Mon Collègue Maurice Blin me communique aujourd’hui une Tribune qu’il a rédigée le 23 janvier dernier dont je vous recommande la lecture. L’écriture est magnifique et les idées d’une grande lucidité. Merci de réagir. Cordialement, AL.
Coincée entre l’année 2005 qui restera celle où la France a porté un coup d’arrêt brutal à l’aventure de l’Union européenne et l’échéance électorale décisive qui l’attend dans quinze mois, sous quel jour se présente 2006 ?
Son Premier Ministre veut en faire une année « utile ». La formule est ambiguë. Car chacun sait que toute période électorale est immanquablement nourrie de slogans, d’à peu près, de promesses, bref d’illusions. Peu propice à l’objectivité et à la réflexion, elle est, en revanche, une porte ouverte à toutes les peurs. On l’a bien vu en 2002.
Un constat sévère
Quand l’enjeu est grave comme c’est le cas aujourd’hui, il est donc tentant de solliciter l’avis d’experts que la fièvre électorale ne menace pas et dont le message est délivré avant que la passion n’envahisse les esprits.
C’est ainsi que Michel PEBEREAU, longtemps responsable d’une des premières banques françaises, vient de rendre public un diagnostic sans appel sur l’état du pays. Si la leçon qui s’en dégage est comprise et entendue dans les mois qui viennent, alors oui, on pourra dire que l’année 2006 aura été « utile ». Peut-on l’espérer ? La réponse à cette question fondamentale ouvre ou ferme la porte de l’avenir.
Une situation exceptionnelle
Le malaise où la France est plongée depuis trois ans est en effet le résultat d’un constat qui désormais s’impose à elle et auquel elle découvre qu’elle ne peut plus échapper. Niveau de vie élevé, sécurité sociale et indemnisation du chômage généreuses, retraite précoce, agriculture longtemps protégée par une Europe qui la sécurisait, services publics surabondants assortis de privilèges, équipes de recherche dégagées de l’obligation de résultat, durée du travail parmi les plus courtes du monde, accès libre des jeunes aux universités, etc …, la société française aura pendant près d’un demi-siècle connu les conditions d’un « confort » exceptionnel..
Or, si cette performance qui attirait et attire toujours chez elle nombre d’étrangers a été possible, si l’agriculture puis l’industrie, enfin les services ont assuré, en se relayant, la modernisation spectaculaire de son économie qui se hissa au quatrième rang dans le monde, ce fut grâce à la conjoncture de trois circonstances elles-mêmes exceptionnelles : le labeur acharné d’une génération qui avait vu la guerre de près, un sursaut de la natalité qui a fait bondir sa population de 40 à 60 millions d’habitants, l’élan vers l’avenir d’une Europe qui voulait effacer les ruines matérielles et morales nées d’une conflit qui l’avait conduite au bord du gouffre.
La France connut alors une croissance de plus de 5 % par an qui la classait seconde derrière le Japon et loin devant les Etats-Unis. C’est sur la richesse qu’elle généra que s’édifia un impressionnant système de protection sociale, avec en prime le double luxe de la liberté et souvent de la gratuité.
La fin d’un rêve ?
Ce qu’on a pu appeler à juste titre le « miracle français » allait vaciller en mai 1968. Cette année-là, une émeute de jeunes bourgeois et d’idéologues épargnés par la rigueur des temps, proclama les droits du rêve sur le travail et transforma soudain l’élan en vertige En un éclair qui parut un instant éblouir la France et le monde, on oublia que dans tous les domaines matériel ou culturel, le progrès est fils de la peine et s’éteint dans la facilité.
Ce bouleversement eut une conséquence grave. Une étrange vue du monde « à la française » se développa. Au plan moral, le respect de la norme, de l’autorité, de la contrainte se délita. Le fameux slogan « il est interdit d’interdire » fut lancé comme un défi au passé. On en retrouve aujourd’hui la résonance dans les débats sur le statut social de l’homosexualité, sur les mérites supposés de la famille décomposée et … recomposée, sur les ombres et lumières de la colonisation, sur les fantaisies pédagogiques dans l’apprentissage de la lecture. Bref, on assista à la remise en cause des valeurs qui durant des siècles avaient fait la force et la solidité de la société.
