C’est dans Le Monde de de ce soir. Il est bon qu’une personnalité de son niveau et de son courant de pensée s’exprime sur ce sujet qualifié par lui même d’essentiel. Je partage la quasi totalité de ce qu’il écrit, aussi me limiterais-je à quelques considérations complémentaires.

S’il partage le constat du rapport de la Commission Pébereau, il trouve ses préconisations d’un classicisme « étonnant ». Le remède ne lui semble pas résider dans l’effort mais dans l’édiction de nouvelles règles relatives aux comptes, aux principes et aux institutions.

S’agissant des comptes, il n’a pas tort de souligner que la communication n’a pas été à la hauteur de la minutie du rapport. Mais n’est-ce pas toujours ainsi ? Les cabinets ministériels sont plus prompts à promouvoir les travaux menés par leur ministre que tout autre. Fixer des normes concernant les comptes de patrimoine des administrations publiques est en effet urgent et nécessaire, et il serait souhaitable qu’il en soit de même pour tous les pays de la zone euro.

S’agissant des principes, j’avais été, comme lui, séduit par le système anglais (du Pacte de Responsabilité) que nous étions allés examiner de manière approfondie lorsque j’étais à Bercy. La prise en compte du cycle économique est le bon sens même. Les critères de Maastricht avaient tout leur mérite et ils auraient pu rester en l’état en ajoutant simplement qu’ils devaient s’apprécier sur la durée du cycle. En y ajoutant la règle d’or quant à l’interdiction du financement du fonctionnement par la dette. Il demeure que cette référence anglaise belle et bonne ne nous offre pas de réponse à la situation d’une dégradation des finances publiques aussi grave que celle que traverse la France. Ces règles de bonne pratique sont excellentes à condition de partir d’une situation assainie mais elles n’offrent pas de solutions de sortie de crise.

S’agissant enfin des institutions, je trouve intéressante son idée de retirer au Ministre des Finances le domaine des prévisions économiques. Son transfert dans le champ du Parlement serait excellent et participerait au rééquilibrage souhaitable des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif en matière de finances. J’ai cependant été surpris qu’il ne traite pas du cancer qui ronge nos finances publiques : c’est à dire l’éclatement total de leur unité. Elles sont aujourd’hui pulvérisées entre l’Etat, la Sécurité Sociale et les Collectivités Locales. Comment piloter le navire budgétaire de la France avec 3 gouvernails totalement indépendants les uns des autres ? Cette situation insensée devrait davantage être dénoncée par des éminents experts tels que Jean Pisani-Ferry. S’il y a des avantages évidents à confier la prévision et l’évaluation à un autre pouvoir, il est aussi urgent que l’exécutif reprenne la pleine et entière maîtrise des comptes publics toutes administrations confondues. Peu importe qu’il y gagne en pouvoir ou en autorité, l’essentiel est qu’il puisse en assumer toute la responsabilité. Car, après 30 années successives et ininterrompues de déficit, les générations politiques au pouvoir pendant toute cette période sont invitées à prendre enfin leur responsabilité budgétaire ou à se démettre.