations pour les communes à intégrer une communauté de commune. Transfert de compétences des Conseils Généraux aux communauté de communes et Conseils Régionaux).
Bref rien de nouveau….
Faut il rencontrer des Canadiens pour dire qu’en France tout vient d’en haut ? y compris les mauvais exemples en matière d’augmentation des budgets de fonctionnement du Palais ? En qualité d’ancien maire de petite commune j’ai beaucoup investi par auto financement et considère donc avoir participé , modestement certes , au dynamisme de l’économie et de l’emploi .Par contre j’ai fait une guerre tous azimuths aux frais de fonctionnement facteurs d’inflation des impots. Il faut donc , à mon humble avis , faire le distinguo …..pour vos lecteurs autres que les initiés de la LOLF !
Sur le fond on ne peut qu’admirer la clarté. Mais, il me semble que le conseil des ministres pouvait, et peut encore, être le lieu des arbitrages sans créer un super-conseil des 7 ou 8 principaux. Si, de surcroit, il était possible d’associer l’opposition, ça serait mieux ; il y peu d’exemple en France (quoi, à part la LOLF ?), mais l’étranger montre que c’est possible.
Détail significatif : vous me semblez vache avec Raffarin. C’est pas de sa faute si la France n’était pas gouvernée : chacun peut en voir la preuve par son remplaçant, et ceux qui ont eu la ‘chance" de trainer du coté de Matignon savent bien quel était (et reste) le poids de l’Elysée…
NDLR : Pas du tout, je ne suis pas assez naïf que l’on donne le temps à un 1er Ministre de lire les notes de tous ses minitres. Il est probable que cela n’a jamais intéressé son entourage qui y a vu un « machin » de plus et sans doute un risque de perte de leur « petit pouvoir » ! Petit pouvoir qui consiste pour l’instant exclusivement à répartir la pénurie. AL.
La bonne excuse de la Dette !
Ou comment ne plus agir en arguant de la populaire, mais pernicieuse, reduction des dépenses de l’Etat ! Gouverner c’est agir me semble-t-il, or de tout bord politique, le developpement de l’idee que la dette soit le mal principal à…
à la lecture de votre interview, j’ai le sentiment que vous ne percevez pas que Bercy sera toujours le plus mauvais choix imaginable comme ministère pour mener une réforme de la fonction publique, et ce, pour une raison simple : toute la fonction publique est, à tort ou à raison, convaincue que c’est au MINEFI (et dans certains recoins du ministère de l’intérieur) que se cachent les plus beaux fromages de la république (par exemple, les emplois de conservateurs des hypothèques mentionnés par Capital de ce mois-ci).
Du coup, pour un fonctionnaire, entendre Bercy parler de saine gestion, c’est un peu comme entendre un médecin cancéreux de poumon insister pour vous demander d’arrêter de fumer.
@ Alain Lambert…
dans votre ITW vous proposez: " Il est décidément temps de CHANGER DE PARADIGME."
"Pourquoi en France la volonté semble-t-elle manquer ?
"Tout simplement parce que les principaux dirigeants politiques – y compris le président de la "République – croient encore que ce sont les dépenses publiques qui alimentent la croissance "alors qu’en vérité, c’est le contraire, elles la freinent. Quelle méprise ! Il est décidément temps "de CHANGER DE PARADIGME.""
Mr Lambert…avez vous voulu dire:
-"changer de premier ministre" ?
-"changer de président" ?
-"changer ?????"
PARADIGME: PERMET UN FLOU DIPLOMATIQUE….
d’après WIKIPEDIA (extrait…pour raccourcir…)
Utilisations plus générales du mot paradigme:
Hors de la science, le mot paradigme s’emploie le plus fréquemment dans le sens de Weltanschauung (perception du monde). Par exemple, dans les sciences sociales, le terme est employé pour décrire l’ensemble d’expériences, de croyances et de valeurs qui influencent la façon dont un individu perçoit la réalité et réagit à cette perception. Ce système de représentation lui permet de définir l’environnement, de communiquer à propos de cet environnement, voire d’essayer de le comprendre ou de le prévoir.
L’autre fonction du paradigme, est utile pour un observateur tiers (qui observe celui qui utilise ce paradigme). Cet observateur pourra faire des remarques et se faire une opinion sur la façon dont l’observé est venu à utiliser ce paradigme : nous définissons ce qui va vite ou lentement par rapport à notre propre vitesse de déplacement, l’homme qui a vécu dans la nature peut définir les objets modernes comme inutiles ou maléfiques…
Le mot a été utilisé de façon surabondante de la fin des années 1980 à la fin des années 1990 pour motiver les salariés des entreprises à accepter d’importants changements pas toujours en leur faveur. Pour cette raison, on le retrouve souvent dans les pastiches de discours managériaux (par exemple dans Dilbert).
Le paradigme comme représentation commune
Le paradigme au sens collectif est un système de représentations largement accepté dans un domaine particulier. Cela dit, les paradigmes tendent à différer selon les groupes sociaux et à changer dans le temps en fonction de l’évolution des connaissances (cas notamment des paradigmes scientifiques).
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Au sujet du trackback d’Etienne Fillol
Il faut aller le voir, il présente bien la thèse conservatrice comme quoi la dette serait un épouvantail libéral.