Ce vertige de la libération inconditionnelle de l’individu aurait du pourtant faire réfléchir. On n’efface pas en effet une très ancienne culture du travail et de l’effort par une autre sans dire laquelle. On ne remplace pas, pour parler le langage exalté de l’époque « les pavés par la plage » sans courir un risque grave, celui que prend toute société qui se renie elle-même de perdre, à l’égard des étrangers de plus en plus nombreux qu’elle accueille, son pouvoir d’intégration. Toute perte d’identité, l’histoire en donne maints exemples, est d’abord un auto-renoncement.
L’heure du réveil a sonné
Dans le même temps, la France découvre que son destin de nation à vocation universelle par l’ampleur de ses ambitions technique, politique ou sociale qui avait été à l’origine de son rayonnement, lui échappe. Elle est devenue le seul pays de taille moyenne qui s’applique et s’épuise à courir en quelque sorte tous les lièvres à la fois : exalter le loisir et réduire le travail, prétendre au progrès, c’est-à-dire au mouvement mais défendre la stabilité de l’emploi, bénéficier de services publics luxueux en nombre et en qualité (santé, transports, enseignement, défense, etc…) sans souci de leurs coûts, multiplier artificiellement l’emploi productif ou non grâce à un financement complémentaire de l’Etat, – c’est-à-dire, étrange paradoxe, payer l’entreprise pour qu’elle embauche – supporter le poids d’une fonction publique qui est la plus lourde du monde et absorbe chaque année près de la moitié de la richesse nationale, exalter la recherche publique tandis que s’étiole la recherche privée, etc … autant de défis à l’économie et à la raison qui, jour après jour, vident lentement mais sûrement, le corps du pays de son sang. On le voit, ce n’est plus de malaise qu’il faut parler ici, mais bel et bien de maladie.
Le bilan comparé des principaux pays d’Occident en matière d’activité, de chômage ou de prélèvements obligatoires, jette sur cette hémorragie silencieuse une lumière froide. On constate en effet que la France et l’Allemagne, hier moteurs et guides de l’Europe sont à la fois les pays où l’on travaille le moins, où avec l’Italie les prélèvements sur la richesse nationale sont les plus accablants mais aussi ceux où le taux de chômage est le plus élevé. Cette coïncidence n’est évidemment pas fortuite.
Ces chiffres traduisent le déclin d’une certaine Europe socialisée à l’excès, c’est-à-dire oublieuse de la règle d’or selon laquelle le social, loin de générer du travail, ne peut en réalité que se nourrir de lui. Quand ce dernier est productif, il engendre une richesse dont la répartition, une fois que sont assurés la survie et le développement de l’entreprise, relève de la politique. Alors, mais alors seulement, celle-ci assume pleinement et légitimement ses droits.
L’exemple du Nord
C’est parce que le respect de cette règle est resté vivace que les pays du Nord ont retrouvé leur santé économique et sociale. La Grande-Bretagne, la Suède, le Danemark, le Canada où, il est vrai, le froid interdit le rêve, ont certes connu en matière de déficit, de commerce, de chômage , des crises aussi graves que la France d’aujourd’hui. Mais ils les ont affrontées au lieu de les ignorer. Et surtout, comme l’exige toute maladie sérieuse, ils les ont traitées assez tôt pour en guérir. Or, nous touchons ici du doigt la racine d’un mal dont l’histoire de France offre maints exemples, à savoir son impuissance à prévoir. Au remède qui l’ennuie, elle préfère la révolution qui l’exalte. Elle ne se réveille que lorsque la souffrance devient insupportable. Dans un grand élan coûteux, elle s’emploie alors, vaille que vaille, à réparer ses erreurs passées. Tous les peuples, songeons à la Grande-Bretagne des années 70, à la Suède et au Canada des années 90, en commettent. Mais en France, deux amortisseurs ont joué. Ce fut d’abord l’Etat, dispensateur de subventions et d’emplois, emprunteur puissant capable de financer des investissements lourds, ensuite le paravent de l’euro, dont la stabilité masquait la dégradation des finances nationales. Ils ont dissimulé la menace que faisait peser sur l’économie l’excès de charges fiscales ou sociales supportées par les entreprises et donc finalement sur l’emploi. Le remède loin de guérir le mal, l’a entretenu et aggravé.
