Mettant en ordre mes idées pour participer demain à une table ronde sur les institutions à la convention de L’UMP, je relis quelques chapitres des « mémoires d’espoir du Général de Gaulle ». J’y retrouve un texte saisissant qui raisonne d’autant plus fort que l’ordre institutionnel ne semble pas dominer ces jours-ci. Je le cite par extrait. Il se situe le jour de sa prise de fonction comme Président de la République en 1958.

« Je vois s’ouvrir l’horizon d’une grande entreprise. Les peuples et, d’abord le nôtre, n’éprouvent plus ce besoin de s’élever au dessus d’eux-mêmes que leur imposait le danger. Pour presque tous, le jeu immédiat est, non plus la victoire ou l’écrasement, mais une vie plus ou moins facile. Parmi les hommes d’Etat avec qui j’aurai à traiter des problèmes de l’univers, ont disparu la plupart des géants qu’avaient fait se dresser la guerre. Restent les chefs politiques, visant à assurer des avantages à leurs pays, fût-ce bien sûr au détriment des autres, mais soucieux d’éviter les risques et les aventures. Combien dans ces conditions, l’époque est-elle propice aux prétention centrifuges des féodalités d’à présent : les partis, l’argent, les syndicats, la presse, aux chimères de ceux qui voudraient remplacer notre action dans le monde par l’effacement international, au dénigrement corrosif, de tant de milieux, affairistes, journalistiques, intellectuels, mondains, délivrés de leurs terreurs ! Bref, c’est en un temps de toutes parts sollicité par la médiocrité que je devrai agir pour la grandeur. »

« Et pourtant, il faut le faire ! Si la France dans ses profondeurs m’a, cette fois encore, appelé à lui servir de guide, ce n’est certes pas, je le sens, pour présider à son sommeil. Après le terrible déclin qu’elle a subi, c’est à rétablir, suivant le génie des temps modernes, sa puissance, sa richesse, son rayonnement, qu’elle doit employer le répit qui lui est, par chance, accordé, sous peine qu’un jour une épreuve tragique à la dimension du siècle vienne à l’abattre pour jamais. Or, les moyens de ce renouveau, ce sont l’Etat, le progrès, l’indépendance. Mon devoir est donc tracé et pour aussi longtemps que le peuple voudra me suivre. »

« Dans un style du 21ème siècle, c’est ce souffle là que le peuple attend. Attend. Impatiemment. »