A ceux qui aiment l’Afrique, je recommande vivement la lecture de la page 39 de Libération de ce week-end du 22 & 23 avril. Tous les samedis, l’actualité y est vue par un intellectuel, un écrivain, un artiste. Cette semaine, c’est donc André Brink qui écrit ; sa page est magnifique, émouvante, vraie, éclairante. A lire, vraiment.
En voici un passage que j’ai trouvé d’une beauté bouleversante :

« Qu’il est facile de voir l’Afrique comme une scène de misère, une histoire de perte et d’échecs, une disgrâce de l’humanité. Et pourtant, c’est ici que nous avons tous nos origines. Cette étendue de terre apparemment stérile est notre mère commune. Son immensité et son inexorabilité nous ont nourris et appris à survivre. Et pour ceux d’entre nous qui sont prêts à retirer les oeillères qui protègent nos yeux abîmés, elle reste encore une source de générosité et de compréhension, de pardon, de courage et de force. Et aussi, oui, d’espoir. Parce qu’elle garde la source de ce que nous avons à l’esprit quand nous parlons d’humanité : la sagesse de souffrances endurées pendant des millénaires, d’humour qui sait sourire devant la folie humaine, de foi ancestrale dans un futur aussi durable et sûr que le passé. Après exploitation, colonisation, oppression et mépris, elle reste indomptable plus que têtue, rachetée par l’agonie plus qu’immergée dans l’apitoiement, prête à partager plus qu’à se dorloter, pas rancunière mais indulgente, pas passive mais passionnée. C’est chez moi et j’y retourne. »