Ce constat paraîtra alarmant. De fait, tous les éléments d’une crise durable sont réunis. Mais il l’est surtout dans la mesure où il a été jusqu’à présent à la fois ignoré de l’opinion et méprisé des gouvernements. Une partie de la France pleure aujourd’hui la fin de la poule aux oeufs d’or. Or, L’Etat impécunieux est devenu facteur tantôt d’impuissance – la relative stérilité de la recherche publique en témoigne – tantôt d’injustice lorsque le chômage des jeunes de moins de 25 ans, frappe au coeur la génération de demain. En outre, face à un peuple où, à droite comme à gauche, son prestige a été longtemps si grand, ce même Etat ne se résigne pas à déclarer forfait. Alors, il emprunte et se retrouve, ce faisant, complice d’une troisième injustice. Il impose en effet à l’enfant de demain ce qu’il n’ose pas demander à son père aujourd’hui.
En ce début d’une année lourde d’incertitude, le pays conjugue deux attitudes également dangereuses. D’un côté, la fuite en avant d’un endettement sans fin, de l’autre la tentation du retrait, celle à laquelle il a cédé le 29 mai 2005, lorsqu’il a dit non à une Europe qui, lui a-t-on fait croire, mettrait en péril les « acquis » hérités du siècle précédent. Et pourtant, il y gardait deux chances, celle d’une situation géographique exceptionnelle et plus encore le talent de ses enfants. Mais ce jour-là, il a comme cessé de croire en lui-même.
Peut-il rattraper ce « ratage » de l’histoire ? La réponse est oui. Mais à la condition qu’il se souvienne que toute réforme demande foi, patience et ténacité. Politiquement, deux portes lui restent ouvertes :
– ou bien comme en Allemagne, un accord entre droite et gauche dans la mesure où le mal à guérir, parce qu’il concerne la collectivité tout entière, impose un impératif de « sauve qui peut » qui déborde l’idéologie ;
– ou bien une continuité dans l’effort que ne vient pas rompre l’alternance entre une droite et une gauche où la seconde méprise et détruit les résultats obtenus par la première. Ce jeu de bascule idéologique serait fatal. La Nouvelle-Zélande donne au contraire un exemple de ses bienfaits. Petit pays isolé dans le Pacifique sud, elle a pu grâce à une ténacité toute britannique surmonter le risque que représentait pour son économie la rupture de ses liens privilégiés avec la Grande-Bretagne lorsque celle-ci rejoignit l’Europe. L’agriculture et l’élevage, ses principaux atouts se sont taillé toute leur part sur le marché des pays asiatiques voisins en plein essor. Du coup, la menace qui pesait sur son régime social, l’un des plus généreux du monde, fut écartée. Elle a retrouvé aujourd’hui une prospérité enviable.
Tel est pour la France, à travers 2006, l’enjeu de 2007. Auquel, si la droite l’emporte, s’ajoute un autre choix. Ou, à l’image du passé, se satisfaire d’une politique en demi-teinte qui, par le moyen de mesures de circonstances rassureraient facilement c’est-à-dire faussement l’électeur et l’entretiendrait dans l’illusion, ou à l’inverse le réveiller et lui permettre d’affronter enfin l’avenir les yeux ouverts.
Il ne lui reste qu’un temps court pour cesser de se tromper sur lui-même. Le regard lucide qu’il portera sur des structures vieillies, héritées d’un temps qui s’éloigne agira comme le dégel sur le fleuve. Echappant à la rigidité de l’hiver qui le transformait en barrage, il coule à nouveau, le printemps revenu, vers la mer et le grand large.
