Le corps politique doit dire sa pensée face à ces assauts terroristes. Nos concitoyens en ont besoin. Mais il doit aussi faire très attention à ce qu’il dit.
Personnellement, je ne souscris pas, à ce stade, à la critique du Gouvernement sur sa manière de gérer la crise. Je crois même que nous avons le devoir de le soutenir, non pas dans ses idées politiques, mais dans sa fonction d’Exécutif.
Le temps viendra très vite où le débat technique va devoir s’engager sur la position à donner au curseur en matière de libertés individuelles, car telle est la vraie question pour aller plus loin et plus vite dans le débusquage des terroristes. Presque maniaque sur la protection des libertés individuelles, je considère cependant, depuis toujours, que les règles ne peuvent être les mêmes en temps de paix et en temps de guerre. Or, nous sommes entrés en temps de guerre. Il me choque nullement que tous les touristes « va-t-en-guerre » qui reviennent de Libye ou d’Afghanistan depuis quelque temps fassent l’objet d’une surveillance au moins équivalente, par exemple, à celle d’un conducteur à qui l’on a retiré son permis !
Ces questions de libertés sont d’une incroyable complexité, car identifier les terroristes actifs ou potentiels est déjà pratiquement fait. La question qui suit est de savoir à quel régime juridique on les soumet. Et c’est sur ce point que les divergences apparaîtront. Mais il serait démocratiquement salutaire que le débat s’engage là-dessus. Et que les divergences apparaissent. Que les positions se clarifient.
Mieux, je pense que l’état d’urgence commande de ne pas attendre que la loi évolue, car c’est très long. Acceptons déjà l’idée de modifier nos pratiques et de participer, chacun à notre place, à rendre la vie plus difficile à tous les ennemis de la liberté, à ces touristes guerriers qui deviennent une menace pour le monde. L’artillerie administrative est suffisante pour paralyser qui on veut. La France a le génie du harcèlement fiscal, social, juridique, administratif. Si elle le met dans le harcèlement des citoyens potentiellement dangereux, je ne doute pas un instant qu’ils trouveront vite notre territoire incompatible avec leurs activités.
Il serait mieux que nous débattions avec calme et sérénité de ces sujets, plutôt que critiquer ceux qui ont la charge de maintenir la sécurité de la France et des Français.
Le moment est à l’unité. Et à la préparation des mesures fortes et exactement proportionnées aux enjeux. Le temps n’est pas celui des politiciens mais des hommes d’État. Qu’ils se révèlent, ils ne seront jamais trop.
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