Ce soir le Sénat a voté une taxe sur les billets d’avions. Au même instant, je lisais dans la Revue Française des Finances Publiques, à propos de la fiscalité en général, un petit encadré choisi par mon ami le Professeur Michel Bouvier dans les oeuvres de Voltaire dans « L’homme aux quarante écus ».
Il s’agit d’une audience de Monsieur le Contrôleur fiscal.
Des hommes d’un génie profond lui présentèrent des projets. L’un avait imaginé de mettre des impôts sur l’esprit. « Tout le monde, disait-il, s’empressera de payer, personne ne voulant passer pour un sot ». Le ministre lui dit : « je vous déclare exempt de la taxe ». Un autre proposa d’établir l’impôt unique sur les chansons et sur le rire, attendu que la nation était la plue gaie du monde, et qu’une chanson le consolait de tout ; mais le ministre observa que depuis quelque temps on ne faisait plus guère de chansons plaisantes, et il craignait que, pour échapper à la taxe, on ne devint trop sérieux …