Le dialogue peut être rétabli. Il faut confier cette mission aux politiques et laisser les technocrates au vestiaire.
L’article du Monde de ce soir « Macron et les élus locaux, histoire d’une rupture » signé par Patrick Roger résume bien les nombreux malentendus progressivement accumulés depuis l’an dernier. Comme le Président du Sénat Gérard Larcher dans son allocution. En même temps, il est presque éblouissant de voir qu’il ne s’agit pas d’un dialogue mais de monologues entre des institutions qui ne s’écoutent pas et ne peuvent donc se comprendre.
Appartenant à l’univers des élus, et attaché au principe de fidélité, je me garderai bien de les critiquer. En même temps, le souci d’être utile et de favoriser un rapprochement me conduit à ne pas vouloir attribuer tous les torts à un seul camp.
Durant toute cette année, depuis le 17 juillet 2017, je me suis trouvé au cœur des travaux menés par le Gouvernement, qu’il s’agisse des finances, au sein de la Mission Richard-Bur, ou qu’il s’agisse des normes et donc du droit qui régit les collectivités territoriales, au sein de la Mission avec le regretté Jean-Claude Boulard, Maire du Mans. Et je puis attester de la volonté sincère du Président de la République et du Gouvernement de nous donner les moyens de lever les nombreux malentendus empilés depuis 10 ans. Cependant ma conviction est faite : la technocratie fait tout pour envenimer des relations déjà traditionnellement tendues.
Pourtant, la France ne pourra pas sortir de son impasse sans un pacte historique de confiance entre l’Etat, les Collectivités Territoriales et la Sécurité Sociale. Ces trois sous-secteurs d’administrations publiques ont des liens tellement enchevêtrés qu’il est strictement impossible que l’Etat s’en sorte sans l’appui des deux autres. Or, sa posture de « souverain d’apparence » au dépend des deux autres est perçue comme une forme d’arrogance, voire parfois de violence contreproductive.
Le secret de la réussite se tient dans la capacité à desserrer ce nœud gordien qui lie le destin de la France et de ses administrations, sans chercher à le trancher violemment comme le demandent les technocrates, mais au contraire, en le négociant habilement pour que les efforts de chacun soulagent les autres, et que personne ne perde la face. Car on ne s’en sortira que tous ensemble. Le respect du programme de stabilité nous y oblige !
S’agissant des conclusions de la Mission Richard-Bur sur les finances publiques, je me suis refusé à les approuver, tant elles sont tout bonnement inacceptables, exclusivement vues de Paris, nourries de rêves inaboutis dormant dans les tiroirs poussiéreux des bureaux parisiens, obsédés de vengeance contre les lois de décentralisation de 1982. S’agissant de la Mission sur les Normes, Jean-Claude Boulard doit se retourner dans sa tombe en entendant les réponses qui nous sont faites, quand on cherche à changer une virgule de textes inapplicables et ruineux. Or, dans les deux cas, on ne rencontre jamais de vrais politiques. Uniquement des Hauts Fonctionnaires instruits comme des savants et des philosophes mais d’une cécité confondante sur la réalité et la France d’en bas.
La clé du redressement général du Pays est cachée dans ce nœud, de plus en plus tendu par les egos démesurés de technocrates qui se croient eux-mêmes incarner la légitimité politique de la France. Le Président veut réduire d’un tiers le nombre de parlementaires, qu’il fasse de même pour les administrations centrales, et soudain il verra le Pays reprendre vie.
Il ne sert à rien de vouloir diviser la France en quatre au lieu de deux, ce n’est pas une affaire de zonage, c’est une question de politique. Que la politique soit confiée aux politiques et l’administration aux administrations. Et, alors, la réconciliation suivra.
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