Alors, la France retrouvera l’élan dont certains de ses enfants qui lui tournent aujourd’hui le dos, donnent à l’étranger un si remarquable exemple. Quels autres voeux que ceux de la vérité, du courage et … du succès former pour elle ?
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Merci pour cette tribune. Il n’y a pas grand chose à rajouter.
C’est vrai que notre pays, par l’assistanat créé depuis 1968, mais largement accéléré après 1981, nous a fait hérité d’un pays économiquement à l’agonie.
Pourquoi alors les jeunes aujourd’hui manifestent dans la rue ?
C’est davantage une crainte de l’avenir qu’un refus du CPE ou de la politique du gouvernement.
Bon nombres de lycéens que j’ai entendu disaient "qu’est ce qu’on va faire de notre vie".
Ils ne disaient pas "pourquoi le CPE".
Même chose pour les étudiants.
Il faut redonner confiance en l’avenir et reconnaitre que le présent n’est pas idéal, loin s’en faut, mais tirer le bilan des actions passées qui ont réduit la superbe de la France à peau de chagrin.
Je veux une France forte, parce que j’ai grandi avec une France forte et je ne veux pas léguer à mes enfants la responsabilité de corriger les erreurs que je n’aurais pas dénoncer…
Oui l’assistanat n’est pas une chance… Cela ne devrait être qu’une solution ultime. Pour certain c’est devenu la règle de vie !!!
C’est ignoble et égoîste.
"Ralentissez ! Pensez à nos enfants !" est-il écrit à, l’entres des villes.
"Accélérez, pensez aux nôtres !" ai je envie de dire à la société française !
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Très bonne description de la situation et du jeu des acteurs. Il semble que les Français veuillent rester dans le rêve le plus longtemps possible. Le refus du CPE le montre.
Deux remarques cependant.
1. Si les Français refusent la réalité, c’est parce qu’elle appelle à l’effort. Antinomique avec les paradigmes d’aujourd’hui: temps libre, hédonisme, prise en charge par l’Etat Providence, argent facile, culture des droits.
2. Si les Français refusent la réalité, c’est aussi parce que personne – à droite comme à gauche – ne tient un langage de vérité et pédagogique étayé sur un constat factuel que chacun puisse vérifier par lui-même.
Au lieu de pédagogie, on préfère la démagogie. On est saturé de commentaires teintés d’idéologie et de parti pris. Il nous manque un outil d’information sur les réalités. Quand aurons nous enfin accès à une information factuelle avant de nous voir servi cette soupe à la lecture "peoplisée" des dépêches?
Il est regrettable que M. Chirac n’est pas le sens du service de l’Etat. Il aurait dû démissionner pour permeetre à la France de repartir avec une nouvelle équipe. Au lieu de celà, il a géré ses mandats en fonction de son propre calendrier personnel, de ses faveurs et de ses haines personnelles.Et c’est la France qui en paie le prix!
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Le texte me semble un peu long, un peu timide, un peu allusif. Il doit viser un public dont je ne fais pas partie. M. Blin devrait créer son propre Blog, lui aussi, et faire comme vous, M. Lambert : écrire souvent mais courtement, et répéter autant de fois qu’il faut l’essentiel de son message, à un public attiré par sa forme, son style, et ses idées (enfin, c’est mon avis, hein, sans prétention …).
Sur le fond, je regrete un peu la confusion entre les français, la France, et l’état.
Je ne crois pas que "le mal concerne la collectivité tout entière".
Les entreprises françaises tiennent encore la route, malgré la charge qu’on leur impose
Les français, globalement, se plaignent, et très largement à juste titre, mais leur niveau de vie reste enviable, et leur taux d’épargne supplée à celui de l’état.
Les collectivités territoriales, parce qu’elles sont budgétairement bien encadrés, ne déméritent pas excessivement, malgré quelques dérapages plus spectaculaires que représentatifs du comportement général de la (nombreuse, trop nombreuse) troupe.
Non, le mal est parfaitement localisé.
* l’état, qui vit au-dessus de ses moyens,
* les entreprises publiques, "privatisées" au profit des syndicats de leurs employés,
* le système de protection sociale, irresponsable.
