Les programmes de redressement des finances publiques qui, seuls, peuvent permettre à la France de rester dans l’Euro, sont un des critères fondamentaux pour choisir notre prochain Président de la République.
Force est de constater qu’aucun des deux favoris actuels n’a emprunté cette voie. En l’état, leurs programmes entrainent notre exclusion de l’Euro. Cette situation devrait alerter certes les Français mais également les 322 millions d’européens qui ont, en partage, la même monnaie.
En présentant en chiffres la situation, j’ai voulu, avant tout, permettre un débat démocratique serein, transparent, sincère et sans ambiguïté.
C’est dans cet esprit que j’ai fait le choix de traduire leurs annonces ou engagements, en valeur, c’est-à-dire en euros courants, en monnaie que nous avons dans notre poche. Les experts préfèrent parler en volume, une autre langue comprise d’eux seulement.
F. Hollande a publié un programme. Celui de N. Sarkozy résulte du programme de stabilité qu’il adresse à Bruxelles chaque année, lequel n’a jamais été respecté sous son mandat, pas plus que lors des précédents. François Bayrou a publié, lui, une ITW dans le Monde retraçant ses principaux engagements.
Nos deux supposés favoris F. Hollande et N. Sarkozy utilisent la ruse classique et naïve, si elle n’était si triste et si dangereuse, des prévisions de croissance optimistes pour réduire artificiellement la contrainte budgétaire en affichant des marges de manœuvre fictives.
Pourtant la qualité et le sérieux des hypothèses macroéconomiques sont le seul socle de la sincérité des propositions budgétaires et de la crédibilité de nos finances publiques.
Je publierai prochainement des propositions pour éviter un usage trop discrétionnaire de ces prévisions. Pour renforcer la transparence, la sincérité et la crédibilité de nos comptes publics, j’entends m’appuyer sur des exemples étrangers.
Souvenons-nous que l’erreur ou le mensonge sur les hypothèses économiques ont été, chaque fois, la première cause des dérapages tragiques de nos finances publiques et de l’échec des plans de redressement amorcés.
L’impératif d’honnêteté de loyauté budgétaire et donc l’impératif démocratique doit ainsi faire obligations aux candidats de nous dire clairement ce qu’ils feraient en cas de résultats budgétaires différents liés par exemple conjoncture moins favorable que celle qu’ils avaient anticipée.
Les Français ne courent aucun risque avec des prévisions prudentes car il est plus facile et plus confortable, en fin de gestion, de discuter de l’affectation des surplus que de procéder à des coupes aveugles, de dernier instant, pour éviter de rouler dans l’abîme.
Comment, dans l’état actuel des informations disponibles, poursuivre un débat démocratique digne d’une grande démocratie ? F. Hollande s’octroie presque 100 milliards d’accroissement de plus de PIB que F. Bayrou à l’horizon 2016 ! Ce qui lui permet d’annoncer plus de 100 milliards de dépenses supplémentaires au même horizon ! Sans annoncer qu’il envisage cependant de percevoir environ également 100 milliards de plus d’impôts à la même période. Et sans parler des 100 milliards supplémentaires de dette qu’il continuera à accumuler. N. Sarkozy n’est guère plus vertueux. Il s’offre des prévisions de croissance supérieures à celles qu’il n’a jamais su atteindre au cours de son quinquennat. Il laisse courir la dette comme la dépense et sera, pour être à l’équilibre en 2016, à l’évidence obligé de relever les impôts beaucoup plus qu’il ne les a baissés depuis 2007.
Le seul qui manifeste, par ses propositions, la volonté indéfectible de rester dans la zone Euro, et le seul dont le programme le permet est François Bayrou ! Certes, il ne cache pas le droit qu’il se réserve de relever les impôts de 50 milliards et de rationaliser les dépenses du même montant. Ce n’est guère électoral, mais c’est le gage de loyauté et de sincérité qu’il estime devoir démocratiquement aux Français pour qu’ils puissent élire leur prochain Président en toute connaissance de cause.
Je joins au présent billet une comparaison des trajectoires de redressement telles qu’elles sont identifiables, à ce stade, dans les projets publiés, à ce jour, par les candidats. Si les équipes de campagne souhaitaient les amender, je le ferais bien volontiers, puisque mon seul objectif est la transparence, la sincérité et le civisme.
Je me suis permis d’inscrire la trajectoire qui aurait ma faveur et qui serait, à mes yeux, la plus, conforme à l’intérêt bien compris des Français et de leurs enfants. Mais comme je pense qu’ils n’y souscriraient probablement pas, je ne la publie que pour mémoire et pour prendre date. Elle comporte une stabilisation totale des dépenses des administrations publiques pendant 5 ans, hors dette et investissement.
