La dernière séance du CNEN que je présidais hier fut l’occasion pour moi de découvrir l’infinité absolue de l’imagination de nos administrations centrales pour élucubrer des normes auxquelles Pierre Dac et Alphonse Allais n’auraient pas même songé 😉
Le CNEN est une instance composée d’élus de terrain confrontés à la réalité de la vie locale et non aux théories fumeuses. Il assume avec autorité son rôle de filtre réglementaire : toute Administration peut parfois s’égarer dans des méandres technocratiques, trop précis ou trop contraignants… Mais l’effarement nous submergea à la lecture de deux nouveaux textes qui franchissaient le plafond de l’absurdité.
Le premier avait pour objet de limiter le droit de franchissement des passages à niveau à des véhicules pouvant traverser ces derniers dans le délai de sept secondes… en réalité, tous les véhicules peuvent traverser en moins de sept secondes !!! Tout dépend de la capacité des conducteurs à les utiliser. Or, faisant fi des coûts démesurés de signalétique, le but recherché semblait surtout de faire peser la responsabilité des défaillances individuelles sur les élus locaux, et notamment les Maires !
Le second de ces textes avait quant à lui pour objet de rendre responsable les collectivités locales des risques de surdité encourus par les personnes exposées à de la musique amplifiée. Le détail de la mesure importe peu. Mais une des modalités vaut le détour. Les élus devraient mettre à disposition gratuitement des bouchons auditifs lors d’évènements organisés dans les édifices leur appartenant ou sur la voie publique !!! Pierre Dac disait que « lorsque les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites ». C’était le cas ????. Nous nous sommes inquiétés de savoir si notre rôle n’irait pas demain jusqu’à devoir distribuer des préservatifs, au même titre que les fameux bouchons auditifs, pour d’autres rencontres festives.
Ces normes absurdes attestent de la nécessité absolue du contrôle en amont de ces normes réglementaires par des élus de terrain : les situations grotesques pouvant résulter de telles initiatives sont préjudiciables pour les administrations elles-mêmes, dont les français se défient de plus en plus aujourd’hui, et pour les collectivités, contraintes d’appliquer ces normes coûteuses et inutiles. Aucun gagnant. Mais un grand perdant : la démocratie !
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