Et ces trois système ont trois points communs
* une gestion pour le compte d’autrui, par des gens qui n’ont aucun intérêt personnel dans la performance du système, pas même sur le plan de la carrière.
* un pilotage par des ENArques. On ne peut dès lors que mettre en accusation cette école,
* l’usage d’une drogue dure : l’emprunt, la dette. Or, qui use d’une drogue ne peut qu’en abuser et en mourrir, ou se sevrer dans la douleur.
Toute la question est : comment opére-t-on les trois organes cancéreux, comment sevre-t-on le malade sans le jeter dans une crise de manque destructrice ?
Ce texte n’apporte pas de réponse.
Cependant, il a le mérite d’apporter son utile pierre à la grande campagne de prise de conscience qui doit précéder l’action.
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
A Pascal
Votre commentaire me paraît juste. A une nuance près : les paradigmes de notre société sont décalés par rapport à la réalité. EX: la France est riche, les services publics défendent l’intérêt général, les patrons sont des salauds, le modèle social français est le meilleur au monde, etc. Tant que ces paradigmes resteront ancrés – et on peur compter sur les démagogues pour laisser croire qu’ils sont vrais! -, on n’arrivera pas à grand’chose. Rien de pire qu’un sourd qui ne veut pas entendre. Le Français s’est laissé assourdir par la démagogie et ce qu’il entrevoit du réel ne l’incite guère à s’éveiller au réel!
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Mr le sénateur
j’ai bien lu et apprécié
votre Tribune du 23 janvier
en accord avec chaque mot…
mais quelle ACTION face à cette urgence ?
il me semble qu’il y ait maintenant
"non assistance de nation en danger"
de la part de notre classe politique
et
notre establishment financier
se "goinfrant" des agios "garantis"
n’a aucun intérêt a enrayer la tendance
par égard et honnèteté vis a vis de nos enfants
nous devons désamorcer cette bombe a retardement
avec mon respect pour votre courage
et votre expérience: comptez sur mon soutien
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Je risque d’être sévère tant je trouve ce texte totalement réactionnaire et sans génie : qu’est-ce que c’est que cette charge ridicule contre mai 1968, et cette espèce de discours de père la morale à deux sous ?
Il n’y a rien dans cette tribune : pas un argument, pas une réflexion, mais des poncifs qui frisent le café du commerce sur l’effort, ce qu’à gauche on appellerait une "raffarinade" en somme.
Si c’est tout ce que Monsieur Blin a à nous dire sur le grand "élan de la France", c’est à dire un vague succédané de discours pseudo-gaulliste mâtiné de libéralisme mal digéré, la France est mal partie pour sortir de l’ornière.
Bref, sentencieuse tribune à laquelle je ne prendrai pas la peine de répondre sur le fond puisque le fond en question, il n’y en a pas.
BDLR : Attendu votre forte implication sur le Blog, je ne souhaite surtout pas vous froisser, mais ne trouvez pas que votre propre avis est émis de façon sentencieuse, comme si chacun était prié d’y adhérer sans condition. Votre formulation est sans appel. Dans une langue absolutiste. Maurice Blin n’a ni votre âge, ni le mien. Il a connu des temps que n’avons pas connu, ceux de la guerre, des ses souffrances. Il a vécu l’Europe comme l’oeuvre de réconciliation d’une Europe qui devait déliver un message et offrir en partage des valeurs au monde. Ni son style, ni la taille de ses billets ne ressemblent aux nôtres. Pourquoi refusez-vous qu’il s’exprime ? moi je le remercie et je l’invite tous les jours. Chacun a le droit de s’exprimer sur ce Blog. Pardon d’avoir été dur. Mais je vous voulais vous alerter sur les dangers de se faire parfois plaisir par des des jugements expéditifs. AL.
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Cher Alain Lambert,
J’ai réagi de manière expéditive parce que j’ai jugé le billet sans fond et truffé d’a priori.
Ce n’est tout de même pas mai 68 qui est responsable de l’ornière économique de la France.
