C’est en somme la question que se pose la Commission des Finances du Sénat au travers de l’exemple de l’action des services de l’État à l’étranger. M. Adrien Gouteyron, rapporteur spécial des crédits de la mission « Action extérieure de l’Etat », à l’occasion d’une mission de contrôle sur pièces et sur place du réseau français à l’étranger note en effet que « la LOLF, uniquement perçue dans ses aspects les plus complexes par les agents, n’apportera pas d’amélioration dans le fonctionnement du réseau tant que les fonctions « support » n’auront pas été réformées ». Il convient donc de revenir sur ces fonctions « support », leur finalité et les difficultés qu’elles suscitent.

Les fonctions « support » (appelées également fonctions « soutien ») « correspondent aux fonctions d’état-major et aux fonctions de gestion des moyens. Celles qui ne peuvent être réparties a priori par politique pourront être isolées en programme ou action support » (DRB). En somme, les moyens de gestion et de pilotage d’une politique publique sont identifiés au sein d’une action ou d’un programme spécifique au lieu d’être rattachés au programme dit « de politique publique » qu’ils concernent. Or, ces fonctions « support » soulèvent plusieurs difficultés théoriques et pratiques :

1) Complexité – Leur traitement est hétérogène d’un ministère à l’autre : programme support ad hoc pour l’ensemble de la mission ; action support au sein de chaque programme d’une mission ou même une action ad hoc, intégrée à un seul programme, servant de support à l’ensemble des programmes de la mission. Or, cette hétérogénéité est non seulement source de complexité mais ne favorise pas la comparaison entre services.

2) Art. 7 LOLF – Les programmes « support » semblent en contradiction avec l’art. 7 de la LOLF (« Un programme regroupe les crédits destinés à mettre en oeuvre une action ou un ensemble cohérent d’actions (…) définis en fonction de finalités d’intérêt général (…) »). Quelle peut-être en effet la finalité d’intérêt général d’une fonction support ? L’esprit de la LOLF n’est-il pas d’identifier par programme des segmentations de politiques publiques en regroupant l’ensemble des actions à mener et les moyens affectés à ces dernières ?

3) Performance et fongibilité – Certes, on imagine assez bien la fixation d’objectifs d’efficience pour les fonctions supports mais qu’en est-il de la fixation d’objectifs socio-économiques ou de qualité de service ? En l’absence de coordination des objectifs de fonctions support d’un ministère à l’autre, la comparaison de la performance entre services est-elle possible ? Enfin, les fonctions support, regroupant des moyens de gestion, permettent-elles de pleinement de profiter de la fongibilité des crédits ?

4) Volume – Étant donné leur caractère quelque peu dérogatoire à la logique « lolfienne », les fonctions support ne devraient-elles pas être limitées aux seuls crédits qu’il est impossible d’affecter à un programme de politique publique défini ? Certains programmes de fonction support ont pourtant un volume très important et on peut craindre qu’ils ne deviennent des programmes « fourre-tout » utilisés bien plus par commodité (maintien des structures, caractère « dérogatoire » à la logique LOLF) que par nécessité. Faut-il alors envisager une limitation quantitative (solution prônée par le CIAP) ?

Ces quelques remarques, parmi d’autres, nous amènent à nous demander s’il ne serait pas opportun non pas de réformer mais bien d’encadrer les fonctions support notamment en définissant le périmètre (plutôt que de fixer un seuil) et en homogénéisant le traitement. Plus simplement, il serait bon que ces fonctions « support » soient réglementées par la loi organique sauf, bien entendu, à imaginer que l’évolution des systèmes d’information et la modernisation des services ne permettent tout simplement de supprimer peu à peu ces programmes dérogatoires…

Catteau Damien, Université de Lille 2, Laboratoire du GERAP-GREEF.