Excellente analyse de notre ami (ancien Alençonnais) Serge Danilo. La situation qu’il décrit ressemble étrangement à celle de nombreuses villes de France. En période municipale, les anciens partis de gouvernement s’enivraient du pouvoir d’investir, d’exclure, d’adouber les Maires et leurs équipes, se précipitant sur les plateaux de télévisions, au soir des élections, pour brandir leurs trophées, cacher leurs insuccès, dévoiler leurs vassaux et leur signifier leur simple condition de feudataire. Les temps changent. Humiliations après humiliations aux élections nationales, toute honte hue, ils contiennent désormais leurs sublimes arrogances à la distribution de bons ou mauvais points à ceux qui ne suivent pas la stricte ligne du parti, pourtant inconnue de chacun. Le burlesque succède à l’austère.
Pendant le même temps, le parti du Président, jamais surpris en excès de modestie, s’attribue en bigote conversion, ce qui n’est qu’une déception suscitée par les autres, au risque de se trouver, à son tour, fort dépourvu, lorsqu’un improbable mouvement de gilets surgira des ronds-points oubliés.
Dans cette redistribution générale des cartes, le Centre, jusqu’alors relégué au rang de supplétif, assigné à obéissance, et affecté à la seule conquête d’une majorité devenue hors d’atteinte, se réveille soudain en liberté. Assujetti depuis tant d’années à une domination sans considération, une brutalité méprisante, il se surprend lui-même de sa soudaine envie de choisir lui-même ses alliés … enfin entre égaux.
À la vérité, personne ne sait encore comment se dénouera cet écheveau tissé et serré parfois depuis des décennies, plus en fonction des personnalités locales que des idéologies. Une chose est sûre : le pouvoir vrai, celui conféré en confiance, en légitimité, en proximité est le pouvoir local, celui des Maires qui restent la matrice de la France réelle et profonde. La balle est dans le camp d’Emmanuel Macron (himself). Soit il reconnaît à cette France là, la part déterminante qui est la sienne dans ce qui fait de la France une nation, soit il reste sur l’idée de son début de mandat, d’une France des métropoles, oublieuse de son histoire, papillonnante autour du monde pour s’inventer un destin disproportionné par rapport à ses forces réelles. Dans le 1er cas, il pourrait doter son jeune et fragile parti d’une armature locale solide et durable. Dans le 2nd il maintiendra les vieux partis en survie artificielle, en attendant qu’une nouvelle génération leur réapprenne l’éthique, le respect, le bien commun, l’engagement, le courage et les convictions, et les corrige de ce qui les a discrédités, le cynisme, le mépris, l’arrogance, le narcissisme falot.
L’Ouest démocrate chrétien s’était séparé, sous le joug du système binaire de la Vème République, la Bretagne s’alliant à la gauche, et la Normandie à la droite. L’occasion est historique pour se retrouver un corpus commun de valeurs autour d’un concept rénové et européanisé du personnalisme communautaire, offrant ainsi un socle humaniste mais réaliste à un grand mouvement central, capable d’incarner une France influente en Europe et unie pour relever les défis que nous lancent la mondialisation.
Et si on essayait ?
Laisser un commentaire