Il me semble qu’il y a une cause bien plus directe et évidente, et je vais vous en faire une démonstration très simple.
M Préberau, je crois, a calculé que la dette par tête de français était de 90 000 euros.
Maintenant, comparez ces chiffres à ce que vaut en manque à gagner (Impôt sur le revenu, prélèvements libératoires, TVA) de plus de 15 années à plus de 10% de chomâge.
Bien sûr, il est illusoire de vouloir un marché avec 0% de chômage, et traditionnement, pour une bonne fluidité du marché du travial dans un économie en bonne santé, on compte à peu près 3-4% de taux de chômage.
Mais même ainsi, et même en considérant que les 6% restant n’aient gagné que le smic, ce qu’ils auraient représenté en économies et en recettes pour l’état n’est sans doute pas très loin des 90 000 euros par tête.
Donc, le vrai problème, il est là.
Et je trouve qu’il est fort d’accuser les français, qui sont les individus les plus productifs au monde, de ne vouloir qu’une société de loisirs alors que tous les chômeurs que nous avons en France depuis longtemps ne demandent pour la plupart qu’à travailler.
Il y a aussi quelques contre-vérités : mai 1968 n’est pour rien dans les difficultés économiques de la France.
Il y a une première cause bien connue qui est le premier choc pétrolier en 1973. Mais ce qu’on oublie souvent, c’est l’échec de la politique du franc fort mené par le Général de Gaulle qui s’est avérée être un échec parce que la RFA a refusé à l’époque de soutenir la France contre l’Amérique en achetant du fran au moment où il le fallait.
De plus, la faiblesse des investissements sous la houlette de VGE qui était alors ministre de l’économie, a très mal préparé la France à un choc, en raison de la vétusté de ses installations industrielles, et on a pu noter un ralentissement en France dès l’été 1973, donc avant la guerre du Kipour…
Pour les fantaisies pédagogiques, ça c’est indiscutable qu’il y en a eu (mais que fait Monsieur Blin, alors que sous le gouvernement UMP , l’un des tenants de ces fantaisies, M.Ferry a été nommé ministre de l’EN) mais c’est occulter aussi le fait que l’éducation s’est démocratisée dans des proportions considérables.
Et pour les moeurs, M.Blin oublie la chape de plomb des années gaullistes qui ne reconnaissaient pas même la femme comme majeure (tout du moins, pas complètement).
Je trouve donc qu’il réécrit l’histoire avec une grande désinvolture, et c’est contre ceci que je m’insurge.
Enfin, je ne trouve aucun élément de réflexion sur la fonction publique que l’auteur s’acharne à dénigrer au lieu d’essayer de discerner ce qu’elle peut comporter d’utile. Car ce n’est qu’ne discernant l’utile que l’on peut se débarasser du superflu et donc réformer.
Il y a bien d’autres points que je pourrais releve,r mais en voici déjà quelques uns.
Au final, c’est à mon avis davantage un billet d’humeur qu’une analyse, et en tout ca,s pas une analyse économique, ça, c’est sûr.
Cordialement
Anaxagore
P.S Cela dit, je vous remercie pour votre blog : un endroit tranquille et paisible où on peut débattre de manière civilisée.
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Pas du tout d’accord avec Anaxagora. On peut regretter la longueur du texte, le style peut-être, mais je trouve la mise en perspective intéressante. Elle s’inspire du courant humaniste, pas de l’idéologie marxiste. C’est peut-être pour ça qu’ Anaxagora a eu du mal à en comprendre toute l’intelligence. On voit à ce type de réactions les dégâts du formatage ambiant qui touce malheureusement beaucoup de personnes quelque soit leur préférence partisane!
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
C’est un constat, que Maurice Blin nous fait là.
Ce constat est conforme, à quelques nuances près, à ce que beaucoup de Français savent depuis bien longtemps.
Il était déjà possible de le faire, à la fin de l’ère Mitterrand, où il prenait toute sa valeur.
Nombreux sont ceux qui comptaient sur J. Chirac, pour entamer un changement qui permette de sortir de l’ornière.
