L’élection d’un nouveau et jeune Président de la République souhaitant transformer radicalement le fonctionnement de la politique française a d’abord suscité des doutes, et ensuite une adhésion. Le choix d’un Premier Ministre d’une sensibilité différente, pour ne pas dire opposée, a confirmé la sincérité de ses intentions.
Maintenant, il reste à convaincre les Français de construire une majorité parlementaire permettant à cette ambition réformatrice de réussir.
La création du mouvement « en marche » pour permettre à la candidature du nouveau Président de réussir était indispensable. Aux dirigeants de ce mouvement « en marche » de veiller maintenant à ce qu’il ne devienne pas un frein à la constitution de la majorité parlementaire indispensable. Le succès entraîne parfois une forme d’ivresse qui laisse croire à une toute puissance et révèle comme une tentation plébiscitaire. Hors du parti, point de salut ! C’est de cette arrogance que les partis traditionnels ont péri. Attention au nouveau de ne pas suivre le même chemin.
La situation politique est suffisamment inédite pour devoir recourir aux leçons de la fondation de la 5ème République qui nous offre un précédent pouvant éclairer l’originalité présente. Même si les acteurs ne sont pas comparables. Le Général de Gaulle avait eu le génie du 18 juin, l’héroïsme de la guerre, l’expérience du gouvernement provisoire, la démission du 20 janvier 1946, les 12 années de traversées du désert.
Les élections législatives de 1958 nous éclairent, à leur tour, sur le danger pour un parti de vouloir, à lui seul, s’emparer du pouvoir. D’abord parce qu’il faut trouver les candidats, et les bons. Toutes les règles récentes, volontairement inventées sont sympathiques mais assez irréalistes. Ensuite demander à des élus loyaux, solides et expérimentés de renier en 48h les engagements de leur vie, relève d’une forme de violence morale assez irrespectueuse.
Le résultat des législatives de 1958 marque un échec cuisant des opposants au Général de Gaulle, car l’électorat soutenait majoritairement le changement de régime. Mais le Général n’obtint pas la majorité absolue avec la seule UNR de l’époque (constituée) pour le soutenir. Il ne le souhaitait d’ailleurs pas. Préférant s’appuyer sur une majorité plus large à laquelle participait des mouvements ancrés dans l’opinion publique comme le CNIP, le MRP, les « divers droite », et une partie de la SFIO (ancêtre du Parti socialiste).
Le nouveau Président de la République pourrait utilement réfléchir à ce précédent historique. Pas seulement pour éviter une déconvenue au soir des élections législatives. Mais surtout pour réussir son quinquennat qui est celui de la dernière chance pour la 5ème République.
Les Français sont majoritaires pour se mettre « en marche », mais ensemble et pas en rang derrière des inconnus.
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