Je ne parviens toujours pas à m’habituer à l’idée que l’on puisse « retirer » une loi, sauf à fragiliser gravement tout notre édifice législatif. Chaque citoyen se verrait-il désormais doté d’un droit à demander le « retrait » d’une loi qui n’aurait pas ou plus sa faveur ? J’imagine déjà les défilés de ceux qui verraient bien, par exemple, le « retrait » de la loi sur les 35 heures ! Ils croiseraient, sur leur chemin, ceux qui demandent le « retrait » du CPE. Je vois un grand péril à confondre la loi, dans toute sa force symbolique, comme acte de souveraineté, avec son contenu qui peut naturellement faire débat et évoluer. Que l’on demande le « retrait » du CPE, passe encore, ce n’est, après tout, qu’un dispositif de droit social parmi d’autres. Mais le « retrait » de la loi, je ne peux toujours pas le comprendre. Si l’on veut modifier, adapter le CPE, il existe plusieurs manières de le faire : de la nouvelle délibération demandée au Parlement (qui vraisemblablement ne se déjugerait pas à quelques jours d’intervalle), à l’abrogation (qui suppose une nouvelle loi), en passant par le règlement (décrets et autres) qui peut très largement introduire des modalités d’application appropriées aux circonstances. Il ne s’agit pas d’amour propre ou d’ego, ces sentiments ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Il s’agit de savoir si nous conservons le respect nécessaire aux principes fondamentaux du droit qui régit notre société. « Sans foi ni loi », vous connaissez l’expression. Ne donnons surtout pas cette image de notre Pays.