Cela fait onze ans maintenant.
Ils se sont fait à l’idée, que la réponse ne viendra pas de lui.
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Je ne suis pas marxiste , très loin de là, et ce n’est pas au non d’une idéologie que j’ai réagi aussi vivement mais parce que je trouve ce billet d’humeur empli de contre-vérités.
Je suis très attaché à l’humanisme, et tout particulièrement l’humanisme classique.
J’aimerais bien que l’on m’explique en quoi cette tribune est humaniste.
Et je vais vous dire même ceci : quand je lis cela « Bref, on assista à la remise en cause des valeurs qui durant des siècles avaient fait la force et la solidité de la société. » je fais un bond sur mon clavier.
Bien heureusement, et je le dis au nom de l’humanisme, justement qui a fait de l’humain le centre de ses préoccupations, bien heureusement, les valeurs ont évolué et ne sont plus ce qu’elles ont été ne serait-ce qu’au XIXème siècle.
Notez que je prends pas spécialement parti pour mai 68 mais c’est ce que sous-tend la tribune contre quoi je m’insurge.
Et je répondrai à Monsieur Blin seulement par le magnifique premier stasimon (chant choral) de l’Antigone de Sophocle. C’est peut-être le plus bel hommage à l’être humain, en lequel j’ai foi, que j’aie eu l’occasion de lire.
«Entre toutes les merveilles, il n’est rien de plus merveilleux que l’homme. Il traverse la mer au milieu des orages, et se joue de la colère des flots. Il sillonne sans relâche le sein inépuisable de la terre, mère immortelle de tous les dieux ; chaque année il l’entr’ouvre avec la charrue traînée par des chevaux vigoureux. L’homme, par son industrie, attire dans ses pièges l’oiseau léger et la bête farouche, et enveloppe dans ses filets les habitants des eaux ; il dompte par son adresse les monstres des bois ; il soumet au joug le coursier à la crinière flottante et le taureau sauvage. Il s’est approprié la parole et la pensée aérienne, et les lois qui règlent l’ordre des états ; il a appris à se préserver des frimas et des intempéries de l’air. Son génie inventif se précautionne même contre l’avenir ; les plus cruelles maladies cèdent à son art : contre la mort seule il n’a pas d’asile. Habile et industrieux au delà de toute croyance, il se livre tantôt au bien, tantôt au mal : lorsqu’il associe à ses travaux les lois de la terre et la justice divine, il fait la gloire des cités ; mais il devient indigne d’une patrie, quand l’audace l’entraîne au crime. Que jamais il ne partage mon foyer et mon amitié, celui qui agit ainsi. O prodige ! dois-je en croire mes yeux ? mais comment douter que ce soit Antigone ? Malheureuse fille du malheureux OEdipe, est-ce pour avoir désobéi aux ordres du roi, qu’on t’emmène ainsi ? t’aurait-on surprise en faute ?»
J’ajoute encore ceci : croyez bien que Si Antigone avait du respecter les valeurs séculaires qu’invoque plus tard Créon dans la tragédie, Polynice n’aurait sans doute jamais eu de sépulture.
Puisque l’on parle d’humanisme, voilà une leçon surgie du passé que nous pouvons encore aujourd’hui méditer : et cela, parce qu’elle parvient à s’extraire du temps , parce qu’elle n’est pas historiquement datée.
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Non, Anaxagore, vous confondez causes et conséquences !
