La démocratie est  notre bien le plus précieux. Elle garantit notre liberté.

Elle repose sur un contrat social tacite qui unit un Peuple, les Français, au Président de la République. Il se scelle tous les cinq ans.

Comme pour tout contrat important de la vie, des solennités particulières sont requises pour veiller à l’autonomie de la volonté comme élément principal du consentement libre et éclairé.

Une vigilance renforcée doit être d’urgence exercée sur les vices qui peuvent l’affecter.

Le pilonnage médiatique savamment organisé pour conditionner les électeurs appelle à un sursaut collectif pour revenir d’urgence aux fondamentaux de notre démocratie.

La présentation fallacieuse consistant à laisser croire qu’il n’existe que deux choix effectifs au premier tour nie la Constitution et revient à réduire les élections à un tour seulement. Cette représentation fausse de la réalité que les deux grands partis sont tentés d’accréditer est amplifiée par le prisme médiatique. L’erreur est un des vices du consentement. Or, elle est organisée, consciemment ou non, en envisageant d’autre deuxième tour que celui entre le Président sortant et François Hollande. Cette réduction à ces deux seuls candidats s’apparente à une démarche dolosive visant à limiter le choix des électeurs ou présentant comme inutile un autre choix que ce binôme désigné d’avance.

Les conséquences du choix ne sont pas mineures, car elles engagent toute la nation et pour longtemps, quand on constate par exemple la montagne de dette de 500 milliards accumulée au cours des 5 dernières années.

Des mesures préventives devraient être prises par le CSA pour sortir de ce piège démocratique consistant à présenter l’élection présidentielle comme un scrutin à un seul tour.

Le candidat socialiste a bénéficié d’un avantage concurrentiel considérable avec les primaires de son parti. Maintenant nous subissons les figures imposées du candidat président convoquant toutes les chaines de télévision le dimanche soir afin de s’imposer dans tous les foyers à l’heure de plus grande écoute.

S’agissant des élections présidentielles et de l’influence grandissante que prend la télévision dans la formation de la pensée des Français, c’est le CSA, comme Autorité Indépendante qui est le gardien de la nécessaire vigilance. Les autorités indépendantes n’ont pas d’autre légitimité que l’autorité précisément qu’elles veulent bien exercer. A défaut, ce sont les Peuples qui demanderont des comptes.

Le temps est venu pour que la démocratie médiatique soit rétablie en France. Et je ne doute pas que de nombreux patrons de presse raisonnables feront des gestes importants, en ce sens, dans les prochains jours.

Alain Lambert
Ancien ministre