Rendre des libertés aux Français pour créer de la richesse marchande, condition du retour de la croissance et de la relance d’un vrai progrès social. Le discours économique aujourd’hui peine à éviter 3 écueils : – n’être qu’un tableau trop noir de notre situation, sans chemin d’espoir ; – se cantonner à une critique plus ou moins feutrée des mesures prises par un gouvernement qui donne le sentiment de vouloir bouger sur quelques points ; – n’être qu’un catalogue de mesures sans vision d’ensemble ;

Le constat des échecs ou des faiblesses a été déjà largement fait (rapport Camdessus, OCDE, FMI….) ; les rapports crèvent le plafond des bibliothèques. Ce qui manque cruellement, en revanche, c’est une explication politique d’ensemble cohérente et traçant un chemin d’espoir malgré les efforts qu’il faudra bien consentir, ce que personne n’ignore.

Cette explication simple et vraie peut s’articuler de la manière suivante :

– Si la France va mal, ce n’est pas faute de ressources ou de talents. C’est parce que sa vision du monde ne correspond plus à la réalité et que ses priorités sont mal fixées.

– Cette réalité, c’est que le monde fonctionne selon le modèle d’une économie marchande ouverte, et plus ou moins bien régulé par la démocratie. Depuis 1989, plusieurs milliards d’hommes ont retrouvé ou retrouvent progressivement des libertés politiques et économiques. Ils veulent, tout au autant que nous, bénéficier des progrès apportés par l’économie de marché. Et c’est justice. Ce mouvement est au surplus profondément positif car jamais la croissance mondiale n’a été aussi forte ni aussi bien répartie. Certes, elle nécessite des ajustements dans les pays comme le nôtre qui étaient jusqu’alors les principaux acteurs et bénéficiaires du système.

– Ces ajustements s’effectuent, sans trop de heurts, dans les démocraties modernes et responsables, ayant intégré les nouvelles règles , en s’adaptant, (USA, Grande Bretagne, Espagne) mais elles sont pénibles en France, en Italie et en Allemagne, là où les résistances au changement sont grandes.

– Les difficultés actuelles de la France tiennent tout simplement au fait qu’elle n’a pas intégré que le succès économique et donc social passe d’abord par la recherche d’un accroissement de la richesse marchande. Au contraire, elle s’est abandonnée à la facilité de la sur taxation ou au contingentement des facteurs de production. Depuis 25 ans, elle privilégie la dépense publique et l’encadrement de la liberté de travailler et d’entreprendre.

– Le « point mort » du pays (dépense publique) est devenu trop élevé, sa capacité de production artificiellement réduite, sa compétitivité entravée. Comment ne pas mettre en parallèle la baisse relative de 20% du niveau de vie par rapport aux Anglais depuis 1980 et l’augmentation de la dépense publique, de la dette et des effectifs de la fonction publique sur la même période ?

– Pour retrouver la croissance nous devons réduire le point mort et augmenter la capacité de production, d’où un effort nécessaire sur les finances publiques et le marché du travail. C’est en encourageant ceux qui sont à l’origine de la production de richesse que le pays retrouvera des marges de manoeuvre, pas en ajoutant des aides ou des législations.

– Ce choix de modèle est aussi un choix de valeurs. Il suppose entre autres :

  • de remettre le travail au centre du modèle républicain (l’ascenseur social fonctionne par le travail et s’oppose à l’assistance qui maintient en état de dépendance sans offrir de perspective de promotion).
  • de reconnaître le mérite comme élément de discrimination positive dans la vie professionnelle comme dans le système scolaire, pour montrer que l’ascenseur social existe encore, et donne sa chance à chacun.
  • de redéfinir les champs respectifs de la solidarité et de la responsabilité individuelle. (Le renforcement de la solidarité à l’égard des personnes dépendantes pouvant s’accompagner d’une responsabilisation plus forte des Français en âge de travailler).
  • de redéfinir le champ d’action de l’Etat et des collectivités publiques. Le dogme du « périmètre de 1945 » dont 60 ans nous séparent est aussi absurde que l’aurait été une référence à 1885 dans l’après guerre. Reconnaissons clairement que les effectifs de la fonction publique doivent baisser.

– La France et les Français ne doivent surtout pas avoir peur de ces ajustements :

  • parce qu’ils sont inévitables et que les retarder ne ferait qu’aggraver la crise,
  • parce que d’autres, dotés de moins d’atouts que nous, les ont pratiqués avec succès, notamment l’Espagne et l’Angleterre.
  • parce que l’exemple de nos entreprises privées dont la compétitivité s’est formidablement accrue depuis 30 ans, à mesure que se dégradait l’Etat, montre que les Français confrontés à des situations difficiles mais guidés par une vision partagée et une main ferme, savent réussir le meilleur.

Au total il faut rendre des libertés aux Français pour les mettre à égalité de chance avec les autres citoyens du monde et restaurer ainsi la solidarité (fraternité) nationale.