Telle est la question qui m’est posée par un ami sur le Blog.
Oui, je pense sincèrement que c’est le plus préoccupant !
En matière budgétaire, il faut éviter de photographier les chiffres à un instant « T » mais regarder toute une série, par exemple sur une dizaine d’années, et observer les tendances lourdes. Evitons tout autant de limiter notre observation au solde mais concentrons aussi toute notre attention sur les évolutions respectives en recettes et en dépenses.
S’agissant des comptes sociaux, rappelons-nous que lors des 15 dernières années nous avons accumulé un endettement colossal : 110 milliards d’euros auront été transférés à la CADES fin 2006. Un telle situation me semble contestable dans la mesure où les dépenses sociales sont des dépenses courantes, consommées immédiatement. L’endettement est donc un pur transfert des charges des cotisants actuels sur les cotisants futurs.
Peut-on complètement comparer avec l’Etat ? pas vraiment, dans la mesure où les comptes de l’Etat retracent quand même des dépenses d’investissement et donc des dépenses d’avenir, même s’il emprunte aussi hélas pour le fonctionnement.
Mais surtout n’oublions pas que, chaque année, rapportées aux PIB, les dépenses de l’Etat se réduisent pendant que les dépenses sociales augmentent.
J’ajoute qu’au surplus de nombreuses recettes de l’Etat ont été transférées aux comptes sociaux lesquels bénéficient aujourd’hui de l’impôt le plus universel qu’est la CSG.
Enfin n’oublions pas que le vieillissement pèsera fortement sur les dépenses de retraite et d’assurance maladie. Les besoins de financement à ce titre ont été évalués à 6 points de PIB en 2040.
Comme vous le voyez, si la situation des comptes de l’Etat est préoccupante et mérite un traitement de choc. Le retour à l’équilibre est cependant réalisable dans un délai de 5 ans pour peu que les gouvernements en place le décident. Pour les comptes sociaux, l’évolution des dépenses est inexorable, pour des raisons démographiques, et la question à trancher est de savoir si l’équilibre urgent et nécessaire pourra se trouver par l’augmentation des prélèvements (au risque de disqualifier notre «économie et nos emplois), ou par la maîtrise des dépenses. Et pour cela il faudra une ferme volonté des gouvernements, des partenaires sociaux et des Français !
Voilà pourquoi nous aurons besoin de gouvernants courageux, forts et convaincants dans les années qui viennent !
Pourquoi quand il s’agit de la sécurité sociales tout ce qu’elle dépense n’est-il pas clairement annoncé aux compatriotes que nous sommes ? Je tiens de la part de personnes travaillant à la sécu que cette dernière prendrait en charge le déménagement de certaines familles… Si cela était vrai, quel est le lien entre un déménagement et l’assurance maladie ?
Il semblerait aussi que bien que la polygamie soit interdite en France, certains arrivent à faire prendre en charge plusieurs compagnes ou personnes sur leur nom… Et tout un tas d’autres fraudes connues mais contre lesquelles on ne lutte pas.
Même si ces informations méritent d’être vérifiées, il semble qu’il y aurait des tas d’autres choses que nous ignorons et qui pourtant allègeraient grandement les comptes de la sécu si ces abus n’existaient pas.
Alors, encore une fois tout est dit en quelques lignes !
J’ai cependant une question: quels sont à vos yeux les gouvernants qui, aujourd’hui, pourraient emporter la confiance des Français sur la nécessité d’un équilibre budgétaire (concernant les comptes sociaux et de l’Etat) et mettre en oeuvre, sans ambiguïté et de façon franche et non édulcorée, les réformes adéquates (car effectivement un "traitement de choc" et un changement radical et général de mentalité sont nécessaires) ? (Je précise: les gouvernants, de droite comme de gauche).
"Les comptes de l’Etat retracent quand même des dépenses d’investissement et donc des dépenses d’avenir" dites-vous.
Bien d’accord sur ce constat, mais sur le budget de 266 milliards d’euros annoncé par le gouvernement, près de 40 – soit l’essentiel du déficit de l’Etat – seront directement consacrés au remboursement de la dette (!!!) et 118 aux dépenses de personnel. Reste donc, en étant optimisme, 108 milliards d’euros sur lesquels, selon le Ministère des finances, 13,5 milliards seront consacrés à l’investissement. Soit 5% du budget.
Raisonnement un peu voire même très simpliste, je vous l’accorde. Sauf erreur de ma part, l’Education Nationale est une dépense d’investissement pour l’avenir sans être présentée comme telle. Dès lors, rétribuer du personnel enseignant constitue également une dépense d’investissement à terme, etc.