Si les travailleurs français sont les plus productifs du monde, c’est parce que le système fraçais élimine les moins productifs (ce que je montre dans ma thèse) : 35 h, surcoût du public etc … se traduisent par des prelevements eleves donc des exigences de productivité qui éliminent ceux qui ne peuvent les atteindre … si les entreprises n’ont pas investis au cours des années 70, c’est en raison de la priorité donnée aux politiques keynésiennes de soutien aux salaires (s’accroissant plus vite que la productivité) rognant les capacités d’autofinancement des entreprises et la hausse brutale des salaires en mai 68 s’est traduite par une hausse forte du chomage des cette époque… Juste une précision : j’inclus dans les salaires les charges dites "employeurs" qui sont bien constitutives du coût du travail (60 % aujourd’hui du salaire brut)
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
NON ASSISTANCE A NATION EN DANGER…
je comprend la réaction d’Anaxagore,
bien que je n’apprécie pas la forme…
mais sur le fond nous demandons tous: REPONSE et ACTION
nous les "actionnaires" de la France et
ses "banquiers" aussi en qualité de contribuables
sommes toujours appelés "en comblement de passif"
mais dans le cas de "l’entreprise France"
le bilan devrait être déposé depuis longtemps…
Comme l’écrit Gerfo: "la réponse ne viendra pas de J. Chirac" alors DE QUI ???
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Mr Blin n’a-t-il aucune conclusion à tirer de l’impuissance d’une majorité ayant rarement tenu autant de leviers du pouvoir à la fois et s’étant avérée incapable d’émettre de simples propositions de grande envergure ?
Cinq ans se seront bientôt écoulés : rendez-vous aux élections pour le bilan de la droite unie.
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
Merci à vous, Monsieur le Ministre, d’avoir mis la tribune de Monsieur Maurice BLIN sur votre blog. Et merci à ce dernier de son excellente analyse.
Inutile de vous dire que je ne partage aucunement les propos désobligeants d’Anaxagore.
comme l’écrit Gerfo " Ce constat est conforme, à quelques nuances près, à ce que beaucoup de Français savent depuis bien longtemps ".
Si à l’époque de MITTERAND la France a joué " la cigale " (souvenons nous des fastes de la commémoration du bicentenaire de la Révolution), c’était bien prévisible, attendu en quelque sorte, et un comportement contraire de la gauche aurait été surprenant.
Mais que Jacques CHIRAC et ses gouvernements successifs aient laissé se dégrader comme on peut le constater aujourd’hui les finances du Pays est incompréhensible et impardonnable. Naturellement le Président de la République n’est pas le seul responsable, mais on a l’impression, en France, que les Ministres, à commencer par le 1er d’entre eux, et au delà, les Députés et Sénateurs composant la majorité ne sont là que pour dire Amen. Nous ne sommes plus à l’époque où il était de bon ton de dire " un Ministre doit fermer sa g. ou démissionner ". La solidarité gouvernementale a des limites.
Alors, Monsieur le Ministre, Monsieur le Sénateur, vous estimez-vous un peu (au minimum) responsables de la situation que nous connaissons ? Quelle que soit votre réponse, pourriez-vous la justifier ?
Si le Pays attend beaucoup de Nicolas SARKOZY, c’est d’abord parce qu’il donne l’impression de parler vrai. Et les mots qui lui sont reprochés étaient tout à fait adaptés aux circonstances et auraient été prononcés, sinon en public, mais en privé, par une majorité de Français. Langue de bois et " politiquement correct ", nous en avons ras le bol !
Billet : La France entre le dégel et l’élan.
à "Bernic" vous evoquez Nicolas SARKOZY…
il ne semble pas que NS ait brillé par sa rigueur
lors de son court passage à Bercy ?
qu’en pense notre hôte monsieur Lambert ?
Qui peut me dire à qui appartient:
1. La banque de France.
2. La banque centrale Européene.
Monsieur,
Heureusement que l’on se préoccupe enfin des discriminations dont sont victimes les homosexuels, ce n’est que justice !!!
Et cela n’a rien à voir avec la crise traversée par le pays, crise essentiellement due à un Président qui n’a plus aucune autorité, qui ne veut que sauver les apparences et la fin de son mandat en promulguant une loi tout en disant que sa disposition le plus contesté ne s’appliquera pas
Quel triste bilan, après 40 ans de vie politique (comment a-t-on sérieusement espéré faire croire aux Français que l’on vient de se rendre compte de la situtation de chomage dans laquelle se trouvent certains jeunes non qualifiés pour précariser toute une classe d’âge ???)
Merci de ne pas mêler les droits et légitimes revendications des homosexuels à ce délitement présidentiel
Cordialement
Marc