Si dans son malheur, suite à un choix erroné ou dolosif, la France venait à se tromper de Président, et si ses finances publiques venaient à s’écrouler, elle suivrait le même chemin que la Grèce. Aux Grecs aussi, on avait menti, maintenant ils ne veulent plus croire en la vérité ou du moins, n’en ont-ils plus la force.
Gageons que les Français n’auront pas peur de la vérité et feront confiance à François Bayrou.
Voici donc les tableaux et graphiques illustrant les observations ci-dessus mentionnées :
- Un tableau comparatif des dépenses, recettes, solde, dette et PIB tels que connus sur la période 2007/2011 avec la projection des propositions des principaux candidats sur 2012/2016. Télécharger le PDF
- Un tableau comparatif des mêmes éléments mais sur la seule période 2011/2016. Ma proposition pour les dépenses se décomposant en une partie fixe et une partie mobile pour l’intérêt de la dette et les investissements. Télécharger le PDF
- Une série de graphiques traduisant les propositions des uns et des autres sur la période 2007/2016 et qui illustre parfaitement que les deux supposés lauréats du 1er tour n’envisagent rien d’autre que de poursuivre la gestion actuelle, voire en pire ! Télécharger le PDF
- Et enfin une série de graphiques sur la seule période 2011/2016 qui montre aussi parfaitement ce que chacun propose de faire du fruit du travail des Français durant le quinquennat qui va commencer. Télécharger le PDF
J’espère que toutes ces présentations vous donneront envie de débattre, nous attendons vos commentaires avec impatience !
Merci de la clarté de votre analyse et projection. C’est de cela dont nous avons besoin.
Sans me prononcer sur le fond, la démarche est intéressante.
Souhaiteriez-vous en parler à l’occasion d’une prochaine interview ?
Dans l’hypothèse où votre agenda le permet bien entendu 🙂
JH
Et n’oublions pas que les hausses d’impôt promises devraient etre destructives pour la croissance.
Cher Alain Lambert,
A la lecture de ce billet, on n’a qu’une envie : voter Alain Lambert. Malheureusement, vous n’êtes pas candidat et il faut bien faire un autre choix…
Il est très intéressant de lire vos calculs. Mais quelles que soient leur précision et leur honnêteté, ils souffrent d’un biais considérable : le manque de précision et d’honnêteté des candidats 🙂 Aussi permettez-moi d’exprimer un avis totalement subjectif sur la crédibilité de chacun, au vu de leur passé et de leur culture.
Depuis 30 ans, j’ai le sentiment que s’est opéré une véritable révolution culturelle dans les rapports de la gauche et de la droite à l’économie, aux finances, voire au réel.
En 1981, la droite de Giscard et Barre incarnait le réalisme, le sérieux, la rigueur budgétaire, la prise en compte du monde extérieur. En face, la gauche de Mitterrand, alliée au PCF, incarnait une certaine utopie, l’excès de dépenses publiques, le déni des réalités économiques internationales.
Et puis, peu à peu, la situation s’est inversée. A partir de 1983, la gauche est devenue nettement plus pragmatique. Les profondes convictions européennes de Mitterrand, héritées de la guerre (peut-être le seul sujet sur lequel il n’a pas changé d’avis…) l’on conduit à convertir le PS à une certaine orthodoxie financière. Ce mouvement a été poursuivi par des figures comme Delors, Jospin et aujourd’hui Hollande, tous très attachés aux engagements européens de la France.
D’un autre côté, échaudée par l’impopularité de Juppé et la défaite de 97, la droite, sous l’impulsion de Chirac puis de Sarkozy, semble s’être laissée aller à un certain laxisme, multipliant les effets d’annonce et les déclarations d’intention tout en creusant les déficits (vous n’êtes pas resté au Budget assez longtemps, monsieur le Ministre…). Les positions de Bayrou en 2007, qui avaient réuni tant d’électeurs, n’ont pas été écoutées.
On peut avoir l’impression qu’aujourd’hui, la pensée magique a changé de camp. Que Sarkozy pense que le maintien de la France dans l’Euro n’est pas une question technique de Finances publiques mais un problème essentiellement politique, qui se règle en jouant les gros bras dans les sommets européens ou les beaux parleurs auprès de Mme Merkel.
C’est pourquoi, au-delà du chiffrage des programmes, (qui sont faits pour ne pas être appliqués, rappelons-le) je crois l’équipe Hollande, avec des responsables comme Moscovici ou Valls, bien plus apte à gérer notre pays que l’équipe Sarkozy ; le problème de Bayrou, c’est qu’on ne connaît pas encore son équipe (même si vous avez toute ma confiance…)
Bien cordialement,
SG