Ce matin, j’ai participé avec d’éminents spécialistes à une table ronde sur la nouvelle gestion publique dans le cadre du Forum International organisé chaque année par le journal Les Echos. Il s’agit d’ailleurs d’un événement remarquable, à l’honneur du journal et qui mérite être salué. Le sujet qui nous était imparti était naturellement celui de la LOLF, sur le thème : où en est-on aujourd’hui ? Sa mise en place correspond-elle à nos attentes et à nos espoirs initiaux ?
Quelques articles critiques fleurissent actuellement dans la presse décrivant un débat parlementaire terne et peu impacté par la réforme. Ce n’est pas faux. Mais c’était prévisible. On ne change pas 45 années de pratique de débat routinier en feu d’artifice budgétaire en quelques semaines. Pour ma part, je pense que des acquis incontestables et irréversibles existent et que nous ferions bien de nous en réjouir pour entamer, enfin, le redressement si urgent de nos finances publiques.
Faut-il rappeler tout d’abord que c’est la 1ère fois dans l’histoire des finances publiques de la France qu’une nouvelle Constitution financière est adoptée à l’initiative du Parlement. Qui a su surmonter ses sempiternelles divisions partisanes pour doter notre pays d’un outil moderne de pilotage et de transparence des finances de notre Etat.
Dans un Pays réputé si figé, pour une fois que les dirigeants politiques se montrent déterminés et presque unanimes pour la réforme, ne boudons pas notre plaisir et gageons que tous ceux qui ont en charge sa mise en oeuvre sauront être, dans les meilleures conditions, à ce rendez-vous important de notre histoire budgétaire.
Oui les motifs de satisfaction sont nombreux :
– La date est tenue ! de manière parfois imparfaite, mais le délai fixé était court ; nous en étions conscients, dès l’origine.
– Le défi de l’appropriation par tous les agents de l’Etat n’est pas encore relevé. Certes. Pas davantage d’ailleurs que celui des Ministres. Ni de tous les Parlementaires. Un immense travail de conduite du changement reste à mener.
– Mais l’idée du caractère irréversible de la réforme est désormais acquise, attendu le soutien bipartisan qui ne la soumet pas aux aléas des alternances politiques.
Pour rester fidèles à l’esprit du législateur organique : – Les acteurs de la réforme doivent tenir sur des principes simples comme : confiance à priori, et contrôle et responsabilité à posteriori.
– Ne pas laisser courir des légendes comme le fait que c’est la LOLF qui engendre des tensions budgétaires. Non ce sont les tensions budgétaires qui pourraient handicaper l’envol de la LOLF.
– Les administrations centrales ne doivent pas s’auto assurer en : – Re centralisant des décisions qui étaient déconcentrées, – ou en captant des ressources humaines et financières dans les services déconcentrés, alors que le vrai service aux Français est accompli par les services déconcentrés.
Enfin, les administrations doivent savoir quelles ont la confiance du Parlement pour la réussite de cette LOLF. Le Législateur organique savait parfaitement dès l’origine que cette réforme serait un choc culturel qui ne s’amortirait pas en quelques semaines. Il demeure que l’ère de l’Ordonnance s’achève et que celle de la LOLF commence et qu’elle doit être un succès pour la France et les Français, pour les contribuables et les usagers, et aussi pour les administrations comme pour les administrés. Et qu’elle sera source de ré enchantement pour tous ceux qui sont appelés à offrir à leurs compatriotes les fruits d’une nouvelle gestion publique.
M.Lambert,
Cette LOLF crée des espoirs d’innovation chez beaucoup de français . J’ai encore une belle page saumon du Figaro à portée de main sur cette loi.
J’attends la mise en application , mais comment faire changer notre Administration quand son grand-chef , le PR, est lui même chancelant, absent .
Donc à mon avis, cette Loi, ne sera reellement appliquée, qu’en 2007 ou après , sauf nouvelle majorité qui la REFORME pour la mettre aux oubliettes..
Qu’en pensez vous. en 2 mots ?
M.Lambert,
Cette LOLF crée des espoirs d’innovation chez beaucoup de français . J’ai encore une belle page saumon du Figaro à portée de main sur cette loi.
J’attends la mise en application , mais comment faire changer notre Administration quand son grand-chef , le PR, est lui même chancelant, absent .
Donc à mon avis, cette Loi, ne sera reellement appliquée, qu’en 2007 ou après , sauf nouvelle majorité qui la REFORME pour la mettre aux oubliettes..
Qu’en pensez vous. en 2 mots ?
Je rajouterais volontiers à votre article d’une part qu’il serait judicieux que l’administration centrale cesse de réclamer aux 30 à 130 services déconcentrés de son ministère des tableaux de synthèse sur des données dont elle dispose, et d’autre part qu’il serait peut-être judicieux de permettre aux administrateurs civils d’exercer plus facilement sur les emplois de direction des services déconcentrés, surtout lorsque la décentralisation (ou la mise en oeuvre de la LOLF) incite ce directeur à se concentrer sur les fonctions gestionnaires par opposition aux fonctions prospectives, politiques, ou de représentation.
J’ajouterais également que concernant l’impact du débat parlementaire, les observateurs auraient tous souhaité que les parlementaires "innovent" en influant profondément sur les choix budgétaires (notamment la nomenclature) durant l’examen de la loi de finances. Tous espéraient que les parlementaires usent de leur nouveau droit d’amendement pour créer des programmes nouveaux. Pourtant, cette possibilité est en pratique délicate notamment parce qu’elle a un impact majeur sur le volet territorial et créerait à coup sûr des difficultés d’application pour le gouvernement. Mais plus encore, le faible impact de débat peut s’expliquer, plus simplement, par le fait que les parlementaires ne disposent pas encore du fameux "chaînage vertueux" qui leur permettrait de tirer les conséquences des résultats sur les choix budgétaires. De la même manière, on peut expliquer cet impact par le fait que les parlementaires aient déjà fortement influencé cette nomenclature durant les travaux d’élaboration de la nouvelle nomenclature.
Concernant les "tensions budgétaires", je rejoins les propos d’A.Lambert, la nouvelle procédure budgétaire, malgré l’application de la LOLF, reste fortement axée sur la recherche d’"économies structurelles". Les travaux sur la performance sont donc un peu éclipsés par la nécessité de maîtriser les déficits…
Je pense enfin que l’équilibre institutionnel prôné par la LOLF réside dans la formule d’A.Lambert : « confiance a priori et contrôle a posteriori ». Il me semble ainsi que la logique de la LOLF est finalement que le Parlement n’intervienne que de manière minime sur le projet gouvernemental sauf à participer aux grandes orientations (débat d’orientation budgétaire). La mission essentielle du Parlement est bien d’approuver ce projet gouvernemental et, a posteriori, d’en contrôler, et éventuellement d’en sanctionner, les résultats. On peut donc penser que finalement le moment clef du succès de la LOLF se situera au niveau de l’examen de la loi de règlement et des rapports annuels de performances en 2007… Mais il reste également du chemin à parcourir sur la voie d’un renouveau du contrôle parlementaire…
pourquoi faut-il une "loi de plus"
pour appliquer du "bon sens" ?
jpp
ps en fait la LOLF sera-t-elle appliquée ?
Bravo pour ce travail de longue haleine. Vous y avez oeuvré avec détermination. On a un peu de mal à se rendre compte concrètement du résultat que nous pouvons en attendre. Doit-on dire que cette réforme est comparable au bruissement d’aile d’un papillon qui peut engendrer à terme un changement profond de la gestion de l’Etat et des administrations en général?