Interview ce matin tôt sur Radio Classique et demain sur BFM. Puis Conférence nationale du 1er Ministre sur les Finances Publiques. L’enchaînement de ces rencontres et la lecture de la presse me donnent le sentiment qu’il subsiste encore en France, et c’est sans doute le seul endroit au monde, une croyance dans la dépense comme meilleur soutien à l’emploi. Je ne m’explique pas que l’on puisse encore croire à cette légende. Si elle était vraie, attendu notre niveau très élevé de dépense, nous serions au plein emploi, voire en surchauffe de notre économie. En réalité, la dette : c’est ce qui étouffe la croissance et l’emploi et non l’inverse.
Voilà 15 ans que je m’époumone à crier cette conviction sans convaincre beaucoup, j’en conviens Nous sommes en déficit budgétaire depuis 30 ans, non pas parce que nous ne prélevons pas assez mais parce que nous dépensons trop ! Notre dette n’a pas encore atteint son zénith mais certains ne désespèrent de l’y hisser. Notre chômage est désespérément élevé. Que croyez-vous qu’on en conclue ? Qu’il faut continuer ! On se pince pour y croire, et pourtant … j’entends que la question des jours actuels serait de savoir quand nous nous brisons la spirale de la dette. Cette année ? L’année prochaine ? Avant, après les élections ? Je réponds : Maintenant ! Il faut commencer maintenant. Le plus tôt sera le mieux. Pour le pays, pour le gouvernement, pour la croissance et pour l’emploi.
Ce sont d’ailleurs les recommandations de la Commission présidée par Michel Pébereau à laquelle j’ai eu l’honneur d’appartenir.
Nous devons absolument nous convaincre, et convaincre les plus hautes autorités de notre pays, que la maîtrise de la dette est une priorité absolument du même ordre que le soutien à la croissance, à l’emploi, à la solidarité. Que ces objectifs sont totalement liés. Qu’ils sont indissociables. Et que la fuite en avant sur l’endettement ferait courir les plus grands risques précisément à notre économie, à la croissance et à l’emploi et donc à la cohésion sociale.
Le budget de l’Etat doit être remis à l’équilibre en moins de 5 ans (4 ans est notre recommandation). Cela suppose que les dépenses soient désormais stabilisées en euros courants (zéro valeur) et non plus seulement en euros constants (zéro volume) comme actuellement. En restant en euros constants, l’augmentation du ratio d’endettement n’est stoppée qu’au bout de 4 ans. Il faut alors attendre 8 ans pour revenir à l’équilibre et 9 ans rien que pour revenir à notre niveau d’endettement actuel ! Non décidément, il ne serait pas raisonnable d’attendre 9 ans pour retrouver les marges de manoeuvre dont nous avons besoin pour renforcer notre potentiel de croissance et de solidarité. En revanche, en euros courants, l’accroissement de l’endettement est stoppé en 2 ans. Voilà pourquoi, il faut stabiliser les dépenses en euros courants dès maintenant. Attendre 2007, c’est perdre un an, c’est prendre le risque de donner l’image d’une législature résignée, et ce n’est pas placer la prochaine dans une dynamique positive.
Non décidément, l’emploi n’a pas de pire ennemi que des finances dégradées et une dette excessive. Qu’on se le dise !
Bravo les photos résument tout. L’excès d’endettement de la France conduit tout droit les français à l’ANPE, on fait difficilement mieux comme pédagogie. Vous devriez vous faire embaucher dans une agence de publicité.
Il serait intéressant d’observer l’évolution sur de nombreuses années de la courbe du chômage et de celle des dépenses, notamment celles pour l’emploi. Peut-être découvririons-nous que nous alimentons stupidement le chômage par nos dépenses excessives et inappropriées.
Du surendettement à la Banque à l’ANPE, on ne peut en effet mieux résumer le parcours garanti. Vous devriez vous faire des amis. Méfiez vous dans la politique, ils n’aiment pas beaucoup la vérité.
Monsieur le sénateur
Cher Alain Lambert
Le pire dans cette histoire est le niveau de matraquage fiscal qui pèse sur les entreprises privées en France. Une PME n’a pas trop de solutions mais une multinationale a très vite fait d’en tirer les conclusions et de tout déménager vers un pays de la CEE qui lui est favorable et de faire revenir ses marchandises grâce aux frontières grandes ouvertes …
Il est plus qu’urgent d’harmoniser le coût total du travail charges totales comprises ( taxe professionnelle + impôts locaux etc … ) entre les acteurs de cette Europe.
Combien de fois me suis-je retrouvé à faire exactement le même travail que des collègues américains ou anglais qui avaient en réalité 2 à 3 fois mon pouvoir d’achat ?
Comment faire pour lutter contre des petits pays ( Irlande etc ) qui n’ont pas nos charges historiques ( défenses etc..) et qui pratiquent un dumping social tout azimuts ?
Il fallait peut être y réfléchir avant de faire renter 24 autres pays au total dans cet espace.
endettement national excessif… s’est-on demandé comme dans toute enquète bien menée: A QUI PROFITE LE CRIME ????
