Après avoir échangé sur les thèmes de la gentillesse, de l’humilité, et de la simplicité, la trilogie d’humanité, Cicéron, lui-même, nous invite à considérer la reconnaissance ou la gratitude « pas seulement comme la plus grande des vertus, mais la mère de toutes les autres ».
Elle a été un sujet majeur d’intérêt pour les philosophes antiques, du moyen âge, et des temps modernes, et continue d’intéresser les philosophes d’aujourd’hui, même si ses sous-jacents psychologiques n’ont été vraiment étudiés qu’autour de l’an 2000.
En fait, la question a été trop souvent traitée à partir des émotions négatives liées à l’ingratitude, alors que le sentiment de gratitude produit tant d’émotions positives.
A tort, la gratitude est perçue parfois commune une dette à l’endroit de la personne qui nous apporté son aide ou son soutien. Au point de chercher à l’éviter. Elle est au contraire une élégance, une délicatesse, une dignité qui encouragent aux comportements généreux et désintéressés. Le marketing moderne l’a bien compris puisque toutes les études démontrent qu’un client honoré pour sa fidélité augmentera ses achats ultérieurs de 70%.
Les études qui ont été menées en psychologie de la gratitude en ont identifié plusieurs aspects différents : l’influence sur le bien-être à raison de la qualité des relations sociales ou professionnelles qui sont partagées, l’influence aussi sur la simplicité, l’acceptation de soi, l’absence de recherche de vouloir se montrer plus grand qu’on ne l’est, et aussi l’absence de stress, notamment au travail, par une ambiance propice à la confiance mutuelle et à l’équité dans le mérite des résultats.
Gérard de Nerval écrira « il n’y a qu’un seul vice dont on ne voit personne se vanter, c’est l’ingratitude ». Probablement les ingrats ignorent qu’ils le sont. Par sottise ou par méchanceté. Leur violence en témoigne. Peu importe. Leur attitude n’est pas la pire des punitions car celui qui vient à la subir s’en prend à lui-même, en se demandant comment il a pu leur faire confiance, les faire entrer dans son intimité, leur confier des responsabilités disproportionnées par rapport à leur qualité ou capacité.
Mais ce risque n’efface pas les joies et les bonheurs incommensurables de la gratitude à l’endroit de tous ceux, si nombreux, qui ne calculent pas, qui spontanément nous apportent leur aide, leur soutien, leur confiance, sans la moindre attente de retour. Qui ont simplement le sens de l’honneur. Parce qu’ils savent que la grandeur d’âme est l’oubli de soi, l’oubli de son intérêt personnel, la bienveillance, la bonté, le pardon. La conscience forte de sa propre imperfection.
Oui, comme la gentillesse, l’humilité, la simplicité, la gratitude est une valeur d’avenir. Une clé du management bienveillant. Elle invite à un monde, non pas naïf, mais plus conscient des vraies valeurs. Des valeurs humaines, celles qui nous guident pour prendre en compte l’humain dans nos décisions. Qui créent du lien entre les personnes, qui favorisent une dynamique positive, un mouvement ensemble. Qui féconde une graine de paix. Personnelle. Et universelle.
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