J’ignore le sens du mot "libéral" employé par l’auteur du billet. Il est clair cependant qu’il existe aujourd’hui un courant de pensée trés conservateur qui défend le statut quo. Je rappelle donc quelle est mon analyse : 1) la dette aujourd’hui provient de déficit d’exploitation (ou de fonctionnement) 2) ces déficits viennent amplement de l’inefficience des services publics, lesquels ne sont pas régulés (en clair, on peut maintenir le même service public, pour peu que l’on réforme son mode de fonctionnement) 3) de par l’effet ricardien, la dette est destructrice d’emploi.
Ne nous leurrons pas. L’inefficience peut être confortable pour differents groupes de pression, on comprend donc que toute réforme puisse être considérée comme dangereuse par certains. L’étiquette "libérale" voire "ultra libérale" se veut être sans doute une condamnation sans appel !
+1 pour l’agent
Ajoutons que je ne sais pas combien il y a d’agent à Bercy (j’ai entendu 15 000…), mais tout le monde sais que c’est totalement délirant, hors norme, injustifiable : tous les ministères, même les plus complexes (affaires sociales, par exemple), même l’éducation nationale, se débrouillent avec des administrations centrales au moins 4 fois moindres… Facile de s’afficher "vertueux" en terme de réduction d’effectifs quand on a tant de chômeurs (déguisés) dans ses rangs !
Voici la réaction d’un ami Canadien à la lecture de ce billet
"Des idees interessantes, je n’etais pas vraiment au courant de tout
cela. A mon sens, c’est bien d’alloir voir chez les voisins comment
ils ont implante leur reussite, mais ce n’est pas toujours facile
a transposer. La France est un pays foncierement socialiste, et ca
remonte je pense a la guerre – Les historiens disent que les Francais
se sont dit que la guerre a ete engendree par la misere, et qu’il
fallait donc combattre la misere pour eviter la guerre. Un livre
que j’ai recemment lu, "Collapse", de Jared Diamond, abonde dans
ce sens. Comment implanter des mesures qui ont ete mises au point
dans un pays dont le modele economique est tres fortement liberal
quand on le compare a la France?
Comment aussi toucher au moindre probleme lorsqu’a chaque proposition
la population touchee se souleve et seme le chaos (j’exagere, je sais,
mais c’est la perception propagee par les medias ici). On appelle ca
le syndrome NIMBY: Not In My BackYard. Ou "oui, il faut mettre en place
des mesures courageuses, mais pas touche a mes interets a moi – allez
puiser chez ces @#^$% de riches (ou alors arretez de subventioner les
faux chercheurs d’emplois qui profitent injustement des allocations)".
A savoir, le Canada est un beau pays, et la situation economique est
peut-etre un peu plus saine qu’avant. Depuis plusieurs annees, le budget
federal a ete clot avec un excedent de plusieurs milliards de dollars
que nous avons utilises pour reduire un peu notre dette. Mais ca a eu
un coup important: Reduction des services medicaux par exemple. De
nombreux services publics ont disparu et du coup la vie coute beaucoup
plus cher. Ici, a Vancouver, ca ne vaut plus le coup de travailler
lorsque tu as 3 enfants, meme lorsque tu es ingenieur bien paye.
Excuses : j’ai oublié de copier la phrase finale de mon ami Canadien :
"Mefiance, donc."
C’est un vrai soulagement d’entendre dire que ce n’est pas en limitant des budgets déjà rognés jusqu’à l’os qu’on parviendra aux économies nécessaires, mais en révisant les missions.
Il me semble que, dans les efforts d’économies actuels, tels que je les perçois à ma modeste place, on confond souvent gestion responsable (quand on gère l’argent du contribuable, il ne faut pas dépenser un sou de plus que nécessaire) et redressement financier et réduction de la dette, alors qu’on n’est pas dans les mêmes dimensions.
Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas faire attention aux dépenses de fonctionnement, par exemple, comme dit yffic31, elles dérapent vite. Mais ce n’est pas en négociant mieux le prix des voitures de l’administration ou en achetant un peu moins de stylos qu’on va résorber le déficit. On n’en est plus là.
Quand aux fonctionnaires, c’est difficile de s’en débarrasser ou de ne pas les remplacer du tout tant qu’on n’a pas dit ce qu’il fallait laisser tomber.
La LOLF donne aux parlementaires et au gouvernement la transparence nécessaire pour qu’ils disent ce qu’il veulent supprimer, il faut qu’ils le fassent. L’administration peut être très bien dans le "comment faire", mais il ne faut pas trop compter dessus pour trier entre l’essentiel et le moins essentiel, je crois. Et sur ce point, Bercy n’est pas crédible du tout, d’accord avec L’agent.
Le Conseil du Trésor canadien a mis beaucoup de documents en ligne, qui sont très intéressants pour les "initiés" de la LOLF. Pour les non-initiés, et grâce au langage plus direct de nos collègues canadiens, il me semblent aussi très intéressants et compréhensibles, certainement plus que nos propres documents et discussions. (Mais cela reste des documents techniques). Voir www//tbs-sct.gc.ca, ensuite on navigue très bien partout dans l’administration canadienne. Il faut bien sûr faire les transpositions nécessaires. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’il y a des premiers bilans de la démarche et qu’ils sont balancés, avec du positif et du négatif. Le positif l’emporte quand même assez largement, semble-t-il…