Constatant d’un côté la chute de parfois 20 à 40% par an des budgets, pardon, des BOPs gérés par les services déconcentrés, et d’autre part un évident calme social malgré les provocations réductrices et contraires à l’intérêt public de certains hommes politiques soucieux d’assurer leur avenir, et enfin en voyant le peu de critiques qu’attire votre discours, que chacun en tire ses conclusions.
Oui, beaucoup de gens en France pensent que plus l’Etat dépense, plus il est efficace! Sans doute parce qu’on croit l’Etat incapable de mauvaise gouvernance?
Crédulité? Inculture économique ? Désinformation? Les trois sans doute, en sachant que le mythe de l’Etat Providence reste fort dans notre culture de démocratie dirigée héritée du compromis entre le communisme et le gaulisme qui a prévalu jusqu’à récemment ( cf la cogestion Etat/ Syndicat de l’Education Nationale, de Bercy ou de bon nombre d’entreprises publiques)
M. de Villepin a donc décidé de ne supprimer que moins de 6000 emplois de fonctionnaires en 2006, par non remplacement de départs en retraite qu’on peut estimer – eux – à 85000 …Et M. Chérèque dit qu’avant de supprimer des postes de fonctionnaires, il faut d’abord s’interroger sur les objectifs de l’Etat ( cf interview ce matin sur France Info).
Mes remarques:
1.Il aurait été préférable de s’interroger sur les objectifs de l’Etat avant de recruter en masse de nouveaux fonctionnaires, comme celà l’a été depuis 2002!Car M. Chirac a largement sa part dans la dérive!
2. Nous n’avons plus les moyens d’attendre 2008 pour des décisions courageuses! Rappelons nous que c’est parce qu’il y a une masse salariale trop importante que nous n’avons plus la possibilité d’investir! Sauf à creuser les déficits, évidemment!
3. En entreprise, on coupe dans les dépenses et on redéploie les moyens. Pourquoi faut-il un raisonnement biaisé pour l’Etat?
Tout simplement, parce qu’on n’a toujours pas décidé de baisser les dépenses! M. de Villepin est fort en discours et en effet d’annonce. Pas encore dans les actes!
Au Ministre (etc.) Alain Lambert
vous connaissez mes idées…le dernier moment de l’Etat raisonnable fut sans doute celui de Henri IV et Sully…depuis il est devenu absolu par la grâce… de Dieuet et en avant les orgies de dépenses et leurs tragiques conséquences.
Alors vous connaissez mon point de vue, je l’ai assez écrit et tout ce que j’entends le valide (hier encore Bauer lors de C dans l’air, à propos de notre attitude vis à vis des "incapables" que sont les mineurs pour la loi et la justice etc. parlait encore de… l’exception française dans un sens qui devient systématiquement négatif! j’ai cessé de marquer ces régressions sur mon site; leur nombre est trop accablant).
Pourquoi cette tentation suicidaire de la France? A votre avis? car êtant un politique patenté et sérieux , vous avez du vous poser la question. Quelle est la réponse, à votre avis?
GF
Exemple intéressant de "brisage de spirale" dans une illustration parue dans le Challenges de cette semaine : "Exemplaire dette canadienne" page 9 que l’on retrouve (sans le graphe malheureusement) au lien suivant :
challengestempsreel.nouve…
Cela ne signifie pas, bien sûr, que l’exemple est reproductible en l’état mais plutôt qu’il existe des politiques de rupture qui réussissent.
Encourageant ou encore plus désespérant ? A vous de juger…
NDLR : Pour ceux, nombreux je l’espère, qui vont lire ce commentaire et l’article de Challenges, je veux rappeler que les problèmes ayant causé la difficulté du gouverment de Paul Martin sont sans rapport avec le redressement financier spectaculaire et la réforme de l’Etat Fédéral, mais une question de financement des partis politiques trop compliquée à expliquer simplement. AL.
En lisant votre opinion qui diverge quelque peu avec celle de notre Premier Ministre, on comprend qu’il ne voulait certainement pas de vous dans son Equipe.Et pourtant, je suis persuadé que c’est vous qui êtes dans le vrai. tout est question de volonté.Dans notre Département (51) nous nous souvenons de la qualité de gestionnaire de Monsieur VECTEN, dont la rigueur a permis d’avoir des finances saines. Mais dépenser plus que l’on gagne est sans doute la nouvelle méthode de gestion que l’on enseigne … en tous cas dans les hautes sphères du Pouvoir, chez nous … Toujours notre exception culturelle …
Ces négociations sur la question des salaires demandent quelques précisions :
normalement, c’est au Parlement de fixer les dépenses concernant la fonction publique. Le budget de l’Etat inscrit dans la loi de finances 2006 a d’ailleurs déjà été voté et c’est bizarre de voir le gouvernement négocier avec les syndicats sur une éventuelle hausse de la masse salariale de l’Etat.
la masse salariale des fonctionnaires représente environ 50 % du budget de l’Etat, soit plus de 120 Mds d’euros. Ce budget a augmenté de 70 % depuis 20 ans.
