Notre mission en Algérie n’était pas que touristique, même si la visite de Ghardaïa et M’ZAB justifiait le déplacement et justifiera d’y retourner. Elle visait à évaluer les résultats de la politique de coopération menée entre les notariats français et algériens et à fixer les objectifs pour les années à venir. Cette coopération est d’autant plus intéressante qu’elle ne le limite pas à l’exercice d’une seule profession, elle touche au fonctionnement de l’Etat, c’est pourquoi des hauts fonctionnaires de Bercy participaient aux rencontres de travail. Les ministères des finances français et algériens coopèrent de leur côté depuis de très nombreuses années et la fonction notariale est au coeur du service public de « l’authenticité », c’est à dire de l’assomption des contrats notariés à la valeur d’un jugement en dernier ressort.

Il ne me revient pas de commenter le contenu des entretiens pour la partie notariale, le Président Laurent Dejoie le fera. En revanche, comme parlementaire et ancien ministre, je me réjouis que l’Algérie veuille coopérer avec la France pour cheminer ensemble vers une économie de marché entièrement assumée. Certes, notre pays est plus avancé mais il a un passé lourd en matière d’économie administrée. De sorte qu’il est un bon témoin des évolutions nécessaires et des cheminements utiles à emprunter. La question de la sécurité juridique est au coeur de la confiance qui, elle même, est la mère du développement économique et de l’emploi. Sans sécurité point d’échanges. Sans instruments efficaces point de sécurité juridique.

Enfin, je suis frappé, attendu la vitesse avec laquelle la globalisation de l’économie s’opère, de la nécessité pour les administrations et leurs opérateurs de créer des systèmes financiers, juridiques et comptables qui se reconnaissent et qui produisent le même effet quelque soit le pays où l’agent économique agit, entreprend, séjourne. Il est temps de passer des colloques savants qui traitent de concepts abscons de droit international privé à des ateliers de fabrication d’instruments juridiques qui marchent dans les pays qui l’ont choisi bilatéralement ou multilatéralement.

Je termine en soulignant combien j’ai été impressionné par l’immense culture, la vision à long terme des hauts responsables que nous avons rencontrés. Pour vilipender souvent les politiques et les technocrates, je n’en suis que plus à l’aise pour dire que nous ferions bien de les appeler le plus souvent à agir comme ils pensent le bien commun. Les invitant à cesser de se demander, chaque matin, si les opinions publiques vont les suivre ! Ceci valant pour les français n’ayant aucune qualité pour le faire pour les algériens. Dans notre monde qui devient un petit village planétaire le temps des décisions fortes et courageuses est venu. Le temps du marketing et parfois de la démagogie est révolu. Cessons de dire aux opinions publiques ce qu’elles souhaitent entendre mais ce qui est ! Et notamment qu’elles doivent cesser d’avoir les yeux rivés sur le court terme pour n’avoir qu’une obsession, une ambition : celle de préparer l’avenir de leurs enfants. Et l’avenir du monde dans lequel ils vivront.