Mais votre raisonnement à propos de la Sécurité Sociale m’apparaît également quelque peu simpliste et, finalement, pour être direct avec vous, un peu classique, "déjà entendu". Avec un peu de mauvaise foi, on pourrait même vous accuser d’excuser le déficit actuel de l’Etat !
Ne pourrait-on pas considérer en partie la Sécurité Sociale, et en particulier les branches maladie et familiale, comme un investissement sur l’avenir ? La santé des Français n’est-elle pas aussi importante que leur éducation, que la construction d’un aéroport, d’une autoroute ? A partir de là, je pense sincèrement qu’il n’est pas inutile de comparer les comptes sociaux à ceux de l’Etat (ou inversement).
Ne pensez-vous pas qu’il est temps d’ouvrir ce débat ? Pourquoi pas ici ?
A Poliblog.
Je ne crois pas que nous soyons tellement en désaccord. Il est vrai que l’investissement est trop faible. Ne craignez vous pas de n’avoir cependant relevé que l’investissement civil ? Car l’investissement militaire est comptabilisé à part. Mais peu importe, votre question soulève parfaitement l’évidence que les dépenses du passé interdisent les dépenses d’investissements et d’avenir, dans le budget de l’Etat. Je le crie depuis 15 ans. S’agissant de savoir si l’éduction nationale est une dépense d’investissement, des colloques entiers se sont tenus sur le sujet. Comptablement, je constate que la plupart des dépenses sont cependant annuelles et inévitablement récurrentes, je ne vois donc pas comment les traiter comme investissements puisqu’elles reviennent chaque année. Suis-je partial au bénéfice de l’Etat, vous avez le droit de le penser, mais je ne le crois sincèrement pas. Je vous ai dit que je savais, pour peu que l’on m’en donne les pouvoirs, résorber les déficits de l’Etat, sans drames sociaux, et sur 5 ans. Je ne sais pas, en revanche, comment on finance les dépenses de vieillissement, sur le long terme, sans accroissement des prélèvements, ou sans maîtrise des dépenses, voire un peu des deux.
Le débat est urgent, il doit être mené avec la plus grande bonne foi. Je ne suis le valet d’aucun parti, je ne serai ni le valet de l’Etat, ni celui de la sécurité sociale, j’aimerai simplement que mon pays devienne majeur et responsable. Pour l’instant, il est éclaté entre lobbys du public et du privé qui défendent des prés carrés avant l’intérêt général, voilà mon sentiment tout cru.
Cordialement,
Aux deux solutions que vous apportez pour équilibrer les comptes sociaux (augmentation des prélèvements et/ou maîtrise des dépenses), faut ‘il intégrer de nouveaux acteurs dans le financement et les prestations ?
Des acteurs privés tels que :
– des fonds de pensions pour permettre des départs en retraite plus souple.
– des assureurs de santé, notamment pour les soins dit de ville.
Ceci en parallèle de prestations et de prélèvements minimaux obligatoires (hôpitaux, solidarité nationale…).
L’augmentation des prélèvements et/ou la maîtrise des dépenses apparaissent, à la vue des expériences passées, comme synonyme d’augmentation des « impôts », diminution des remboursements et des libertés de choix, départ en retraite retardé.
Qu’en pensez vous?
Il faudrait aussi aborder le domaine des escroqueries qui expliquent en grande partie le déficit de la sécurité sociale très souvent oublié. Il faut savoir qu’il n’y a pratiquement pas de recoupement informatique et la carte-verte a facilité grandement la tâche aux gens malhonnêtes. Des vérifications et des recoupements informatiques sont effectués uniquement lorsque des soupçons sont portés sur une personne précise. Les intervenants (médecins, pharmaciens) n’ont pas le droit de contrôler l’identité du porteur de la carte. Les escrocs le savent bien. Il est connu que certaines cartes-vertes servent couramment à plusieurs personnes autre que le titulaire au profit la plupart du temps de personnes en séjour irrégulier ou encore qui viennent séjourner provisoirement en France pour se faire soigner voir certaine fois opérer aux « frais de la princesse ». Des médicaments sont couramment achetés dans plusieurs départements par multi consultations de médecins puis revendus sans que personne s’en aperçoive. Les autorités le savent depuis longtemps mais ne font rien. Un renforcement du contrôle des identités ne dérangerait certainement pas les patients honnêtes.
La sécurité social ne doit pas servi à soigner le monde entier…
A propos de sécurité sociale, où en est ce serpent de mer de "dossier médical personnalisé" ?
A propos d’économies, a-t-on fait le calcul de ce que va coûter cette usine à gaz, avant qu’elle ait commencé à rapporter le premier euro :
100 millions, un milliard d’euros ???
Ce n’est pas grave ! Les contribuables paieront… Et s’ils n’ont plus d’argent, ils auront droit à des allocations, de quoi grever encore le déficit de notre budget national !!!
Madelon