Le salaire moyen dans la fonction publique est d’environ 2000 euros net/mois, tandis que celui dans le privé est de 1800 euros net/mois. Une différence de 11 %.
Le salaire minimum dans la fonction publique est plus élevé que le SMIC d’environ 20 %
Le salaire des fonctionnaires augmente automatiquement tous les ans grâce à l’avancement. Contrairement aux salariés du privé, la carrière des fonctionnaires est tracée d’avance quelles que soient leurs performances.
Il existe deux façons de calculer la rémunération des fonctionnaires : le SMPT (Salaire moyen par tête) et la RMPP (Rémunération moyenne des personnels en place). Les syndicats utilisent les SMPT car cette façon de calculer prend en compte le salaire sur une année par rapport à la moyenne et non pas l’évolution du salaire sur deux ans comme le RMPP, moyen de calcul plus proche de la réalité.
Depuis 10 ans, la progression annuelle du pouvoir d’achat est plus de deux fois supérieure dans le public que dans le privé.
Toute hausse du salaire du fonctionnaire entraîne automatiquement une hausse de la retraite correspondante. Le coût est donc plus élevé.
Un salarié du privé cotise 30 % de plus qu’un fonctionnaire pour sa retraite et les contribuables payent environ 65 % des retraites des fonctionnaires. Et le fonctionnaire retraité part à la retraite plus tôt et touche 35-40 % de plus que le retraité du privé.
Les syndicats ne tiennent pas compte dans leurs calculs des primes qui représentent environ 16 % du salaire des fonctionnaires. Pour les fonctionnaires de Bercy, les primes peuvent s’élever jusqu’à 30 % de leur traitement.
La France est le seul pays où les rémunérations du public sont plus élevées en moyenne que celles du privé. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Espagne ou Italie, les rémunérations des fonctionnaires sont inférieures de 20-25 % à celles du privé.
D’ailleurs, parler de fonctionnaires à l’étranger est un peu anachronique. La plupart des pays de l’OCDE ont supprimé ou suppriment le statut de fonctionnaires et ouvrent à la concurrence les administrations et les services publics. Le fonctionnaire est devenu un simple employé.
Source : http://www.ifrap.org/
C’est vrai que l’augmentation 2006 aurait du être prévue et voté au parlement. Sauf que, comme chacun sait, le budget n’est pas sincère.
Sur le plan financier, avant même qu’il soit voté il est déjà prévu de "geler" et "redéployer" une partie des crédits.
Idem sur le plan des effectifs, car l’administration avait prévu des réductions d’effectifs au-delà de ce qu’elle a présenté au parlement (c’est seulement une timidité politique de mauvais aloi qui conduit le gouvernement à ne pas annoncer les réductions qu’il prévoit… et comme de toute façon il n’y a pas de chiffres fiables, il peut rester parfaitement discret)
En jouant ainsi sur les effectifs et sur les crédits, l’administration et le gouvernement se dotent d’une véritable "caisse grise" ("caisse noire" serait un peu fort) d’entre 1% et 3% du budget, ce qui est assez faible pour passer relativement inaperçu mais assez élevé pour faire (parfaitement légalement) bien des choses, et notamment les augmentations de salaires non présentées aux parlementaires…
@jpp : c’est le crime de l’orient express, il y a bien trop de criminels pour en désigner un seul. C’est ça le génie et la perversité de la dette : elle sera payée par des gens qui ne sont même pas encore citoyens, voire même pas nés !
On peut même aller plus loin et se demander pourquoi un état moderne (… moderne… peut-être pas tant que ça, en fait, mais passons…), qui dispose déjà de plus du quart de la richesse nationale d’un pays parmi les plus riches de la planete, a besoin de s’endetter, et a fortiori de s’endetter encore et toujours plus…
Billet : Emploi ou dette ?
Quand les congénaires sont mis en retraite à 56-57 ans par les Employeurs, en existe-t-il un pour embaucher le chômeur de 57ans qu’ils rejettent des milliers de fois depuis maintenant 10 ans, parce que trop…..ou trop….voire de……?
Merci des réponses permises et merci de visiter le site action.antichomage.free.f…
Billet : Emploi ou dette ?
@Naej
Vous faites comme tout le monde, vous posez le problème en terme de comportement des "employeurs". C’est très commun, et ça conduit toutes nos politiques depuis 30 ans. Et donc, ça va vous permettre d’aboutir aux mêmes genre propositions (couteuses, compliquées et contraignantes), avec les mêmes résultats (pire que nuls !).
Est-ce bien raisonnable ?
Regardez un peu le comportement des politiques à l’égard des employeurs, VOTRE comportement. Imaginez les conséquences pour les employeurs. Question : ce que vous proposez, ce que vous défendez, a-t-il pour effet d’inciter les gens (car les "employeurs" ça n’est pas une espèce à part) à espérer une plus-value du travail et donc à proposer du travail (embaucher), ou bien au contraire les en dissuader ? Concluez vous même.