Une stratégie de croissance pour l’‪#‎Orne‬ !

DÉCRYPTAGE – Alors que la consommation traditionnelle est en berne en Occident, celle du bio surfe sur une transformation profonde des habitudes alimentaires. le marché pourrait atteindre 10 milliards d’euros en 2020.
En mettant la main sur WhiteWave, Danone entend bien devenir le leader mondial du bio. Un marché à l’insolente santé qui pèse 72 milliards de dollars dans le monde: il a quintuplé en quinze ans, selon les chiffres d’Organic Monitor, tiré notamment ces dernières années par la croissance des boissons bio. Si les États-Unis restent de loin le premier marché mondial (43 %), la France est montée sur la troisième marche du podium (5,7 milliards d’euros), derrière l’Allemagne.

Alors que la consommation traditionnelle est en berne en Occident, celle du bio surfe sur une transformation profonde des habitudes alimentaires. Le développement de l’obésité et du diabète, et la multiplication des scandales alimentaires sont passés par là. Les ménages, européens ou américains, veulent manger plus sainement. Ils sont en quête de plus de naturalité et de transparence. Parce qu’il garantit la traçabilité des filières et une agriculture raisonnée, sans pesticides ni OGM, le bio rassure les consommateurs.
En 2014, près de 2,3 millions d’exploitations agricoles certifiées bio ont été recensées dans le monde, soit 43,7 millions d’hectares. Cela représentait 0,99 % du territoire agricole…

Il reste l’écart de prix des produits, de 10 à 30 % plus élevés dans le bio, qui freine encore les achats. La faute à des filières encore peu développées. Pour un agriculteur, convertir ses terres au bio coûte cher et demande du temps. En 2014, près de 2,3 millions d’exploitations agricoles certifiées bio ont été recensées dans le monde, soit 43,7 millions d’hectares. Cela représentait 0,99 % du territoire agricole… Mais 87 pays se sont déjà dotés d’une réglementation pour l’agriculture bio. Soucieux de mieux valoriser leur production, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à tenter le pari, attirés par des marges plus confortables. Encore très jeune et fragmenté, le marché devrait continuer à se consolider et susciter des convoitises. Il existe peu de poids lourds à l’image des américains WhiteWave, parmi les industriels de l’agroalimentaire, ou de Whole Foods, côté distributeurs. Une multitude de PME et d’indépendants s’y sont attaqués. Tous les acteurs de l’alimentaire veulent une part du gâteau. Du coup, le marché se structure à marche forcée dans la plupart des pays développés.

À la recherche de relais de croissance
En France, où l’Agence Bio estime que le marché pourrait atteindre 10 milliards d’euros en 2020, la multiplication des enseignes spécialisées (36,5 % de parts de marché) a permis de défricher le terrain: après Biocoop, Naturalia ou La Vie Claire, Bio C’ Bon est parti récemment à la conquête du marché hexagonal, ouvrant 64 magasins en sept ans. La grande distribution (44,6 %) a contribué à démocratiser le bio en lui ouvrant ses linéaires. Et elle entend bien conserver une longueur d’avance. À la recherche de relais de croissance, les enseignes ouvrent à leur tour des magasins dédiés. D’ici à fin 2016, Carrefour Bio aura inauguré dix magasins en un an. Les premiers font déjà partie des magasins de centre-ville les plus rentables du groupe. Auchan prépare l’ouverture d’un deuxième Cœur de Nature dans Paris pour septembre, Leclerc devrait aussi y venir à la rentrée.

Le géant Amazon, qui a débarqué en force dans l’alimentaire, veille aussi au grain. Même appétit du côté des industriels (Cémoi, Herta, Fleury Michon, Lactel…) qui déclinent leurs marques avec des gammes bio. Pour eux, le bio s’est imposé comme un gage de respectabilité et un moyen d’accompagner leurs consommateurs dans leurs nouvelles habitudes. Mais ils doivent composer avec l’ambition d’acteurs spécialisés comme Bjorg. La révolution du bio ne fait que commencer.

Par Keren Lentschner
Publié le 07/07/2016 à 19h52 par Le Figaro.

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