Revenons sur la loi de règlement (LR), sa revalorisation opérée par la LOLF par l’introduction du fameux « chaînage vertueux ». L’examen de cette loi de règlement (LR) deviendra-t-il le « temps fort » du contrôle budgétaire ? Faut-il, comme le prône la mission Lambert-Migaud, aller plus loin dans la mise en place d’un véritable « cycle de la performance » ?

Le principe du « chaînage vertueux » est inscrit à l’art. 41 LOLF : « Le projet de loi de finances de l’année ne peut être mis en discussion devant une assemblée avant le vote par celle-ci, en première lecture, sur le projet de loi de règlement afférent à l’année qui précède celle de la discussion dudit projet de loi de finances ». Il s’agit donc de lier la discussion de la Loi de Règlement (LR) et du Projet de loi de finances (PLF) afin de permettre aux parlementaires de tirer les conséquences des résultats observés pour la discussion des missions/programmes pour l’année à venir. Mais ce système est-il suffisant pour créer un véritable « cycle de la performance » au Parlement ?

Les différentes étapes du cycle budgétaire, pour un exercice donné, sont les suivantes : Préparation du Budget (exécutif) et Débat d’orientation budgétaire (DOB), Examen du PLF, Exécution (exécutif), Contrôle de l’exécution et LR. Le « cycle de la performance« , liant les exercices entre eux, est réalisé par le lien entre la LR (n-1) et le PLF (n+1). Or, ce cycle est imparfait, il ne permet ni de renforcer la portée DOB, ni de revaloriser la discussion budgétaire (voir l’exemple du budget 2006, sous les réserves énoncées dans un précédent billet). Aussi, faut-il saluer la proposition de la mission Lambert-Migaud de lier l’examen de la LR non plus avec le PLF mais directement avec le DOB. Cette proposition, qui a trouvé écho tant au ministère des finances que dans les deux assemblées, vise à procéder à l’examen de la loi de règlement dès le mois de juin et d’engager le DOB à la suite de ce dernier. Il s’agit donc de coupler la LR et le DOB.

Sans être incompatible avec l’art. 41, cette proposition va beaucoup plus loin que ce qu’envisageait le législateur organique. Ainsi, ce véritable aménagement de la LOLF pourrait avoir des conséquences très positives sur le pouvoir budgétaire du Parlement :
– Un cycle de la performance plus rationnel : lien de l’examen des résultats (dernière étape du cycle budgétaire n-1) et des orientations budgétaires (première étape du cycle budgétaire n+1).
– Une double revalorisation du DOB et de la loi de règlement qui, plus que la discussion budgétaire, doivent devenir les temps forts du rôle du Parlement en matière budgétaire.

Restera néanmoins à prendre les mesures nécessaires pour opérer ce renforcement. Par exemple : l’extension du temps consacré à l’examen de la LR, des rapports spéciaux sur l’exécution des missions (ce que prône la mission Lambert-Migaud) ou encore une revalorisation de la portée du DOB, qui reste facultatif et conserve une portée purement informative. Enfin, au-delà des évolutions juridiques, il s’agira surtout pour les parlementaires de prendre conscience que leur rôle consiste en 1er lieu au contrôle des résultats et des orientations budgétaires bien plus qu’à la discussion des prévisions budgétaires. Finalement, c’est bien à l’implication des parlementaires à ces différents stades que se mesurera la revalorisation du Parlement en matière budgétaire.

Le Rapport Lambert-Migaud : Réussir la LOLF, clé d’une gestion publique responsable et efficace.

Catteau Damien, Université de Lille 2, Laboratoire du GERAP-GREEF.